La Finlande est en sécurité depuis son adhésion à l'Otan, selon son ministre des AE

Pekka Haavisto, ministre finlandais des Affaires étrangères (Photo fournie).
Pekka Haavisto, ministre finlandais des Affaires étrangères (Photo fournie).
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Publié le Vendredi 02 juin 2023

La Finlande est en sécurité depuis son adhésion à l'Otan, selon son ministre des AE

  • Pekka Haavisto a exprimé sa gratitude à l'Arabie saoudite pour avoir fourni une tribune aux factions soudanaises pour discuter du cessez-le-feu
  • Il a offert le soutien d'Helsinki à l'économie circulaire, un modèle également soutenu par l'Arabie saoudite

HELSINKI: Malgré son armée d’envergure, composée d’un corps de conscrits et de 300 000 réservistes, la Finlande se sent plus en sécurité depuis qu'elle a rejoins l'Otan, a déclaré Pekka Haavisto, son ministre des Affaires étrangères, à Arab News.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 a déclenché une série d'événements qui ont abouti à ce que la Finlande devienne le 4 avril le 31e membre de l'alliance militaire occidentale, doublant ainsi la longueur de la frontière de la Russie avec l'Otan.

«Si nous jamais sommes attaqués, nous sommes plus en sécurité puisque nous pouvons obtenir le soutien de l'Otan à tout moment», a signalé Haavisto lors d'un entretien à Helsinki, qui a porté sur des questions allant de la guerre en Ukraine aux crises dans la Corne de l'Afrique, en passant par le rôle prépondérant de son pays en tant que champion du développement durable.

En réponse à la décision de la Finlande, les autorités russes ont proféré des menaces à peine voilées à l'encontre du pays qui, jusqu'à l'année dernière, maintenait une politique de non-alignement militaire. Le Kremlin a qualifié l'adhésion à l'Otan d'«empiètement sur notre sécurité et sur les intérêts nationaux de la Russie», ce qui obligerait la Russie à «prendre des contre-mesures».

Haavisto, qui a officiellement remis le mois dernier le document d'adhésion de la Finlande à l'Otan au secrétaire d'État américain, Antony Blinken, à Bruxelles, a qualifié d'«imprévisible» la possibilité que la Russie lance une attaque contre la Finlande.

«Ce que nous craignons, bien sûr, c'est que la Russie puisse faire d'autres erreurs de calcul en Europe, et nous ne voulons pas faire partie d'une erreur de calcul», a-t-il indiqué.

Haavisto a précisé que la Finlande disposait de «l'option Otan» depuis 2004, ce qui signifie que même si le pays est hors de l'organisation, tout événement préoccupant peut l'amener à demander l'adhésion.

Haavisto s'exprime au cours de l'entretien, qui a porté sur des questions allant de la guerre en Ukraine aux crises dans la Corne de l'Afrique, en passant par le rôle prépondérant de son pays en tant que champion du développement durable (Photo, AN).

«Mais notre estimation de la situation a changé», a-t-il révélé, faisant allusion à l'invasion de l'Ukraine. «Nous avons décidé, avec la Suède, de demander l'adhésion à l'Otan pour notre propre sécurité.

«Nous ne menacerons personne. Nous ne sommes pas menacés actuellement. Mais, bien sûr, quand on voit une guerre en Europe, on peut toujours imaginer ce qu'une escalade de la guerre pourrait signifier.»

Alors que la Finlande et la Suède ont demandé leur adhésion à l'Otan le 5 juillet de l'année dernière, leur adhésion à l'alliance a été bloquée pendant des mois. Pour qu'un pays rejoigne l'Otan, tous les membres existants doivent ratifier l'adhésion, et dans le cas de la Suède et de la Finlande, la Turquie et la Hongrie ont initialement refusé de le faire.

La Turquie a notamment adressé plusieurs demandes à la Suède et à la Finlande, dont l'extradition de plusieurs personnes qu'elle considère comme des terroristes et la levée de l’embargo sur les armes, imposé à Ankara après l'envoi de ses forces dans le nord de la Syrie en 2019.

