Le gouverneur de la banque centrale du Liban ne comparaîtra pas devant le tribunal de Paris

Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, lors d'une conférence de presse à la banque centrale à Beyrouth, au Liban (Photo, Reuters).
Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, lors d'une conférence de presse à la banque centrale à Beyrouth, au Liban (Photo, Reuters).
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Publié le Mardi 16 mai 2023

Le gouverneur de la banque centrale du Liban ne comparaîtra pas devant le tribunal de Paris

  • Riad Salamé aurait été convoqué sur des accusations relatives au détournement de fonds publics libanais qui lui auraient permis d'accumuler une fortune sur des comptes européens
  • L'enquête européenne se concentre sur les relations entre la banque centrale et Forry Associates, une société détenue par le frère du gouverneur, Raja Salamé

BEYROUTH: Riad Salamé, le gouverneur de la Banque du Liban, ne comparaîtra pas comme prévu devant un tribunal de Paris dans le cadre d'une enquête financière européenne.

Il a été convoqué par la juge d’instruction française Aude Buresi il y a deux semaines. La séance devrait porter sur l'inculpation de M. Salamé, accusé d'avoir accumulé une fortune sur des comptes européens, y compris des liquidités et des biens immobiliers, grâce à un système complexe de montages financiers et au détournement d'importantes sommes d'argent public libanais.

L'enquête européenne, à laquelle participent des juges français, allemands et luxembourgeois, se concentre sur les relations entre la banque centrale et Forry Associates, une société enregistrée dans les îles Vierges britanniques, avec un bureau à Beyrouth, qui appartient au frère du gouverneur, Raja Salamé.

Il s'agirait d'une société fictive utilisée pour transférer de l'argent du Liban vers des banques européennes. Plus de 330 millions de dollars auraient été détournés de la banque centrale dans le cadre d'un contrat de subvention avec la société, en plus de commissions illégales versées par des banques libanaises locales.

Des responsables du poste de police de Minet el-Hosn à Beyrouth – l'autorité locale chargée de délivrer à M. Salamé la convocation de la juge à Paris – ont informé la justice libanaise que des policiers s'étaient rendus à trois reprises à la banque centrale mais que le gouverneur était absent de son bureau.

«Le Premier juge d'instruction par intérim de Beyrouth, Charbel Abou Samra, a répondu il y a quatre jours à la demande française de notifier M. Salamé par l'intermédiaire de la justice libanaise, informant la justice française que M. Salamé n'avait pas pu être trouvé et notifié dans les délais impartis», a déclaré une source judiciaire libanaise à Arab News lundi dernier.

La justice libanaise a exécuté une demande judiciaire française, mais ne peut intervenir dans les actions que les autorités judiciaires françaises pourraient entreprendre, a déclaré la source, qui a ajouté: «D'après la coopération judiciaire euro-libanaise, le Liban pourrait être confronté à d'autres demandes judiciaires avec lesquelles il coopérera comme il l'a déjà fait auparavant.»

M. Salamé est apparu en tant que témoin lors de son interrogatoire à Beyrouth à la mi-mars devant une délégation de magistrats européens, dirigée par la juge Buresi.

«Il n'a pas été interrogé en tant que suspect au Palais de justice de Beyrouth, car les autorités judiciaires étrangères ne sont pas autorisées à accuser quiconque sur le sol libanais. Cette démarche ne peut être effectuée que sur le territoire du pays qui enquête sur l'affaire», a expliqué la source.

La délégation de magistrats européens a interrogé plusieurs autres témoins à Beyrouth au cours de deux séries d'enquête, notamment le ministre sortant des Finances Youssef Khalil, des banquiers, d'anciens et d'actuels fonctionnaires de la banque centrale, ainsi que des auditeurs des comptes de la banque.

Ils se sont également entretenus avec Raja Salamé au cours d'une séance qui a duré plus de six heures, ainsi qu'avec Marianne Hoayek, l'assistante de Riad Salamé.

Le juge Abou Samra n'a pas imposé d'interdiction de voyager à Riad Salamé, malgré les enquêtes locales sur les accusations d'implication dans le détournement de fonds, le blanchiment d'argent, la falsification, la contrefaçon et l'évasion fiscale. La source judiciaire a confirmé que le juge avait fixé au 18 mai la date à laquelle les frères Salamé et Mme Hoayek devaient comparaître devant lui, et que la citation à comparaître restait en vigueur.

«M. Salamé est considéré comme informé de cette date par son représentant légal, qui a déjà déposé des conclusions en son nom», a ajouté la source.

Les enquêtes menées par la procureure près la cour d'appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, sur M. Salamé et les activités de la banque centrale comprenaient initialement une interdiction de voyager.

«La juge Aoun a ensuite annulé cette décision», a ajouté la source.

Le poste de gouverneur de M. Salamé ne lui confère aucune immunité juridique. Âgé de 72 ans, il est gouverneur de la banque centrale depuis plus de 30 ans. Son mandat actuel se termine en juillet et il a indiqué qu'il ne briguerait pas un autre mandat.

La nomination d'un nouveau gouverneur fait toujours l'objet d'un débat constitutionnel, juridique et politique, compte tenu de la paralysie politique que connaît le Liban. Un gouvernement intérimaire aux pouvoirs limités est toujours en place et le poste de président est vacant depuis la fin du mandat de Michel Aoun en octobre.

