Ukraine et menace russe: Emmanuel Macron s'adresse aux Européens de l'Est

Le président français Emmanuel Macron assiste à une cérémonie à l'École nationale de police en hommage aux trois policiers tués dans un accident de voiture, à Roubaix, dans le nord de la France, le 25 mai 2023. (Photo d'illustration Yoan VALAT / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron assiste à une cérémonie à l'École nationale de police en hommage aux trois policiers tués dans un accident de voiture, à Roubaix, dans le nord de la France, le 25 mai 2023. (Photo d'illustration Yoan VALAT / POOL / AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 31 mai 2023

Ukraine et menace russe: Emmanuel Macron s'adresse aux Européens de l'Est

  • Emmanuel Macron prononcera un discours en début d'après-midi au forum Globsec de Bratislava, axé sur les questions de sécurité régionales, une première pour un président français, à un mois du sommet de l'Otan à Vilnius
  • Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Otan doivent réaffirmer à Vilnius leur soutien politique et militaire à l'Ukraine, en proie depuis 15 mois à une offensive russe qui inquiète aussi les pays voisins issus du glacis soviétique

BRATISLAVA: Unité, soutien à l'Ukraine et souveraineté européenne: Emmanuel Macron va s'efforcer mercredi en Slovaquie de rassurer ses homologues est-européens qui redoutent que des concessions ne soient faites à la Russie pour mettre fin plus vite à la guerre.

Le chef d'Etat prononcera un discours en début d'après-midi au forum Globsec de Bratislava, axé sur les questions de sécurité régionales, une première pour un président français, à un mois du sommet de l'Otan à Vilnius, les 11-12 juillet.

"Il s'agit d'envoyer des signaux clairs sur notre détermination à soutenir l'Ukraine dans la durée et de revenir également sur l'avenir de l'Europe, de l'Union européenne et de notre continent, notamment en matière sécuritaire", résume l'Elysée.

"C'est une partie de l'Europe qui est évidemment sous grande tension en ce moment à cause de la situation en Ukraine et pour qui le sommet de l'Otan est l'horizon stratégique" immédiat, relève un conseiller du président français.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Otan doivent réaffirmer à Vilnius leur soutien politique et militaire à l'Ukraine, en proie depuis 15 mois à une offensive russe qui inquiète aussi les pays voisins issus du glacis soviétique.

"Il faut que nous restions unis (..) Il n'y a pas de place pour les compromis et les zones grises", a mis en garde le président lituanien Gitanas Nauseda devant son homologue français à l'Elysée.

Emmanuel Macron a hérissé plus d'une fois ses pairs en suggérant de ne pas "humilier" la Russie et de lui accorder, tout comme à l'Ukraine, des "garanties de sécurité" au sortir de la guerre afin de ne pas répéter les erreurs de 1918 qui conduisirent à l'avènement de l'Allemagne nazie.

«Importance de l'UE»
Il a depuis réajusté son discours, martelant que la paix ne peut être négociée qu'aux conditions de l'Ukraine et qu'elle passera par une "défaite" de la Russie.

Le président français va rappeler à Bratislava la "force de l'Alliance" atlantique face aux bouleversements à l'Est mais aussi souligner "l'importance du rôle de l'Union européenne" dans l'aide militaire et civile à l'Ukraine, précise l'Elysée.

Il va aussi appeler à poursuivre le "réarmement" de l'Europe face aux nouveaux défis sécuritaires, à la doter d'une "capacité de défense aérienne" - qui fera l'objet d'une conférence le 19 juin à Paris - et aborder la relation future entre Otan et Ukraine.

Les Européens de l'est sont viscéralement attachés à l'Otan, seul rempart à leurs yeux face à ce qu'ils perçoivent comme une menace russe existentielle, et voient d'un mauvais oeil le renforcement de la souveraineté européenne prôné par le président français.

Ils militent aussi pour une adhésion rapide de l'Ukraine à l'Otan. Cette perspective, mise sur la table dès 2008, a alors été freinée par la France et l'Allemagne par crainte d'une escalade avec la Russie, sourcilleuse devant toute remise en cause de sa zone d'influence.

Les initiatives diplomatiques déployées dans la perspective du prochain sommet de l'Otan suscitent également un certain nombre d'interrogations à l'Est.

Garanties de sécurité accordées par la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et les Etats-Unis

La France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et les Etats-Unis pourraient alors accorder des garanties de sécurité à l'Ukraine, à défaut d'adhésion immédiate à l'Otan, afin de dissuader toute offensive future de la Russie.

Selon le quotidien américain Wall Street Journal, ces garanties pourraient passer par la livraison d'armes et de technologies susceptibles de rapprocher au plus vite l'Ukraine des standards de l'Otan, à l'image de la défense d'Israël, fortement soutenue par les Etats-Unis.

"Par exemple, un programme de formation pour les pilotes d'avion permettra d'intégrer l'Ukraine à nos procédures aériennes", relève le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, alors que les Etats-Unis ont approuvé une initiative européenne visant à former des Ukrainiens sur des F-16.

Mais à l'Est, certains craignent que ces garanties conduisent avant tout à geler la ligne de front actuelle et à consolider les gains territoriaux de la Russie sans ramener la paix.

"Un conflit gelé ne fera que donner un répit à la Russie pour préparer une autre agression", assure Slawomir Debski, directeur de l'Institut polonais d'Affaires internationales (PISM).

