Affaire Rami Adwan: l'ambassadeur pourrait devenir persona non grata en France

C’est une affaire qui couvait depuis des mois et qui a fini par éclater au grand jour par le biais du site d’investigation français Mediapart. (Photo compte Twitter de l'ambassade du Liban en France).
C’est une affaire qui couvait depuis des mois et qui a fini par éclater au grand jour par le biais du site d’investigation français Mediapart. (Photo compte Twitter de l'ambassade du Liban en France).
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Publié le Mardi 06 juin 2023

Affaire Rami Adwan: l'ambassadeur pourrait devenir persona non grata en France

  • Au regard de la gravité des faits attribués à l’ambassadeur, le Quai d’Orsay a demandé aux autorités libanaises de lever son immunité diplomatique «afin de faciliter le travail de la justice française»
  • Pour l’ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, en poste depuis 2017, un sombre compte à rebours est enclenché

PARIS: C’est une affaire qui couvait depuis des mois et qui a fini par éclater au grand jour par le biais du site d’investigation français Mediapart.

Pour l’ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, en poste depuis 2017, un sombre compte à rebours est enclenché. En juillet dernier, de nombreuses rumeurs circulaient déjà au sujet d’une plainte déposée par une employée de l’ambassade, accusant M. Adwan d’agression sexuelle. Elles ont depuis été reléguées au second plan dans l’agitation médiatique.

C’était sans compter avec la pugnacité des journalistes de Mediapart qui ont récemment publié une enquête détaillée relatant les déboires non pas d’une, mais de deux employées de l’ambassade avec leur supérieur hiérarchique. À la suite de ces révélations, ces événements sont devenus en quelque sorte une affaire d'État. Le ministère français des Affaires étrangères s’est sérieusement penché sur la question, et il a publié vendredi dernier en soirée un communiqué à ce sujet.

La gravité des faits commis par Rami Adwan

Au regard de la gravité des faits attribués à l’ambassadeur, le Quai d’Orsay a demandé aux autorités libanaises de lever son immunité diplomatique «afin de faciliter le travail de la justice française». Rami Adwan a utilisé l'immunité qui lui est accordée en tant que diplomate, conformément à la Convention de Vienne, afin d'échapper à la justice.

Une telle ligne de défense pourrait être efficace s’il s’agissait d’un citoyen quelconque, mais non d’un ambassadeur dont les fonctions consistent à traiter avec les hautes sphères de la république française.

Son avocat, Karim Beylouni, a pour sa part contesté toute accusation d’agression, admettant toutefois que son client a eu avec les deux plaignantes «des relations amoureuses émaillées de disputes et de ruptures». Une telle ligne de défense pourrait être efficace s’il s’agissait d’un citoyen quelconque, mais non d’un ambassadeur dont les fonctions consistent à traiter avec les hautes sphères de la république française. D’ailleurs, il n’a probablement pas opté pour la meilleure stratégie en se réfugiant derrière son immunité diplomatique, particulièrement dans un pays où d’importants politiciens, des personnalités médiatiques, des acteurs majeurs de l'industrie cinématographique et des sportifs de haut niveau ont vacillé à la suite d’accusations de délits sexuels ou de violences envers des femmes.

Les jours de l’ambassadeur du Liban en France semblent donc comptés, d’autant qu’une demande officielle a été adressée par la France lundi 5 juin pour la levée de son immunité diplomatique.

La décision du Liban de dépêcher à Paris une équipe d’enquêteurs dirigée par le secrétaire général de son ministère des Affaires étrangères, Hani Chmaytelli, est perçue positivement par les autorités françaises.

Une source officielle a estimé que la décision du Liban de dépêcher à Paris une équipe d’enquêteurs dirigée par le secrétaire général de son ministère des Affaires étrangères, Hani Chmaytelli, est perçue positivement par les autorités françaises.

Toutefois, ces dernières estiment qu'il est toujours nécessaire de lever l'immunité de l'ambassadeur. Si le Liban choisit de ne pas répondre favorablement à cette demande, les sources indiquent que M. Adwan sera considéré comme indésirable sur le territoire français.

C’est en quelque sorte l’affaire de trop pour le Liban déjà englué dans des scandales et des crises en tout genre, et qui a besoin d’une diplomatie immaculée pour plaider le moment venu sa cause auprès des puissances internationales.

