Beyrouth va envoyer une commission en France chargée d'enquêter sur l’ambassadeur accusé de viols et d’agressions

L'ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, fait l'objet d'une enquête sur des allégations de viol et d'agression à la suite de plaintes déposées par deux anciennes employées de l'ambassade (Photo, Agence nationale de presse libanaise).
L'ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, fait l'objet d'une enquête sur des allégations de viol et d'agression à la suite de plaintes déposées par deux anciennes employées de l'ambassade (Photo, Agence nationale de presse libanaise).
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Publié le Dimanche 04 juin 2023

Beyrouth va envoyer une commission en France chargée d'enquêter sur l’ambassadeur accusé de viols et d’agressions

  • Le ministère libanais des Affaires étrangères a annoncé envoyer prochainement une commission en France chargée d'enquêter sur l'ambassadeur
  • Les autorités françaises ont ouvert une enquête sur Adwan à la suite des plaintes déposées par les deux anciennes employées de l'ambassade

BEYROUTH: L'ambassadeur du Liban en France fait l'objet d'une enquête sur des allégations de viol et d'agression à la suite de plaintes déposées par deux anciennes employées de l'ambassade. Les autorités françaises ont demandé la levée de son immunité diplomatique.

Dans un communiqué publié samedi, le ministère libanais des Affaires étrangères a annoncé envoyer prochainement une commission en France chargée d'enquêter sur l'ambassadeur.

Il indique avoir décidé «d'envoyer à Paris une commission d'enquête dirigée par le secrétaire général du ministère et son directeur de l'inspection à l'ambassade à Paris pour enquêter sur l'ambassadeur et écouter les témoignages des employés de l'ambassade et de ses travailleurs administratifs.»

Ce même ministère ajoute qu'il exigera auprès des autorités françaises de «clarifier ce qui a été rapporté dans les médias et que le ministère libanais des Affaires étrangères n'a pas reçu par le biais des procédures diplomatiques officielles, afin qu'il puisse légalement agir en conséquence d'une manière qui garantisse l'intérêt public».

Le palais Bustros se dit enfin «désireux d'agir de manière responsable dans l'affaire présentée, de manière à protéger la réputation et le rang de l'État» libanais

Le ministère libanais des Affaires étrangères avait auparavant déclaré samedi, en début de journée, qu'il n'avait reçu aucune demande de la France visant à lever l'immunité de Rami Adwan, âgé de 48 ans.

Mais le ministère français des Affaires étrangères a déclaré à l'AFP vendredi en fin de journée: «Compte tenu de la gravité des faits évoqués, nous estimons nécessaire que les autorités libanaises lèvent l'immunité de l'ambassadeur du Liban à Paris afin de faciliter le travail des autorités judiciaires françaises.»

Les autorités françaises ont ouvert une enquête sur Adwan à la suite des plaintes déposées par les deux anciennes employées de l'ambassade.

L'avocat d'Adwan, Karim Beylouni, a signalé à l'AFP: «Mon client conteste toutes les accusations d'agression sous toutes ses formes: verbale, morale ou sexuelle.»

«Entre 2018 et 2022, il a eu des relations amoureuses marquées de disputes et de ruptures avec ces deux femmes», a-t-il ajouté.

Un avocat libanais et expert en droit international a révélé à Arab News sous couvert d'anonymat que «la levée de l'immunité de l'ambassadeur libanais est prise par le ministre compétent, le ministre des Affaires étrangères, sans se référer au conseil des ministres, qui nomme les ambassadeurs à leurs postes».

L'avocat a poursuivi: «Cependant, l'affaire exige que le ministère de la Justice demande au ministère français des Affaires étrangères de fournir le dossier du diplomate visé par les enquêtes. Après étude du dossier, le ministère libanais des Affaires étrangères donne l'autorisation de le poursuivre en France car le crime présumé a été commis en France.»

Le site d'investigation français Mediapart a rapporté que l'enquête était menée sur la base d'une plainte «déposée par une ancienne employée de l'ambassade du Liban nommée Ava, âgée de 31 ans, qui a déclaré dans le rapport de police avoir été violée en mai 2020 dans un appartement privé appartenant à l'ambassadeur Adwan».

Selon le rapport de plainte, Ava «a exprimé son refus d'avoir une relation sexuelle avec Adwan et s'est mise à crier et à pleurer».

La jeune femme de 31 ans a affirmé qu'Adwan l'a agressée lors d'une bagarre dans son bureau, mais qu'elle n'a pas porté plainte «parce qu'elle ne voulait pas détruire la vie de cet homme, qui est marié et qui a une famille».

Cependant, l'ambassadeur «a nié avoir levé la main sur elle et a dénoncé les accusations sans fondement».

Il a indiqué qu'Ava «essayait d'utiliser leur relation pour renforcer sa position au sein de l'ambassade».

En avril 2021, l’employée a informé Adwan qu'elle quitte son poste et a immédiatement déposé une plainte.

Mediapart a rapporté qu'Ava «a fourni à la police des messages WhatsApp le soir même et le lendemain, accusant explicitement Adwan de viol».

Le journal a précisé que l'enquête judiciaire française communique également avec une deuxième plaignante, «une étudiante libanaise de 28 ans nommée Gabrielle, qui a entretenu une relation étroite avec Adwan après avoir commencé son stage à l'ambassade en 2018».

Elle a travaillé à l'ambassade pendant quatre ans, jusqu'à la fin de l'année 2022, et a déposé une plainte en février de l'année dernière, mentionnant qu'elle avait été soumise à une série d'agressions physiques, résultant souvent de son refus d'avoir une relation sexuelle.

Le rapport a cité l'une des voisines de Gabrielle, également contactée par Mediapart et interrogée par la police, qui a déclaré s'être «réveillée vers 2 heures du matin cette nuit-là et avoir entendu des cris étouffés».

La voisine a signalé qu'elle avait rencontré l'ambassadeur libanais à plusieurs reprises et qu'elle l'avait reconnu.

Adwan, qui a été auparavant envoyé à Monaco, a été nommé ambassadeur en France en 2017.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk