L’inflation de 16% en France, un chiffre synonyme de privations

Une représentante de l'INSEE relève les prix dans un supermarché à Paris, le 21 avril 2023. Les données provenant de différents magasins en France sont utilisées pour produire l'IPC (Indice des prix à la consommation). L'IPC est un outil utilisé pour évaluer l'inflation. (Photo AFP)
Une représentante de l'INSEE relève les prix dans un supermarché à Paris, le 21 avril 2023. Les données provenant de différents magasins en France sont utilisées pour produire l'IPC (Indice des prix à la consommation). L'IPC est un outil utilisé pour évaluer l'inflation. (Photo AFP)
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Publié le Samedi 29 avril 2023

L’inflation de 16% en France, un chiffre synonyme de privations

  • Un cap a été franchi en mars dernier avec une augmentation des prix évaluée à 16,5%
  • Il est bien clair que, au-delà de l’effet d’annonce, le trimestre anti-inflation n’a qu’un impact limité sur le pouvoir d’achat des Français

PARIS: Pour une grande partie des Français, la hausse galopante des prix des produits de consommation rime désormais avec privation. Cette hausse continue depuis 2022 a obligé plus de deux tiers des ménages français à modifier leur mode de consommation et aller à l’essentiel en renonçant au superflu.

Ils ont également eu recours à des mesures contraignantes pour réduire leur consommation de gaz ou de fioul et parer ainsi à l’augmentation des prix de l’énergie.

Il n’y a eu aucun ralentissement en 2023, bien au contraire: les prix ont continué leur ascension mois après mois, alimentant l’angoisse des Français devant leurs factures et leurs tickets de caisse.

Un cap a été franchi en mars dernier avec une augmentation des prix évaluée à 16,5%. Ce chiffre est un véritable coup de poing non seulement pour les ménages les plus modestes, mais aussi pour la classe moyenne, qui a le plus grand mal à boucler ses fins de mois. Plus que jamais, elle doit se serrer la ceinture et continuer à restreindre sa liste de produits de consommation.

Certains ont décidé de renoncer aux produits d’hygiène, dont le prix a connu une progression de 10% sur un an.

Au cours des mois précédents, les ménages à revenu limité ont dû rogner sur la quantité et sur la qualité des produits qu’ils consomment. Ils achètent moins et privilégient les marques dites «de distributeurs», moins chères que les autres.

Mais, désormais, cela ne suffit plus. Ainsi, certains ont décidé de renoncer aux produits d’hygiène, dont le prix a connu une progression de 10% en un an.

Les reportages des médias français sur le sujet se multiplient et se ressemblent; le contexte inflationniste engendre une précarité hygiénique. Nombre de femmes utilisent des torchons en papiers ou des gants de toilette pour remplacer les serviettes menstruelles. D’autres retardent au maximum le changement de couche de leur bébé, alors que le savon et le shampooing sont passés à la trappe pour de nombreux Français qui ne se lavent plus qu’à l’eau. De même, beaucoup n'achètent plus de dentifrice ni de déodorant. Ces produits de base grèvent le budget fragile des ménages, qui sont de plus en plus nombreux à y renoncer.

Dominique Besançon, déléguée générale de l’association «Dons solidaires», s’inquiète sur France Bleu du fait que ce phénomène ne concerne plus les personnes les plus précaires, mais qu’il s’immisce toujours plus dans les foyers français, touchant les familles, les jeunes et les mères isolées.

Face à des indicateurs qui ne laissent prévoir aucune accalmie sur le front des prix, le gouvernement a proclamé à partir de 15 mars le «trimestre anti-inflation».

Pour guider les consommateurs, un logo bleu-blanc-rouge a été posé sur les produits qui font partie de l’opération anti-inflation.

Dans le cadre de cette démarche, qui vise à «protéger les Français face à l’inflation alimentaire», les enseignes de grandes distributions choisissent de réduire leurs marges et d’afficher des prix doux sur des produits du quotidien de leur choix. Pour guider les consommateurs, un logo bleu-blanc-rouge a été posé sur les produits qui font partie de l’opération.

Cependant, ces ristournes ne sont appliquées que sur les marques de distributeurs, et non sur les grandes marques, ce qui limite le choix du consommateur et permet aux grandes enseignes d’écouler les stocks de leurs propres produits, qui ne sont pas tous synonymes de qualité.

