Entre La France insoumise et la police, un conflit manifeste

Le fondateur du parti français de gauche La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Melenchon (D), le député LFI Louis Boyard (C) et le député LFI Antoine Leaument (G) participent à une manifestation lors d'un 8e jour de grèves et de manifestations à travers le pays contre le projet de réforme des retraites du gouvernement à Paris le 15 mars 2023.
Le fondateur du parti français de gauche La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Melenchon (D), le député LFI Louis Boyard (C) et le député LFI Antoine Leaument (G) participent à une manifestation lors d'un 8e jour de grèves et de manifestations à travers le pays contre le projet de réforme des retraites du gouvernement à Paris le 15 mars 2023.
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Publié le Vendredi 02 juin 2023

Entre La France insoumise et la police, un conflit manifeste

  • Le député LFI Antoine Léaument essuyant des coups de matraque en manifestation: l'image a été abondamment relayée sur les comptes Insoumis le 13 avril
  • Cette situation, dans ses tenants et aboutissants, dit beaucoup du rapport des Insoumis à la police

PARIS: Le désamour entre La France insoumise et la police n'a jamais été aussi fort, alors que la mobilisation contre la réforme des retraites reprend dans la rue mardi, et avec elle les critiques des mélenchonistes sur le maintien de l'ordre.

Le député LFI Antoine Léaument essuyant des coups de matraque en manifestation: l'image a été abondamment relayée sur les comptes Insoumis le 13 avril.

Cette situation, dans ses tenants et aboutissants, dit beaucoup du rapport des Insoumis à la police. L'élu de l'Essonne faisait alors partie d'un groupe LFI "d'observation des opérations du maintien de l'ordre". Jean-Luc Mélenchon a estimé ensuite que "quand un député ceint de son écharpe est frappé par un policier, l'ordre républicain est en cause".

Antoine Léaument a décidé de ne pas porter plainte parce qu'il "refuse de faire porter sur un individu (le policier concerné) la responsabilité politique" de la gestion du maintien de l'ordre.

Car LFI l'assure: sa critique systématique de la police n'a en soi rien d'agressif vis-à-vis des hommes et femmes revêtant l'uniforme - qu'elle a appelés à rejoindre la bataille des retraites.

C'est en revanche un marqueur assumé pour s'adresser aux habitants des quartiers populaires, à la gauche qui manifeste et aux abstentionnistes anti-système.

"On est attendus au tournant par les gens, au moins pour défendre l'honneur de ceux qui se sont fait embastiller, dénoncer les violences policières en manifestation et les exactions dans les quartiers populaires", explique à l'AFP le député Ugo Bernalicis, chargé des questions de sécurité à LFI.

La méthode est de frapper fort. Après la mort à Paris d'une jeune femme à la suite d'un refus d'obtempérer d'un automobiliste, Jean-Luc Mélenchon a tweeté, pendant la campagne des élections législatives de 2022: "La police tue et le groupe factieux Alliance justifie les tirs et la mort pour +refus d'obtempérer+".

A gauche, socialistes, communistes et même certains LFI ont considéré que la phrase allait faire perdre inutilement des voix.

Le «rêve» de Mélenchon

L'épisode a fini d'exacerber les tensions avec les syndicats de police après plusieurs sorties polémiques au fil des ans. "Ces propos étaient inacceptables, à la limite de la diffamation", grimace Eric Henry, délégué national d'Alliance, l’un des syndicats majoritaires des gardiens de la paix.

"Le rôle d’un élu c’est de rassembler, de lutter contre toute forme de fracture et d'œuvrer au rapprochement police - population", estime-t-il.

La déclaration "alimente et entretient la haine anti-flic, avec un raccourci terrible et très réducteur", abonde Grégory Joron, secrétaire général d’Unité SGP Police. "Cela désinhibe les moins intelligents et les conforte dans l’idée que la police est leur ennemi", insiste le syndicaliste.

Un dirigeant Insoumis admet en privé que si LFI arrivait au pouvoir, elle aurait un sérieux problème d'entente à régler avec l'institution.

Mais pour l'heure, Ugo Bernalicis, lui, ne cherche pas la réconciliation avec la "composante virile, musclée, brutale de la police". Les comportements racistes, les violences policières? "Il y a une minorité agissante et une majorité silencieuse complaisante" parmi les policiers.

