Erdogan tempère les attentes de la Suède avant le sommet de l'Otan

«La Suède a des attentes mais cela ne signifie pas que nous les satisferons», a déclaré M. Erdogan, qui bloque depuis treize mois l'entrée de la Suède dans l'Otan (Photo, AFP).
«La Suède a des attentes mais cela ne signifie pas que nous les satisferons», a déclaré M. Erdogan, qui bloque depuis treize mois l'entrée de la Suède dans l'Otan (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 15 juin 2023

Erdogan tempère les attentes de la Suède avant le sommet de l'Otan

  • Une réunion tripartite entre la Turquie, la Suède et la Finlande a lieu en parallèle mercredi à Ankara afin d'évoquer le projet d'adhésion de la Suède à l'Otan
  • La Suède et la Finlande ont annoncé en mai 2022, dans la foulée de l'invasion russe de l'Ukraine, leur candidature à l'Otan

ISTANBUL: Le président turc Recep Tayyip Erdogan a averti mercredi que la Turquie ne "satisfera" pas nécessairement les "attentes" de la Suède, candidate à l'entrée dans l'Otan, lors du sommet de l'Alliance atlantique en juillet.

"La Suède a des attentes mais cela ne signifie pas que nous les satisferons", a déclaré M. Erdogan, qui bloque depuis treize mois l'entrée de la Suède dans l'Otan, lui reprochant notamment une mansuétude présumée envers les militants kurdes réfugiés sur son sol.

"Pour que nous puissions nous conformer à ces attentes, il faut tout d'abord que la Suède fasse sa part", a ajouté le chef de l'Etat, réélu fin mai pour un troisième mandat, à l'attention de journalistes présents à bord de son avion à son retour d'une visite officielle en Azerbaïdjan.

Une réunion tripartite entre la Turquie, la Suède et la Finlande a lieu en parallèle mercredi à Ankara afin d'évoquer le projet d'adhésion de la Suède à l'Otan.

"Des progrès ont été réalisés", a affirmé dans la foulée le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, pour qui "il demeure possible de parvenir à un accord d'ici le sommet" de l'Alliance atlantique prévu à Vilnius (Lituanie) les 11 et 12 juillet.

Pour sa part, le négociateur suédois Oscar Stenström a déclaré : "Cette réunion a fait avancer le processus, mais nous sommes encore loin de la ligne d'arrivée".

"Une fois de plus, la conversation s'est concentrée sur la manière dont la Suède respecte ses engagements (...) et très précisément sur la manière dont la Suède combat (les militants kurdes) et le terrorisme", a-t-il ajouté.

Début juin à Istanbul, M. Stoltenberg a appelé la Turquie à ratifier l'adhésion de la Suède à l'Alliance "dès que possible", estimant qu'elle avait "rempli ses obligations".

Mais une manifestation anti-Erdogan et contre cette adhésion a eu lieu simultanément à Stockholm, incluant notamment le comité Rojava, qui soutient les groupes armés kurdes en Syrie, ennemis d'Ankara.

"Nous ne pouvons pas envisager cela de manière positive (...) Que font les forces de l'ordre (suédoises) ? Leur travail est de les arrêter", a affirmé mercredi M. Erdogan.

"Si vous ne vous occupez pas de cela, nous ne pouvons pas (dire oui) à Vilnius", a-t-il insisté, alors qu'une loi durcissant la législation antiterroriste, entrée en vigueur le 1er juin en Suède, doit faciliter les poursuites contre les groupes considérés comme "terroristes".

«Terroristes» selon Erdogan
Quand il l'a appelé pour le féliciter de sa réélection, le président américain Joe Biden a évoqué la question avec le président Erdogan.

Ankara espère obtenir l'approbation du Congrès américain pour obtenir la modernisation de sa flotte vieillissante d'avions de combat.

Le président Biden a directement lié pour la première fois la vente des chasseurs F-16 à la candidature suédoise. Erdogan "veut obtenir quelque chose sur les F-16. Je lui ai dit que nous voulions un accord avec la Suède, alors trouvons une solution", a déclaré M. Biden à la presse.

La Turquie, qui a donné son feu vert fin mars à l'entrée de la Finlande dans l'Alliance, est le seul des 31 États membres de l'Otan avec la Hongrie à n'avoir pas encore ratifié l'adhésion suédoise. Le Parlement hongrois doit suspendre ses travaux le 7 juillet, quatre jours avant le sommet de Vilnius.

Le gouvernement suédois a annoncé lundi l'extradition vers la Turquie d'un partisan du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), condamné en Turquie pour trafic de drogue, répondant de facto à une condition posée par Ankara pour l'entrée de la Suède dans l'Otan.

