Inflation alimentaire: Après les supermarchés, le gouvernement tance les industriels

Des boîtes de conserve sont exposées dans un étal à petits prix, à côté d'une étiquette indiquant "Panier essentiel et nutritionnel, prix bloqués" dans un hypermarché Carrefour de Villeneuve-la-Garenne, dans la banlieue nord de Paris, le 29 mars 2023 (Photo, AFP).
Des boîtes de conserve sont exposées dans un étal à petits prix, à côté d'une étiquette indiquant "Panier essentiel et nutritionnel, prix bloqués" dans un hypermarché Carrefour de Villeneuve-la-Garenne, dans la banlieue nord de Paris, le 29 mars 2023 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 28 avril 2023

Inflation alimentaire: Après les supermarchés, le gouvernement tance les industriels

  • Les négociations de 2023, achevées le 1er mars, ont abouti à une hausse moyenne d'environ 10% des prix payés par les supermarchés aux industriels
  • Ces derniers réclamaient depuis des mois des hausses de tarifs pour tenir compte de l'augmentation de leurs coûts de production

PARIS: Pour limiter l'inflation, la Première ministre Elisabeth Borne a appelé jeudi les industriels de l'agroalimentaire à faire un effort sur le prix de leurs produits vendus aux supermarchés, l'industrie répondant qu'elle prendrait sa "part" mais qu'il n'y aurait pas de renégociation généralisée.

Face à la flambée des prix alimentaires, la cheffe du gouvernement avait exhorté un peu plus tôt jeudi les industriels à "répercuter" la baisse de leurs coûts de production pour que cela se traduise par "des baisses concrètes, tangibles" des prix "d'ici la fin du mois de juin" dans les rayons.

Chaque année, les supermarchés négocient avec leurs fournisseurs industriels — de la petite PME produisant des confitures à la multinationale vendant du shampoing ou de l'eau en bouteille — les nouvelles conditions auxquelles ils leur achèteront leurs produits.

Les négociations de 2023, achevées le 1er mars, ont abouti à une hausse moyenne d'environ 10% des prix payés par les supermarchés aux industriels. Ces derniers réclamaient depuis des mois des hausses de tarifs pour tenir compte de l'augmentation de leurs coûts de production (énergie, transports, matières premières, emballages...)

Mais depuis, les coûts de nombreuses matières premières agricoles ou de l'énergie ont eu tendance à se stabiliser, voire à baisser, et le gouvernement a demandé aux supermarchés et à leurs fournisseurs de se remettre au plus vite autour de la table des négociations.

Pas de renégociation «généralisée»

"Maintenant, on attend des industriels qu'ils puissent répercuter ces baisses des matières premières dans les prix qu'ils proposent à la grande distribution", a déclaré Élisabeth Borne sur France 2.

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a enfoncé le clou jeudi soir sur France 5: "Je n'exclus aucune décision face à de grands industriels qui ne répercuteraient pas la baisse des prix de gros sur les prix de détail."

Pour sa part, le président de la principale organisation de ces fournisseurs de l'agroalimentaire (Ania) Jean-Philippe André a assuré auprès de l'AFP qu'ils prendraient "leur part" quand les clauses de renégociations ou de révisions des contrats le permettent.

Mais les cours des matières premières nécessaires à la fabrication des produits n'ayant pas tous baissé sur les marchés mondiaux, une renégociation "généralisée" des prix de vente à la baisse n'est pas envisageable, a-t-il prévenu.

Mardi, le médiatique président du comité stratégique des centres E.Leclerc, leader des supermarchés en France, Michel-Edouard Leclerc, avait assuré sur BFMTV avoir "commencé" à renégocier sur les achats "pour l'automne".

"Au second semestre, on va casser l'inflation", assurait-il, avertissant tout de même que la hausse des prix "allait continuer jusqu'à l'été, jusqu'aux 20%".

Le secteur reste prudent quant à un ralentissement de la flambée des prix. "Difficile de donner des perspectives", a concédé Matthieu Malige, directeur exécutif Finances et Gestion du numéro 2 du secteur Carrefour, alors que l'inflation "continue à augmenter de mois en mois".

Selon des experts de la consommation, il faut remonter à la Seconde Guerre mondiale pour retrouver un tel niveau d'inflation dans les rayons des supermarchés, mesuré en France en mars à 15,9% sur un an (après 14,8% en février).

