A Khartoum, une petite maternité résiste malgré les bombes

Cette image tirée d'une vidéo de l'AFPTV tournée le 4 mai 2023 montre des nourrissons dans une maternité d'Oumdourman, la ville jumelle de la capitale soudanaise. (Photo, AFP)
Cette image tirée d'une vidéo de l'AFPTV tournée le 4 mai 2023 montre des nourrissons dans une maternité d'Oumdourman, la ville jumelle de la capitale soudanaise. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 07 mai 2023

A Khartoum, une petite maternité résiste malgré les bombes

  • Selon l'ONU «24 000 femmes doivent accoucher dans les semaines à venir» à Khartoum
  • Au Soudan, l'un des pays les plus pauvres au monde, trois femmes sur mille meurent en couches, soit huit fois plus qu'en Egypte voisine par exemple. Sur 1 000 enfants, 56 mourront avant d'atteindre l'âge de cinq ans, contre 19 en Egypte

KHARTOUM: Au début de la guerre à Khartoum, Esraa Hesbarassoul a dû sortir en panique ses jumeaux prématurés d'une couveuse car l'hôpital où ils se trouvaient était bombardé. Sans oxygène et sans ambulance, l'un des deux est mort.

Aujourd'hui, la jeune mère a réussi à rejoindre la petite maternité d'Omdourman, la banlieue nord-ouest de Khartoum, où elle veille sur son dernier enfant.

Quand les premières bombes sont tombées sur l'hôpital le 20 avril, "on nous a dit qu'il fallait évacuer tout le monde tout de suite et qu'on devait prendre nos jumeaux", raconte à l'AFP cette Soudanaise drapée dans un grand voile bariolé.

"Il n'y avait aucune ambulance disponible donc on a dû les transporter comme on pouvait mais l'un des deux est mort faute d'oxygène", poursuit-elle.

Esraa Hesbarassoul est loin d'être la seule mère piégée par la guerre qui a commencé le 15 avril: selon l'ONU "24 000 femmes doivent accoucher dans les semaines à venir" à Khartoum.

D'après la même source, 219 000 femmes attendent actuellement un enfant dans la capitale où plus de cinq millions d'habitants survivent sans eau courante ni électricité et en rationnant le peu de nourriture qui leur reste.

500 naissances 

C'est pour elles que le petit hôpital de quatre étages al-Nada reste ouvert envers et contre tout. Et surtout, grâce à un généreux don de l'Association des médecins soudanais-américains (SAPA), explique à l'AFP son directeur Mohammed Fatharrahmane, stéthoscope autour du cou et lunettes sur le nez.

Avec cet argent, parvenu grâce aux canaux de solidarité tissés par la diaspora dans un pays coupé du système bancaire mondiale sous l'embargo des années 1990 et 2000, "on a pu prendre en charge 500 naissances --par voie naturelle et par césarienne-- et admettre 80 enfants" en pédiatrie depuis le début de la guerre, affirme-t-il.

Autour de lui, des prématurés en couveuse s'accrochent à la vie et de jeunes enfants pleurent tandis que des docteurs leur administrent une piqûre.

Dans les salles éclairées par des néons blafards, les ventilateurs au plafond tentent de chasser la chaleur qui dépasse déjà les 40 degrés dehors. De temps à autre, le bruit des combats et des explosions résonnent au loin.

Alors que la guerre a tué environ 700 personnes et blessé 5 000 autres, l'effort médical se concentre sur les blessés de guerre. Les rares hôpitaux qui n'ont pas été bombardés ou occupés par des combattants ne gèrent plus désormais que les urgences vitales.

"Il n'y a plus de services d'obstétrique et de pédiatrie depuis le début du conflit", affirme le docteur Fatharrahmane.

Fatima et son mari Jaber ont ainsi trouvé porte close dans de nombreux hôpitaux et cliniques avant de rencontrer le docteur Fatharrahmane. Il soigne depuis leur fils atteint d'une méningite.

«Tout va s'écrouler»

Déjà avant que la guerre n'éclate entre militaires et paramilitaires, la vie des mères et de leurs nouveaux-nés étaient en danger au Soudan.

Dans ce pays, l'un des plus pauvres au monde, trois femmes sur mille meurent en couches, soit huit fois plus qu'en Egypte voisine par exemple. Sur 1 000 enfants, 56 mourront avant d'atteindre l'âge de cinq ans, contre 19 en Egypte.

Et pour trouver un établissement médical, un Soudanais sur trois doit marcher plus d'une heure. S'il y parvient, seuls 30% des médicaments essentiels seront disponibles pour le soigner.

