La Tunisie en quête de réponses après une fusillade meurtrière pendant un pèlerinage juif

Des fidèles juifs arrivent à la synagogue Ghriba, lors d'un pèlerinage annuel à Djerba, en Tunisie, le 18 mai 2022. (Reuters)
Des fidèles juifs arrivent à la synagogue Ghriba, lors d'un pèlerinage annuel à Djerba, en Tunisie, le 18 mai 2022. (Reuters)
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Publié le Mercredi 10 mai 2023

La Tunisie en quête de réponses après une fusillade meurtrière pendant un pèlerinage juif

  • Cette synagogue, la plus ancienne d'Afrique, avait déjà été visée en 2002
  • Des pèlerins viennent aussi traditionnellement de pays européens, des États-Unis ou encore d'Israël

DJERBA: Attentat "terroriste" ou acte isolé? Les autorités tunisiennes enquêtent mercredi pour élucider les circonstances d'une attaque menée par un gendarme ayant tué trois de ses collègues et deux fidèles devant une synagogue sur l'île de Djerba, pendant le pèlerinage juif annuel, avant d'être abattu.

La synagogue de la Ghriba, la plus ancienne d'Afrique, avait déjà été visée en 2002 par un attentat-suicide au camion piégé qui avait fait 21 morts.

"L'enquête est en cours pour déterminer les responsabilités engagées dans cette attaque lâche", a indiqué le ministère tunisien des Affaires étrangères dans un communiqué.

L'attaque a eu lieu en deux temps alors que des centaines de fidèles achevaient le pèlerinage juif annuel de la Ghriba mardi soir.

Un dispositif de sécurité a été déployé dans le périmètre de la synagogue, fermant toutes les routes y donnant accès, ont constaté mercredi dans la matinée des correspondants de l'AFP sur place .

Selon les autorités, le gendarme a d'abord tué l'un des ses collègues par balle sur le port de Djerba et s'est emparé de son arme et ses munitions. Il s'est ensuite rendu aux abords de la synagogue, distante d'une quinzaine de kilomètres, où il a ouvert le feu sur les forces de l'ordre qui assuraient la sécurité du lieu, avant d'être abattu.

Deux fidèles, un Tunisien et un Franco-tunisien ont été tués devant la synagogue par les tirs de l'assaillant, et quatre autres ont été blessés et évacués vers un hôpital, selon les autorités.

Paris «condamne avec la plus grande fermeté» l'attaque devant une synagogue à Djerba

La France a condamné mercredi "avec la plus grande fermeté" l'attentat devant la synagogue de la Ghriba en Tunisie, qui a coûté la vie à quatre personnes dont un Français, un acte "odieux", selon la porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Cet attentat "fait douloureusement écho à l'attentat-suicide qui avait fait 21 morts dans cette même synagogue en 2002", a réagi Anne-Claire Legendre. La Ghriba est la plus ancienne synagogue d'Afrique située sur l'île de Djerba.

Le Quai d'Orsay, qui adresse également ses "plus sincères condoléances aux familles des victimes", ajoute que l'ambassade de France et ses services sont "mobilisés pour apporter leur soutien à la famille" du Français et des concitoyens "affectés par cette attaque".

"Nous nous tenons aux côtés de la Tunisie pour poursuivre la lutte contre l'antisémitisme et toutes les formes de fanatisme", a souligné par ailleurs Anne-Claire Legendre.

Six gendarmes ont également été blessés. Deux d'entre eux ont succombé à leurs blessures, selon un nouveau bilan obtenu mercredi de source hospitalière.

«Carnage évité»

Selon l'ancien ministre tunisien du Tourisme, René Trabelsi, une figure de la communauté juive tunisienne présent dans la synagogue au moment de l'attaque, les fidèles tués sont deux cousins: Aviel Haddad, un juif tunisien de 30 ans, et Benjamin Haddad, 42 ans, qui résidait en France.

Dans une interview à la radio Mosaïque FM, il a indiqué que "sans l'intervention rapide des forces de sécurité, un carnage aurait eu lieu car des centaines de visiteurs se trouvaient sur les lieux".

Dénonçant une "attaque violente", le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a affirmé qu'Aviel Haddad détenait également la nationalité israélienne.

"Cela prouve que le mal et la haine sont toujours là, nos cœurs et nos pensées sont avec les familles et la communauté", a-t-il ajouté dans un communiqué.

"Vers 20 heures nous avons entendu des bruits de tirs de pistolet. La police a fermé toutes les portes et on ne pouvait pas sortir. On ne pouvait rien faire pendant plus de trois heures", a raconté à l'AFP l'un des fidèles qui se trouvaient dans la synagogue, Elyahu, un vieil homme venu d'Israël.

"Certains priaient, d'autres pleuraient", a-t-il ajouté.

Egalement présente dans le lieu de culte, Raoudha Seibi, de l'Association tunisienne de Soutien des Minorités affirme avoir vécu "un vrai cauchemar".

"Je voyais les gens courir dans tous les sens. Je n’ai jamais cru que je vivrai une telle terreur, je suis sous le choc jusqu’à maintenant", dit-elle à l’AFP en larmes."Les tirs étaient si proches".

Attaque d'une synagogue à Djerba: «acte aussi lâche qu'odieux» pour le Consistoire de France

Le Consistoire central de France a condamné mercredi l'attentat "aussi lâche qu'odieux" devant la synagogue de la Ghriba à Djerba, en Tunisie, qui a coûté la vie à quatre personnes dont un Français.

Dans un communiqué, le Consistoire "fustige cet acte aussi lâche qu’odieux, venu profaner ce moment unique de prières et d’union que partageaient des centaines de pèlerins rassemblés au sein de la synagogue".

Le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, et le président du Consistoire central, Elie Korchia, "sont en lien avec le Ministère des Affaires étrangères pour garantir le rapatriement des corps de leurs proches au plus vite en France", a précisé le Consistoire.

De son côté, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a appelé à un rassemblement mercredi à Paris, à 17H00 GMT, au métro Belleville, "afin de rendre hommage aux victimes de cet attentat antisémite".

Deux fidèles qui participaient à un pèlerinage juif dans la synagogue de la Ghriba, sur l'île tunisienne de Djerba, ont été tués mardi soir dans une attaque menée par un gendarme qui a également tué deux collègues avant d'être abattu, selon le ministère tunisien de l'Intérieur.

Cette synagogue, la plus ancienne d'Afrique, avait déjà été visée en 2002 par un attentat- suicide au camion piégé qui avait fait 21 morts.

Selon les organisateurs, plus de 5.000 pèlerins, essentiellement venus de l'étranger, ont participé cette année au pèlerinage de la Ghriba, au cœur des traditions de la communauté juive tunisienne qui compte quelque 1.500 personnes.

L'attaque survient au moment où le tourisme enregistre une forte reprise en Tunisie après un net ralentissement pendant la pandémie de Covid-19. Ce secteur vital pour l'économie avait été gravement affecté après les attentats de 2015 contre le musée du Bardo à Tunis et un hôtel de la station balnéaire de Sousse, ayant fait 60 morts dont 59 touristes étrangers.

La Tunisie traverse en outre une grave crise socio-économique  qui a empiré depuis que le président Kais Saied s'est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com