En Tunisie, la permaculture s'épanouit face aux défis climatiques

Sur cette photo prise le 27 avril 2023, un homme charge des jerrycans remplis d'eau sur le dos d'un âne, à Cap Negro, dans le nord de la Tunisie. Nombreux sont ceux qui espèrent que la permaculture aidera la Tunisie à surmonter les effets du changement climatique et à se libérer de sa dépendance à l'égard des chaînes d'approvisionnement mondiales, notamment des importations de céréales et d'engrais en provenance de l'Ukraine et de la Russie, déchirées par la guerre. (AFP).
Sur cette photo prise le 27 avril 2023, un homme charge des jerrycans remplis d'eau sur le dos d'un âne, à Cap Negro, dans le nord de la Tunisie. Nombreux sont ceux qui espèrent que la permaculture aidera la Tunisie à surmonter les effets du changement climatique et à se libérer de sa dépendance à l'égard des chaînes d'approvisionnement mondiales, notamment des importations de céréales et d'engrais en provenance de l'Ukraine et de la Russie, déchirées par la guerre. (AFP).
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Publié le Dimanche 28 mai 2023

En Tunisie, la permaculture s'épanouit face aux défis climatiques

  • Dans la permaculture, concept théorisé par deux écologistes australiens dans les années 1970, rien ne se perd et tout est lié
  • «Il faut créer un sol vivant, attirer les vers de terre, les champignons et tous les nutriments pour nos plantes et nos arbres», explique Saber Zouani, ex-chômeur de 37 ans

CAP NEGRO : "Non, ce ne sont pas des mauvaises herbes" ! Saber Zouani montre des orties et pissenlits en passe d'envahir ses plants d'oignons: il pratique les techniques naturelles de la permaculture, qui commence à prendre pied en Tunisie face aux défis climatiques.

Depuis qu'il est revenu il y a deux ans sur les terres familiales nichées dans une forêt à Cap Negro, à 150 km à l'ouest de Tunis, l'obsession de cet ex-chômeur de 37 ans est de garder constamment ses sols humides.

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Sur cette photo prise le 19 mai 2023, l'agriculteur Saber Zouani montre des méthodes de permaculture à des élèves français d'une école primaire de Bizerte. Il s'agit d'une nouvelle technique naturelle qui commence à s'implanter en Tunisie comme solution aux défis climatiques. (AFP).  

Une gageure: la Tunisie a subi ce printemps une sécheresse sans précédent, sous l'effet du changement climatique.

S'il cueille un oignon ou un radis, il remet immédiatement les fanes aux pieds des pousses de piments ou de sorgho, déjà abritées par l'herbe, pour éviter une évaporation trop rapide.

Dans la permaculture, concept théorisé par deux écologistes australiens dans les années 1970, rien ne se perd et tout est lié.

Près de l'indispensable bassin de rétention des eaux pluviales créé avec une bâche, M. Zouani a installé ses cultures maraîchères et ses animaux (chèvres, vaches, moutons et poules) dont les déjections servent pour le compost utilisé comme engrais.

"Il faut créer un sol vivant, attirer les vers de terre, les champignons et tous les nutriments pour nos plantes et nos arbres", explique-t-il.

Il limite strictement l'arrosage, n'utilise que des semences de sa production et aucun pesticide, uniquement des répulsifs naturels.

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Sur cette photo prise le 27 avril 2023, un agriculteur étreint une vache à Cap Negro, dans le nord de la Tunisie. (AFP). 

«Revenu digne»

La permaculture, c'est "retourner à nos racines, aux méthodes traditionnelles qu'employaient nos grands-parents", souligne-t-il, en montrant des monticules non labourés alternant semis, compost, terreau et feuilles mortes, selon un agencement très précis.

M. Zouani gagne environ 300 dinars (à peine 100 euros) par mois mais avec ses parents retraités et son frère, ils sont autosuffisants sur le plan alimentaire.

Et dans deux ou trois ans, il compte "tirer un revenu digne" grâce à son "business plan" qui transformera aussi leur ferme de trois hectares, rebaptisée "Om Hnia", en table d'hôte, puis gîte rural.

