Bataille rangée à l'Assemblée autour du texte d'abrogation de la retraite à 64 ans

La Première ministre Elisabeth Borne a accusé l'opposition de mentir aux Français concernant la réforme des retraites (Photo, AFP).
La Première ministre Elisabeth Borne a accusé l'opposition de mentir aux Français concernant la réforme des retraites (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 31 mai 2023

Bataille rangée à l'Assemblée autour du texte d'abrogation de la retraite à 64 ans

  • Malgré les faibles chances qu'a cette initiative d'aboutir, elle maintient la flamme des opposants à la réforme des retraites
  • Selon l'exécutif, abroger la réforme des retraites coûterait plus de 15 milliards d'euros

PARIS: La majorité présidentielle va "faire bloc" mercredi en commission à l'Assemblée nationale pour torpiller une proposition d'abrogation de la retraite à 64 ans, face à des oppositions vent debout contre une tentative de les "museler".

L'examen par les quelque 70 députés de la commission des Affaires sociales, à partir de 9h30, est un premier round pour ce texte porté par le groupe indépendant Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer, Territoires), avant son arrivée le 8 juin dans l'hémicycle. Mais chaque camp espère déjà marquer des points décisifs.

Car malgré les faibles chances qu'a cette initiative d'aboutir sur le plan législatif, elle maintient la flamme des opposants à la réforme, avant une nouvelle journée de mobilisation le 6 juin.

Et elle embarrasse l'exécutif, inquiet de l'impact politique d'une éventuelle abrogation du texte par l'Assemblée nationale, quelques semaines à peine après la promulgation, mi-avril, de cette loi très contestée.

La Première ministre Elisabeth Borne a une nouvelle fois mardi attaqué les oppositions, les accusant de mentir aux Français "en portant, avec la plus grande démagogie, un texte dont chacun sait ici, pertinemment, qu'il serait censuré par le Conseil constitutionnel".

"Nous ferons bloc" pour contrer cette proposition de loi, a promis la cheffe de file des députés macronistes du groupe Renaissance, Aurore Bergé.

«Atteinte grave»

Avec ses alliés Horizons et Modem, elle a qualifié d'"atteinte grave" aux institutions la décision du président de la Commission des Finances, Eric Coquerel (La France insoumise), de déclarer la proposition de loi de Liot "recevable".

Selon l'exécutif, abroger la réforme des retraites coûterait plus de 15 milliards d'euros.

Or, l'article 40 de la Constitution dispose qu'une proposition de loi ne doit pas créer de charge publique.

Mais M. Coquerel a invoqué "les droits des oppositions" et une "pratique communément admise" de ne pas faire barrage à ce titre à des textes parlementaires.

Le camp présidentiel n'a pas baissé les armes et échafaudé un plan pour contrer la proposition de loi de Liot.

Il espère réussir à supprimer l'article d'abrogation des 64 ans mercredi en commission, où le rapport de force lui semble plus favorable que dans l'hémicycle.

S'il y parvient, le groupe Liot se verrait contraint de réintroduire sa mesure par un amendement avant le 8 juin.

Un scénario qui autoriserait la présidente de l'Assemblée à brandir elle-même le couperet de la recevabilité financière, et d'empêcher ainsi un vote dans l'hémicycle.

"Je prendrai mes responsabilités", a dit mardi Yaël Braun-Pivet, membre de Renaissance, après avoir été critiquée dans son propre camp pour ne pas avoir fait barrage plus tôt.

«Le courage de perdre»

Pour que ce coup de billard à plusieurs bandes aboutisse, la majorité compte sur la promesse des dirigeants Les Républicains de lui prêter main forte mercredi.

"Je pense que la majorité des députés LR n'ont pas envie de participer à cette facétie qu'est cette proposition de loi", a déclaré le chef de file du groupe de droite, Olivier Marleix, tandis que la gauche et Liot espèrent que certains LR leur prêteront main forte.

"Nous ne laisserons pas l'exécutif museler la représentation nationale", ont prévenu les quatre groupes de la coalition de gauche Nupes, promettant d'utiliser "tous les moyens possibles" pour riposter au camp présidentiel. Ils organisent un rassemblement près du Palais Bourbon à 13H00.