La situation actuelle bouscule en profondeur les habitudes de consommation des Français et accroît les difficultés financières d'un certain nombre de ménages.

Descente en gamme et privations

Certains se reportent sur les produits dits de "marque distributeur" voire "premiers prix", d'autres se tournent vers des enseignes perçues comme étant moins chères et certains consomment moins de produits frais qu'auparavant.

"Les plats se font plus roboratifs, à base de pâtes, de riz, d’œufs, et contiennent de moins en moins de protéines animales", explique dans une étude récente Gaëlle Le Floch, spécialiste du panéliste Kantar. Les clients se détournent ainsi de plus en plus des rayons poissonnerie et boucherie.

Dans certains foyers, on saute des repas, poursuit-elle.

Si les plus exposés à ces hausses de prix sont ceux où les revenus sont les moins importants, le spécialiste de la consommation NielsenIQ précise que la "déconsommation" — la réduction du volume de produits achetés — "ne se limite plus uniquement aux foyers les plus modestes de France".


Au procès Samuel Paty, le professeur assassiné vu par les siens

Bernadette Paty, 77 ans, ancienne enseignante aux cheveux courts et fines lunettes, évoque un Samuel Paty passionné par l'Histoire depuis sa petite enfance. "C'était un élève sérieux, intelligent. Respectueux. Mon époux l'a eu en classe en CM1 et CM2 et il l'appelait maître", se souvient Bernadette Paty. (AFP)
Bernadette Paty, 77 ans, ancienne enseignante aux cheveux courts et fines lunettes, évoque un Samuel Paty passionné par l'Histoire depuis sa petite enfance. "C'était un élève sérieux, intelligent. Respectueux. Mon époux l'a eu en classe en CM1 et CM2 et il l'appelait maître", se souvient Bernadette Paty. (AFP)
Short Url
  • Sur le banc réservé à la famille il y a un enfant, Gabriel, 9 ans et demi, le fils de Samuel Paty, accompagné de sa mère Jeanne A., l'ex-compagne du professeur
  • Les deux soeurs de Samuel Paty, Mickaëlle et Gaëlle, soutenues par leurs proches, sont également présentes comme tous les jours depuis l'ouverture du procès le 4 novembre

PARIS: Dans une salle d'audience pleine à craquer, Bernadette Paty, la mère du professeur d'histoire assassiné par un jeune islamiste radical, a dressé vendredi un portrait émouvant et digne de son fils, sans trembler face aux huit accusés impliqués dans son assassinat.

Toute menue dans l'impressionnante salle des "grands procès" du Palais de justice de Paris, Bernadette Paty, en gilet blanc torsadé, écharpe rose autour du cou, a été la première de la famille à s'exprimer.

Sur le banc réservé à la famille il y a un enfant, Gabriel, 9 ans et demi, le fils de Samuel Paty, accompagné de sa mère Jeanne A., l'ex-compagne du professeur. Les deux soeurs de Samuel Paty, Mickaëlle et Gaëlle, soutenues par leurs proches, sont également présentes comme tous les jours depuis l'ouverture du procès le 4 novembre. Le père de Samuel Paty, Jean aurait dû intervenir si "une mauvaise chute" ne l'avait pas empêché de rejoindre la cour.

Bernadette Paty, 77 ans, ancienne enseignante aux cheveux courts et fines lunettes, évoque un Samuel Paty passionné par l'Histoire depuis sa petite enfance. "C'était un élève sérieux, intelligent. Respectueux. Mon époux l'a eu en classe en CM1 et CM2 et il l'appelait maître", se souvient Bernadette Paty.

"Samuel était un intellectuel. Ce n'était pas un croyant, mon époux et moi ne sommes pas croyants, mais il était très respectueux de toutes les religions", insiste-t-elle.

Dans le box, les accusés suivent la déposition de la mère de Samuel Paty avec attention, sans détourner le regard ni baisser la tête.

"Je savais que Samuel allait montrer ces caricatures de Charlie Hebdo pendant un cours sur la liberté d'expression. Il était en vacances chez nous en août (2020) quand il a préparé son cours", poursuit Bernadette Paty. Ce détail, "complètement oublié", dit-elle avec un sourire triste, ne lui est revenu qu'au moment du drame.

"Barbare et injuste" 

"Perdre un enfant dans de telles conditions est insupportable et inacceptable. Perdre notre fils car il a montré des dessins nous révulse. Notre vie depuis ce jour-là est devenue un grand vide", souligne Bernadette Paty.

