Renforcement des liens franco-émiratis: une diplomatie active et diversifiée

Le Président Emmanuel Macron et Président Cheikh Mohammed ben Zayed le 11 mai dernier à l'Elysée (Photo, @UAEEmbassyParis).
Le Président Emmanuel Macron et Président Cheikh Mohammed ben Zayed le 11 mai dernier à l'Elysée (Photo, @UAEEmbassyParis).
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Renforcement des liens franco-émiratis: une diplomatie active et diversifiée

  • Le Conseil national fédéral des Emirats Arabes Unis, représenté par son président Saqr Gobash, s'est rendu au Sénat et à l'Assemblée nationale française
  • Les EAU sont le premier client de la France parmi les pays du Proche et Moyen-Orient

PARIS: Les EAU ont un appétit prononcé pour une gamme diversifiée de produits français - des aéronefs sophistiqués aux parfums et cosmétiques, en passant par les équipements de pointe et les produits pharmaceutiques indispensables aux besoins sanitaires du pays. En retour, la France se tourne vers la Fédération pour l'essentiel de ses produits pétroliers, qui représentent près de 80% de ses achats. Les EAU sont donc une plaque tournante des importations énergétiques pour la France. Aussi les échanges commerciaux entre les deux pays, se sont-ils, intensifiés durant les deux dernières décennies. Les EAU sont le premier client de la France parmi les pays du Proche et Moyen-Orient, avec une participation de 35% dans les exportations françaises de la région en 2021, et son deuxième fournisseur après l’Arabie saoudite, représentant 17% des importations françaises.

De manière plus tangible, la présence économique française aux Émirats arabes unis s'est concrétisée par l'implantation d'environ 600 filiales, employant plus de 30 000 collaborateurs. Ces entreprises sont réparties dans une variété de secteurs, notamment l'aéronautique et l'espace, le civil et le militaire, les produits de luxe, l'énergie, le développement durable, les transports urbains, les banques et assurances, l'hôtellerie, la grande distribution et l'industrie. Ainsi, il est clair que la relation économique entre la France et les Émirats arabes unis est loin d'être orientée dans une seule direction. Au contraire, elle est profondément enracinée dans un échange pluridimensionnel.

Intensification des échanges et des visites au sommet de l’État

La relation économique entre la France et les Émirats arabes unis est riche et diversifiée, ce qui a été démontré une fois de plus par la visite du président des EAU, Cheikh Mohammed ben Zayed le 11 mai dernier, moins d'un an après sa dernière visite en France. Sa rencontre avec le Président Emmanuel Macron a été l'occasion d'explorer de nouvelles opportunités de collaboration, notamment dans les domaines de la culture, de l'environnement, du changement climatique, de l'espace et des énergies renouvelables.

L'engagement politique et parlementaire est également au cœur des relations entre les deux pays. Le Conseil national fédéral, représenté par son président Saqr Gobash, s'est rendu au Sénat et à l'Assemblée nationale française. Il a rencontré leurs présidents respectifs, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, afin de renforcer la coopération sur le changement climatique en prévision de la COP28 et de promouvoir la tolérance. Cette visite a mis en évidence l'ampleur et la profondeur des liens entre les deux nations et leurs institutions, notamment au niveau parlementaire.

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Le président du Conseil national fédéral Saqr Gobash s'est rendu au Sénat et à l'Assemblée nationale française (Photo, @UAEEmbassyParis).

De même, au niveau ministériel, S.E. Cheikh Salem Al Qassimi, ministre de la Culture et de la Jeunesse des Émirats arabes unis, a rencontré son homologue française S.E. Rima Abdul Malak. Leur discussion a mis en évidence la grande coopération culturelle qui existe entre nos deux pays, un élément fondamental pour favoriser l'entente mutuelle et le partage des connaissances.

Ambassades, Patrimoine mondial africain

Les Émirats arabes unis (EAU) et la France, deux nations diamétralement différentes dans leurs paysages, trouvent néanmoins un terrain d'entente dans leurs intérêts économiques et commerciaux mutuel, comme en témoigne la densité des agendas respectifs de l’ambassade des EAU à Paris et de l’ambassade de France aux Emirats.

