La gauche dispersée face au vide de l'après-retraites

Le premier secrétaire du parti socialiste français et député, Olivier Faure (à gauche), assiste à un débat pour examiner la proposition de loi du groupe parlementaire de centre-droit LIOT sur l'abrogation de la réforme des retraites portant l'âge de la retraite à 64 ans, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 8 juin 2023. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le premier secrétaire du parti socialiste français et député, Olivier Faure (à gauche), assiste à un débat pour examiner la proposition de loi du groupe parlementaire de centre-droit LIOT sur l'abrogation de la réforme des retraites portant l'âge de la retraite à 64 ans, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 8 juin 2023. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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Publié le Vendredi 09 juin 2023

La gauche dispersée face au vide de l'après-retraites

  • La gauche est minée par le débat houleux des dernières semaines sur la désunion aux européennes de 2024
  • Les meetings Nupes du premier trimestre sur le thème des retraites, qui se déroulaient partout en France avec un responsable de chacun des partis, sont souvent cités comme l'un des moments d'entente productive de la coalition

PARIS : Après avoir jeté toutes leurs forces dans la bataille des retraites qui se clôt au Parlement et dans la rue, les gauches peinent à trouver ensemble de nouveaux ressorts d'opposition et de proposition.

La droite, elle, s'est vite focalisée sur le projet de loi immigration qui arrive au Parlement tandis qu'Emmanuel Macron parvient peu à peu à se sortir des casserolades et des abysses sondagiers.

Mais les insoumis, socialistes, communistes et écologistes font face à une équation compliquée: comment ne pas donner l'impression de lâcher l'affaire après des mois de lutte acharnée tout en se reportant résolument sur d'autres combats ?

«Qu’est-ce qu’on fait après ? C’était important cette contestation, on a fait le boulot, mais on ne va pas non plus rester là-dessus tout le quinquennat», glisse le député écologiste Aurélien Taché.

Pour le communiste Pierre Dharréville, il faut se poser la question de «ce qu'on peut faire pour changer les choses» concrètement. Car actuellement, témoigne-t-il, «les gens nous disent +vous êtes impuissants+».

Problème supplémentaire: la gauche est minée par le débat houleux des dernières semaines sur la désunion aux européennes de 2024. Un dialogue apaisé sur des initiatives communes entre le coordinateur de LFI Manuel Bompard et la cheffe des Verts Marine Tondelier, en particulier, est devenu impossible.

«Le seul sujet où l'on est collectivement visible ne peut pas être de la discutaille stratégique», se désespère cette dernière auprès de l'AFP.

Les répétitions en vue d'un acte 2 de la Nupes, tant réclamé il y a quelques mois, n'ont jamais vraiment commencé.

«Des initiatives qui renforceraient la Nupes sont repoussées par nos partenaires». Certains «nous baladent», «c'est compliqué mais je garde l'espoir qu'on y arrive», soupire la députée LFI Aurélie Trouvé.

- Chacun son colloque -

Aurélien Taché, lui, propose: «Pourquoi pas un nouveau cycle de meetings ensemble sur les propositions Nupes pour 2027 ?» Puisque, contrairement aux européennes, une candidature commune à la présidentielle s'est installée dans les esprits.

Les meetings Nupes du premier trimestre sur le thème des retraites, qui se déroulaient partout en France avec un responsable de chacun des partis, sont souvent cités par les uns et les autres comme l'un des moments d'entente productive de la coalition.

«Il faut réunir un intergroupe d’urgence pour trouver quatre ou cinq sujets, et arrêter de se faire imposer l’agenda, de suivre le calendrier parlementaire. Les retraites d’accord, mais Macron nous impose trop les sujets», poursuit Aurélien Taché, interlocuteur régulier de Marine Tondelier et de Jean-Luc Mélenchon.

En attendant, les initiatives sont dispersées. Les écologistes se concentrent sur les états généraux qui doivent refonder le parti, lancés en début d'année.