Ce diplômé en biotechnologies qui, comme beaucoup de jeunes Tunisiens, n'a pas trouvé de travail dans son secteur, a décidé sa reconversion quand il a perdu son emploi de serveur à cause du Covid. L'Association tunisienne de permaculture (ATP), connue par hasard, l'a formé gratuitement puis épaulé financièrement pour ses équipements de base.

M. Zouani est l'un des bénéficiaires du projet "Plante ta ferme" qui vise à créer en cinq ans 50 micro-fermes en Tunisie, dont une trentaine déjà actives.

"Le but, c'est d'avoir des centaines d'hectares et démontrer aux autorités et aux autres agriculteurs que la permaculture est un système agricole rentable et efficace, et qui ramène de la biodiversité alors que les sols sont épuisés à force de labours et d'intrants chimiques", explique la présidente de l'ATP, Rim Mathlouthi.

Pénurie d'eau

Le programme, financé notamment par des fonds suisses, concerne toutes les régions, même à climat hostile, avec un objectif de développement local en faisant revenir de jeunes chômeurs sur des terrains familiaux délaissés.

L'ATP espère aussi contribuer à "changer un modèle tunisien où l'agriculteur perd de l'argent car il dépense sans cesse pour un tout petit rendement, en achetant semences, engrais et pesticides", selon Mme Mathlouthi.

Un système centré sur les céréales (blé, orge) et d'autres cultures gourmandes en eau, alors que la disponibilité en Tunisie est tombée à moins de 500 mètres cubes par an et habitant, considéré comme le "seuil de pénurie absolue" par la Banque mondiale.

Justement, aux yeux de Mme Mathlouthi, "les crises comme le stress hydrique ou la guerre en Ukraine (qui renchérit le coût des intrants) sont des opportunités pour mettre en valeur des solutions comme l'agroécologie et la permaculture".

L'ATP a récemment lancé le label "Nourriture citoyenne" et des "marchés paysans" à prix accessibles, pour rapprocher producteurs et acheteurs.


Le prix Rafto des droits humains à l'ONG palestinienne de défense des enfants DCIP

Des enfants marchent sur les décombres d’un bâtiment du camp de réfugiés de Nur Shams, dans la ville de Tulkarm, au nord de la Cisjordanie occupée, le 5 septembre 2023, au lendemain d’un raid de l’armée israélienne. (Photo, AFP)
Des enfants marchent sur les décombres d’un bâtiment du camp de réfugiés de Nur Shams, dans la ville de Tulkarm, au nord de la Cisjordanie occupée, le 5 septembre 2023, au lendemain d’un raid de l’armée israélienne. (Photo, AFP)
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  • "Depuis plus de 30 ans, DCIP enquête sur les graves violations des droits des enfants, les documente, et place les autorités israéliennes et palestiniennes devant leurs responsabilités", a expliqué la Fondation Rafto
  • En octobre 2021, DCIP a, avec cinq autres groupes de la société civile palestinienne, été déclarée "organisation terroriste" par le ministère israélien de la Défense

OSLO: Le prix Rafto des droits humains a récompensé jeudi l'ONG palestinienne "Defence for Children International Palestine" (DCIP) pour ses efforts en vue de défendre les droits des enfants palestiniens.

"Depuis plus de 30 ans, DCIP enquête sur les graves violations des droits des enfants, les documente, et place les autorités israéliennes et palestiniennes devant leurs responsabilités", a expliqué la Fondation Rafto.

"Depuis 1967, l'occupation militaire israélienne prolongée de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et de la bande de Gaza a privé les enfants de leur enfance et des droits humains fondamentaux", souligne la fondation norvégienne dans ses attendus.

Elle pointe notamment des arrestations arbitraires et l'existence depuis cette année-là de deux systèmes judiciaires parallèles dans les territoires occupés de Cisjordanie: l'un, civil et pénal, pour les colons israéliens, l'autre relevant de la justice militaire pour les Palestiniens.

