Algérie / FMI: Stratégie et perspectives économiques dans un contexte de déficit budgétaire

Le FMI et l’Algérie se penchent sur la situation et les perspectives de l’économie algérienne (Photo, fournie).
Le FMI et l’Algérie se penchent sur la situation et les perspectives de l’économie algérienne (Photo, fournie).
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Publié le Mardi 08 décembre 2020

Algérie / FMI: Stratégie et perspectives économiques dans un contexte de déficit budgétaire

  • En mars dernier, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, avait confirmé que la situation économique du pays était préoccupante
  • L’équipe du FMI a exprimé sa volonté de poursuivre l’accompagnement du pays dans ses efforts « dans les différents domaines de politique économique »

PARIS: L'Algérie, dont 90 % des recettes extérieures proviennent de la rente pétrolière, subit de plein fouet les conséquences de la chute des prix des hydrocarbures et de la pandémie de Covid-19. En effet, pour l’année en cours, le Fonds monétaire international (FMI) table sur une récession de 5,2 % et sur un déficit budgétaire parmi les plus élevés de la région.

C’est dans ce contexte que, du 9 au 23 novembre dernier, une délégation du FMI a effectué sa mission annuelle, en mode virtuel, consacrée à la situation économique algérienne et à ses perspectives.

À la suite de ces travaux, le ministre algérien des Finances, Aymen Benabderrahmane, s’est entretenu, par visioconférence, avec l’équipe du FMI, conduite par Geneviève Verdier, chef de division au département Moyen-Orient et Asie Centrale du Fonds, le 25 novembre. Selon le communiqué publié par le ministère des Finances, les échanges ont porté, entre autres, sur le déficit budgétaire de l’Algérie. « Les discussions ont porté sur les répercussions de la Covid-19 sur les agrégats macroéconomiques et budgétaires », précise le communiqué publié par le ministère des Finances.

« L’objectif de cette réunion était d’actualiser le cadrage macroéconomique et de discuter des perspectives et des priorités économiques pour l’Algérie, notamment suite au double choc de la COVID-19 et de la chute des prix des hydrocarbures », lit-on dans le document.

Plan de riposte pour contenir le déficit budgétaire?

Pour faire face à une situation économique préoccupante, un plan de riposte a été présenté par le ministre des Finances. Malgré la crise, le ministre des Finances indique que « l’Algérie est résolument engagée dans un processus ambitieux de réformes et de modernisation qui touchent différents domaines à l’instar des réformes fiscale, budgétaire et bancaire ainsi que la redynamisation du marché des capitaux ».

Le ministre des Finances est revenu sur les réformes structurelles qui seront engagées par le gouvernement. Il s’agit du nouveau modèle de développement adopté par le gouvernement algérien : un plan de riposte « basé sur la diversification économique et la recherche d’autres alternatives pour le financement de l’économie nationale », précise le communiqué.

Le premier argentier du pays, qui a salué l’assistance technique qui sera mise en place en partenariat avec le FMI, a aussi exposé les contours du futur projet de loi de finances pour l’année 2021. « Les échanges ont aussi porté sur les instruments à envisager pour contenir le déficit budgétaire », précise le ministre de tutelle.

En effet, selon les chiffres officiels, le déficit budgétaire prévu pour l’année 2021 devrait enregistrer une hausse de 13,57 % du PIB, contre 10,4 % au titre de la loi de finances de l’année en cours, soit quelque 2 700 milliards de dinars (1 dinar = 0,063 euro), contre 2 380 milliards de dinars en 2020.

Quant à l’inflation, elle enregistrera une «légère accélération» et atteindra, selon les projections contenues dans la loi de finances 2021, 4,5 %. La croissance hors hydrocarbures, elle, devrait atteindre 2,4 % en 2021, 3,7 % en 2022 et 3,81 % en 2023.

De son côté, l’équipe du FMI a exprimé sa volonté de poursuivre l’accompagnement du pays dans ses efforts « dans les différents domaines de politique économique ». Pour rappel, le FMI a prévu une récession de 5,5 % pour 2020 en Algérie.

