A La France insoumise, la quête permanente de nouveaux lieutenants

Le député du parti de gauche La France Insoumise (LFI) Louis Boyard s'exprime lors d'une session parlementaire à l'Assemblée nationale française à Paris, le 13 juin 2023. (Photo, AFP)
Le député du parti de gauche La France Insoumise (LFI) Louis Boyard s'exprime lors d'une session parlementaire à l'Assemblée nationale française à Paris, le 13 juin 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 17 juin 2023

A La France insoumise, la quête permanente de nouveaux lieutenants

  • Nouveauté, LFI a lancé une école des cadres à travers l'Institut La Boétie, co-dirigé par Jean-Luc Mélenchon et Clémence Guetté - une autre jeune députée qui compte dans l'état-major insoumis. Va en sortir une promotion de 70 jeunes tous les six mois
  • Le système va naturellement faire émerger de nouveaux cadres intermédiaires, issus du terrain. «On formalise le fait que des gens soient en responsabilité et rendent des comptes», relève Sarah Legrain

PARIS: La France insoumise, qui réunit ses dirigeants et militants samedi à Paris, tente de faire monter toujours plus de nouvelles figures, une émulation qui maintient aussi sous pression les lieutenants historiques de Jean-Luc Mélenchon.

Sur la scène de l'"Assemblée représentative" qui aura lieu toute la journée à La Bellevilloise, plusieurs des nouveaux talents politiques du mouvement présenteront le bilan de leurs six premiers mois au sein de la "coordination" de La France insoumise (LFI).

Parmi eux, plusieurs députés sont issus du sérail de la gauche radicale, déjà membres du Parti de gauche fondé par Jean-Luc Mélenchon en 2009 après son départ du Parti socialiste. C'est le cas de celui de la Haute-Garonne Hadrien Clouet, sociologue du travail de 31 ans, en charge d'animer la "bataille des idées" aux côtés de Danièle Obono, élue à Paris.

Ou de la députée de Paris Sarah Legrain, enseignante de 37 ans, qui co-anime la "vie du mouvement" avec son collègue de l'Essonne Antoine Léaument, 33 ans, longtemps au cabinet de Jean-Luc Mélenchon.

D'autres sont des prises au sein du monde associatif, telles Aurélie Trouvé, Manon Aubry, Marina Mesure ou encore Louis Boyard.

Ce dernier, en charge des "interventions jeunesse", a vu sa notoriété exploser depuis son élection dans le Val-de-Marne, à seulement 21 ans. "Il énerve plein d'adversaires mais est un facteur de politisation de centaines de jeunes", se réjouit la présidente du groupe LFI Mathilde Panot.

"C'est comme le vélo, si vous arrêtez de pédaler, d'alimenter le mouvement avec de nouvelles têtes, vous arrêtez d'avancer", confie le coordinateur Manuel Bompard à l'AFP.

"C'est ce qui fait la richesse de notre mouvement, le fonctionnement c'est +Venez d'où vous voulez+", abonde Sarah Legrain. Une philosophie "attrape-tout" qu'a bien comprise la cheffe des écologistes Marine Tondelier, qui demande désormais à tout va, pour massifier le mouvement écolo: "Venez comme vous êtes".

Petite révolution

Nouveauté, LFI a lancé une école des cadres à travers l'Institut La Boétie, co-dirigé par Jean-Luc Mélenchon et Clémence Guetté - une autre jeune députée qui compte dans l'état-major insoumis. Va en sortir une promotion de 70 jeunes tous les six mois.

Et le mouvement, dépourvu d'ancrage local, tente d'y remédier en faisant émerger des personnalités via la mise en place de "boucles départementales". Cela ne paie pas de mine: les animateurs des "groupes d'action" locaux sont invités à se coordonner et se structurer.

Mais c'est une petite révolution pour LFI, qui jusque-là tentait de se prémunir des "baronnies" observées dans tous les partis. Le système va naturellement faire émerger de nouveaux cadres intermédiaires, issus du terrain. "On formalise le fait que des gens soient en responsabilité et rendent des comptes", relève Sarah Legrain.