Les Insoumis doivent grossir le trait pour faire entendre certaines positions inconfortables, revendique le député du Nord: "Il faut en passer par la case polémique, sinon vous disparaissez de l'échiquier".

Cette virulence masque néanmoins un "rêve" pour une "police républicaine", dixit Jean-Luc Mélenchon. "Il n'est pas un gauchiste, il ne rigole pas avec le régalien", souligne Ugo Bernalicis, qui rappelle son goût pour l'ordre.

Pour le garantir, LFI préconise une police de proximité dotée de 60.000 agents, placés sous la double autorité du maire et du préfet. La police judiciaire verrait ses effectifs doubler avec 12.000 fonctionnaires, centrés sur la lutte contre les chefs de bandes criminelles.

La brigade anti-criminelle (BAC) et la Brav-M, mise en cause dans plusieurs affaires de violences policières lors des manifestations contre la réforme des retraites, seraient supprimées. LFI veut tester des zones sans contrôle d'identité, ou a minima l'obligation de délivrer des récépissés pour éviter les contrôles abusifs ou discriminatoires.

Encore "une nouvelle contrainte", peste Eric Henry chez Alliance, qui donne néanmoins une rare piste de réconciliation: "élargir la police de proximité avec le retour des services publics dans les quartiers où tout a été enterré".


Secret défense: Audience en appel mercredi sur les poursuites visant un journaliste

La chambre de l'instruction devrait examiner vers 16H00 la requête en nullité de ce journaliste de 64 ans ainsi que celle d'un autre mis en cause, l'ex-policier de la DGSI (renseignement intérieur) Malik Naït-Liman, 45 ans (Photo, AFP).
La chambre de l'instruction devrait examiner vers 16H00 la requête en nullité de ce journaliste de 64 ans ainsi que celle d'un autre mis en cause, l'ex-policier de la DGSI (renseignement intérieur) Malik Naït-Liman, 45 ans (Photo, AFP).
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  • La cour d'appel de Paris étudiera mercredi les poursuites pour divulgation du secret défense visant le journaliste Alex Jordanov
  • Deux anciens policiers, dont Malik Naït-Liman, désignés par l'enquête comme ses sources, ont aussi été mis en examen

PARIS: La cour d'appel de Paris étudiera mercredi les poursuites pour divulgation du secret défense visant le journaliste Alex Jordanov, auteur d'un livre sur le renseignement intérieur et qui demande leur annulation.

La chambre de l'instruction devrait examiner vers 16H00 la requête en nullité de ce journaliste de 64 ans ainsi que celle d'un autre mis en cause, l'ex-policier de la DGSI (renseignement intérieur) Malik Naït-Liman, 45 ans.

La justice reproche au premier, brièvement otage en Irak en 2004, d'avoir dangereusement levé le voile, dans son livre "Les guerres de l'ombre de la DGSI" (Nouveau Monde éditions), sur la cuisine interne du principal service de renseignement travaillant sur l'Hexagone.

Fin juin 2022, M. Jordanov avait été mis en examen par une magistrate instructrice parisienne pour diverses infractions, parmi lesquelles l'appropriation et la divulgation de secret défense.

Deux anciens policiers, dont M. Naït-Liman, désignés par l'enquête comme ses sources, ont aussi été mis en examen pour des infractions d'atteinte au secret de la défense nationale.

Dans sa requête en nullité, M. Jordanov dénonçait via son avocat William Bourdon "une atteinte non nécessaire et disproportionnée à la liberté d'expression, au droit à l'information sur des questions d'intérêt public majeur et au droit à la protection des sources journalistiques" de son client.

Pour l'avocat, les investigations menées, et notamment les perquisitions au domicile du journaliste, l'ont été principalement "dans le but d'identifier (ses) sources".

«Caractère de gravité»

Ce secret des sources est pourtant protégé de manière extensive. La loi de 1881 sur la liberté de la presse prévoit qu'il ne peut y être porté atteinte "directement ou indirectement" qu'en cas d'"impératif prépondérant d'intérêt public" et via des "mesures strictement nécessaires et proportionnées".