Mais les autorités turques réclament des dizaines d'extraditions de militants réfugiés en Suède qu'elles qualifient de "terroristes", une requête impossible à satisfaire selon l'exécutif suédois, les tribunaux indépendants ayant le dernier mot sur ces dossiers.

La Suède et la Finlande ont annoncé en mai 2022, dans la foulée de l'invasion russe de l'Ukraine, leur candidature à l'Otan.

Après des décennies de neutralité, puis de non alignement militaire depuis la fin de la Guerre froide, les deux pays nordiques ont jugé caduc l'équilibre sécuritaire né de la chute de l'URSS, rendant indispensables à leurs yeux de bénéficier du pacte de protection mutuelle qu'offre l'Otan.


L’humoriste Stephen Colbert défend les manifestants propalestiniens sur les campus après les critiques de Trump

Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza. (Photo AFP)
Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza. (Photo AFP)
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  • L’humoriste estime que les manifestations devraient être autorisées à se poursuivre tant qu’elles sont pacifiques
  • Donald Trump prétend que le rassemblement nationaliste blanc de 2017 à Charlottesville n’est «rien» par rapport aux manifestations propalestiniennes dans les universités

LONDRES: L’humoriste américain Stephen Colbert a défendu les manifestants propalestiniens sur les campus, s’opposant ainsi aux récentes critiques de l’ex-président Donald Trump.

La semaine dernière, ce dernier avait comparé les regroupements d’étudiants au rassemblement nationaliste blanc de 2017 à Charlottesville, en Virginie, affirmant que ce dernier n’était «rien» en comparaison.

Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza.

L’animateur a déclaré que les manifestations pacifiques «devraient être autorisées», reprochant à M. Trump de «banaliser l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire américaine».

«Même si vous n’êtes pas d’accord avec le sujet de leurs manifestations, tant que ces dernières sont pacifiques, les étudiants devraient être autorisés à manifester. C’est le droit que leur confère le premier amendement.» 

L’ancienne star de l’émission The Colbert Report a critiqué la réaction des responsables universitaires et des forces de l’ordre aux récents événements survenus à l’université Columbia, dénonçant le recours à des policiers lourdement armés et les menaces de faire appel à la garde nationale comme une «tactique classique de désescalade».

M. Trump a, quant à lui, salué la manière dont les forces de l’ordre ont géré la situation, félicitant la police de la ville de New York.

Les propos de M. Colbert ont coïncidé avec le déploiement de la police antiémeute au Hamilton Hall de l’université Columbia, ce qui a entraîné l’arrestation de nombreux étudiants propalestiniens qui occupaient le bâtiment.

Les descentes de police ont été condamnées par des groupes de pression tels que Jewish Voice for Peace et la rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese. Le maire de New York a indiqué que 282 étudiants avaient été arrêtés.

Des affrontements entre des groupes propalestiniens, des contre-manifestants et les forces de l’ordre ont ensuite éclaté dans d’autres campus des États-Unis.

Par ailleurs, l’université Brown, dans le Rhode Island, a conclu un accord avec les manifestants mardi. Il semble que ce soit la première fois qu’une université américaine accepte de voter sur le désinvestissement en réponse aux manifestations.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

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  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Ukraine: une attaque russe de missiles à Odessa fait une dizaine de blessés

Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
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  • Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones
  • Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville

KIEV: Une attaque russe de missiles a fait une dizaine de blessés à Odessa, une ville portuaire ukrainienne déjà ciblée en début de semaine par des attaques meurtrières, ont rapporté les autorités locales dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Une nouvelle attaque russe de missiles balistiques" a touché Odessa, a rapporté le maire de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine, Guennadiï Troukhanov, sur le réseau social Telegram.

"Des infrastructures civiles ont été détruites" et "13 personnes ont été blessées" dans l'attaque, a-t-il précisé, ajoutant que les pompiers combattaient "un incendie" d'ampleur, sans fournir davantage de détails.

Oleg Kiper, le gouverneur de la région d'Odessa, a de son côté affirmé qu'une "attaque russe de missile sur Odessa" avait blessé 14 personnes. "Des infrastructures civiles ont été endommagées, dont des entrepôts postaux", a-t-il ajouté.

Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones.

Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville. Et lundi, une attaque similaire conduite par Moscou y avait tué cinq personnes, d'après des responsables locaux.

La Russie frappe sans relâche les villes ukrainiennes depuis des mois et avance sur le front est de l'Ukraine avant l'arrivée d'armes américaines cruciales pour Kiev.