Revers de la médaille: ce recrutement compulsif créé une concurrence plus ou moins saine. En décembre, la promotion de nouvelles têtes à la coordination du mouvement a créé l'une des plus grosses crises de l'histoire de LFI: des anciens expérimentés, parfois critiques avec Jean-Luc Mélenchon, se sont sentis sanctionnés.

Et quand le triple candidat à la présidentielle est interrogé sur l'identité de son - éventuel - successeur pour 2027, il cite, à l'exception notable de François Ruffin, ses jeunes lieutenants les plus fidèles: Mathilde Panot, Clémence Guetté, le coordinateur Manuel Bompard ou encore Adrien Quatennens.

"Les cadres sont les éléments d'un rapport de force interne" que joue Jean-Luc Mélenchon contre les "frondeurs", analyse Rémi Lefèbvre, politologue spécialiste du militantisme à LFI. "Jean-Luc Mélenchon aime authentiquement former les jeunes, mais qui lui doivent tout et restent sous son contrôle".

"Le gros avantage des jeunes en politique, c'est qu'ils n'ont pas (souvent) d'enfants, ils ont du temps, on l'entend beaucoup à LFI", ajoute le professeur à l'université de Lille. "C'est la vieille méthode léniniste: on pressure les cadres et quand ils sont usés, on en met d'autres".

Des critiques que Manuel Bompard balaie d'un revers de main: "Ce n'est pas forcément que les gens sont redevables, ils sont peut-être tout simplement d'accord" avec la ligne.


Macron tous azimuts, Bayrou encalminé: semaine à deux vitesses pour l'exécutif

Vent dans les voiles après son weekend à Kiev, Emmanuel Macron plonge de plain-pied cette semaine dans la politique intérieure, avec en point d'orgue deux heures d'émission télévisée mardi soir. (AFP)
Vent dans les voiles après son weekend à Kiev, Emmanuel Macron plonge de plain-pied cette semaine dans la politique intérieure, avec en point d'orgue deux heures d'émission télévisée mardi soir. (AFP)
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  • Samedi avec Volodymyr Zelensky jouant la paix en Ukraine, mardi répondant aux questions du youtubeur Tibo InShape: Emmanuel Macron se démultiplie, quitte à tenter tous les grands écarts
  • Il s'est illustré à la manœuvre samedi à Kiev, lors d'un voyage commun avec les dirigeants allemand Friedrich Merz, britannique Keir Starmer et polonais Donald Tusk, plaidant pour un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours entre l'Ukraine et la Russie

PARIS: Vent dans les voiles après son weekend à Kiev, Emmanuel Macron plonge de plain-pied cette semaine dans la politique intérieure, avec en point d'orgue deux heures d'émission télévisée mardi soir. Offrant un contraste saisissant avec son Premier ministre, englué dans l'affaire Bétharram.

Samedi avec Volodymyr Zelensky jouant la paix en Ukraine, mardi répondant aux questions du youtubeur Tibo InShape: Emmanuel Macron se démultiplie, quitte à tenter tous les grands écarts.

Il s'est illustré à la manœuvre samedi à Kiev, lors d'un voyage commun avec les dirigeants allemand Friedrich Merz, britannique Keir Starmer et polonais Donald Tusk, plaidant pour un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours entre l'Ukraine et la Russie.

Après huit ans d'activité sur la scène internationale, et aux côtés de leaders moins expérimentés, le chef de l'Etat français a su aussi habilement gérer la mise en scène individuelle: dîner en tête-à-tête avec M. Zelensky et photo marquante des dirigeants debriefant avec Donald Trump autour du téléphone du Français sur haut-parleur.

Des gains politiques que M. Macron espère faire fructifier à domicile, après avoir atteint à l'automne dernier des records personnels d'impopularité, dans le sillage d'une dissolution ratée.

"Ce n'est pas la remontada" dans les sondages "et il ne peut pas se permettre de rester sur son Aventin", juge un ministre. Le même, constatant l'appétit retrouvé du président pour les moindres détails de la vie politique intérieure, glisse: "chassez le naturel, il revient au galop".

Lundi matin, il doit se rendre à Wissous (Essonne), pour l'inauguration d'un "laboratoire d'excellence" de l'entreprise franco-italienne EssilorLuxottica, leader mondial de l'optique. Un déplacement dans le cadre du raout annuel Choose France sur l'attractivité économique du pays, que M. Macron a initié et qu'il présidera le 19 mai.

