Ultradroite: quatre hommes aux assises des mineurs en juin, une première

Des membres du groupe d'extrême droite «Comité du 9 mai» se rassemblent pour commémorer le 29e anniversaire de la mort de Sébastien Deyzieu du groupe ultranationiste «Oeuvre Française», lors d'un rassemblement à Paris, le 6 mai 2023 (Photo, AFP).
Des membres du groupe d'extrême droite «Comité du 9 mai» se rassemblent pour commémorer le 29e anniversaire de la mort de Sébastien Deyzieu du groupe ultranationiste «Oeuvre Française», lors d'un rassemblement à Paris, le 6 mai 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 11 mai 2023

Ultradroite: quatre hommes aux assises des mineurs en juin, une première

  • Comme l'un des mis en cause avait 17 ans au moment des faits, quatre premiers protagonistes seront jugés par la cour d'assises des mineurs spéciale à Paris du 19 au 30 juin
  • Un cinquième protagoniste, âgé de 14 ans au moment des faits, a déjà été jugé en décembre par le tribunal pour enfants de Paris, statuant en matière criminelle

PARIS: Une audience criminelle aux allures de première pour l'ultradroite: quatre hommes appartenant à la mouvance néonazie seront jugés en juin, soupçonnés d'avoir préparé entre 2017 et 2018 des projets terroristes criminels.

Comme l'un des mis en cause avait 17 ans au moment des faits, ces quatre protagonistes seront jugés par la cour d'assises des mineurs spéciale à Paris du 19 au 30 juin, a appris l'AFP mercredi, confirmant une information de Politis.

Un cinquième protagoniste, âgé de 14 ans au moment des faits, a déjà été jugé en décembre par le tribunal pour enfants de Paris, statuant en matière criminelle, et condamné à deux ans d'emprisonnement avec sursis, selon une source judiciaire.

Ces procès criminels pour ces hommes aujourd'hui âgés de 19 à 28 ans constituent une première pour l'ultradroite, alors que de précédents dossiers comme celui des Barjols ou du groupuscule OAS ont été jugés ces dernières années par le tribunal correctionnel de Paris

D'après l'ordonnance de mise en accusation, dont l'AFP a eu connaissance, signée en mai 2022 mais révélée mercredi par Politis, les cinq protagonistes "adhéraient aux idées véhiculées par l'extrême droite néonazie".

Ils avaient participé à un forum de discussion privé nommé "projet WaffenKraft", soit "puissance de feu" créé par l'un des protagonistes, mineur de 17 ans.

D'après les juges, son objectif était "clairement, au-delà des échanges sur l'idéologie, de préparer des actions qui avaient très rapidement dérivé vers l'élaboration de projets terroristes sous l'impulsion d'Alexandre Gilet", qualifié de "plus radical et plus motivé" du groupe.

"Je pense qu'il voulait faire pire que le Bataclan", dira de lui un autre mis en cause.

Incarcéré en décembre 2018, Alexandre Gilet "avait pris le leadership du groupe et proposé différents projets d'attaques contre des personnalités ou des communautés", soutiennent les magistrats instructeurs.

L'enquête a démarré par l'interpellation en septembre 2018 de ce gendarme adjoint volontaire dans l'Isère alors âgé de 22 ans, après un signalement sur une commande de sa part de produits rentrant dans la composition d'engins explosifs.

«Camion-bélier»

L'enquête va rapidement révéler qu'Alexandre Gilet avait à son domicile des armes "régulièrement détenues", dont des kalachnikovs, mais aussi des munitions, un équipement de laboratoire et des produits précurseurs d'explosifs (TATP). Par curiosité, déclarera-t-il.

"De nombreuses photographies et vidéos d'entraînement avec ses explosifs artisanaux et ses armes étaient mises en évidence, notamment avec plusieurs personnes en forêt en juillet 2018", notent les magistrats instructeurs.

Les quatre autres participants à cette séance de tir seront interpellés entre octobre 2018 et mai 2019: un mineur de 17 ans; un majeur surnommé "Panzer", Gauthier Faucon; un ouvrier agricole âgé de 18 ans, Evandre Aubert, et le collégien.

Ouverte sur des faits de droits commun à Grenoble, l'information judiciaire sera entre temps récupérée par des magistrats antiterroristes parisiens après la découverte de plusieurs éléments troublants.

D'abord "un manifeste de passage à l'acte terroriste, détaillant notamment des fusillades ou des actions au camion-bélier, rédigé" par Alexandre Gilet "à la manière des tueurs de masse de l'ultra-droite", puis "des recherches" de sa part "sur ce qui s'apparentait à des cibles": mosquées, institutions juives ou quartiers à fortes communautés étrangères.

Son comportement a aussi inquiété la justice: pendant son contrôle judiciaire initial, il "entame une formation de conducteur de poids-lourd conformément aux préconisations de son manifeste".