Sur son site, DCIP, branche palestinienne de l'ONG internationale DCI, estime que "chaque année, approximativement 500 à 700 enfants palestiniens, certains âgés de 12 ans, sont détenus et poursuivis dans le système judiciaire militaire israélien", le chef d'accusation le plus courant étant le jet de pierres.

En octobre 2021, DCIP a, avec cinq autres groupes de la société civile palestinienne, été déclarée "organisation terroriste" par le ministère israélien de la Défense.

Dans les territoires dirigés par l'Autorité palestinienne, DCIP se mobilise contre les mariages précoces, les punitions corporelles et les violences domestiques, précise aussi la Fondation Rafto.

Créée en 1987, la Fondation Rafto et son prix doté de 20.000 dollars (18.700 euros) portent le

nom de l'historien et militant des droits humains norvégien Thorolf Rafto, mort un an plus tôt.

Parmi ses anciens lauréats, quatre (Aung San Suu Kyi, José Ramos-Horta, Kim Dae-Jung et Shirin Ebadi) ont ensuite remporté le prix Nobel de la paix, qui sera quant à lui annoncé le 6 octobre à Oslo.


Tirs sur l'ambassade américaine au Liban, pas de victime

Le drapeau américain flotte devant les nouvelles installations consulaires de l'ambassade américaine à Awkar, au nord-est de Beyrouth, la capitale libanaise, lors d'une cérémonie d'inauguration le 30 mai 2003. (Photo, AFP)
Le drapeau américain flotte devant les nouvelles installations consulaires de l'ambassade américaine à Awkar, au nord-est de Beyrouth, la capitale libanaise, lors d'une cérémonie d'inauguration le 30 mai 2003. (Photo, AFP)
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  • "A 22h37 (07H37 GMT), des tirs ont été signalés près de l'entrée de l'ambassade américaine", a déclaré le porte-parole de l'ambassade Jake Nelson
  • "Il n'y a pas eu de blessés", a-t-il ajouté, précisant que l'ambassade était "en contact étroit" avec les forces de sécurité libanaises

BEYROUTH: Des coups de feu ont visé mercredi soir l'ambassade américaine au Liban, située dans une banlieue de Beyrouth, sans faire de victime, a indiqué à l'AFP jeudi un porte-parole.

"A 22h37 (07H37 GMT), des tirs ont été signalés près de l'entrée de l'ambassade américaine", a déclaré le porte-parole de l'ambassade Jake Nelson.

"Il n'y a pas eu de blessés", a-t-il ajouté, précisant que l'ambassade était "en contact étroit" avec les forces de sécurité libanaises.

Le complexe abritant l'ambassade américaine, extrêmement sécurisé et entouré de barrages de l'armée libanaise, est situé à Awkar, une banlieue au nord de Beyrouth.

L'incident a coïncidé avec l'anniversaire de l'explosion d'une voiture piégée en 1984 devant l'ambassade américaine dans ce secteur, qui avait fait 11 morts et des dizaines de blessés.

L'ambassade s'était installée dans ces locaux au nord de Beyrouth après un attentat suicide qui avait détruit la chancellerie en avril 1983 et fait 63 morts, en pleine guerre civile (1975-1990).


Bachar al-Assad en Chine pour accélérer la reconstruction en Syrie

Le président syrien Bachar al-Assad entame jeudi une visite officielle en Chine, la première dans ce pays en près de 20 ans. (Photo, AFP)
Le président syrien Bachar al-Assad entame jeudi une visite officielle en Chine, la première dans ce pays en près de 20 ans. (Photo, AFP)
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  • Le président syrien est arrivé en Chine à bord d'un avion Air China, qui s'est posé à 13H15 locales (07H15 GMT), selon des images en direct de la télévision d'Etat CCTV à l'aéroport de Hangzhou (est)
  • Assad doit y assister samedi à la cérémonie d'ouverture des Jeux asiatiques, où le président chinois Xi Jinping rencontrera d'autres dirigeants étrangers, selon la chaîne

HANGZHOU: Le président syrien Bachar al-Assad entame jeudi une visite officielle en Chine, la première dans ce pays en près de 20 ans, destinée à obtenir davantage de soutien financier de Pékin pour la reconstruction.