Dans ses réquisitions écrites, dont l'AFP a eu connaissance, le parquet général a requis la confirmation de la procédure, justifiant l'atteinte au secret des sources, via des perquisitions "essentielles pour la répression des infractions" et "indispensables à la manifestation de la vérité", car ce dossier a un "évident caractère de gravité".

Lors de sa mise en examen, le journaliste avait reçu un large soutien de la profession.

Le ministère public a également demandé la confirmation de la procédure concernant M. Naït-Liman qui dénonçait une démesure de moyens judiciaires dans le but de "le compromettre".

Mercredi, un juge doit par ailleurs se prononcer sur la validité de saisies réalisées, dans le cadre d'une autre affaire d'atteinte au secret défense, lors de la perquisition de la journaliste Ariane Lavrilleux, qui collabore pour le média d'investigation Disclose.


Carburants: L'exécutif maintient la pression sur les distributeurs

Au-delà de la vente à prix coûtant, qui pourrait rester limitée selon la filière, Emmanuel Macron a annoncé la reconduction en 2024 de «l'indemnité carburant travailleur», non sans revenir sur quelques promesses (Photo, AFP).
Au-delà de la vente à prix coûtant, qui pourrait rester limitée selon la filière, Emmanuel Macron a annoncé la reconduction en 2024 de «l'indemnité carburant travailleur», non sans revenir sur quelques promesses (Photo, AFP).
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  • Emmanuel Macron avait annoncé dimanche l'abandon de l'idée de vente à perte, rejetée par l'ensemble des distributeurs
  • Désireux de faire oublier au plus vite ce revers, le gouvernement entendait «battre le fer quand il était chaud», aux dires d'un conseiller ministériel

PARIS: A défaut de les convaincre de vendre à perte, le gouvernement maintient la pression sur les distributeurs de carburants en les réunissant mardi à Matignon pour leur demander de vendre "à prix coûtant" et alléger ainsi la facture des Français à la pompe, mais sa marge est étroite.

"Chacun doit prendre sa part", a insisté Elisabeth Borne qui a convié raffineurs, distributeurs et fédérations professionnelles rue de Varenne à 17H30 dans le but de "faire la transparence sur leurs marges et demander leur réduction".

Emmanuel Macron avait annoncé dimanche l'abandon de l'idée de vente à perte, rejetée par l'ensemble des distributeurs, et chargé sa Première ministre de réunir "cette semaine" les représentants de la filière.

Pourtant de l'aveu même des acteurs du secteur, l'impact de la vente à prix coûtant risque d'être "assez marginal", étant donné qu'elle est déjà pratiquée par les enseignes et que la grande distribution vend les carburants avec des marges de "quelques centimes", rappelle Patrice Geoffron, professeur à l'université Paris-Dauphine et directeur de l'équipe énergie-climat.

La tenue de cette rencontre, au lendemain d'un Conseil de planification écologique, illustre une nouvelle fois la difficulté de l'exécutif à concilier réduction des émissions polluantes et préservation du pouvoir d'achat grevé par la flambée des prix des carburants fossiles.

«Atterrissage»

Sur le pouvoir d'achat, "l'écologie est la réponse", a répondu Emmanuel Macron dimanche. Tout en affirmant que "la bagnole, (...) moi je l'adore".

Lundi, il a défendu une écologie "souveraine", "compétitive" et "juste", promettant de "reprendre le contrôle" du prix de l'électricité" face aux oppositions qui l'accusent de laisser la facture exploser, sans évoquer celle des carburants.

L'idée de vente à perte n'aura donc vécu qu'une semaine après son annonce par la Première ministre, accueillie avec circonspection voire réticence y compris au sein de la majorité.

Désireux de faire oublier au plus vite ce revers, le gouvernement entendait "battre le fer quand il était chaud", aux dires d'un conseiller ministériel, en conviant dès mardi les distributeurs.

Car "ce n'est pas le point d’entrée qui compte mais l'atterrissage", avance ce conseiller. "Si on trouve un calendrier, des volumes" lors de cette réunion à Matignon, "c’est positif", ajoute-t-il.

Mais "monter le ton" auprès de la grande distribution, réputée coriace dans les négociations, "est d'autant plus efficace que c’est crédible", prévient un autre conseiller.