"Ce dossier est le produit des attentats survenus sur le sol français depuis 2015 et de la haine profonde partagée par des millions de Français à l'égard d'un phénomène islamiste découvert à l'époque et le constat d'une défaillance en chaîne de l'Etat et des pouvoirs publics qui n'ont pas été en mesure d'accompagner et d'anticiper ces phénomènes de radicalisation", a estimé son avocate, Me Fanny Vial.

Elle a dénoncé la situation de son client, "très jeune homme détenu à l'isolement depuis quatre ans et cinq mois (...) à qui l'on n'a jamais admis la possibilité d'une réinsertion".

Neuf attaques attribuées à l'ultradroite ont été déjouées depuis 2017, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin début avril.

Une dizaine de procédures en lien avec l'ultradroite ont été ouvertes ces dernières années au pôle antiterroriste de Paris. Une menace "prise très au sérieux" et qui "monte en puissance", selon un magistrat antiterroriste parisien.


Macron met en garde contre la mort de l'Europe

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Le président français a évoqué une Europe «dans une situation d'encerclement» face aux grandes puissances régionales
  • Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a appelé l'UE à renforcer encore sa défense au sein de l'Otan

PARIS: "Notre Europe est mortelle, elle peut mourir". Emmanuel Macron a dressé jeudi un portrait alarmiste à un mois et demi d'élections européennes compliquées pour son camp, en exhortant à un sursaut des Vingt-Sept pour bâtir une "Europe puissance" et une défense "crédible".

"Cela dépend uniquement de nos choix mais ces choix sont à faire maintenant" car "à l'horizon de la prochaine décennie, (...) le risque est immense d'être fragilisé, voire relégué", a-t-il asséné devant 500 invités, dont les ambassadeurs des 26 autres Etats membres de l'UE, des étudiants, des chercheurs et le gouvernement au complet.

Le président français a évoqué dans un discours-fleuve une Europe "dans une situation d'encerclement" face aux grandes puissances régionales et a jugé que les valeurs de la "démocratie libérale" étaient "de plus en plus critiquées" et "contestées".

"Le risque, c'est que l'Europe connaisse le décrochage et cela, nous commençons déjà à le voir malgré tous nos efforts", a averti le chef de l'Etat, en plaidant pour une "Europe puissante", qui "se fait respecter", "assure sa sécurité" et reprend "son autonomie stratégique".

Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a annoncé qu'il inviterait les Européens à se doter d'un "concept stratégique" de "défense européenne crédible", en évoquant la possibilité pour elle de se doter d'un bouclier antimissiles.

Il a aussi appelé l'Europe à renforcer son industrie de défense et plaidé pour un "emprunt européen", sujet tabou notamment en Allemagne, pour investir dans l'armement en appliquant le principe de "préférence européenne".

Entrée en campagne

Face aux débats sur l'immigration portés par la droite et l'extrême droite, il a affirmé que l'UE devait "retrouver la maîtrise" de ses "frontières" et "l'assumer", proposant "une structure politique" continentale pour prendre des décisions sur les sujets de migration, de criminalité et de terrorisme.

Sur le plan économique, pour aboutir à une "Europe de prospérité", Emmanuel Macron a défendu un "choc d'investissements commun", en doublant la capacité financière de l'UE pour faire face aux défis de défense, climatique, numérique et industriel.

Devant les pratiques commerciales chinoises et américaines, le président français a également demandé une "révision" de la politique européenne "en défendant nos intérêts".

"Ca ne peut pas marcher si on est les seuls au monde à respecter les règles du commerce telles qu'elles avaient été écrites il y a 15 ans, si les Chinois, les Américains, ne les respectent plus en subventionnant les secteurs critiques", a-t-il déclaré.

Réagissant peu après, le chancelier allemand Olaf Scholz, pas toujours sur la même longueur d'ondes que son homologue, a salué les "bonnes impulsions" du discours pour que "l'Europe reste forte" et promis de continuer à la "faire avancer ensemble".

Le discours d'Emmanuel Macron est largement considéré comme une entrée en campagne du chef de l'Etat français, alors que son camp patine à six semaines des élections européennes du 9 juin, pour lesquelles le Rassemblement national (RN, extrême droite) fait largement course en tête.

Selon un récent sondage Opinionway, la liste de la majorité présidentielle, à 19%, se situait toujours loin derrière celle du RN (29%), mais gardait une nette avance sur celle des socialistes (12%).

"Sur la scène européenne, cela fait sept ans qu'Emmanuel Macron confond ses incantations et ses gesticulations avec des réalisations", a ironisé Marine Le Pen, cheffe de file des députés du RN, sur X, accusant le chef de l'Etat de "brader des pans entiers de souveraineté" nationale.

Le palais présidentiel de l'Elysée a réfuté toute tactique électoraliste et affirmé que M. Macron ambitionnait d'"influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin.

