Une 17e motion de censure rejetée, Borne vante le «courage» du gouvernement

La Première ministre française Elisabeth Borne (Photo, AFP).
La Première ministre française Elisabeth Borne (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 13 juin 2023

Une 17e motion de censure rejetée, Borne vante le «courage» du gouvernement

  • «Le vrai courage politique, c’est de sortir du confort de la posture»
  • La cheffe du gouvernement espère avoir consolidé sa position à Matignon depuis son recours à l'arme constitutionnelle

PARIS: Sans surprise, l'Assemblée nationale a rejeté lundi une 17e motion de censure, Elisabeth Borne faisant valoir le "courage" du gouvernement face aux "décibels" des oppositions et défendant son bilan alors que les rumeurs de remaniement s'accélèrent.

La Première ministre a largement sauvé son gouvernement : la motion de l'alliance de gauche Nupes n'a été soutenue que par 239 députés, loin de la majorité absolue des 289 voix, faute du soutien des LR.

"Le vrai courage politique, c’est de sortir du confort de la posture" et "de construire des majorités, même avec ceux qui ne pensent pas exactement comme nous", a-t-elle plaidé, en ce jour anniversaire du premier tour des élections législatives il y a un an.

Et de lancer, en reprenant les mots samedi de l'ancien chef du gouvernement Bernard Cazeneuve au sujet de la Nupes : "Moi, je ne confonds pas le courage et les décibels". Mme Borne a aussi fustigé les "incohérences", "contradictions" et la "démagogie" des oppositions.

Avec cette motion de censure, déposée dans le prolongement de la bataille des retraites, "on verra s’il y a une majorité alternative au Parlement", avait souligné dimanche la locataire de Matignon, en évacuant par avance l'hypothèse.

À la tribune, la socialiste Valérie Rabault a porté lundi la motion en se plaçant sur un autre terrain. "Ce qui se joue aujourd'hui (...), c'est la possibilité de mettre un terme au discrédit que le gouvernement jette sur l'Assemblée nationale", a-t-elle jugé, critiquant dans une ambiance houleuse une "duplicité" et des "pressions" du gouvernement d'Elisabeth Borne lors de la crise des retraites.

"Sommes-nous encore en démocratie en macronie ?", a renchéri la patronne des députés insoumis Mathilde Panot.

"Votre responsabilité désormais serait de démissionner", a lancé à Elisabeth Borne le président du groupe indépendant Liot Bertrand Pancher

Dans le camp présidentiel, Jean-Louis Bourlanges (MoDem) a, lui, épinglé un "énième remake de la condamnation du gouvernement".

La cheffe du gouvernement espère à l'inverse avoir consolidé sa position à Matignon depuis son recours à l'arme constitutionnelle du 49.3 en mars pour faire adopter la réforme et après avoir évité de justesse, à 9 voix près, une motion de censure déposée dans la foulée.

"Nous avançons avec transparence, cohérence", a-t-elle souligné, entourée de nombreux ministres venus au Palais Bourbon.

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Elisabeth Borne n'a cependant pas démenti dimanche qu'il puisse y avoir un changement d'équipe gouvernementale. "Ces questions s'évoquent avec le président de la République", a-t-elle dit.

Un cadre du parti présidentiel Renaissance évoquait lundi la possibilité d'un remaniement dans les quinze jours, alimentant la machine à rumeurs. "Ca en prend le chemin", a-t-il dit à l'AFP. Soit avant la date butoir du 14 juillet posée à Elisabeth Borne par Emmanuel Macron pour dérouler une feuille de route destinée à relancer l'action de l'exécutif.

Le président de Renaissance Stéphane Séjourné a par ailleurs convié des parlementaires de la majorité le 21 juin pour évoquer le "contexte politique", selon deux sources au sein du parti.

Le camp présidentiel espère tourner la page des retraites, après l'échec jeudi d'une tentative d'abrogation des 64 ans et de cette motion de censure déposée en riposte. La proposition de loi du groupe Liot n'avait pu faire l'objet d'un vote à l'Assemblée nationale, un "coup de force antidémocratique", selon la gauche.

Dans l'hémicycle lundi, l'insoumis Louis Boyard s'en est pris une nouvelle fois, hors micro, à la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet, à la manoeuvre sur l'irrecevabilité de la proposition d'abrogation, la taxant d'"agente de l'Élysée". Il a été sanctionné par l'intéressée.

Les députés du Rassemblement national, emmenés par Marine Le Pen, ont voté pour la censure : "Pourquoi avez-vous peur du Parlement", "peur du peuple", a demandé Julie Lechanteux.