Au-delà de la vente à prix coûtant, qui pourrait rester limitée selon la filière, Emmanuel Macron a annoncé la reconduction en 2024 de "l'indemnité carburant travailleur", non sans revenir sur quelques promesses.

La mesure devrait d'abord coûter environ 500 millions d'euros, alors que le gouvernement présente mercredi un budget d'économies visant à désendetter le pays.

Cette aide n'a pas ensuite convaincu les opposants du chef de l’État, qui dénoncent une "politique du chèque" et réclament en chœur des baisses de taxes.

«Solidarité»

L'abandon de la vente à perte sonne aussi comme un désaveu du président à l'égard de sa Première ministre, avec laquelle il a déjà connu des frictions.

Une ministre évoque "un truc monté pour (contrarier) la Première ministre" mais n'exclut pas non plus que l'exécutif ait "voulu faire un coup en allant vite".

Mme Borne "a le cuir épais", assure un conseiller. Et "elle s’en sort pas trop mal du fait que ça n’a pas été très commenté" puisque les caméras étaient braquées la semaine dernière sur le roi Charles III et le pape, avance un autre.

Un cadre de la majorité ne voit pas de dissension entre les deux têtes de l'exécutif car la proposition de vente à perte était "forcément tamponnée par le président".

Ce n'est donc ni la défaite de Mme Borne ou de l'exécutif mais davantage "une défaite de la solidarité qu’on souhaite mettre en place face à l'inflation", selon lui.


Immigration illégale: Macron appelle à l’action

Le président français Emmanuel Macron (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron (Photo, AFP).
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  • Emmanuel Macron a insisté sur l'importance de travailler avec les pays d'origine des migrants
  • Ce projet de loi suscite des débats au sein de la société française et au sein de la classe politique

PARIS: Le président français, Emmanuel Macron a récemment abordé la question de l'immigration dans le cadre du projet de loi sur l'immigration en France, qui vise à renforcer la lutte contre l'immigration illégale tout en créant un titre de séjour pour les métiers en tension. 

Ce projet de loi suscite des débats au sein de la société française et au sein de la classe politique, avec des divergences d'opinions marquées.

Dans une intervention télévisée le dimanche 24 septembre, lors des journaux de 20 heures de TF1 et France 2, Macron a reconnu que le pape François avait raison d'appeler à un engagement contre l'indifférence face à la situation des migrants. 

Cependant, il a également souligné que la France avait ses propres responsabilités et ses limites en matière d'accueil des migrants. Il a déclaré : "Nous devons être rigoureux. Nous ne pouvons pas accepter toute la misère du monde."

Trouver un consensus 

Le président français a dit s'efforcer de trouver un consensus sur cette question, notamment avec les partis politiques de droite

Il espère obtenir le soutien nécessaire pour faire adopter le projet de loi sur l'immigration, qui sera présenté par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Lors de cette entrevue, le chef d’Etat français a insisté sur l'importance de s'attaquer aux causes profondes de l'immigration en travaillant avec les pays d'origine des migrants. Il suggère de conditionner l'aide de la France et de l'Union européenne à ces pays à une politique migratoire plus responsable et à la lutte contre les réseaux de trafiquants. 

Il a également exprimé également le souhait de coopérer avec des pays tels que la Tunisie et l'Algérie pour lutter contre ces réseaux de trafic. Dans cette optique, il propose d'exporter des experts et du matériel vers ces pays pour aider à démanteler ces réseaux.

Macron cherche également à impliquer l'Union européenne dans la lutte contre l'immigration clandestine, car il estime que la solution réside dans une approche européenne coordonnée.

En effet, l’Europe fait actuellement face à des vagues de migrants qu’elle peine à contrôler.

En Italie, après l'arrivée de 8.500 personnes sur la petite île de Lampedusa  en provenance d'Afrique du Nord, en seulement trois jours au début du mois, Mme Meloni a demandé à l'Union européenne de faire davantage pour aider à soulager la pression.

Bruxelles a accepté d'intensifier les efforts et a annoncé cette semaine qu'elle commencerait à débloquer de l'argent vers la Tunisie - d'où partent de nombreux bateaux - dans le cadre d'un pacte visant à endiguer la migration irrégulière à partir de ce pays.

(Avec AFP).