L’impact limité du trimestre anti-inflation

Un peu plus d’un mois après sa mise en application, de nombreuses critiques étrillent le trimestre anti-inflation. Certains n’y voient qu’une opération de la part d’un gouvernement qui cherche à s’approprier les efforts des distributeurs, faute d’avoir réussi à mettre en place un panier anti-inflation identique dans toutes les enseignes. D’autres considèrent qu’il s’agit d’un prétexte de la part de la grande distribution pour mettre en avant ses propres marques.

Il est bien clair que, au-delà de l’effet d’annonce, le trimestre anti-inflation n’a qu’un impact limité sur le pouvoir d’achat des Français, devenu le premier souci d’un bon nombre d’entre eux.

Il est surtout loin d’apporter une solution à une certaine frange de la population qui n’hésite plus à recourir au «chapardage» de denrées alimentaires: le vol a bondi de 14% en 2022.

Face à cet accroissement, qui représente un manque à gagner -évalué à 4 milliards d’euros environ, les grandes surfaces ont de plus en plus recours aux antivols pour protéger leurs morceaux de viande et de poulet ainsi que les conserves de valeur.

De son côté, englué dans la crise engendrée par la réforme des retraites, le président Emmanuel Macron a tenu à souligner dans l’interview qu’il a donnée au quotidien Le Parisien la gravité de l’inflation des produits alimentaires.

Il a cependant indiqué qu’il faudra tenir bon et que la situation «sera dure jusqu’à la fin de l’été».

Si la hausse galopante des prix des produits de grande consommation n’est pas endiguée, les Français courent le risque de souffrir de malnutrition, mais aussi de problèmes d’hygiène…


Commerce: Macron dit préférer une politique "coopérative" avec la Chine aux droits de douane

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron privilégie une approche coopérative avec la Chine pour corriger des déséquilibres commerciaux « non viables », tout en gardant l’option de droits de douane si Pékin ne réagit pas
  • Il appelle l’UE à renforcer sa compétitivité, à mieux mobiliser son épargne et à promouvoir l’euro

PARIS: Emmanuel Macron, qui avait menacé d'imposer à la Chine des droits de douane européens dans les "prochains mois", appelle dans une tribune publiée mardi dans le Financial Times à privilégier une approche "coopérative" avec Pékin pour résorber les déséquilibres commerciaux qui ne sont "plus viables".

"Imposer des droits de douane et des quotas sur les importations chinoises serait une réponse non coopérative", dit le président français dans le quotidien des affaires britannique.

"Nous devons reconnaître que ces déséquilibres sont à la fois le résultat d'une faible productivité européenne et de la politique chinoise d'une croissance tirée par les exportations. Poursuivre dans cette voie risque d'entraîner un conflit commercial grave, mais la Chine et l'UE ont toutes deux les moyens de corriger ces déséquilibres", plaide-t-il.

Au retour de son déplacement en Chine début décembre, Emmanuel Macron avait affirmé avoir prévenu les dirigeants chinois que "s'ils ne réagissaient pas" pour réduire leur excédent commercial qui ne cesse d'augmenter avec l'Union européenne, les Européens seraient "contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures fortes" comme "par exemple des droits de douane sur les produits chinois".

"Je préfère de loin la coopération, mais je plaiderai en faveur de cette dernière solution si nécessaire", explique-t-il dans le Financial Times, tout en se montrant plus conciliant.

"Je suis toutefois convaincu qu'en tenant véritablement compte des besoins et des intérêts de chacun, nous pouvons établir un agenda macroéconomique international qui profitera à tous", ajoute-t-il en effet, rappelant que "la résolution des déséquilibres mondiaux sera au cœur de l'agenda de la présidence française du G7" en 2026.

Pour montrer que l'Europe est prête à faire sa part dans cette approche "coopérative", le président français prône "un nouveau programme économique fondé sur la compétitivité, l'innovation et la protection" au niveau des Vingt-Sept.

"Afin de financer les investissements dont nous avons besoin, l'Europe doit tirer parti de son pool d'épargne d'environ 30.000 milliards d'euros", en en dirigeant une plus grande partie vers les entreprises européennes, estime-t-il.

"L'Europe devrait également chercher à renforcer le rôle international de l'euro à travers le développement de stablecoins en euros et l'introduction d'un euro numérique", ajoute-t-il parmi les mesures proposées.

Emmanuel Macron entend porter ces positions aussi lors du prochain Conseil européen, jeudi à Bruxelles.


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."