Les socialistes veulent «porter la question de la démocratie de manière plus offensive», confie le député Arthur Delaporte. Et s'efforcer d'être «une force de blocage, de pivot, de bascule, sur les textes».

Les insoumis, eux, sont les plus réticents à donner le point au pouvoir sur les retraites en passant à autre chose, et veulent «prolonger la lutte sur ce thème dans d'autres textes», comme sur «le droit au temps libéré», indique le député Hadrien Clouet.

Côté insoumis toujours, François Ruffin organise un colloque samedi à Paris sur «l'économie de guerre climatique», invitant des intellectuels et le député Les Républicains Aurélien Pradié. Tandis qu'Aurélie Trouvé met sur pied un débat avec des syndicalistes à l'Assemblée nationale lundi sur une proposition de loi «pour le partage des richesses en entreprise».

Certains craignent le débat à venir sur l'immigration. «Il y a un tête à tête entre LR et le gouvernement. La difficulté, c'est qu'à gauche on n'est pas tout à fait d'accord entre nous», confie le socialiste Philippe Brun.

Le même reconnaît cependant que la gauche rechigne à passer à autre chose parce que, «la vérité, c'est qu'il n'y a pas de combat aussi rassembleur que celui des retraites».

Retraites: ces autres réformes qui se profilent

Après l'échec de la tentative d'abrogation, plus rien ne s'oppose à l'entrée en vigueur de la réforme des retraites dès septembre. Mais le sujet n'est pas clos, car des dossiers majeurs restent à arbitrer pour les salariés du privé, les fonctionnaires et les femmes.

Agirc-Arrco: un pactole à partager

La grande caisse déborde. L'Agirc-Arrco, régime complémentaire des salariés du privé, qui verse chaque année plus de 87 milliards d'euros de pensions à 13 millions de retraités, dégage même de copieux excédents: 2,6 milliards en 2021, plus de 5 milliards en 2022.

Ses comptes devraient rester durablement dans le vert, à en croire les prévisions du gouvernement, qui tablait en janvier sur un surplus de 1,7 milliard pour l'Agirc-Arrco cette année et jusqu'à 6 milliards en 2030, grâce au report de l'âge légal à 64 ans.

Une manne dont ce régime, géré par les partenaires sociaux, n'a pas vraiment besoin, puisque ses abondantes réserves financières suffisent déjà à garantir sa «règle d'or» - disposer de six mois d'avance sur un horizon de 15 ans.

Heureux hasard du calendrier, le dernier accord-cadre conclu en 2019 arrive à échéance cet automne. La négociation, qui devait débuter avant l'été, pourrait être reportée à la rentrée, selon plusieurs sources contactées par l'AFP.

Avec de telles marges de manoeuvre, les syndicats devraient obtenir sans peine la suppression du «bonus-malus» censé inciter les salariés à partir plus tard - mais qui n'a pas eu l'effet escompté.

La question d'une hausse des pensions, comme celle d'une baisse des cotisations, seront sans doute aussi mise sur la table.

Fonctionnaires: une caisse au bord du gouffre

Tous les voyants sont au rouge pour la caisse des agents territoriaux et hospitaliers. La CNRACL accumule les pertes (4,5 milliards d'euros en trois ans) et son déficit devrait se creuser «fortement» cette année, à 2,8 milliards d'après la Commission des comptes de la Sécurité sociale.

Le résultat d'un piège démographique: le nombre de retraités (1,3 million) progresse de plus de 3% par an, quand celui des cotisants (2,2 millions) stagne depuis une décennie.

Et le pire est à venir, car les pertes «continuent de s'accroître à moyen terme» malgré la réforme des retraites, selon le gouvernement, qui a pourtant prévu une hausse des cotisations dès l'an prochain pour ce régime.

Hausse «largement insuffisante pour couvrir (celle) du déficit», qui continuera donc d'augmenter «pour atteindre 6,6 milliards en 2030», souligne la Cour des comptes, inquiète d'une situation «de plus en plus préoccupante».