Et si mercredi il devrait être sur le terrain dans le cadre des commémorations de l'attaque du péage d'Incarville qui avait coûté la vie à deux agents pénitentiaires, l'attention se concentre sur ses deux heures d'émission spéciale, titrée "Les défis de la France", mardi soir sur TF1.

Il y débattra notamment avec la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet et le maire de Béziers Robert Ménard, répondra à des questions de Français, ou à des interpellations du YouTubeur Tibo InShape ou du journaliste Charles Biétry, atteint de la maladie de Charcot.

Fraîcheur 

L'occasion de défendre le bilan, mais aussi de dresser "des perspectives car il reste deux ans de mandat", fait valoir son entourage. "Il a cette volonté de travailler jusqu'au dernier jour du quinquennat", complète une ministre de poids.

Au menu, des possibles référendums, alors qu'Emmanuel Macron avait indiqué lors de ses vœux pour 2025 que les Français seraient amenés à "trancher" sur des sujets déterminants. L'éventail de thèmes que le chef de l'Etat pourrait soumettre à consultation est large, de l'utilisation des écrans chez les jeunes à l'organisation territoriale, la droite poussant ardemment pour mettre sur la table l'immigration.

François Bayrou, lui, a proposé d'interroger les citoyens sur la trajectoire à venir des finances publiques, trois Français sur cinq s'y montrant favorables selon un sondage Elabe dimanche.

"C'est un des plus importants sujets que la nation a devant elle aujourd'hui. Je ne crois pas que la classe politique le traitera spontanément", fait-il valoir auprès de l'AFP, s'en remettant donc au "peuple des citoyens".

La suggestion de M. Bayrou a reçu un accueil tiède dans l'entourage de M. Macron, rappelant que le référendum reste une prérogative présidentielle. Signe de la fraîcheur d'une relation au sommet de l'exécutif faite de "hauts et de bas", dixit un proche du Premier ministre.

Difficile à ce titre de ne pas regarder les deux heures d'émission de M. Macron à l'aune de ce qui attend M. Bayrou le lendemain: son audition par une commission d'enquête de l'Assemblée sur les violences dans les établissements scolaires. En toile de fond, l'affaire Betharram qui lui colle aux doigts comme le sparadrap du capitaine Haddock, puisqu'il devra se défendre de sa connaissance de faits de violences sexuelles et physiques dans cet établissement au cœur de son fief des Pyrénées-Atlantiques.

Ce dossier mobilise son énergie - il dénonce des "accusations scandaleuses" - plombe sa popularité et alimente son procès en immobilisme. Une situation que semble vouloir exploiter le chef de l'Etat: "Bayrou dans ses tergiversations et sa lenteur, il donne de l’air à Macron", glisse un de ses fidèles.


Paris estime que la demande de révision de l'accord entre l'Union européenne et Israël est « légitime »

Des drapeaux palestiniens flottent au vent sur la place du Dam avec le Palais royal d'Amsterdam en arrière-plan (Paleis op de Dam), à Amsterdam, le 15 novembre 2024. (Photo de Simon Wohlfahrt / AFP)
Des drapeaux palestiniens flottent au vent sur la place du Dam avec le Palais royal d'Amsterdam en arrière-plan (Paleis op de Dam), à Amsterdam, le 15 novembre 2024. (Photo de Simon Wohlfahrt / AFP)
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  • « Les Pays-Bas ont demandé à la Commission européenne d'analyser le respect par le gouvernement israélien de l'article 2 de cet accord d'association avec Israël », a rappelé Jean-Noël Barrot, invité de France Info/Le Monde.
  • « C'est une demande légitime que j'invite la Commission européenne à instruire », a-t-il ajouté. 

PARIS : Invité de France Info/Le Monde, le ministre français des Relations avec le Parlement a estimé que la demande des Pays-Bas de réviser l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël était « légitime », invitant « la Commission européenne à instruire le dossier », alors que l'aide humanitaire ne parvient plus à Gaza depuis plus de deux mois.

« Les Pays-Bas ont demandé à la Commission européenne d'analyser le respect par le gouvernement israélien de l'article 2 de cet accord d'association avec Israël », a rappelé Jean-Noël Barrot, invité de France Info/Le Monde.