Les révélations de Mediapart

Selon le site, la première plainte pour viol et violences volontaires est déposée au mois de juin 2022, par une jeune femme âgée de 31 ans, employée à l’ambassade à l’époque comme rédactrice. La plaignante déclare avoir été violée en mai 2020, dans l’appartement privé de l’ambassadeur. Elle affirme avoir exprimé en vain son refus d'avoir des rapports sexuels, pleurant et implorant.

Toujours selon Mediapart, la même plaignante explique avoir été frappée par Rami Adwan lors d'une dispute dans son bureau, et qu’elle n’a pas porté plainte pour ne pas briser la vie d’un père de famille. Elle l’accuse par ailleurs d’avoir exercé sur elle «des violences physiques et psychologiques».

La deuxième plainte a été déposée en février dernier par une jeune femme de 28 ans qui dénonce une série d’agressions physiques de la part de l’ambassadeur, la plupart du temps après avoir refusé un rapport sexuel. Cette jeune femme, employée à l’ambassade en 2018 en tant que stagiaire, admet avoir noué une relation intime avec M. Adwan avant de constater la violence de son caractère.

Ce dernier, indique-t-elle, a tenté de la renverser avec sa voiture lors d’une dispute en marge du Forum pour la paix à Caen, et de l’asphyxier chez elle en enfonçant son visage dans le matelas de son lit.


Sur l'immigration, l'Italie ne joue plus «  le jeu du nationalisme », assure Darmanin

Sur trois jours la semaine dernière, près de 8.500 personnes ont débarqué à Lampedusa, située à 150 km du littoral tunisien, soit plus que la population totale de l'île. (AFP).
Sur trois jours la semaine dernière, près de 8.500 personnes ont débarqué à Lampedusa, située à 150 km du littoral tunisien, soit plus que la population totale de l'île. (AFP).
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  • Concernant le sort des personnes arrivées la semaine dernière à Lampedusa, la France "est d'accord évidemment pour prendre (sa) part du fardeau"
  • Le ministre de l'Intérieur a par ailleurs indiqué que la France avait proposé son aide à l'Italie pour appliquer par anticipation une disposition du pacte migratoire actuellement en discussion à Bruxelles

PARIS: L'Italie de Giorgia Meloni ne joue plus "le jeu du nationalisme" dans la gestion des flux migratoires, s'est félicité jeudi le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin, marquant ainsi un changement de ton notable après des mois de tensions entre Paris et Rome sur ce dossier.

Alors que les récentes arrivées sur l'île italienne de Lampedusa ont provoqué une crise européenne, M. Darmanin s'est rendu à Rome, lundi, notamment pour proposer à son homologue italien l'aide de la France en matière de contrôle des frontières extérieures italiennes, première porte d'entrée vers l'Europe par la Méditerranée.

Interrogé sur BFMTV sur le sort des près de 230 migrants débarqués l'an dernier pour la première fois en France par le navire humanitaire Ocean Viking, au terme d'un bras de fer diplomatique avec l'Italie qui les refusait, le ministre de l'Intérieur a répondu: "Ce qui est certain, c'est que l'Ocean Viking c'était le moment où l'Italie refusait une solution européenne".

"Désormais l'Italie, et il faut s'en féliciter, ne joue pas le jeu du nationalisme, mais joue le jeu européen. Et la solution est européenne", a-t-il déclaré.

Des propos qui marquent un changement radical de ton vis-à-vis du voisin italien.

En mai, une diatribe de Gérald Darmanin dirigée contre la cheffe du gouvernement italien, à la tête d'une coalition de droite et d'extrême droite, avait provoqué une crise diplomatique entre les deux pays. Il avait alors affirmé que Giorgia Meloni était "incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue".

Concernant le sort des personnes arrivées la semaine dernière à Lampedusa, la France "est d'accord évidemment pour prendre (sa) part du fardeau", à condition que les personnes concernées soient éligibles au statut de réfugié, a-t-il répété.

Le ministre de l'Intérieur a par ailleurs indiqué que la France avait proposé son aide à l'Italie pour appliquer par anticipation une disposition du pacte migratoire actuellement en discussion à Bruxelles, qui permet le dépôt d'une demande d'asile directement à la frontière.