Recours à l’endettement extérieur ?

Dans une déclaration à la presse faite à la suite de l’adoption de la loi de finances 2021, Aymen Benabderrahmane souligne que le gouvernement aura recours à la mise en œuvre des mécanismes de la politique monétaire stipulés dans la loi en concertation avec la Banque d’Algérie (BA) et du marché financier.

Le manque de recettes budgétaires incitera-t-il le gouvernement algérien à recourir à l’endettement extérieur, exclu par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, par mesure de souveraineté nationale ? Actuellement en Allemagne pour des soins Covid-19, le président algérien avait déclaré, en mai dernier, ne pas envisager de « contracter des prêts auprès du FMI et des organisme financiers internationaux ».

Lors d’une entrevue accordée à quelques patrons des médias algériens, Abdelmadjid Tebboune était resté ferme. « Nous n’irons pas au Fonds monétaire international ni à la Banque mondiale, car l’endettement porte atteinte à la souveraineté nationale, une expérience que nous avons vécue au début des années 1990 », a martelé le chef de l’État.

Pourtant, les Indicateurs sont dans le rouge

Les répercussions de la pandémie de Covid-19 sont négatives sur les économies nationales à travers le monde. Pour la première fois depuis plus de deux décennies, les recettes jumelées pour l’exercice 2021 évaluées à 5 328,1 milliards de dinars – recettes ordinaires établies à 3 408,9 milliards de dinars et recettes fiscales à 1 919,2 milliards de dinars – ne pourront couvrir que les dépenses de fonctionnement estimées à 5 314,5 milliards de dinars.

Selon les prévisions du FMI, le chômage sera de 14,1 % à la fin de l’année en cours et atteindra 14,3 % en 2021. De son côté, l’institution Breton Woods estime que la hausse des prix à la consommation, qui était de 2,0 % en 2019, sera de 3,5 % en 2020 et de 3,8 % en 2021.

En mars dernier, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, avait confirmé que la situation économique du pays était préoccupante. « L’état des lieux hérité de la gouvernance antérieure traduit les grandes menaces qui continuent de peser sur la situation économique et sociale du pays, marquée notamment par une situation financière très fragile et de profonds déséquilibres », avait-il expliqué.

Selon le rapport économique du FMI consacré à la région Moyen-Orient et Asie Centrale, l’équilibre budgétaire peut être atteint en Algérie à condition que le prix du baril de pétrole soit évalué à plus de 157 dollars (1 dollar = 0,82 euro). Or, dans une intervention à la radio nationale en juillet dernier, le ministre algérien de l’Énergie, Abdelmadjid Attar, avait indiqué que, en raison des répercussions des crises du marché pétrolier liées à la pandémie de Covid-19, le secteur des hydrocarbures ne devrait engendrer que 23 milliards de dollars en 2020, contre 33 milliards en 2019 et près de 70 milliards de dollars en 2014.

Selon de nombreux économistes, les réserves de change s’épuisent. « En Algérie, l’ajustement économique à la situation créée par la chute des prix pétroliers de 2014 n’ont pas encore commencé », explique Rachid Seddak, expert financier à Middle East Eye. « Depuis six ans, le pays vit au-dessus de ses moyens et accumule des déficits internes et externes » ajoute-t-il. 

De son côté, Abderrahmi Bessaha, ancien expert au FMI, spécialiste des politiques publiques, invité par le think tank algérien Care en mai dernier, a souligné que si l’Algérie ne se dote pas « d’une task force pour élaborer et lancer un programme de réformes économiques ambitieuses dans les trois à six mois, elle se trouvera en situation de faillite financière en mars 2022 ».

Le pays, qui n’a pas de dette extérieure et dispose d’une visibilité estimée à dix-huit mois, pourra-t-il lancer des projets structurants avec des partenaires nationaux et internationaux ? Affaire à suivre.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.