Pour la cheffe de file des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, "les soutiens du gouvernement ont deux options (...) : soit faire de l'obstruction soit perdre". "Je leur dis +ayez le courage de perdre et d'affronter le vote de l'Assemblée nationale+".

Le groupe RN de Marine Le Pen a prévu pour sa part de soutenir le texte d'abrogation "face aux tentatives de sabordage de la macronie".

Bertrand Pancher, chef de file de Liot, en a appelé mardi à Emmanuel Macron, dans un courrier où il dénonce les "manœuvres" du camp présidentiel. "Nous vous demandons, en responsabilité, de laisser les députés voter et de respecter le fait démocratique", écrit-il au chef de l'État.


L'armée française va quitter le Niger, après le Burkina, le Mali et la Centrafrique

Des officiers de la police nationale du Niger sont vus devant l'ambassade de France à Niamey le 28 août 2023. (AFP)
Des officiers de la police nationale du Niger sont vus devant l'ambassade de France à Niamey le 28 août 2023. (AFP)
Short Url
  • le président français Emmanuel Macron a annoncé dimanche soir le retrait «d'ici la fin de l'année» des 1 500 militaires français basés au Niger
  • Les militaires au pouvoir à Niamey ont célébré «une nouvelle étape vers la souveraineté du Niger»

PARIS: La France, qui va retirer ses soldats du Niger, a déjà dû rappeler ses troupes en 2022 et 2023 de trois autres anciennes colonies, Mali, Centrafrique et Burkina Faso.

A l'issue d'un bras de fer de deux mois avec le régime militaire nigérien, le président français Emmanuel Macron a annoncé dimanche soir le retrait "d'ici la fin de l'année" des 1 500 militaires français basés au Niger, qui était avant le coup d'Etat du 26 juillet l'un des derniers alliés de Paris au Sahel.

Les militaires au pouvoir à Niamey ont célébré "une nouvelle étape vers la souveraineté du Niger".

Mali 

Plus de neuf ans après avoir été accueillis au Mali comme des "sauveurs" face aux groupes djihadistes, les militaires français ont achevé le 15 août 2022 leur retrait du pays.

Il avait été ordonné le 17 février par Emmanuel Macron, du fait de la dégradation des relations avec la junte et face à une hostilité grandissante de l'opinion publique malienne. Quelque 2 400 militaires français y étaient alors déployés.

Les colonels au pouvoir à Bamako depuis le putsch contre le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020 se sont tournés vers la Russie, allant même, selon de multiples sources, jusqu'à s'assurer les services du groupe paramilitaire russe Wagner.

A l'opération Serval lancée en janvier 2013 contre les groupes jihadistes qui avaient conquis le nord du pays et menaçaient de descendre plus au sud, avait succédé en août 2014 Barkhane, visant les jihadistes disséminés dans les pays de la bande sahélo-saharienne.

La France a confirmé en novembre 2022 la fin officielle de Barkhane.

Centrafrique

Peu après le retrait du Mali, les 47 derniers militaires français déployés en Centrafrique ont décollé le 15 décembre 2022 de l'aéroport de Bangui. L'essentiel des 130 militaires qui composaient le contingent avait quitté le pays les semaines précédentes.

Ce retrait avait été décidé par Paris en juin 2021, face au rôle grandissant de Wagner dans ce pays, en guerre civile depuis 2013.

La France juge Bangui "complice" d'une campagne antifrançaise téléguidée par la Russie. Elle accuse les paramilitaires russes de commettre des exactions contre les civils et d'avoir instauré un régime de "prédation" des ressources de la Centrafrique.

L'ancienne puissance coloniale avait déployé en 2013 plus d'un millier de soldats en Centrafrique dans le cadre de l'opération Sangaris, avec le feu vert de l'ONU, pour y faire cesser les violences intercommunautaires. Sangaris, qui a compté jusqu'à 1 600 hommes, a duré jusqu'en 2016.