Dans le cadre des négociations, la Suède a annoncé qu'elle autoriserait à nouveau les exportations d'armes vers la Turquie et qu'elle adopterait des lois antiterroristes plus strictes. La Finlande a fait de même en janvier.

Bien que la Turquie ait finalement ratifié l'adhésion de la Finlande, la candidature suédoise est toujours à l’étude.

«Il y a de bonnes chances qu'avant le sommet de l'Otan en juillet à Vilnius, la Suède soit approuvée en tant que membre de l'Otan», a affirmé Haavisto.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ayant été réélu pour un nouveau mandat de cinq ans. Haavisto suit de près plusieurs questions de politique étrangère liées à la Turquie, en plus de la demande d'adhésion de la Suède à l'Otan.

Il a souligné l'importance des relations entre la Turquie et la Syrie, affirmant que «les destins de la Turquie et de la Syrie sont fortement interdépendants» et a appelé à «une voie pacifique» vers une solution politique en Syrie.

EN BREF

* La Finlande est devenue le 31e membre de l'Otan le 4 avril dernier.

* La Finlande se classe au premier rang tous les ans depuis 2016, d’après le rapport mondial des Nations unies sur le bonheur.

* L'Arabie saoudite et la Finlande entretiennent des relations diplomatiques depuis 1969.

Haavisto a également appelé à une solution aux tensions entre la Grèce et la Turquie en Méditerranée orientale, citant en exemple le différend territorial qui divise l'île depuis 1974.

Un autre dossier que Haavisto suit de près est la crise en cours au Soudan. Il estime que le conflit actuel ne doit pas détourner la communauté internationale de l'objectif de transférer le pouvoir politique au peuple soudanais.

«Il est très important que l'avenir du Soudan repose sur les composantes civiles», a indiqué  Haavisto, qui a auparavant occupé le poste d'envoyé de haut niveau de l'UE dans les régions d'Afrique sujettes aux conflits.

Ce lundi, des représentants des forces armées soudanaises, dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, et des forces de soutien rapide, dirigées par Mohammed «Hemedti» Dagalo, les deux factions en conflit depuis le 15 avril, ont accepté de prolonger de cinq jours le cessez-le-feu existant et les accords humanitaires négociés par l'Arabie saoudite et les États-Unis à l'issue de pourparlers à Djeddah.

«Nous sommes très reconnaissants à l'Arabie saoudite d'avoir offert une tribune aux représentants militaires d'Al-Burhan et de Hemedti pour négocier toutes ces questions. Ce qui est vraiment nécessaire maintenant, ce sont des initiatives de paix», a souligné Haavisto.

Après avoir soutenu les efforts visant à mettre fin à la guerre dans la région éthiopienne du Tigré en tant qu'envoyé spécial de l'UE dans ce pays, le ministère de Haavisto suit de près la crise soudanaise, qui a englouti la capitale Khartoum et d'autres États.

L'une des conséquences malheureuses du conflit armé, selon lui, est que «l'idée de faire passer le pouvoir au Soudan de l'armée aux civils a été perdue. Et malheureusement, l'ancien Premier ministre, Abdallah Hamdok, a été mis à l'écart».

Hamdok, qui avait été nommé Premier ministre lors de la transition du Soudan vers un gouvernement dirigé par des civils en 2019, a été renversé lors d'un coup d'État militaire en octobre 2021. Bien qu'il ait été regagné ses fonctions de Premier ministre un mois plus tard, en raison de l'indignation croissante de la population à l'égard des militaires, il a démissionné en janvier 2022.

Haavisto a indiqué qu'il était en contact avec Hamdok et plusieurs personnes et groupes de la société civile au Soudan. «Nous espérons, bien sûr, que le cessez-le-feu actuel sera maintenu à l'avenir et que ceux qui prennent les armes les déposeront dès que possible», a-t-il déclaré.