Un aspect important de la relation entre les Émirats arabes unis et la France, réside dans leur engagement commun pour la préservation du patrimoine mondial. Cet engagement annoncé le 25 mai 2023 par l’ambassade des EAU à Paris est parfaitement illustré par l'établissement du fonds pour le patrimoine mondial africain. Ce fonds, créé grâce à un soutien financier généreux des Émirats, vise à préserver et à promouvoir le patrimoine culturel unique et diversifié du continent africain. Ce patrimoine englobe un large éventail d'éléments, des vestiges archéologiques préhistoriques aux monuments historiques en passant par les traditions orales. Le fonds soutient non seulement la conservation de ce patrimoine, mais également la recherche scientifique, l'éducation et la sensibilisation du public.

L’éducation au coeur du partenariat entre les deux pays

L'éducation est effectivement la pierre angulaire de notre compréhension mutuelle et de notre capacité à coexister dans un monde de plus en plus globalisé. Dans cette perspective, l'Académie diplomatique Anwar Gargash (AGDA) à Abu Dhabi a récemment envoyé un groupe d'étudiants en France pour rencontrer des représentants clés de la diplomatie française, de l'OCDE et de l'Institut du monde arabe. Cette immersion leur a permis de constater directement l'efficacité de la collaboration entre les Émirats Arabes Unis et la France sur une multitude de sujets.

Dans le cadre du partenariat éducatif entre l'AGDA et Sciences Po, un échange notable a eu lieu entre le Dr. Sara Chehab et S.E. Hend al Otaiba, centré sur le thème de la diplomatie et du leadership féminin. Cet échange, qui s'est déroulé devant des étudiants de Sciences Po, a mis en lumière l'importance des liens académiques entre les Émirats Arabes Unis et la France.

La force de ces liens a également été soulignée lors d'une discussion entre S.E. Al Otaiba et Arancha Gonzalez Laya, Doyenne de l'École des Affaires Internationales de Sciences Po Paris. 

Un cheval de bataille commun 

La 30e édition de la prestigieuse Coupe du Président, dédiée aux pur-sang arabes, est une autre manifestation de l'engagement commun de ces deux pays en faveur de la préservation et de la célébration du patrimoine. Cette course emblématique s'est déroulée à l'hippodrome de ParisLongchamp, et a été un véritable hommage à l'héritage inestimable des chevaux arabes. C'est un événement incarne par ailleurs la vision du fondateur des Émirats arabes unis, Cheikh Zayed. Ce dernier a, en responsabilité, œuvré toute sa vie à la préservation et à la promotion de cet héritage. La Coupe du Président s'inscrit dans la continuité de cette vision, un rappel que le respect du patrimoine est une responsabilité partagée. 

La préservation de la culture, le renforcement des liens éducatifs et la célébration de l'héritage sportif forment un triptyque solide qui souligne l'interdépendance croissante entre la France et les Émirats arabes unis. 

Pour finir, un chiffre qui traduit avec justesse l'importance de cette relation : en 2022, plus de 700 entreprises françaises étaient enregistrées aux Émirats Arabes Unis. Ce nombre, en constante augmentation, est la preuve tangible de la confiance mutuelle qui s'est installée entre les responsables politiques et l’élite économique des deux pays.


La Première ministre italienne rend visite au personnel de la Finul au Liban

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  • Najib Mikati et Giorgia Meloni ont échangé sur les efforts déployés pour réduire les tensions dans la région, alors que le bilan des victimes des frappes israéliennes continue d’augmenter
  • Les sirènes ont retenti à deux reprises au quartier général de la Finul à Naqoura durant la visite de la Première ministre italienne dans le sud

BEYROUTH: Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, réaffirme l'engagement du Liban à mettre pleinement en œuvre toutes les résolutions internationales, notamment la résolution 1701 du Conseil de sécurité des nations unies, adoptée en 2006 pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah cette même année.

Il souligne également la nécessité pour Israël de respecter pleinement ces résolutions et de cesser ses violations de la souveraineté du Liban.

M. Mikati a fait ces remarques lors de la réception de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, à Beyrouth.

Jeudi, Mme Meloni a rendu visite au contingent italien au quartier général de la Force intérimaire des nations unies au Liban (Finul), dans le village de Chamaa, et elle a exprimé sa gratitude aux troupes pour leurs services.

Le contingent italien est l'une des plus importantes unités militaires de la Finul dans le sud du Liban.