Burkina Faso 

En janvier 2023, le Burkina Faso a demandé à son tour le départ dans un délai d'un mois des troupes françaises stationnées sur son sol, en dénonçant un accord de décembre 2018 "relatif au statut des forces armées françaises intervenant" dans le pays sahélien.

Le contingent de près de 400 forces spéciales françaises, la force Sabre, a plié bagage en février.

Ouagadougou a aussi engagé un rapprochement avec la Russie depuis le coup d'Etat de septembre 2022.

Les pays où la France compte des bases militaires 

La France reste la seule ancienne puissance coloniale à posséder encore des bases en Afrique: au Tchad (1 000 personnes), en Côte d'Ivoire (900), au Sénégal (400) et au Gabon (400), outre Djibouti (1 500), qui est aussi tournée vers l'Océan indien.


Un sprint vers l'espace pour le minilanceur de Maiaspace, filiale d'Arianegroup

Cette photo prise le 21 septembre 2023 montre l'atelier de la société européenne de technologie spatiale MaiaSpace à Vernon, dans le nord de la France. (AFP)
Cette photo prise le 21 septembre 2023 montre l'atelier de la société européenne de technologie spatiale MaiaSpace à Vernon, dans le nord de la France. (AFP)
Short Url
  • Au total, Maiaspace compte lancer moins de quatre ans après le début du projet, quand sa grande soeur Ariane 6 ne volera que dix ans après le lancement du projet piloté par la maison mère Arianegroup en 2014
  • Les projets de micro et minilanceurs capables de mettre plusieurs centaines de kilos en orbite pullulent pour tenter d'accrocher une part du marché des 2 600 «smallsats»

VERNON: "Aller vite". Loin du temps de développement d'Ariane 6, Maiaspace, filiale d'Arianegroup, développe son minilanceur spatial réutilisable qu'elle veut pouvoir tirer fin 2025 afin de se faire une place dans un marché en pleine ébullition.

Dans la forêt de Vernon, dans l'ouest de la France, un cylindre de métal de 14 mètres de haut préfigure l'étage supérieur de la future fusée. Il a fallu neuf mois entre le design du prototype "Quasi-modo" et sa réalisation.

Les deux réservoirs superposés contenus dans le cylindre servent depuis juillet à des essais de remplissage d'azote liquide à -196 degrés, avant de passer aux tests avec l'oxygène liquide et le biométhane cryogénique qui le propulseront.

Avec la couche de givre qui se forme sur les parois et qui agit comme un isolant, "on s'est rendu compte qu'on pouvait se passer de protections thermiques" sur la fusée, autant de futures économies de temps et d'argent lors de la fabrication, confie Jérôme Vila, le chef du programme, selon qui "c'est exactement le type de choses qu'on veut apprendre sur une zone d'essais".

Dans quelques mois, "Quasi-modo" laissera sa place à "Quasi-parfait", deuxième prototype de l'étage, cette fois doté de son moteur Prometheus pour des essais de mise à feu. Une troisième version servira ensuite à l'intégration avec l'étage principal pour les derniers essais au sol avant le tir inaugural.

Au total, Maiaspace compte lancer moins de quatre ans après le début du projet, quand sa grande soeur Ariane 6 ne volera que dix ans après le lancement du projet piloté par la maison mère Arianegroup en 2014.

"On veut aller vite car on s’est lancé un peu après les autres acteurs et pour avoir un retour sur investissement rapide", confie Yohann Leroy, le patron de Maiaspace.

Les projets de micro et minilanceurs capables de mettre plusieurs centaines de kilos en orbite pullulent pour tenter d'accrocher une part du marché des 2 600 "smallsats", ces satellites de moins de 500 kilos, à lancer chaque année au cours de la prochaine décennie, selon les prévisions d'Euroconsult.

Il n'y aura de la place sur le marché mondial que pour "3 à 4 minilanceurs", estime-t-il. L'allemand Isar Aerospace annonce un lancement inaugural de sa fusée Spectrum cette année, tandis que l'Electron du néo-zélandais Rocket Lab est opérationnelle depuis 2018.

Plus grosse que ses comparses, Maia, la fusée de Maiaspace, pourra emporter 1,5 tonne en orbite basse, 500 kilos si elle revient se poser pour être réutilisée.