"Les étrangers qui arrivent sur notre sol doivent avoir leur demande d'asile étudiée en quinze jours aux frontières. (...) Nous avons prévu que les Etats peuvent anticiper le vote du Parlement européen sur une base volontaire. La France l'a fait. Et nous avons demandé à l'Italie de le faire", a-t-il ajouté.

Sur trois jours la semaine dernière, près de 8.500 personnes ont débarqué à Lampedusa, située à 150 km du littoral tunisien, soit plus que la population totale de l'île, générant une saturation des capacités d'accueil et une crise politique.


Paris appelle à la vigilance pour éviter une guerre entre Erevan et Bakou

La police arménienne monte la garde dans le centre-ville d'Erevan le 20 septembre 2023, alors que les séparatistes du Haut-Karabakh et les autorités azerbaïdjanaises ont annoncé qu'ils cesseraient les hostilités, marquant ainsi la fin d'une opération "anti-terroriste" lancée un jour plus tôt par les forces azerbaïdjanaises dans la région séparatiste. (AFP).
La police arménienne monte la garde dans le centre-ville d'Erevan le 20 septembre 2023, alors que les séparatistes du Haut-Karabakh et les autorités azerbaïdjanaises ont annoncé qu'ils cesseraient les hostilités, marquant ainsi la fin d'une opération "anti-terroriste" lancée un jour plus tôt par les forces azerbaïdjanaises dans la région séparatiste. (AFP).
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  • "Il faut être très prudent sur ce qui se passe au Haut-Karabakh", a déclaré Catherine Colonna
  • Un accord de cessez-le-feu a été annoncé mercredi après une offensive éclair de l'Azerbaïdjan sur cette enclave peuplée majoritairement d'Arméniens mais sous souveraineté de Bakou

NATIONS-UNIES: La communauté internationale doit tout faire pour éviter que l'Arménie "se trouve, malgré elle, impliquée" dans le conflit entre l'Azerbaïdjan et les séparatistes arméniens au Nagorny-Karabakh, a souligné mercredi la cheffe de la diplomatie française dans un entretien avec l'AFP.

"Il faut être très prudent sur ce qui se passe au Haut-Karabakh", a déclaré Catherine Colonna, à la veille d'un Conseil de sécurité d'urgence des Nations unies, à la demande de la France.

Un accord de cessez-le-feu a été annoncé mercredi après une offensive éclair de l'Azerbaïdjan sur cette enclave peuplée majoritairement d'Arméniens mais sous souveraineté de Bakou.

Pour autant, la ministre des Affaires étrangères estime qu'il est nécessaire d'attendre pour voir "si, une fois conclu, il est observé".

"Je voudrais que l'on ait en tête que, hier, l'Azerbaïdjan a mené une action militaire, y compris avec des armes lourdes, y compris sur des populations civiles", a-t-elle dit. "Quand on ose recourir à ces moyens, ça justifie toute notre vigilance et toute notre prudence", a-t-elle argué.

L'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont livrés deux guerres pour la souveraineté de ce territoire montagneux, reconnu internationalement comme faisant partie de l'Azerbaïdjan.

Trois ans après la précédente guerre, Bakou a lancé mardi une opération militaire dans cette enclave et demandé la reddition des séparatistes, ce qu'ils ont accepté mercredi.

Selon les séparatistes, en 24 heures, les affrontements ont fait au moins 200 morts et 400 blessés.

"Sur les possibilités que l'Arménie se trouve, malgré elle, impliquée, là aussi, je crois qu'il faut que nous rappelions la plus grande vigilance de la communauté internationale", a-t-elle dit alors que l'Arménie a accusé mercredi l'armée azerbaïdjanaise d'avoir ouvert le feu à l'arme légère sur ses positions à la frontière entre les deux pays.

L'Arménie considère que cette enclave fait partie du territoire de l'Azerbaïdjan.

"Il ne serait pas bon que qui que ce soit essaie de prétendre que l'Arménie agissait au Haut-Karabakh. Ce n'est pas vrai", a encore insisté Catherine Colonna.

"Il y a des populations arméniennes de culture par leur histoire, par leurs traditions, qu'il faut d'ailleurs préserver dans leurs droits", dit-elle. "Et c'est l'objet des efforts de la France et d'un certain nombre de ses partenaires européens, américains et d'autres, que de faire respecter le droit de ces populations à vivre conformément à leur culture", a-t-elle ajouté.

