Des Syriens abandonnent des bébés devant des mosquées, sous des arbres alors que la guerre fait rage

Des bébés sont montrés au centre «Maison de l'enfant» à Idleb, tenue par les rebelles, qui abrite des enfants syriens non accompagnés et des enfants de parents inconnus (Photo, AFP).
Des bébés sont montrés au centre «Maison de l'enfant» à Idleb, tenue par les rebelles, qui abrite des enfants syriens non accompagnés et des enfants de parents inconnus (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 25 mai 2023

Des Syriens abandonnent des bébés devant des mosquées, sous des arbres alors que la guerre fait rage

  • Des dizaines de nourrissons nés de parents inconnus sont abandonnés devant des mosquées, des hôpitaux, ou en pleine rue
  • Le phénomène des enfants abandonnés a pris de l'ampleur avec le conflit déclenché il y a plus de 12 ans en Syrie

HAZANO: Par une soirée d'hiver glaciale il y a trois ans, Ibrahim Osman a recueilli un nouveau-né tremblant de froid devant la mosquée de son village en Syrie : une petite fille qu'il a appelée "Don de Dieu".

Comme elle, des dizaines de nourrissons nés de parents inconnus sont abandonnés devant des mosquées, des hôpitaux, ou en pleine rue, un phénomène qui s'est accentué avec la guerre dans ce pays.

"C'était le 11 février 2020. J'étais venu à la mosquée pour la prière du soir et l'imam m'a dit : regarde ce que j'ai trouvé", se souvient M. Osman, 59 ans, un habitant du village de Hazano, dans le nord-ouest de la Syrie.

"Je l'ai emmenée chez moi et j'ai dit à ma femme : 'Je t'ai apporté un cadeau'", ajoute-t-il. Il a appelé un médecin qui a certifié que le bébé venait de naître, et estimé que c'était probablement un prématuré.

"J'ai décidé de recueillir cette enfant innocente et de l'élever avec mes propres enfants et mes petits-enfants", ajoute Ibrahim Osman, qui a appelé la petite orpheline Hibatullah (Don de Dieu en arabe).

L'adoption étant interdite dans l'islam, il a présenté une demande pour pouvoir élever le bébé aux autorités locales de sa région, sous contrôle des formations rebelles combattant le régime de Damas.

La petite a aujourd'hui trois ans, et appelle Ibrahim "grand-papa". "J'ai prévenu mes enfants que si je venais à mourir, elle devra hériter tout comme eux", même si elle ne figure pas sur le livret de famille, assure-t-il, la voix nouée par l'émotion.

«Des victimes de la guerre»

Selon des responsables locaux et des experts, le phénomène des enfants abandonnés a pris de l'ampleur avec le conflit déclenché il y a plus de 12 ans.

Le soulèvement pacifique qui a dégénéré en guerre civile a fait environ un demi-million de morts, et près de la moitié des Syriens sont désormais des réfugiés ou des déplacés.

"Les conditions difficiles de la guerre ont poussé des gens à abandonner leurs propres enfants", reconnaît Abdallah Abdallah, un responsable des affaires civiles des autorités rebelles de la province d'Idleb.

Depuis sa création en 2019, la "Maison de l'enfant", le principal orphelinat d'Idleb, a accueilli 26 nouveau-nés, neuf d'entre eux depuis le début de l'année 2023.

Pour le directeur des programmes de ce centre, Fayçal al-Hamoud, le moment le plus dur a été lorsqu'une petite fille qui venait de naître a été retrouvée sous un olivier en 2021, alors qu'"un chat la griffait".

"Le sang coulait sur son visage", se souvient-il. Son établissement a traité le nourrisson qui a ensuite été recueilli par une famille d'accueil.

Mais même dans de tels cas, la "Maison de l'enfant" suit la situation du bébé pour s'assurer qu'il est bien traité et "qu'il n'y a pas de cas de trafic d'enfants", affirme M. al-Hamoud. "Ce sont des victimes de la guerre", souligne-t-il.

100 nouveau-nés en 2021 et 2022

Selon le Centre syrien de justice et de responsabilité (SJAC), basé à Washington, qui compile les atteintes aux droits humains en Syrie, plus de 100 nouveau-nés ont été retrouvés dans les différentes régions de Syrie en 2021 et 2022.

Mais le nombre réel est beaucoup plus élevé, estime le centre, et l'abandon de nourrissons a "augmenté de façon effroyable" depuis le début de la guerre.

Les causes ? La pauvreté, les déplacements forcés ou encore les mariages précoces, énumère notamment le centre.

Une responsable du domaine de la protection de l'enfance à Idleb, citée dans le rapport, estime que 20% des cas des bébés abandonnés sont nés de "femmes ayant été soumises à un chantage sexuel ou ayant eu des relations extramaritales" dans une société très conservatrice.

Dans les régions contrôlées par le régime syrien, 53 nouveau-nés -- 28 garçons et 25 filles -- abandonnés au cours des dix premiers mois de 2022 ont été enregistrés, selon un responsable du département de la Santé à Damas, Zaher Hejjo.

Ces enfants ont été retrouvés dans des parcs, des champs ou même dans un puits, selon le ministère de l'Intérieur.

Le président syrien, Bachar al-Assad, a promulgué début 2023 un décret régulant l'enregistrement des enfants nés de parents inconnus et créant des structures d'accueil qui leur sont dédiées, les "Maisons du chant de la vie".

Selon ce décret, ces enfants abandonnés sont automatiquement enregistrés comme "Syriens" et "musulmans", et le lieu de naissance est l'endroit où ils ont été retrouvés.


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.