En revanche, aucun des députés LR, dont une partie avaient voté la dernière motion en mars, n'a joint sa voix cette fois. "Il faut savoir terminer une contestation", a justifié Jean-Louis Thiériot, qui a appelé, comme le RN, à passer maintenant à la question de l'immigration.


Ukraine: Zelensky accueilli par Macron à Paris pour faire le point sur les négociations

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée
  • Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride

PARIS: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride, et à la veille d'une rencontre à Moscou entre l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et le président russe Vladimir Poutine.

 


La France fixe une nouvelle doctrine d'intervention en mer contre les traversées clandestines vers l'Angleterre

Un bateau de la Gendarmerie maritime française navigue à proximité de bateaux de passeurs transportant des migrants qui tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 27 septembre 2025. (AFP)
Un bateau de la Gendarmerie maritime française navigue à proximité de bateaux de passeurs transportant des migrants qui tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 27 septembre 2025. (AFP)
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  • La France prévoit de lancer prochainement des opérations en mer pour intercepter les “taxi-boats” transportant clandestinement des migrants vers l’Angleterre
  • Cette initiative intervient après une hausse des traversées de la Manche, avec plus de 39 000 arrivées en 2025

LILLE: Après des mois de discussions, la France a annoncé vendredi qu'elle allait débuter "prochainement" des opérations visant à intercepter en mer des petits bateaux clandestins en chemin vers l'Angleterre, avant qu'ils n'embarquent des groupes de migrants.

Ce changement de doctrine engagé par Paris sous pression de Londres était en gestation depuis plusieurs mois.

Les forces de l'ordre françaises peinent à trouver la parade face aux "taxi-boats", un mode d'action des passeurs consistant à faire partir une embarcation d'un point éloigné des principales plages de départ où sont rassemblés les migrants.

Le taxi-boat s'approche ensuite du rivage et vient récupérer des passagers directement dans l'eau, avant de poursuivre sa route vers l'Angleterre.

"La Gendarmerie maritime sera bientôt en mesure d'effectuer des opérations de contrôle et d'intervention en mer, sur des embarcations soupçonnées d'être des taxi-boats", a déclaré à l'AFP la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar), confirmant des informations du journal Le Monde.

Le quotidien évoque un document signé par le préfet maritime mais aussi ceux du Nord, de la Somme et du Pas-de-Calais.

Le ministère de l'Intérieur français n'a pas souhaité réagir.

Côté britannique, un porte-parole du gouvernement a simplement rappelé vendredi à l'AFP que Londres a "déjà travaillé à s'assurer que les autorités en France réforment leurs tactiques en mer afin qu'elles puissent intervenir dans les eaux peu profondes".

- Pas de filets à ce stade -

Actuellement, une fois une embarcation clandestine en mer, seul le dispositif de secours intervient en cas de besoin, en raison des risques que présentent ce type d'opérations, comme prévu par les conventions internationales.

Désormais, il pourra aussi y avoir des "opérations de contrôle et d'intervention (...) issues d'études menées par l'ensemble des services de l’État concernés", a précisé la Prémar. Elles "comportent des dispositions prenant en compte la primauté de la sauvegarde de la vie humaine".

Ces futures opérations de la gendarmerie maritime sont prévues en amont de l'embarquement de passagers, pour ne pas mettre leurs vies en péril, selon une source proche du dossier.

"L'ensemble des travaux sur le sujet se fait en lien avec les parquets concernés", a souligné à l'AFP la procureure de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Cécile Gressier.

En outre, la Prémar précise que "l'emploi de filets visant à stopper le taxi-boat n'est pas envisagé à ce stade".

Cette méthode, mentionnée la semaine dernière dans la presse, avait soulevé l'indignation d'associations d'aide aux migrants et d'ONG comme Amnesty International.

Pour le professeur de droit international Thibaut Fleury-Graff, "les interceptions sont susceptibles d'être contraires au droit de quitter tout pays" inscrit dans le Pacte de l'ONU sur les droits civils et politiques, et doivent respecter "l'ensemble des droits de la personne humaine".

Les taxi-boats embarquent leurs passagers sur une ou plusieurs haltes et repartent en direction de l'Angleterre surchargés, transportant régulièrement plus de 70 candidats à l'exil dans des conditions périlleuses.

Au moins 27 migrants sont morts cette année lors de ces dangereuses tentatives de traversées de la Manche, selon un décompte de l'AFP.

Après le pire naufrage dans la Manche, qui a fait 31 morts en novembre 2021, le parquet de Paris a demandé vendredi un procès en correctionnelle pour 14 hommes, nés pour la plupart en Afghanistan et en Irak, soupçonnés d'être impliqués dans des réseaux de passeurs à l'origine du drame.