Les membres des Forces du changement au Liban, un bloc de nouveaux députés élus il y a un an, tiennent M. Salamé pour responsable de l'effondrement de la monnaie libanaise, qui a perdu plus de 90% de sa valeur depuis 2019, et de la crise économique sans précédent qui continue de frapper le pays. Ils accusent également les gouvernements successifs de corruption.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël réaffirme que le Hamas «sera désarmé», face à la proposition d'un «gel»

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
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  • Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien
  • "Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal

JERUSALEM: Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien, au lendemain de la proposition d'un dirigeant du mouvement islamiste palestinien de geler l'armement.

"Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal dans un entretien mercredi à la chaîne qatarie Al Jazeera.

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël.

 

 


Oman et le Liban appellent à un retrait total d’Israël et exhortent à la fin des attaques

Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
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  • Joseph Aoun et le sultan Haitham ben Tariq lancent un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais
  • Réaffirmation de la position arabe unifiée en faveur de la fin de l’occupation israélienne et de l’établissement d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967

​​​​​​BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun et son homologue omanais, le sultan Haitham ben Tariq, ont lancé mercredi un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais et un retrait total de toutes les terres arabes occupées, avertissant que la poursuite des violations constitue une menace directe pour la stabilité régionale.

La déclaration a été faite lors d’un sommet de haut niveau à Mascate, où les deux dirigeants ont exprimé leur « profonde préoccupation face à l’agression israélienne en cours » et qualifié l’occupation de « violation flagrante » de la Résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que d’autres résolutions internationales.

Les deux parties ont également exprimé leur soutien aux efforts internationaux visant à apaiser les tensions, stabiliser la situation sur le terrain, faciliter le retour des personnes déplacées et faire progresser la reconstruction post-conflit.

Aoun conduisait une délégation ministérielle libanaise à Oman, comprenant les ministres des affaires étrangères, de l’intérieur, de la défense, de la santé et de l’agriculture, pour des discussions avec des responsables omanais.

La déclaration commune a mis l'accent sur le renforcement des relations bilatérales et l'élargissement de la coopération dans des secteurs clés tels que la politique, l'économie, l'investissement, le secteur bancaire, le tourisme, les transports et la logistique.

Les deux parties ont appelé à engager rapidement les préparatifs pour tenir la première session du Comité mixte omano-libanais, coprésidé par les ministres des affaires étrangères à Mascate, et à poursuivre de nouveaux accords et mémorandums d’entente destinés à renforcer la collaboration dans le commerce, la culture et la science. La déclaration a également souligné la nécessité de dynamiser la participation du secteur privé dans les opportunités de développement partagé.

La partie omanaise a réaffirmé son plein soutien à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban, ainsi qu’au renforcement des institutions étatiques libanaises, en particulier l’armée et les forces de sécurité légitimes, et à l’appui apporté au pays dans ses réformes économiques, financières et administratives.

Les deux parties ont réaffirmé la position arabe unifiée appelant à mettre fin à l’occupation israélienne et à établir un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Elles ont également souligné l’importance de renforcer la solidarité arabe, de respecter la souveraineté des États et de promouvoir les principes de bon voisinage et de droit international.

La visite officielle d’Aoun à Oman s’inscrivait dans le rôle établi de Mascate en tant que médiateur régional et international. Lors de ses rencontres, Aoun a salué le statut diplomatique et l’approche du Sultanat, la qualifiant de « sage et responsable ».

Il a salué la politique étrangère d’Oman, fondée sur le dialogue, la médiation, l’équilibre et le bon voisinage, estimant qu’elle avait conféré au Sultanat « un statut distingué et un rôle pivot dans la promotion de la stabilité et la résolution des conflits par des moyens pacifiques ».

Aoun a déclaré qu’au Liban, « nous tenons cette approche sage en haute estime et accordons une grande valeur au soutien constant du Sultanat envers le Liban dans divers forums internationaux, ainsi qu’à son appui face aux défis qui se dressent devant nous ».

Pour sa part, le sultan Haitham ben Tariq a réaffirmé l’engagement continu d’Oman envers la stabilité du Liban et son suivi attentif des développements récents dans le pays.

Il a souligné la profondeur des relations entre les deux pays et l’importance de renforcer la coopération et la coordination bilatérales. Le sultan a également salué les contributions positives de la communauté libanaise à Oman.

En marge de la visite, le ministre libanais de l’intérieur Ahmed Al-Hajjar a tenu une réunion avec son homologue omanais, Hamoud ben Faisal Al-Busaidi, au palais Al-Alam à Mascate. Ils ont souligné le renforcement de la coopération conjointe, en particulier dans les domaines de la sécurité et du maintien de l’ordre.

Selon une déclaration conjointe, les discussions ont également porté sur les efforts du Liban pour consolider la sécurité interne et maintenir la stabilité.

Ont participé aux discussions élargies, côté omanais : Al-Busaidi ; Shihab ben Tariq Al-Saïd, vice-premier ministre chargé des affaires de défense ; Badr ben Hamad Al-Busaidi, ministre des affaires étrangères ; Hamad ben Saïd Al-Aufi, chef du cabinet privé ; Mahad ben Saïd Ba’owain, ministre du travail et chef de la mission d’honneur ; Saoud ben Hamoud Al-Habsi, ministre de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydriques ; et Hilal ben Ali Al-Sabti, ministre de la santé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.