La visite de Giorgia Meloni a duré vingt-quatre heures, pendant lesquelles les tensions se sont considérablement accrues dans le sud du Liban en raison des derniers développements militaires.

Les sirènes ont retenti à deux reprises au quartier général de la Finul à Naqoura alors que la Première ministre italienne était dans le sud.

Le maire de Chamaa, Abdel Kader Safieddine, a déclaré que la visite se limitait à «une réunion militaire interne avec le chef de l'unité italienne et le général de la brigade alpine de Taurinense».

Il a informé Arab News que «compte tenu de la situation actuelle, aucune réception n'a été organisée».

Les entretiens entre Mme Meloni et M. Mikati ont eu lieu mercredi soir. Selon un communiqué publié par son bureau, Najib Mikati «a réitéré l'engagement du Liban à la pleine mise en œuvre de toutes les résolutions internationales relatives à la région et au Liban, en particulier la résolution 1701 du Conseil de sécurité des nations unies».

M. Mikati a rappelé qu'Israël devait également s'engager à respecter pleinement les résolutions de l'ONU et à cesser ses attaques terrestres, maritimes et aériennes contre la souveraineté du Liban.

Les deux parties «ont exprimé leur satisfaction concernant la résolution 2728 du Conseil de sécurité des nations unies, qui appelle à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza pendant le mois sacré du ramadan, espérant qu'il se transformera en un cessez-le-feu durable».

L'arrivée de Giorgia Meloni à Beyrouth mercredi soir a coïncidé avec une escalade sanglante de la part d'Israël.

La Maison-Blanche a appelé Israël et le Liban à accorder une priorité absolue au rétablissement du calme, alors que le bilan des frappes aériennes israéliennes mercredi dans le sud du Liban s'élevait à seize morts, dont plusieurs militants et membres de groupes paramédicaux.

«Le rétablissement du calme le long de cette frontière reste une priorité absolue pour le président Biden et pour son administration et nous pensons qu'il doit également être d'une importance primordiale pour le Liban et Israël», a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, à Washington.

Le sous-secrétaire d'État adjoint américain, Ethan Goldrich, est arrivé à Beyrouth et il a rencontré le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, accompagné de l'ambassadrice Lisa Jones.

M. Goldrich a souligné «la nécessité de soutenir les initiatives diplomatiques visant à rétablir la stabilité dans le sud et dans la région».

M. Bou Habib a assuré à Joanna Wronecka, la Coordinatrice spéciale des nations unies pour le Liban, que «le Liban continuera à œuvrer pour la pleine mise en œuvre de la résolution 1701, car il s’agit du meilleur moyen pour parvenir à la stabilité souhaitée».

Cette résolution appelle notamment au retrait des forces israéliennes du Liban et au désarmement des groupes armés, y compris le Hezbollah.

Après le massacre d'Al-Habbaryeh le matin même, l'armée israélienne a perpétré deux autres massacres à Naqoura et à Tayr Harfa.

Le Hezbollah et le mouvement Amal ont présenté leurs condoléances aux familles des victimes dans des déclarations publiées jeudi.

Plusieurs blessés, dont une femme, ont été transportés vers des hôpitaux de la ville de Tyr pour recevoir des soins, tandis que les cours étaient bondées de résidents et de donneurs de sang.

Le Hezbollah a riposté aux attaques israéliennes jeudi matin en prenant pour cible les colonies de Goren et de Shlomi avec des missiles et des tirs d'artillerie.

Le groupe a déclaré avoir visé le quartier général nouvellement établi du bataillon Liman avec des obus d'artillerie.

Dans le même temps, la Société de radiodiffusion publique israélienne a cité un responsable israélien affirmant que «l'armée israélienne entrera au Liban après l'achèvement de l'opération de Rafah».

De son côté, le chef du commandement nord israélien, Uri Gordin, a annoncé mercredi que «les forces israéliennes étaient prêtes à agir à la frontière libanaise».