« Porter une voix unie »

Sur la réunion du Conseil de sécurité jeudi, Catherine Colonna note qu'il n'est "pas si fréquent" que celui-ci se saisisse de la question du Haut-Karabakh.

"Nous sommes heureux d'avoir pu obtenir une réaction de la communauté internationale", a-t-elle dit, soulignant que cette réunion allait permettre d'exposer "la situation" et à chaque Etat "de s'exprimer".

"Nous savons qu'il y a des différences de points de vue sur ces sujets. Elles se sont manifestées dans le passé", a-t-elle admis, en référence notamment à la frilosité de la Russie ou des Etats-Unis à soutenir une résolution du Conseil de sécurité.

"Mais nous souhaitons que demain, après les graves opérations (...), le conseil soit capable de porter une voix unie pour demander l'arrêt de ces opérations immédiatement et le retour à la table des négociations", a expliqué la ministre française.

Malgré l'échec de la médiation menée ces derniers mois par la France, les Européens et les Etats-Unis, elle a répété que "c'est par la négociation que la question des droits des habitants du Haut-Karabakh peut être réglée".

L'Arménie accuse Bakou de génocide. L'Azerbaïdjan évoque une réintégration au sein du pays y compris par un processus de naturalisation.

"Nous avons toujours encouragé un processus politique. C'est le seul à même d'apporter des réponses durables et pacifiques", a estimé Catherine Colonna.

Selon elle, "les graves événements" survenus mardi doivent être "l'occasion de mieux unir" les efforts de la communauté internationale pour "travailler de façon plus convergente pour dire à l'Azerbaïdjan que ce qui a été fait est inacceptable".


L'épouse du professeur tué près de Dunkerque avoue l'homicide

Photo prise le 6 mai 2016 montrant la façade du palais de justice de Dunkerque, dans le nord de la France. (Photo, AFP)
Photo prise le 6 mai 2016 montrant la façade du palais de justice de Dunkerque, dans le nord de la France. (Photo, AFP)
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  • Cette trentenaire, maître de conférences en Littérature et enseignante, comme le défunt, à l'Université du Littoral Côte d'Opale, avait d'abord alerté la police en affirmant que son mari, avait été victime de cambrioleurs
  • Une enquête pour homicide volontaire avait été ouverte lundi, confiée à la police judiciaire

LILLE: L'épouse du professeur poignardé à mort à son domicile près de Dunkerque dans la nuit de dimanche à lundi a avoué l'avoir tué, au cours de sa garde à vue entamée mercredi et toujours en cours, ont indiqué jeudi à l'AFP une source proche du dossier et une source syndicale policière.

Cette trentenaire, maître de conférences en Littérature et enseignante, comme le défunt, à l'Université du Littoral Côte d'Opale, avait d'abord alerté la police en affirmant que son mari, avait été victime de cambrioleurs.

Une enquête pour homicide volontaire avait été ouverte lundi, confiée à la police judiciaire.

L'épouse, conseillère municipale de Dunkerque, élue en 2020 sur la liste du maire Patrice Vergriete, désormais ministre chargé du Logement, avait été placée en garde à vue mercredi, pour "confronter sa version des faits aux éléments recueillis dans l'enquête" avait précisé le parquet.

Plusieurs éléments matériels suspects ont été retrouvés, a relevé une autre source proche du dossier à l'AFP jeudi.

Il y avait notamment "une entaille sur sa main gauche qui correspondait à celle d'un gant retrouvé sur place" et "l'analyse des smartphones qui laissait supposer des tensions dans le couple", ainsi que "des incohérences dans le récit des faits"

Le quinquagénaire avait été retrouvé dans une chambre au premier étage du domicile conjugal à Rosendaël (Nord) en périphérie de Dunkerque, frappé de plusieurs coups de couteau.

Deux couteaux ensanglantés, une paire de gants, une lampe torche et un ordinateur portable avaient été saisis à proximité du domicile, selon une source policière.

"Notre ville a été touchée cette nuit par un terrible drame qui a coûté la vie à un Dunkerquois. Je veux dire ma profonde émotion et mon choc", avait réagi lundi sur Facebook Patrice

Vergriete, présentant ses "plus sincères condoléances" aux proches de la victime.