Aucune solution ne se dégage pour le moment. Relever encore le taux de cotisation ou augmenter les salaires pèserait sur les finances des collectivités et des hôpitaux - donc de l'Assurance maladie. Une reprise de dette (comme pendant le Covid) allègerait le fardeau mais ne règlerait pas le fond du problème.

Mères, veuves: un chantier à haut risque

Conscient de marcher sur des oeufs, le gouvernement n'a pas tout mis dans le panier de sa réforme. Les «droits familiaux» et les pensions de réversion devaient ainsi faire l'objet de travaux spécifiques, avec en ligne de mire le budget 2024 de la Sécu, qui sera présenté en septembre.

Mais depuis plusieurs mois, l'exécutif reste silencieux sur ces sujets aux énormes enjeux budgétaires (20 milliards d'euros pour le premier, 37 milliards pour le second) et politiques, ces dispositifs bénéficiant essentiellement aux femmes.

Un public loin d'être acquis, après une réforme contestée notamment pour son manque d'équité envers les femmes, qui devront allonger leur carrière davantage que les hommes - même si cela va un peu réduire les écarts de pension.

Au risque de rouvrir la boîte de Pandore, le gouvernement a avancé une première piste: transformer les trimestres accordés aux mères de famille en «bonification» sonnante et trébuchante dès le premier enfant.

Idée approuvée par la Cour des comptes, à condition de la mettre en oeuvre «à coût constant». Une méthode qui ferait nécessairement des gagnantes et des perdantes.


Au CHU de Rennes, l'intelligence artificielle entre dans la routine

Un médecin regarde un écran, aidé par l'intelligence artificielle pour l'imagerie médicale, qui indique d'éventuelles fractures osseuses et luxations au CHU de Rennes (Photo, AFP).
Un médecin regarde un écran, aidé par l'intelligence artificielle pour l'imagerie médicale, qui indique d'éventuelles fractures osseuses et luxations au CHU de Rennes (Photo, AFP).
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  • Au total, le CHU rennais utilise déjà actuellement une trentaine d'algorithmes d'intelligence artificielle
  • Comment réduire ce temps de passage relativement long sans dégrader la qualité des soins?

RENNES: Spectaculaire gain de temps aux urgences pour la prise en charge des fractures, aide au diagnostic du cancer de la prostate: l'intelligence artificielle fait désormais partie du quotidien de certains services du CHU de Rennes, qui contribue lui-même au développement de plusieurs algorithmes.

Au total, le centre hospitalier universitaire rennais utilise déjà actuellement une trentaine d'algorithmes d'intelligence artificielle (IA), "dont six en routine clinique".

L'un des tout premiers services à bénéficier de cet apport technologique est le service des urgences, qui a vu défiler l'an dernier quelque 66.000 patients, dont environ un tiers pour la traumatologie.

"En 2019, on s'est rendu compte que ceux qui venaient pour des traumas de membres isolés, comme une entorse de cheville ou une fracture du poignet, restaient en moyenne 4h45 dans le service", raconte le Dr Ulysse Donval, spécialiste en traumatologie aux urgences.

Comment réduire ce temps de passage relativement long sans dégrader la qualité des soins, et surtout à effectifs constants ? C'est l'IA qui a résolu l'équation avec l'intégration dans les systèmes d'imagerie du CHU du logiciel Boneview, explique le Dr Donval.

Ce logiciel - "extrêmement performant dans la détection de fractures mais aussi de l'absence de fractures", souligne-t-il - interprète les radios en seulement quelques minutes.

Concrètement, les radios du membre s'affichent sur l'écran, avec un cadre jaune sur la lésion que l'algorithme pense avoir détectée le cas échéant, et la mention "oui" ou "non" à la rubrique "fracture", "luxation" et "épanchement". En cas de doute, lié par exemple à une attelle parasitant l'image, le logiciel le signale également.

Plus précis qu'un interne 

Fort de cette première interprétation, l'urgentiste peut alors rapidement recevoir le patient, sans attendre une deuxième lecture par un médecin senior souvent débordé, et lui permettre de rentrer chez lui s'il n'a pas de lésion grave.