"Ce qui lui est arrivé est tellement barbare et injuste qu'on ne pourra jamais faire notre deuil. J'attends de ce procès que la responsabilité de chaque accusé soit reconnue et que les peines soient à la hauteur", insiste-t-elle, toujours sans trembler.

"Moi, je suis contente d'être en retraite car aujourd'hui, les enseignants sont contestés. Je ne comprends pas", déplore-t-elle encore, en réponse à une question de la cour. "Aujourd'hui, on conteste, on menace et on agresse."

Des enseignants de la cité scolaire Gambetta-Carnot d'Arras où, trois ans après Samuel Paty, le professeur Dominique Bernard a été assassiné par un jeune islamiste radical Russe d’origine ingouche, sont présents dans la salle d'audience.

"La blessure qu'on a reçue (le jour de la mort de Samuel Paty) est bien réelle. C'est une vision qui a modifié pour toujours notre vision de la vie", explique Jeanne A., enseignante comme son ex-compagnon.

"L'injustice qui est arrivée à Samuel nous oblige à avancer sur un fil", ajoute-t-elle avant de réclamer "vérité et justice".

"Samuel n'a pas été assassiné pour avoir montré des caricatures et avoir commis un blasphème qui n'a d'ailleurs aucune valeur juridique. Samuel a été assassiné par un islamiste radicalisé en mal de jihad. C'est l'islamisme qui est en cause et non des caricatures", soutient d'une voix ferme Mickaëlle Paty. "Vous avez livré mon frère en pâture", lance-t-elle aux accusés.

Gaëlle Paty aussi choisit de s'adresser directement à eux.

"Jamais je n'accepterai la moindre excuse de personnes qui ne reconnaissent pas leur responsabilité (...) Je demande du respect et de la décence dans ce procès. J'aimerais dire aux accusés que sans vous, Samuel serait là aujourd'hui, il serait vivant. Chacun à votre niveau aurait pu arrêter cet engrenage funeste et sauver la vie d'un père, d'un frère, d'un professeur", assène-t-elle.

"Quand j'entends que la quasi totalité des accusés contestent les faits qui leur sont reprochés - un seul a reconnu sa responsabilité, ndlr -, je suis en colère", s'est indignée Gaëlle Paty. "C'est indécent."

Le procès est prévu jusqu'au 20 décembre.


Retailleau condamne le soutien à la Palestine exprimé par des supporteurs du PSG

Des supporters parisiens tiennent un tifo sur lequel on peut lire "Palestine libre" avant le match de football de l'UEFA Champions League, phase de Ligue - 4e journée, entre le Paris Saint-Germain (PSG) et l'Atletico Madrid, au stade du Parc des Princes à Paris, le 6 novembre 2024. (AFP)
Des supporters parisiens tiennent un tifo sur lequel on peut lire "Palestine libre" avant le match de football de l'UEFA Champions League, phase de Ligue - 4e journée, entre le Paris Saint-Germain (PSG) et l'Atletico Madrid, au stade du Parc des Princes à Paris, le 6 novembre 2024. (AFP)
Short Url
  • Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a condamné jeudi le message en soutien à la Palestine déployé la veille par des supporters du PSG au Parc des Princes
  • Dans un communiqué transmis à l'AFP mercredi soir, le PSG a indiqué "n'avoir pas eu connaissance du projet d'affichage d'un tel message"

PARIS: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a condamné jeudi le message en soutien à la Palestine déployé la veille par des supporters du PSG au Parc des Princes avant le match de Ligue des champions contre l'Atlético Madrid.

"Je demande au PSG de s'expliquer et aux clubs de veiller à ce que la politique ne vienne pas abîmer le sport, qui doit toujours rester un ferment d'unité", a écrit Bruno Retailleau sur son compte X.

"Ce tifo n'avait pas sa place dans ce stade, et de tels messages sont d'ailleurs proscrits par les règlements de la Ligue et de l'UEFA. Si cela devait se répéter, il faudra envisager d'interdire les tifos pour les clubs qui ne font pas respecter les règles".

"C'est inacceptable", a-t-il encore appuyé sur Sud Radio avant d'assurer qu'il n'y avait pas encore "de rendez-vous fixé" avec le club de la capitale.

Dans un communiqué transmis à l'AFP mercredi soir, le PSG a indiqué "n'avoir pas eu connaissance du projet d'affichage d'un tel message".