Celui-ci précise que les relations entre l'UE et Israël sont basées sur le respect des droits humains et des principes démocratiques.

« C'est une demande légitime que j'invite la Commission européenne à instruire », a-t-il ajouté. 

Interrogé sur le fait que cela signifiait-il que la France était favorable à la remise en question de cet accord, le ministre a répondu : « Attendons l'analyse que fera la Commission européenne du respect ou non par Israël de l'article 2 de cet accord. »

Le ministre a insisté sur la situation humanitaire catastrophique à Gaza.

« Je crois qu'il faut mettre des mots sur la réalité. La réalité, c'est que les Palestiniens de Gaza sont affamés, assoiffés, et qu'ils manquent de tout ; la bande de Gaza est aujourd'hui au bord du chaos et de la famine », a-t-il dénoncé.

« Je crois que tout le monde s'en aperçoit », a-t-il poursuivi. « On entend, y compris dans la communauté juive, des voix s'émouvoir de cette attitude incompréhensible du gouvernement israélien », a-t-il dit. « Et c'est en donnant de la voix qu'on peut espérer infléchir la position des Israéliens. » 

Mercredi, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a proposé à Israël de l'aider à acheminer l'aide humanitaire à Gaza.

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, lui a adressé une lettre dans laquelle il réclame une révision de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël, conformément à son article 2.

« Je voudrais demander un examen du respect par Israël de l'article 2 dans les plus brefs délais », a écrit le ministre dans cette lettre.


Les Français favorables à l'organisation d'un référendum proposé par Bayrou

France's Prime Minister Francois Bayrou delivers a speech during commemorations to mark the National Day of Remembrance of Slavery and its Abolitions, in Brest, western France, on May 10, 2025. (Photo by Fred TANNEAU / AFP)
France's Prime Minister Francois Bayrou delivers a speech during commemorations to mark the National Day of Remembrance of Slavery and its Abolitions, in Brest, western France, on May 10, 2025. (Photo by Fred TANNEAU / AFP)
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  • Dans cette étude publiée après la proposition du Premier ministre François Bayrou d'interroger les Français sur la trajectoire à venir des finances publiques.
  • « Cette idée a pénétré l'opinion », s'est d'ailleurs félicité M. Bayrou samedi en marge d'un déplacement à Brest.

PARIS : D'après un sondage Elabe pour BFMTV publié dimanche, ils sont très majoritairement favorables à l'organisation d'un référendum (83 %) et placent l'économie, les retraites et l'immigration en tête des sujets sur lesquels ils aimeraient être questionnés.

Dans cette étude publiée après la proposition du Premier ministre François Bayrou d'interroger les Français sur la trajectoire à venir des finances publiques, plus d'un Français sur deux se dit favorable à l'organisation d'un référendum, et 28 % très favorable.

« Cette idée a pénétré l'opinion », s'est d'ailleurs félicité M. Bayrou samedi en marge d'un déplacement à Brest.

« Beaucoup de citoyens français disent oui au fond, que nous soyons pour une fois associés à ces décisions, c'est une chose qui nous intéresse et qui est très importante. Le monde politique est en revanche un peu moins enthousiaste, ce que l'on comprend assez bien : l'intervention directe des citoyens change le rapport de force et le débat », a encore observé le Premier ministre. 

Le président Emmanuel Macron avait également proposé d'organiser plusieurs scrutins de ce type dans ses vœux pour 2025. Il pourrait se montrer plus précis sur la question lors d'une émission spéciale sur TF1 mardi soir.

Parmi les sujets sur lesquels ils souhaitent se prononcer, les personnes interrogées citent en premier lieu la dépense, la dette et les impôts (59 %). Arrivent ensuite ex aequo les retraites et l'immigration (52 %). Ils sont 43 % à demander à être interrogés sur la fin de vie, 22 % sur la réduction du nombre d'échelons territoriaux et 19 % sur la proportionnelle.

En bas du tableau, on trouve les rythmes scolaires et l'usage des écrans et des réseaux sociaux pour les enfants (16 %).

Sondage réalisé en ligne les 6 et 7 mai auprès d'un échantillon de 1 000 personnes représentatives de la population âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. La marge d'erreur est comprise entre 1,4 et 3,1 points.