"Tous les patients qui sortent des urgences ont une lecture des radios" dans les heures qui suivent par un radiologue, insiste le médecin. Et dans les très rares cas où une anomalie aurait échappé à l'IA, le patient est recontacté pour une prise en charge.

L'utilisation du logiciel permet une sortie précoce des patients sans diminuer la qualité des soins, avec un taux d'erreur qui n'a pas augmenté, assure le Dr Donval.

Cette solution a permis de diminuer la durée moyenne de passage de 21% pour les patients sans fracture et de 27% pour ceux avec fracture, soit une réduction comprise entre 1h00 et 1h20.

Le CHU de Rennes n'est plus seulement utilisateur mais aussi concepteur d'IA, avec le développement d'un algorithme d'aide au diagnostic par IRM du cancer de la prostate, le plus répandu en France chez les hommes (plus de 50.000 chaque année).

Or cette technique d'imagerie pour la prostate est "difficile à interpréter" pour les médecins non spécialisés, et elle nécessite parfois la prise de centaines voire de milliers d'images, relève le Dr Luc Beuzit.

D'où l'intérêt pour ce radiologue "d'entraîner" une intelligence artificielle à en faire la lecture.

En collaboration avec la start-up française Incepto, le CHU de Rennes a constitué une base de données de quelque 6.000 IRM de prostates, dont la moitié a été minutieusement annotée par le Dr Beuzit et une douzaine de ses collègues. Ils en ont alors nourri l'algorithme.

Depuis novembre 2022, ce logiciel, baptisé Paros, est utilisé au quotidien en interne par les radiologues. Il trace automatiquement les contours de la prostate, en calcule le volume et affiche en rouge une éventuelle lésion suspecte, qu'il ne reste plus qu'à confirmer par une biopsie.

Selon les premières évaluations présentées mardi à des journalistes, Paros est presque aussi précis dans ses diagnostics qu'un radiologue senior et bien meilleur qu'un interne interprétant seul les images.

Le logiciel, bientôt certifié, est en passe d'être commercialisé dans le monde entier, se réjouit le CHU.


Autoroutes: «Plusieurs» projets seront «arrêtés» dans les «prochaines semaines», assure Beaune

Des véhicules traversent différentes autoroutes à l'extérieur de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, à Roissy, au nord de Paris, le 27 juin 2019 (Photo, AFP).
Des véhicules traversent différentes autoroutes à l'extérieur de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, à Roissy, au nord de Paris, le 27 juin 2019 (Photo, AFP).
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  • Le ministre délégué aux Transports avait déjà annoncé fin avril qu'un «certain nombre de projets routiers» sera «revu»
  • «A l'heure de la planification écologique, on ne peut pas faire comme avant», a-t-il indiqué mardi

PARIS: Le gouvernement prendra "dans les prochaines semaines" la décision d'arrêter "plusieurs" projets autoroutiers et routiers, a indiqué Clément Beaune mardi, tout en assurant que l'A69 entre Toulouse et Castres sera bien construite.

"Quand il y a des décisions qui sont prises, on les applique", et "ça vaut pour l'A69", qui "a fait l'objet de très nombreuses décisions politiques et judiciaires", a-t-il expliqué sur France Inter.

Ce projet fait l'objet d'une contestation particulière, notamment par le militant Thomas Brail, en grève de la faim depuis début septembre pour s'y opposer. Il s'était installé dans un platane en face du ministère de la Transition écologique, à Paris, pendant une dizaine de jours avant d'être délogé dimanche.

M. Brail a redemandé lundi soir, lors d'un rassemblement à Paris, "une suspension des travaux" pour l'A69.

Si cette autoroute sera bien construite, selon Clément Beaune, "pour d'autres autoroutes je prendrai des décisions fortes dans les prochaines semaines" et "il y a plusieurs (projets) qui seront arrêtés".

Le ministre délégué aux Transports avait déjà annoncé fin avril qu'un "certain nombre de projets routiers" sera "revu", promettant alors un verdict "d'ici le début de l'été".

