Irak: après les exactions de l'EI, des milliers de Yazidis privés de compensations

Des Yazidis irakiens se rassemblent au temple de Lalish, dans une vallée près de la ville kurde de Dohuk, le 18 avril 2023, lors d'une cérémonie marquant le nouvel an yazidi. (Photo, AFP)
Des Yazidis irakiens se rassemblent au temple de Lalish, dans une vallée près de la ville kurde de Dohuk, le 18 avril 2023, lors d'une cérémonie marquant le nouvel an yazidi. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 09 mai 2023

Irak: après les exactions de l'EI, des milliers de Yazidis privés de compensations

  • Des années après la mise en déroute de l'EI en 2017 en Irak, quelque 200 000 personnes originaires du Sinjar, des Yazidis ou issus d'autres communautés, sont toujours déplacées et ne peuvent pas rentrer dans leur région où la reconstruction piétine
  • Quant à ceux qui ont fait le pari du retour au Sinjar, leur quotidien est marqué par «une situation sécuritaire instable, des services publics défaillants ou inexistants, notamment en matière d'éducation, de santé, d'eau et d'électricité»

BAGDAD: Après avoir survécu aux exactions du groupe Etat islamique (EI), des milliers de Yazidis n'ont toujours pas perçu les indemnisations nécessaires pour reconstruire leurs maisons détruites et retrouver leurs villages dans le nord de l'Irak, a déploré mardi Human Rights Watch (HRW).

En août 2014, l'EI déferlait sur le mont Sinjar, foyer historique de la minorité yazidie. Des milliers d'hommes de cette communauté adepte d'une religion monothéiste ésotérique sont massacrés. Les femmes sont enlevées et vendues aux djihadistes qui les réduisent à l'esclavage sexuel, les enfants embrigadés.

Des années après la mise en déroute de l'EI en 2017 en Irak, quelque 200 000 personnes originaires du Sinjar, des Yazidis ou issus d'autres communautés, sont toujours déplacées et ne peuvent pas rentrer dans leur région où la reconstruction piétine.

"Les autorités irakiennes n'ont pas payé les indemnisations financières auxquelles des milliers de Yazidis et d'autres habitants du Sinjar peuvent prétendre pour les destructions et dommages causés à leurs propriétés par l'EI, mais aussi les batailles militaires" engagées par l'armée irakienne et une coalition internationale emmenée par Washington, déplore HRW dans un communiqué.

"Sans compensations, de nombreux Sinjaris n'ont pas les moyens financiers de reconstruire leurs maisons et leurs commerces. Retourner à la maison n'est tout simplement pas une option", déplore l'ONG basée à New York.

HRW rappelle que de nombreux déplacés vivent dans des camps depuis 2014.

Quant à ceux qui ont fait le pari du retour au Sinjar, leur quotidien est marqué par "une situation sécuritaire instable, des services publics défaillants ou inexistants, notamment en matière d'éducation, de santé, d'eau et d'électricité".

En février dernier, "un premier groupe de 420 femmes yazidies" a pu recevoir des compensations, grâce à une loi spécialement votée pour les familles ayant directement souffert des assassinats, enlèvements ou viols perpétrés par les djihadistes, rappelle l'ONG.

Dans le cadre d'une autre loi sur les compensations au titre de dommages et violences causées par la guerre, quelque 10 500 habitants du Sinjar ont déposé une demande. Si 5 000 procédures ont été validées, "pas une seule famille n'a reçu les fonds", déplore HRW, citant un responsable de l'administration concernée.

Interrogé par l'ONG, le parlementaire Majid Shingali explique que ces retards sont dus aux longs délais qui accompagnent l'adoption du budget fédéral de Bagdad. Mais HRW cite aussi une bureaucratie complexe et éreintante ainsi que des retards dans la délivrance de certaines autorisations administratives.


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.