Guerre au Soudan: l'arrêt d'un oléoduc menace d'ébranler le fragile Soudan du Sud

Des combattants du Mouvement de libération du Soudan, un groupe rebelle soudanais actif dans l'État du Darfour, qui soutient le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhan, assistent à une cérémonie de remise de diplômes dans l'État de Gedaref, dans le sud-est du pays, le 28 mars 2024. (AFP).
Des combattants du Mouvement de libération du Soudan, un groupe rebelle soudanais actif dans l'État du Darfour, qui soutient le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhan, assistent à une cérémonie de remise de diplômes dans l'État de Gedaref, dans le sud-est du pays, le 28 mars 2024. (AFP).
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  • L'arrêt d'un oléoduc stratégique dans le Soudan en guerre menace de déstabiliser son voisin sud-soudanais, privé de revenus pétroliers cruciaux pour la gestion du pays
  • La nouvelle a filtré avec la révélation d'un courrier daté du 16 mars adressé par le ministre soudanais de l'Energie et du Pétrole à ses partenaires chinois et malaisien

JUBA: L'arrêt d'un oléoduc stratégique dans le Soudan en guerre menace de déstabiliser son voisin sud-soudanais, privé de revenus pétroliers cruciaux pour la gestion du pays, l'un des plus pauvres au monde en proie à l'instabilité et aux violences politico-ethniques chroniques, estiment des experts.

La nouvelle a filtré avec la révélation d'un courrier daté du 16 mars adressé par le ministre soudanais de l'Energie et du Pétrole à ses partenaires chinois et malaisien, annonçant qu'"une rupture majeure" avait été constatée dans l'oléoduc transportant du pétrole brut depuis le Soudan du Sud jusqu'à la ville soudanaise de Port-Soudan.

Cette "rupture", qui remonte à février, a eu lieu dans une "zone d'opérations militaires" du conflit qui oppose depuis le 15 avril 2023 l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane aux Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohammed Hamdane Daglo, précise la lettre consultée par l'AFP.

"La résolution de ces problèmes est compliquée par les conditions de guerre actuelles" et "en tant que tel, le gouvernement du Soudan déclare un cas de force majeure qui nous empêche de remplir notre obligation de livrer du pétrole brut dans et via" l'oléoduc, concluait le ministre.

La "force majeure" consiste en une circonstance exceptionnelle, étrangère à la personne touchée, qui l'empêche d'honorer un contrat.

Le gouvernement sud-soudanais est jusqu'à présent resté silencieux sur cet épisode, qui vient pourtant ébranler le fragile équilibre du pays.

Le secteur pétrolier contribue à 90% de ses revenus et représente quasiment l'intégralité de ses exportations, selon la Banque mondiale.

« Crise économique imminente »

Mardi, le député Boutros Magaya, chef de la sous-commission parlementaire sur le pétrole, a sonné l'alarme.

"Nous sommes confrontés à une crise économique imminente à la suite de la récente déclaration de force majeure et l'arrêt de l'oléoduc par le gouvernement soudanais", a-t-il alerté dans un communiqué, faisant état d'informations indiquant que "cette fermeture pourrait s'étendre sur une période d'un an".

"Avec la perte de la majorité de notre revenu national, nous sommes confrontés à la sombre perspective d'un désastre humanitaire, d'une instabilité politique et de troubles de la sécurité dans notre État déjà fragile", ajoute-t-il.

Selon M. Magaya, la perte pourrait s'élever à au moins 100 millions de dollars par mois (92 millions d'euros).

"Cela entraînera d'importantes pertes de revenus, une augmentation des prix du marché, des pénuries de carburant, des pannes d'électricité prolongées, des perturbations dans les transports et d'autres services essentiels vitaux pour le bien-être de nos citoyens", insiste-t-il.

Cela pourrait également mener à une dépréciation de la monnaie, la livre sud-soudanaise, souligne le directeur du département d'économie de l'Université de Juba, Akol Maduok: "La situation va s'aggraver dans les deux ou trois prochains mois parce que la banque centrale pourrait manquer de réserves de change et ne pas être en mesure d'approvisionner le marché en devises fortes".

Cet épisode est une nouvelle conséquence du conflit chez le voisin soudanais, qui a fait des milliers de morts et contraint huit millions de personnes à fuir depuis un an.

Plus de 500.000 d'entre eux ont trouvé refuge au Soudan du Sud, venant aggraver une situation humanitaire déjà dramatique.

Environ 9 millions de personnes ont besoin d'assistance dans le pays, selon l'agence humanitaire de l'ONU.