"A l'heure de la planification écologique, on ne peut pas faire comme avant", a-t-il indiqué mardi.

Pour les projets en cours "on va réduire leur impact sur l'environnement" et pour "les projets qui ne sont pas encore lancés, on va en maintenir quelques uns, puisqu'il y en a qui sont utiles, et on va en arrêter certains", a-t-il poursuivi.


Projet de loi plein emploi: «On légifère sur des bases idéologiques», dénonce Guedj

Le député du Parti socialiste (PS) Jérôme Guedj s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 11 juillet 2023 (Photo, AFP).
Le député du Parti socialiste (PS) Jérôme Guedj s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 11 juillet 2023 (Photo, AFP).
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  • «On légifère sur des bases idéologiques, pas sur des bases objectives», a dénoncé mardi le député PS Jérôme Guedj
  • Il accuse le gouvernement de ne pas avoir suffisamment étudié les impacts d'une sanction sur les allocataires du RSA

PARIS: "On légifère sur des bases idéologiques, pas sur des bases objectives", a dénoncé mardi le député PS Jérôme Guedj, accusant le gouvernement de ne pas avoir suffisamment étudié les impacts d'une sanction sur les allocataires du RSA, avant d'étendre cette logique via le projet de loi "plein emploi".

"On est sur des législateurs idéologiques et dogmatiques, alors qu’on parle du quotidien de centaines de milliers de nos concitoyens qui vont être pénalisés par ces sanctions", a-t-il déclaré à la presse à l'Assemblée, au côté du député PS Arthur Delaporte.

Alors que les débats ont repris mardi après-midi dans l'hémicycle sur le projet de loi pour le plein emploi, M. Delaporte a entamé la séance en faisant un rappel au règlement, accusant le gouvernement de ne pas avoir fourni d'éléments aux parlementaires "sur l’effet des sanctions à l’heure actuelle, sur les allocataires du RSA", malgré ses demandes répétées.

Or, M. Guedj est parvenu à obtenir de tels éléments auprès de la Caisse nationale d'allocation familiale (Cnaf), en qualité de coprésident de la Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale (Mecss), a-t-il souligné.

Face à la "béance de l'étude d'impact", "j’ai sollicité le directeur de la Cnaf vendredi dernier, j’ai reçu hier soir à 23h38 une réponse", a expliqué M. Guedj dans l'hémicycle - faisant de lui-même le parallèle avec la démarche qu'il avait entreprise auprès de la direction de la sécurité sociale pour corriger un chiffre du gouvernement lors du débat sur les retraites.

«Basculement dans la précarité»

Selon M. Guedj auprès de la presse, l'étude montre que "pour ceux des allocataires suspendus, ça se traduit pour plus de 40% d’entre eux par la perte totale du RSA et le basculement dans la précarité".

"Ce que produit la sanction c’est du non recours, de l’extrême pauvreté", a renchéri à ses côtés M. Delaporte.

"Je ne comprends pas que le gouvernement nous fasse légiférer à l’aveugle", a lancé dans l'hémicycle M. Delaporte au ministre du Travail Olivier Dussopt.

En réponse, le ministre a souligné que si M. Guedj avait pu obtenir cette étude, sa "méthodologie devait être approfondie" comme l'écrit l'auteur de l'étude lui-même.

Tout au long de la soirée, le gouvernement a été peu inquiété, parvenant sans difficulté à rejeter les amendements des oppositions. Mais à la clôture de la séance les débats n'étaient pas allés au terme de l'examen de l'article 1, qui généralise entre autres l'inscription sur la liste des demandeurs d'emploi des bénéficiaires du RSA, et change le nom de Pôle emploi en France Travail.

Plus tôt dans la journée, un rassemblement avait réuni près de l'Assemblée une soixantaine d'agents de Pôle Emploi et une dizaine de députés opposés au projet. "Notre métier n'est pas de forcer les gens à accepter n'importe quoi, c'est de les accompagner dans leur projet professionnel", a protesté Vincent Lalouette, du syndicat SNU Pôle emploi FSU.