Aujourd'hui, la petite équipe d'al-Nada redoute aussi d'être bientôt forcée de tout arrêter.

"Nos stocks de médicaments commencent à s'amenuiser, si ça continue comme ça, tout va s'écrouler", s'alarme la pharmacienne de la maternité, Alaa Ahmed, robe fleurie et foulard beige.

Se réapprovisionner en médicaments ou en lait infantile aux entrepôts centraux du ministère de la Santé est inenvisageable: ils se trouvent de l'autre côté du Nil, dans un des quartiers qui jouxtent celui de l'aéroport où les combats font rage.

Les paramilitaires des Forces de soutien rapide "empêchent tout le monde d'y accéder", accuse l'armée.

Résultat, se lamente Alaa Ahmed, "beaucoup de gens me demandent des médicaments mais malheureusement, je ne peux pas les leur donner."


Gaza: l'OMS annonce avoir effectué sa première livraison de fournitures médicales depuis le 2 mars

Des volontaires de familles palestiniennes organisées en comités pour empêcher les vols, gardent des camions transportant de l'aide alors qu'ils entrent dans la bande de Gaza depuis le point de passage de Zikim contrôlé par Israël, à l'ouest de Beit Lahia dans le nord du territoire palestinien assiégé, le 25 juin 2025. (AFP)
Des volontaires de familles palestiniennes organisées en comités pour empêcher les vols, gardent des camions transportant de l'aide alors qu'ils entrent dans la bande de Gaza depuis le point de passage de Zikim contrôlé par Israël, à l'ouest de Beit Lahia dans le nord du territoire palestinien assiégé, le 25 juin 2025. (AFP)
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  • "Hier, l'OMS a livré sa première cargaison médicale à Gaza depuis le 2 mars - 9 camions transportant des fournitures médicales essentielles, 2.000 unités de sang et 1.500 unités de plasma", a indiqué jeudi le chef de l'Organisation mondiale de la santé
  • L'OMS appelle "à l'acheminement immédiat, sans entrave et durable de l'aide sanitaire à Gaza par toutes les voies possibles"

GENEVE: L'OMS a annoncé avoir effectué mercredi à Gaza sa première livraison de fournitures médicales depuis le 2 mars, date à laquelle Israël a imposé un blocus sur le territoire palestinien, partiellement allégé depuis le 19 mai.

"Hier, l'OMS a livré sa première cargaison médicale à Gaza depuis le 2 mars - 9 camions transportant des fournitures médicales essentielles, 2.000 unités de sang et 1.500 unités de plasma", a indiqué jeudi le chef de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur le réseau social X.

"Ces fournitures médicales ne sont qu'une goutte d'eau dans l'océan. Une aide à grande échelle est essentielle pour sauver des vies", a-t-il ajouté.

L'OMS appelle "à l'acheminement immédiat, sans entrave et durable de l'aide sanitaire à Gaza par toutes les voies possibles".

"Les fournitures seront distribuées aux hôpitaux prioritaires dans les prochains jours. Le sang et le plasma ont été livrés à l'entrepôt frigorifique du complexe médical Nasser en vue d'être distribués aux hôpitaux confrontés à de graves pénuries", a expliqué M. Tedros.

Selon le chef de l'OMS, les fournitures médicales ont été transportées dans Gaza depuis le point de passage de Kerem Shalom, "sans aucun pillage, malgré les conditions à haut risque le long de la route".

Quatre camions de l'OMS sont toujours à Kerem Shalom et d'autres sont en route pour Gaza.

En riposte à l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, le gouvernement israélien a juré de détruire le mouvement islamiste.

L'armée israélienne a lancé une offensive à Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé la quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants et provoqué un désastre humanitaire.

Selon des ONG et l'ONU, les plus de deux millions de Gazaouis vivent dans des conditions proches de la famine en raison des restrictions imposées par Israël.

Des Palestiniens sont en outre tués quasi-quotidiennement en allant chercher l'aide humanitaire dans des sites de distribution, selon la Défense civile locale.


Les notables de Gaza disent «sécuriser» l'aide que Netanyahu dit pillée par le Hamas

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  • Tard mercredi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait commandé à son armée un plan "pour empêcher le Hamas de s'emparer de l'aide"
  • "Des affirmations mensongères", selon la commission réunissant les notables de Gaza --non affiliée au Hamas--, qui réclame à l'ONU l'envoi d'observateurs pour "vérifier" ses affirmations

GAZA: La coalition des familles influentes de Gaza, affirmant être impliquée dans la distribution de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé et affamé par plus de 20 mois de guerre, a rejeté jeudi l'accusation israélienne selon laquelle cette aide serait détournée par le Hamas.