La guerre en Syrie a entraîné des destructions massives d'infrastructures et a réduit à néant plusieurs secteurs cruciaux pour l'économie, dont celui du pétrole, tandis que le pouvoir syrien est soumis à de lourdes sanctions internationales.

La Chine fait partie des alliés du président Assad et lui a notamment apporté son soutien au Conseil de sécurité de l'ONU, s'abstenant régulièrement lors du vote de résolutions contrariant le pouvoir syrien.

La dernière visite de Bachar al-Assad en Chine remonte à 2004 et il s'agissait de la toute première d'un dirigeant syrien depuis l'établissement des relations diplomatiques avec Pékin en 1956.

Le président syrien est arrivé en Chine à bord d'un avion Air China, qui s'est posé à 13H15 locales (07H15 GMT), selon des images en direct de la télévision d'Etat CCTV à l'aéroport de Hangzhou (est).

M. Assad doit y assister samedi à la cérémonie d'ouverture des Jeux asiatiques, où le président chinois Xi Jinping rencontrera d'autres dirigeants étrangers, selon la chaîne.

Interrogée mercredi sur l'importance que revêt ce déplacement, la diplomatie chinoise n'a fait aucun commentaire.

"Cette visite représente une rupture importante de l'isolement diplomatique" de la Syrie, déclare à l'AFP depuis Damas le politologue Oussama Dannoura.

Objectif légitimité

Le pouvoir Assad a amorcé en 2023 un rapprochement avec de nombreux pays arabes, après des années d'isolement consécutif à la guerre dans son pays.

Cette normalisation des relations a été consacrée en mai par le retour de Damas au sein de la Ligue arabe, et la participation du président syrien à un sommet en Arabie saoudite.

"Assad a l'intention de conférer une certaine légitimité internationale à son régime et de donner l'image d'un soutien imminent de la Chine à la reconstruction en Syrie", prévient Lina Khatib, directrice du programme Moyen-Orient à l'institut SOAS à l'Université de Londres.

Le moment est d'autant plus important après des manifestations à Soueida, dans le sud de la Syrie, appelant au départ de Bachar al-Assad.

En traitant avec des pays comme la Syrie que Washington cherche à isoler, "la Chine brise les tabous occidentaux", affirme M. Dannoura.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro, dont le pays est placé sous sanctions américaines, était ainsi à Pékin la semaine dernière, tandis qu'une délégation du gouvernement taliban se trouve actuellement en Chine.

Plus tôt cette année, Pékin avait déroulé le tapis rouge au président bélarusse Alexandre Loukachenko et à l'Iranien Ebrahim Raïssi.

De hauts responsables russes ont également été reçus, avant une visite de Vladimir Poutine en Chine le mois prochain.

«Enormes capacités»

Pékin joue au Moyen-Orient un rôle grandissant, à l'image du spectaculaire rapprochement qu'il a permis en début d'année entre l'Iran et l'Arabie saoudite.

La Chine, très active dans une région historiquement stratégique pour les Etats-Unis, y promeut son ambitieux projet des Routes de la soie, qui consiste en des investissements massifs dans les infrastructures pour améliorer les liaisons commerciales entre l'Asie, l'Europe et l'Afrique.

La Syrie a rejoint le projet en janvier 2022 et espérait d'importantes retombées économiques.

Mais cela ne s'est "toujours pas concrétisé" et les investissements chinois restent marginaux, relève l'analyste syrien Haid Haid, du cercle de réflexion Chatham House.

Le déplacement du président Assad à Pékin vise "à convaincre" la Chine de participer à la reconstruction de la Syrie en dépit de "réticences" notamment du point de vue sécuritaire, souligne l'expert.

Les forces du pouvoir syrien ont repris la majeure partie du territoire syrien grâce à l'aide militaire cruciale de ses alliés russe et iranien, mais le pays a besoin d'investissements pour la reconstruction.

La Chine s'était engagée en 2017 à investir 2 milliards de dollars en Syrie.

"La Chine dispose d'énormes capacités pour la reconstruction et pourrait très rapidement achever (les travaux d') infrastructures", souligne Oussama Dannoura.