Lors d'une visite à Riyad en avril 2021 pour des discussions avec des responsables saoudiens, alors qu'il se rendait en Éthiopie dans le contexte de la guerre du Tigré, Haavisto a déclaré à Arab News qu'il était important que l'UE travaille avec l'Arabie saoudite à cause des «bonnes relations de l’Arabie saoudite avec toutes les parties dans l'ensemble de l'Afrique».

«La coopération internationale est très importante», avait-il précisé à l'époque, évoquant avec clairvoyance les risques d'un nouveau conflit dans une partie de l'Afrique où les différends sont nombreux.

Aujourd'hui, plus d'un mois après le début du conflit au Soudan, la Finlande soutient sans réserve les efforts saoudiens et américains visant à négocier un cessez-le-feu durable et un accord de paix entre les factions en conflit.

Pour Haavisto, la guerre au Soudan est un défi complexe qui nécessitera la participation de nombreux acteurs et la mise en œuvre de plans à long terme. Les liens étroits entre l'armée et l'économie soudanaises, en particulier sous le régime du dictateur Omar al-Bachir dans les années 1990 et 2000, ont créé de graves problèmes pour le pays.

«Aujourd'hui, je constate que le même problème persiste avec Al-Burhan et Hemedti, à savoir que les intérêts économiques et militaires sont liés. Il s'agit là, bien entendu, d'un obstacle au développement futur de l'économie soudanaise sur une base libre, en tant qu'économie de marché. Et, malheureusement, ce facteur ralentit probablement aussi la croissance économique du Soudan.»

Pekka Haavisto avec la rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, à Helsinki, capitale de la Finlande (Photo, AN).

Les inquiétudes liées aux conflits régionaux et internationaux n'ont ni arrêté ni ralenti la volonté de la Finlande de devenir un leader mondial en matière d'environnement. Helsinki accueille actuellement le Forum mondial de l'économie circulaire 2023, qui vise à créer une nouvelle économie «verte» et davantage d'emplois en tirant parti des solutions de l'économie circulaire conformément aux 17 objectifs de développement durable des Nations unies.

«Cette réunion sur l'économie circulaire qui se tient à Helsinki s'inscrit bien sûr dans le cadre de notre politique de soutien à l'économie circulaire, non seulement dans notre pays, mais dans le monde entier», a déclaré Haavisto, qui est un vétéran du parti finlandais de la Ligue verte et un ancien ministre de l'Environnement.

«Les matériaux recyclés permettent de réaliser d'importantes économies d'énergie et de produire des énergies renouvelables... Par exemple, la Finlande a massivement investi dans l'énergie éolienne, qui devient une source d'énergie de plus en plus importante pour nous.»

La Finlande a l'une des consommations d'énergie par habitant les plus élevées de l'UE et est l'un des seuls pays au monde à encore utiliser la tourbe comme source d'énergie ; elle a donc de nombreuses raisons d'accroître son utilisation des énergies renouvelables.

Jusqu'à présent, le pays a tenu un certain nombre de ses promesses : Au cours des sept dernières années, le nombre d'éoliennes opérationnelles dans le pays est passé de 552 à 1 266, selon l'Association finlandaise de l'énergie éolienne. L'année dernière, la Finlande a adopté la loi sur le changement climatique, qui fixe 2035 comme objectif de neutralité carbone pour le pays, et 2040 comme objectif de carbone négatif.

«Nous voyons un grand potentiel dans les énergies éolienne et solaire au niveau mondial», a expliqué Haavisto, ajoutant que la Finlande est impatiente de présenter de nouvelles technologies et inventions pour l'efficacité énergétique lors de la prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP28) qui se tiendra à Dubaï.

«Nous pouvons combiner la croissance économique avec un bon environnement et un environnement sûr. Je crois que c'est notre message clé en Finlande.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, «tentative de «manipulation»» répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

"Accroître la pression sur la Russie"

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

Conditions maximalistes de Poutine 

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.