"L'aide est sécurisée dans sa totalité sous la supervision directe de la Haute commission aux affaires tribales de Gaza et elle n'est distribuée que via les agences internationales", affirme dans un communiqué ce regroupement de notables locaux.

Tard mercredi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait commandé à son armée un plan "pour empêcher le Hamas de s'emparer de l'aide", accusant le mouvement islamiste palestinien d'avoir "repris le contrôle de l'aide humanitaire entrant dans le nord de la bande de Gaza".

"Des affirmations mensongères", selon la commission réunissant les notables de Gaza --non affiliée au Hamas--, qui réclame à l'ONU l'envoi d'observateurs pour "vérifier" ses affirmations.

"Les mouvements palestiniens n'ont aucun lien" avec l'aide, poursuit le texte.

Fin mai, les autorités israéliennes avaient mis en place un mécanisme de distribution d'aide piloté dans Gaza par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), un organisme au financement opaque soutenu par Israël et les Etats-Unis mais avec lequel l'ONU et les ONG humanitaires refusent de travailler émettant des doutes sur sa neutralité.

Des centaines de Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens près des centres de distribution de la GHF.

Des journalistes de l'AFP ont cependant vu jeudi une distribution de sacs de farine estampillés "Programme alimentaire mondial" (PAM) dans la ville de Gaza.

Mercredi, ils avaient constaté l'arrivée d'un convoi de camions transportant de gros sacs, ressemblant à des chargements d'aide humanitaire, par un point d'entrée dans le nord de la bande de Gaza.

Des hommes masqués et armés de fusils ou de bâtons, juchés sur les cargaisons de cinq de ces camions, ont assuré protéger ce convoi d'éventuels pillages.

"Le Hamas prend le contrôle de la nourriture et des biens", a écrit sur Telegram le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, en partageant une vidéo de ces camions.

Le ministre d'extrême-droite a appelé M. Netanyahu à interdire l'aide humanitaire à Gaza --dont tous les points d'entrée sont tenus par Israël.

 


Liban: deux morts dans des frappes israéliennes sur le sud

Israël mène régulièrement des frappes sur le Liban, notamment dans le sud, malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre pour mettre fin à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte ayant fortement affaibli le Hezbollah. (AFP)
Israël mène régulièrement des frappes sur le Liban, notamment dans le sud, malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre pour mettre fin à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte ayant fortement affaibli le Hezbollah. (AFP)
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  • Israël mène régulièrement des frappes sur le Liban, notamment dans le sud, malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre pour mettre fin à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte ayant fortement affaibli le Hezbollah
  • En vertu de l'accord de trêve, le Hezbollah devait retirer ses combattants au nord du fleuve Litani, à quelque 30 kilomètres de la frontière israélienne, seules l'armée libanaise et les forces de maintien de la paix des Nations unies devant être déployées

BEYROUTH: Deux personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes visant le sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé, l’armée israélienne affirmant avoir ciblé des membres du Hezbollah pro-iranien.

Selon le ministère, deux hommes sont morts à l'hôpital: l'un touché "dans une frappe de drone de l'ennemi israélien visant son bulldozer" près de Baraachit, l'autre dans une frappe sur une moto à Beit Lif.

L’armée israélienne a indiqué dans un communiqué avoir "éliminé… un commandant de la Force Radwan du Hezbollah" dans la zone de Baraachit, en référence à l’unité d’élite du mouvement pro-iranien, ainsi qu’un membre de " la force d’observation" du mouvement chiite à Beit Lif.

Israël mène régulièrement des frappes sur le Liban, notamment dans le sud, malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre pour mettre fin à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte ayant fortement affaibli le Hezbollah.

En vertu de l'accord de trêve, le Hezbollah devait retirer ses combattants au nord du fleuve Litani, à quelque 30 kilomètres de la frontière israélienne, seules l'armée libanaise et les forces de maintien de la paix des Nations unies devant être déployées dans le secteur.

Israël, qui devait de son côté retirer complètement ses troupes, les maintient toutefois dans cinq positions du sud du Liban qu’il juge stratégiques.

Mardi, le ministère de la Santé avait annoncé la mort de trois personnes dans une frappe israélienne ayant visé un véhicule dans le district de Nabatiyé, dans le sud du Liban.

L’armée israélienne avait alors affirmé avoir tué le directeur d’une société de change accusé de transférer des fonds pour le Hezbollah.