Un risque pris très sérieux aussi à l'Ouest. "L'expérience nous a appris qu'un conflit gelé, ce sera une guerre pour demain", concède Emmanuel Macron, en appelant à ne pas se contenter d'un cessez-le-feu entre Moscou et Kiev.


Guillaume Ancel: Gaza, « un champ de la mort » avec une complaisance internationale

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
Short Url
  • Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël
  • Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps

PARIS: L’opération « Chariots de Gédéon » validée il y a presque une semaine par le gouvernement israélien est bel et bien en marche dans Gaza.

L’objectif affiché de l’opération a été précisé par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sur la plateforme X.

« Nous avons décidé d’intensifier l’opération à Gaza, selon la recommandation du chef d'État-major pour aller vers la défaite du Hamas » écrit-il.

Détruire le Hamas, n’est pas nouveau puisque cet objectif a été brandi par le premier ministre dès le lendemain du 7 octobre, et l'élément nouveau de cette opération est l’occupation pure et simple de l’enclave.

Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël.

Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps.

D’autre part, Israël maintient son blocus hermétique qui affame les habitants de la bande, alors que l’armée israélienne s’adonne au quotidien à des bombardements meurtriers.


Paris et Alger s'enfoncent dans la crise diplomatique

La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères. (AFP)
La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • Cette convocation du diplomate français serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d'affectation d'agents auprès des représentations diplomatiques
  • Les autorités algériennes dénonceraient aussi le blocage du processus d'agrément de deux consuls généraux algériens nommés à Paris et Marseille, ainsi que de sept autres consuls, en attente d'agrément depuis plus de cinq mois

PARIS: La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères.

"C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi Jean-Noël Barrot lors d'un point presse à Pont-L'Evêque (ouest) où il était en déplacement.

"Le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l'ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l'atteinte qui est portée à nos intérêts", a-t-il ajouté.

Malgré une tentative de réconciliation début avril orchestrée par les deux présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, les deux pays ont échoué à reprendre langue de manière apaisée et durable, Alger ayant expulsé mi-avril douze fonctionnaires français du ministère de l'Intérieur.

Le chargé d'affaires de l'ambassade de France en Algérie - en l'absence de l'ambassadeur Stéphane Romatet, rapatrié à Paris pour consultations - a été convoqué dimanche au ministère algérien des Affaires étrangères pour lui notifier cette nouvelle demande des autorités algériennes, avait-on appris plus tôt de sources diplomatiques françaises.

"Manquements flagrants" 

Les fonctionnaires concernés étaient en mission de renfort temporaire, selon ces mêmes sources, qui n'étaient pas en mesure de préciser leur nombre, ni quand l'expulsion sera effective.

"C'est une décision que je déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans l'intérêt de la France", a également commenté Jean-Noël Barrot.

A ce stade, le ministère algérien des Affaires étrangères n'a pas publié de communiqué officialisant cette demande qui a été annoncée par une dépêche de l'Agence de presse algérienne (APS).

L'Algérie exige "le rapatriement immédiat" de tous les employés français nommés dans des "conditions irrégulières", affirme APS.

"Cette convocation du diplomate français serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d'affectation d'agents auprès des représentations diplomatiques et consulaires françaises en Algérie", poursuit l'agence, "sans que ces affectations n'aient fait, au préalable, l'objet, ni de notifications officielles, ni de demandes d'accréditation appropriées comme l'exigent les procédures en vigueur.

Les autorités algériennes dénonceraient aussi le blocage du processus d'agrément de deux consuls généraux algériens nommés à Paris et Marseille, ainsi que de sept autres consuls, en attente d'agrément depuis plus de cinq mois.

Mi-avril, les autorités algériennes avaient déjà déclaré persona non grata douze fonctionnaires français, tous travaillant pour le ministère de l'Intérieur. Ils avaient dû quitter l'Algérie en 48 heures.

Alger avait alors justifié cette décision par le fait que les autorités françaises avaient arrêté et mis en détention un agent consulaire algérien.

La France avait immédiatement riposté en prenant une mesure similaire - l'expulsion de 12 agents consulaires algériens - et en rappelant Stéphane Romatet pour consultations. Le diplomate est toujours à Paris.

Gravité inédite 

Dimanche, Jean-Noël Barrot avait souligné que la relation bilatérale restait "totalement gelée" depuis mi-avril, lors d'un entretien aux médias français France Inter/France Télévisions/Le Monde.

La récente crise, d'une gravité inédite entre l'Algérie et son ancienne puissance coloniale (1830-1962), a démarré à l'été 2024 lorsque Emmanuel Macron a apporté son soutien total à un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger. L'Algérie avait immédiatement retiré son ambassadeur à Paris.

A l'automne, l'arrestation à Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal pour des déclarations portant, selon l'Algérie, "atteinte à l'intégrité du territoire", avait fait monter d'un cran les tensions.

Les tensions se sont ensuite enflammées début 2025 lorsque Paris a réclamé l'expulsion d'influenceurs algériens, refusée par Alger.

Les autorités françaises reprochent, elles, le refus d'Alger de reprendre ses ressortissants qui sont frappés d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF).


Expulsions de fonctionnaires français d'Algérie: la France répondra «de manière immédiate», «ferme» et «proportionnée» 

 La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
Short Url
  • La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien
  • "C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest)

PONT-L'EVEQUE: La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

"C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest). "Le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l'ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l'atteinte qui est portée à nos intérêts (...) C'est une décision que je déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans l'intérêt de la France", a-t-il ajouté.