Elections menacées 

Plus largement, c'est la stabilité du pays qui est menacée, prévient Boboya James Edimond, directeur exécutif de l'Institut pour la politique et la recherche sociale (ISPR), centre de réflexion basé à Juba, la capitale sud-soudanaise.

"Le gouvernement n'a pas été en mesure de payer les salaires des fonctionnaires depuis près de neuf mois quand le pétrole circulait", souligne-t-il, évoquant un scénario alarmiste: "Si le pétrole ne circule pas, il y aura un effondrement du gouvernement qui pourrait amener les citoyens à manifester et les militaires (qui n'ont pas non plus été payés depuis des mois, ndlr) sont susceptibles de les rejoindre".

La manne pétrolière est aussi très largement détournée à des fins politiques et d'enrichissement dans ce pays classé parmi les plus touchés par la corruption par l'ONG Transparency International (177e sur 180).

Alors que le pays doit tenir en décembre des élections déjà repoussées à plusieurs reprises, l'absence de ressources pour les organiser rend "très probable" l'hypothèse d'un nouveau report, estime Andrew Smith, analyste pour l'Afrique au cabinet de conseil en évaluation des risques Verisk Maplecroft.

"Tous les fonds qu'il (le gouvernement) recevra pour combler le déficit des revenus pétroliers seront désormais probablement destinés à apaiser l'élite politique, et non aux préparatifs électoraux qui manquaient déjà de ressources", estime-t-il.


Turquie: la reconquête d'Istanbul, obsession d'Erdogan

En 2019, après un scrutin annulé puis reprogrammé, Ekrem Imamoglu, candidat d'une coalition de partis d'opposition, avait remporté la ville, infligeant son pire revers électoral au chef de l'Etat, qui tenait la capitale économique de la Turquie dans son escarcelle depuis 1994. (AFP).
En 2019, après un scrutin annulé puis reprogrammé, Ekrem Imamoglu, candidat d'une coalition de partis d'opposition, avait remporté la ville, infligeant son pire revers électoral au chef de l'Etat, qui tenait la capitale économique de la Turquie dans son escarcelle depuis 1994. (AFP).
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  • En 2019, après un scrutin annulé puis reprogrammé, Ekrem Imamoglu, candidat d'une coalition de partis d'opposition, avait remporté la ville
  • "Istanbul est le joyau, le trésor, la prunelle des yeux de notre nation", a déclaréM. Erdogan lors d'un meeting dans la ville à sept jours des élections municipales du 31 mars

ISTANBUL: Reconquérir Istanbul, "le joyau de la nation" qui l'a fait roi, obsède le président turc Recep Tayyip Erdogan qui en fut le maire dans les années 1990 et assigne trente ans plus tard à son parti la mission de l'arracher dimanche à l'opposition.

En 2019, après un scrutin annulé puis reprogrammé, Ekrem Imamoglu, candidat d'une coalition de partis d'opposition, avait remporté la ville, infligeant son pire revers électoral au chef de l'Etat, qui tenait la capitale économique de la Turquie dans son escarcelle depuis 1994.

"Istanbul est le joyau, le trésor, la prunelle des yeux de notre nation", a déclaré M. Erdogan lors d'un meeting dans la ville à sept jours des élections municipales du 31 mars.

Au soir de sa réélection à la tête de la Turquie en mai dernier, le "Reis" ("Chef"), surnom qui remonte à ses années de maire d'Istanbul (1994-1998), avait dès son discours de victoire lancé la campagne des municipales.

"Sommes-nous prêts à remporter Istanbul ?", avait-il demandé à une foule enthousiaste, juché sur un bus devant sa résidence sur la rive asiatique de la ville.

A deux jours du scrutin, la reconquête d'Istanbul par son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) apparaît comme l'enjeu ultradominant de ces municipales.

Le sondeur Erman Bakirci, de l'institut Konda, résume en un dicton l'importance de la ville, sise de part et d'autre du Bosphore, et qui représente à elle seule 30% du PIB du pays: "L'hiver n'arrive en Turquie que lorsqu'il neige à Istanbul", dit-il, rappelant la formule du président Erdogan selon laquelle "qui remporte Istanbul remporte la Turquie".

"Lorsque vous gouvernez Istanbul, vous servez et touchez près de seize millions de personnes, dont onze millions d'électeurs", développe-t-il. "Cela vous offre une opportunité politique énorme."