Une légitimité qui sera mesurée à l'aune des réactions européennes. Et aux retours des Français, qui estiment à 57% que le président n'a pas eu "d'influence réelle" sur l'UE depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi.

Vendredi, le président prendra aussi la température lors d'un échange avec des étudiants à Strasbourg (Est), où il signera un nouveau contrat triennal pour conforter la stature européenne de la capitale alsacienne qui accueille le parlement européen.

 

 


UE: une majorité de Français doute de l'influence réelle de Macron, selon un sondage

Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas «s'impliquer davantage dans la campagne» car «ce n'est pas son rôle en tant que président de la République»
  • Pour autant 61% des Français jugent qu'une «défaite nette» de la liste Renaissance serait un «échec personnel» pour le président

PARIS: Une majorité de Français (57%) doute de l'influence réelle d'Emmanuel Macron sur le fonctionnement et les décisions prises par l'Union européenne depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi pour BFMTV.

Alors qu'Emmanuel Macron va mettre en avant son bilan européen lors d'un discours jeudi matin à la Sorbonne, seuls 42% des Français estiment que le chef de l'État a eu "une influence réelle sur le fonctionnement et les décisions prises par l’Union européenne" depuis 2017.

L'électorat d’Emmanuel Macron porte un regard très positif sur son rôle (70%), alors que la majorité des électeurs de gauche (56%) et d'extrême droite (68%) sont plutôt négatifs.

A un mois et demi des européennes, 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas "s'impliquer davantage dans la campagne" car "ce n'est pas son rôle en tant que président de la République".

Pour autant 61% des Français jugent qu'une "défaite nette" de la liste Renaissance serait un "échec personnel" pour le président.

En cas de large défaite du camp présidentiel, une majorité (61%) souhaite qu'Emmanuel Macron "change significativement d'orientation politique", une opinion partagée par 43% des électeurs du président au premier tour de l'élection présidentielle en 2022.

Pour autant, seule une minorité de Français (46% contre 54%) réclame une dissolution de l’Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées. Encore moins (39% contre 61%) souhaitent un changement de Premier ministre.

Si 58% des sondés déclarent tenir compte avant tout d'enjeux de politique européenne dans leur décision de vote, 41% concèdent qu'ils feront leur choix avant tout sur des enjeux nationaux, surtout parmi les électeurs RN (61%).

Ce sondage a été réalisé par internet du 23 au 24 avril à partir d'un échantillon de 1.001 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. Selon les résultats, la marge d'erreur est comprise entre +/- 1,4 point et +/-3,1 points.


Evénements climatiques extrêmes: la Croix-Rouge souhaite un sac d'urgence par Français

Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
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  • Le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge
  • «75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule», selon un sondage OpinionWay

PARIS: Un "sac d’urgence" pour chaque Français en cas d’évacuation face aux événements climatiques extrêmes: c’est l’une des préconisations de la Croix-Rouge française dans un rapport sur la résilience de la société française, qui fait état d'un manque de préparation.

Canicule, sécheresse, incendies de forêt, inondations: le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), publiée jeudi.

"75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule", selon un sondage OpinionWay pour la Croix-Rouge française.

"La préparation face aux crises est l'affaire de tous. Elle concerne bien entendu les pouvoirs publics, mais aussi les acteurs associatifs et privés, ainsi que les citoyens", déclare à l'AFP Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française.

Pour affronter "l’inévitable", l’association a dix recommandations. Dont la constitution du "Catakit", un sac d'urgence par personne, prêt en cas d'évacuation et comprenant par exemple de la nourriture non périssable, de l'eau, une trousse de secours, des vêtements et une lampe torche, pour attendre l'arrivée de l'aide.

"Seuls 11% des Français disposent d’un sac d’urgence prêt, et moins de la moitié connaît les objets indispensables qu’il faut y glisser", détaille le sondage OpinionWay.

Autre recommandation: la formation aux gestes et aux comportements qui sauvent. "On estime aujourd’hui à seulement 40% le nombre de Français ayant récemment suivi une formation aux gestes qui sauvent, contre 95% Norvège ou 80% en Allemagne", note le rapport.

Or, rappelle la Croix-Rouge, "si les individus sont informés et formés, l’impact des événements climatiques extrêmes sur les populations sera moindre et les dégâts matériels réduits".

L'association suggère que chaque Français ait a minima connaissance des réflexes vitaux: "savoir identifier les alertes sonores, avoir les bons comportements en cas de catastrophes" en plus de la maîtrise des gestes qui sauvent.

"Les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement, rappelle Philippe Da Costa. "Tous les territoires de l'Hexagone et d’Outre-mer sont concernés".

Pour la Croix-Rouge, "il n’y a pas de fatalité". "Se préparer pour savoir comment agir avant les crises et comment réagir pendant les crises" pourra limiter l'impact des évènements climatiques extrêmes sur les populations.