Avec un pèlerinage "limité", l'Arabie saoudite voit son économie plombée

Au complexe de la Grande Mosquée, à la Mecque, le site le plus saint de l’islam, de rares fidèles récitant la prière de l’aube le 23 juin dernier, devant la Kaaba. (STR/AFP)
Au complexe de la Grande Mosquée, à la Mecque, le site le plus saint de l’islam, de rares fidèles récitant la prière de l’aube le 23 juin dernier, devant la Kaaba. (STR/AFP)
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Publié le Mardi 14 juillet 2020

Avec un pèlerinage "limité", l'Arabie saoudite voit son économie plombée

  • Sites religieux vides, tentes de pèlerins abandonnées, hôtels inhabités : La Mecque, ville la plus sainte de l'islam, a perdu son animation habituelle à quelques semaines du hajj
  • La limitation du pèlerinage à 1000 fidèles en raison du nouveau coronavirus risque de plomber l'économie saoudienne

RIYAD: "J'espère que, cette année, grâce à Dieu, je serai parmi les premiers pèlerins", confie Marwan Abdulrahman, un Saoudien vivant à La Mecque. Parmi les premiers, et surtout parmi les seuls: pour contenir la pandémie du nouveau coronavirus, l'Arabie saoudite a décidé de n'accepter que 1.000 fidèles vivant sur son territoire pour son pèlerinage fin juillet. Habituellement, le pays accueille à cette occasion des millions de pèlerins (2,5 millions en 2019), venus pour leur grande majorité de l'étranger.

Après avoir suspendu dès mars la "omra", le petit pèlerinage qui s'effectue tout au long de l'année, le royaume s'apprête à faire face à un immense manque à gagner: le flux des pèlerins génère chaque année 10,6 milliards d'euros. Or, le premier exportateur de brut au monde est déjà frappé de plein fouet par la chute des prix du pétrole et l'impact économique du confinement décrété pour lutter contre le virus.

"Zéro vente, zéro revenu"

Les gains suscités par le hajj ont insufflé ces dernières années un boom de l'immobilier et du commerce autour des lieux saints. On y construit à tout-va: centres commerciaux, appartements et hôtels de luxe, dont certains avec vue directe sur la Kaaba, une construction cubique au centre de la Grande mosquée vers laquelle se tournent les musulmans du monde entier pour prier. "Zéro vente, zéro revenu", déplore Ahmed Attia, un expatrié égyptien de 39 ans qui travaille pour une agence de voyage dans la ville sainte. "Nous ne sommes pas habitués à voir La Mecque vide. On a l'impression d'être dans une ville morte. C'est désastreux", soupire-t-il.

Les pèlerinages financent directement ou indirectement des centaines de milliers d'emplois dans plusieurs secteurs, des agences de voyage aux sociétés de téléphonie mobile, qui ont dû couper dans leurs effectifs ou réduire les salaires. L'absence de pèlerins "aggrave les difficultés économiques" du royaume, confirme Richard Robinson, analyste auprès d'Oxford Analytica.

Le tourisme, y compris religieux, est au coeur de l'ambitieux programme "Vision 2030" du prince héritier Mohammed ben Salmane, qui vise à accroître les revenus non pétroliers du royaume. Mercredi, le Fonds monétaire international (FMI) a averti que le PIB saoudien allait se contracter de 6,8% cette année en raison de la faiblesse des prix du brut, sa pire performance depuis les années 1980. C'est 4,5 points en dessous de la prévision du FMI d'avril.

"Coup dur"

Au cours des derniers mois, le groupe BinLaden, un géant du BTP considéré comme une jauge de la santé des entreprises saoudiennes, n'a pas versé de salaire à des milliers d'ouvriers, a indiqué une source du secteur. La grogne grandit sur les réseaux sociaux, où des employés dénoncent ces manquements alors que l'entreprise est derrière un projet de 13,3 milliards d'euros à La Mecque, composé d'hôtels et de centres commerciaux qui surplomberont la Grande mosquée. La société cherche à affréter des avions pour renvoyer dans leur pays un grand nombre de ses travailleurs sud-asiatiques, selon la source. 

La crise liée à la maladie Covid-19 et le ralentissement économique ont entravé d'autres ambitieux projets touristiques du royaume, après le lancement en 2019 en fanfare de visas pour les touristes. Si le royaume cherche à développer le tourisme en dehors des sites religieux, "les efforts des Saoudiens reposent toujours sur le hajj", estime Kristin Diwan, de l'Arab Gulf States Institute, basé à Washington. "C'est un pilier important des revenus non pétroliers du Royaume, et ne pas l'avoir en cette période de perturbation des marchés de l'or noir est un coup dur", souligne-t-elle.

Mesures d'hygiène

Le pèlerinage, prévu fin juillet cette année, sera limité aussi aux fidèles de moins de 65 ans et ne souffrant pas de maladies chroniques, a indiqué le ministre de la Santé Tawfik al-Rabiah, lors d'une conférence de presse. Les candidats au pèlerinage seront testés avant leur arrivée à La Mecque, premier lieu saint de l'islam, et devront subir une quarantaine domestique après la fin du rituel, a déclaré pour sa part le ministre du Hajj, Mohammad Benten. Les règles d'hygiène et de distanciation physique seront observées pendant le hajj. M. Benten a par ailleurs indiqué que les autorités allaient travailler étroitement avec les missions diplomatiques à Ryad pour la sélection des pèlerins. L'annonce saoudienne a été faite alors que la pandémie "continue de s'accélérer" dans le monde selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les autorités saoudiennes ont recensé plus de 164.000 personnes infectées, dont près de 1.350 sont décédées. En cas de forte affluence, le pèlerinage peut devenir un énorme vecteur de contagion, avec des fidèles venus du monde entier.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.