Depuis le 1er janvier, plus de 39.000 personnes sont arrivées sur les côtes anglaises à bord de petites embarcations, selon les données britanniques, soit plus que sur la totalité de 2024.

Plus de la moitié des personnes arrivées clandestinement au Royaume-Uni entre septembre 2024 et septembre 2025 sont de cinq nationalités: Érythréens (la nationalité la plus représentée), Afghans, Iraniens, Soudanais et Somaliens.

Le gouvernement travailliste britannique, sous pression de l'extrême-droite, a annoncé ce mois-ci une réforme qui durcit fortement sa politique d'asile et d'immigration, espérant ainsi décourager les arrivées irrégulières de migrants sur ces "small boats", qu'il peine à endiguer.


France: des ONG inquiètes d'une baisse de l'aide au développement

Le docteur Bertrand Chatelain (à gauche), de l'ONG Médecins du Monde (MdM), examine un réfugié lors d'une opération de maraudage dans le camp de migrants du quartier Stalingrad à Paris, le 12 juillet 2023. (AFP)
Le docteur Bertrand Chatelain (à gauche), de l'ONG Médecins du Monde (MdM), examine un réfugié lors d'une opération de maraudage dans le camp de migrants du quartier Stalingrad à Paris, le 12 juillet 2023. (AFP)
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  • Plusieurs ONG françaises alertent sur un désengagement de la France en matière d’aide au développement, dans un contexte mondial déjà marqué par une baisse générale de la solidarité internationale
  • Les organisations humanitaires redoutent des conséquences majeures pour des millions de personnes

PARIS: Plusieurs ONG françaises, dont Médecins du Monde, ont critiqué vendredi un "désengagement croissant" de Paris envers la solidarité internationale, le gouvernement entendant amputer, dans le prochain budget, l'aide au développement de 700 millions d'euros, dans un contexte international tendu.

Sandrine Simon, directrice santé et plaidoyer de Médecins du Monde, critique une décision qui va "à l'encontre des engagements" de la France dans ce secteur. Elle évoque sa "grande inquiétude" et son "incompréhension".

En France, où l'aide publique au développement a été réduite ces dernières années, les coupes envisagées dans le projet de loi de finances 2026 s'élèvent à 700 millions d'euros, pour un montant alloué de 3,7 milliards d'euros.

"A chaque fois qu'il y a ne serait-ce qu'un million d'euros qui est coupé, on sait qu'il y a des milliers, voire des millions de personnes derrière qui sont affectées", alerte Anne Bideau, directrice générale de Plan International France, rappelant une "tendance à la baisse de l'aide publique au développement un peu partout dans le monde".

"on sait que les conséquences vont être dramatiques, donc on est extrêmement inquiets", ajoute Mme Bideau auprès de l'AFP.

Début 2025, le démantèlement de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), sous l'impulsion du président républicain Donald Trump, avait provoqué une onde de choc internationale.

Mais la fin de l'USAID avait mis en exergue une tendance de fond: le montant accordé par 32 pays riches de l'OCDE et l'Union européenne à l'aide au développement a diminué en 2024 de 7,1% (en terme réel) à 212,1 milliards de dollars, selon une estimation de l'OCDE, une première en six ans.

"On a des crises à répétition, le Soudan, Gaza etc. Il y a une augmentation des besoins et il y a une réduction de l'aide", déplore pour sa part Stéphane Doyon, de Médecins Sans Frontières, ONG qui n'est pas financée par le gouvernement français.

En France, cette coupe est justifiée "par l'effort nécessaire sur les finances publiques - et pas pour des raisons idéologiques comme aux Etats-Unis", affirme une source diplomatique à l'AFP, rappelant qu'elle n'a pas encore été votée.

"Entre la loi de finances 2024 et le projet de loi de finances 2026, on aurait une baisse de moitié de l'aide publique au développement", a calculé la Coordination Sud, qui regroupe des associations françaises de solidarité internationale.

Avec des conséquences concrètes pour les ONG qui comptent sur le soutien de l'Etat.

"Nous espérions recevoir de l'argent de l'Agence française de développement qui vient de nous annoncer qu'ils ne nous soutiendraient pas l'année prochaine", explique Sandrine Simon, de Médecins du Monde, au moment où l'ONG elle-même programme avec "un niveau d'incertitudes très important ce budget 2026, bien au-delà des années passées."

Dans le pire des scénarios, avec des coupes budgétaires massives, plus de 22 millions de personnes pourraient mourir de causes évitables d'ici à 2030, selon une étude menée par des chercheurs espagnols, brésiliens et mozambicains.