De «Quasi-modo» à «Quasi-parfait»

Cette flexibilité permettrait d'avoir "deux lanceurs pour le prix", selon Yohann Leroy, selon qu’on le réutilise en récupérant l’étage principal ou pas.

Et la capacité d'emport devrait s'améliorer au fil du temps, le design du lanceur permettant davantage de charge utile. Mais pour aller vite Maiaspace ne revendique pas la perfection immédiate.

"Cela permet de sécuriser le calendrier. Cette optique-là, consubstantielle à une méthode agile, réduit fortement les risques de retard", justifie Yohann Leroy.

Maiaspace peut aussi compter sur la proximité avec sa maison mère: à quelques mètres de "Quasi-modo", le moteur réutilisable Prometheus développé par Arianegroup est préparé pour des essais de mise à feu, à coté de composants du démonstrateur Themis d'étage réutilisable également mis au point par Arianegroup.

Maiaspace concède "s’inspirer" de Themis pour l'étage principal de son lanceur qui utilisera trois moteurs Prometheus et un autre pour l'étage supérieur.

Ce soutien du géant européen du spatial suscite les critiques des start-up qui développent leur propre minilanceur et jugent la compétition faussée.

Avec Prometheus, Maiaspace échappe à un développement long et coûteux. "Mais on est client de notre maison mère à des conditions de marché, comme n’importe quel client potentiel", plaide Yohann Leroy.

Pour viser le rythme d'un à deux lancements mensuels en rythme de croisière, la start-up prépare l'industrialisation de sa production dans une "Maia Factory".

Pour l'instant, l'ancien hall d'assemblage des moteurs Vulcain d'Ariane 5 fait office d'atelier pour les éléments de la future fusée.

"C'est le prototype de l'usine", explique Jean-Michel Sannino, son directeur. "C'est SpaceX comme mentalité, l'usine est un produit comme un autre".


Près de 10,5 millions de téléspectateurs sur TF1 et France 2 pour l'interview de Macron

Une photographie des écrans dans une salle de contrôle des médias au siège de l'AFP à Paris, montre le président français Emmanuel Macron lors d'une interview télévisée diffusée dans le journal télévisé du soir de la chaîne de télévision française TF1 et la chaîne d'information de la télévision publique française France 2, le 24 septembre 2023. (AFP)
Une photographie des écrans dans une salle de contrôle des médias au siège de l'AFP à Paris, montre le président français Emmanuel Macron lors d'une interview télévisée diffusée dans le journal télévisé du soir de la chaîne de télévision française TF1 et la chaîne d'information de la télévision publique française France 2, le 24 septembre 2023. (AFP)
Short Url
  • Cette interview a attiré 5,68 millions de téléspectateurs sur TF1 (27,1% de part d'audience) et 4,8 millions sur France 2 (22,9% de part d'audience)
  • Mi-mai, un peu plus de six millions de téléspectateurs avaient regardé son interview au journal de 20H de TF1

PARIS: Près de 10,5 millions de téléspectateurs ont suivi dimanche soir l'interview du président Emmanuel Macron aux JT de 20h00 de TF1 et France 2, selon les chiffres publiés lundi par Médiamétrie.

Cette interview a attiré 5,68 millions de téléspectateurs sur TF1 (27,1% de part d'audience) et 4,8 millions sur France 2 (22,9% de part d'audience).

Fin juillet, plus de 7,5 millions de téléspectateurs avaient suivi l'interview du chef de l'Etat, réalisée en duplex de Nouméa pour les JT de 13H de TF1 et France 2 (plus quelque 700 000 téléspectateurs devant les quatre chaînes d'information en continu).

Mi-mai, un peu plus de six millions de téléspectateurs avaient regardé son interview au journal de 20H de TF1.

Le 22 mars, en pleine contestation de la réforme des retraites, sa précédente intervention, aux JT de 13H de TF1 et France 2, avait attiré un total de 11,5 millions de téléspectateurs (en comptant les chaînes info).

Et en 2022, l'interview du 14 juillet du président, diffusée sur TF1 et France 2, avait rassemblé un total de 6,7 millions de téléspectateurs.