"Je veux en savoir plus, savoir comment cette bâche est arrivée, comment elle a pu être déployée... J'ai eu le préfet de police pour qu'il me rende compte de ce qui s'était passé", a poursuivi le ministre de l'Intérieur, qui promet des sanctions si le PSG ne sévit pas.

Le ministre des Sports, Gil Avérous, a lui aussi dénoncé sur X des "dérives inacceptables dans les tribunes de nos stades", estimant que "le PSG a la responsabilité de montrer l'exemple".

A l'inverse, le chef de file de La France insoumise, Manuel Bompard, a condamné la "criminalisation scandaleuse" du soutien aux peuples palestiniens et libanais, affirmant que "les messages de paix ont toute leur place" dans un stade de foot.

Sur les bancs de La France insoumise, ils ont été nombreux à soutenir l'initiative des supporters parisiens. "Honte à tous ceux qui invoquent la fausse +neutralité+ du sport", a réagi sur X la députée Claire Lejeune. Antoine Léaument a lui félicité "les supporters qui font rayonner la France dans le camp de la paix".

De son côté, la députée macroniste (EPR) Caroline Yadan a qualifié le tifo de "banderole de guerre".

"Ce n'est pas un message de paix mais un appel à la haine", avait réagi dans la soirée le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Yonathan Arfi, dénonçant une "scandaleuse banderole", avec "une carte où l'Etat d'Israël n'existe plus".

Avant Paris-Atlético, qui s'est soldé par une défaite 2-1 des Parisiens, le Collectif ultras Paris (CUP) a déroulé un tifo avec le message "Free Palestine", autour des couleurs rouge et bleu du PSG, avec un drapeau palestinien ensanglanté, le drapeau du Liban, Jérusalem, des chars ou encore une personne portant le keffieh.

L'immense toile portant des dessins et couvrant toute la tribune Auteuil surmontait une banderole "La guerre sur le terrain mais la paix dans le monde".

"Le Paris Saint-Germain rappelle que le Parc des Princes est - et doit rester - un lieu de communion autour d'une passion commune pour le football et s'oppose fermement à tout message à caractère politique dans son stade", a assuré le club parisien.


Incident diplomatique: la France convoquera l'ambassadeur d'Israël à Paris

Le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot avait dénoncé plus tôt une "situation inacceptable" et refusé de pénétrer dans l'Eléona, tandis que la police israélienne arrêtait brièvement deux gendarmes français sur place, selon une journaliste de l'AFP. (AFP)
Le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot avait dénoncé plus tôt une "situation inacceptable" et refusé de pénétrer dans l'Eléona, tandis que la police israélienne arrêtait brièvement deux gendarmes français sur place, selon une journaliste de l'AFP. (AFP)
Short Url
  • Paris veut protester contre l'entrée de la police israélienne "armée" et "sans autorisation" dans un domaine national français à Jérusalem, l'Eléona, que le chef de la diplomatie française s'apprêtait à visiter
  • "L'ambassadeur d'Israël en France sera convoqué dans les prochains jours", a indiqué jeudi le ministère français des Affaires étrangères.

PARIS: La France convoquera "dans les prochains jours" l'ambassadeur d'Israël à Paris pour protester contre l'entrée de la police israélienne "armée" et "sans autorisation" dans un domaine national français à Jérusalem, l'Eléona, que le chef de la diplomatie française s'apprêtait à visiter.

"L'ambassadeur d'Israël en France sera convoqué dans les prochains jours", a indiqué jeudi le ministère français des Affaires étrangères.

La France condamne ces actions "avec d'autant plus de vigueur qu'elles interviennent dans un contexte où elle met tout en oeuvre pour oeuvrer à la désescalade des violences dans la région", ajoute le Quai d'Orsay dans son communiqué.

Le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot avait dénoncé plus tôt une "situation inacceptable" et refusé de pénétrer dans l'Eléona, tandis que la police israélienne arrêtait brièvement deux gendarmes français sur place, selon une journaliste de l'AFP.

L'Eléona, au sein duquel se trouve un monastère bénédictin, est situé sur le mont des Oliviers à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël depuis 1967.

Construit sur la grotte dite du Pater, où le Christ aurait enseigné le Pater à ses disciples, il fait partie des quatre domaines nationaux français à et près de Jérusalem, avec le Tombeau des rois, la Basilique Sainte-Anne et l'ancienne commanderie croisée d'Abou Gosh avec leurs églises romanes.