Après un an à l'Assemblée, les députés Nupes défendent leur nouvelle «culture de dialogue»

Un an après leur entrée à l'Assemblée, les députés Nupes se targuent d'avoir installé "une culture de dialogue" (Photo, AFP).
Un an après leur entrée à l'Assemblée, les députés Nupes se targuent d'avoir installé "une culture de dialogue" (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 18 juin 2023

Après un an à l'Assemblée, les députés Nupes défendent leur nouvelle «culture de dialogue»

  • Les « frottements » perdurent entre les composantes de la Nupes qui a du mal à s'affirmer en-dehors de l'hémicycle
  • L'alliance conclue pour les législatives de juin 2022 entre LFI, le PS, le PCF et EELV a permis à 150 députés de gauche d'entrer à l'Assemblée nationale

PARIS: Un an après leur entrée à l'Assemblée, les députés Nupes se targuent d'avoir installé "une culture de dialogue" interne, mais les « frottements » perdurent entre les composantes de cet "ovni politique" qui a du mal à s'affirmer en-dehors de l'hémicycle.

L'alliance conclue pour les législatives de juin 2022 entre LFI, le PS, le PCF et EELV a permis à 150 députés de gauche -dont une majorité d'élus de La France insoumise- d'entrer à l'Assemblée nationale, et de devenir la première force d'opposition.

Mais alors que la Nupes est régulièrement accusée d'être "soumise" à Jean-Luc Mélenchon- qui n'est plus député-, ce sont surtout les divisions entre les quatre partenaires qui ont fait la une. Depuis le début de la législature, ils n'ont constitué un front uni que lors de 52% des scrutins, selon un décompte de l'AFP.

La Nupes est "un ovni politique" pour le Parlement, estime Cyrielle Chatelain, cheffe des députés écologistes: "on a fait rentrer la culture de la coalition dans la vie politique française".

"Il nous arrive de ne pas être d'accord sur certains textes, mais on assume nos différences", tout en ayant des débats pour construire "des propositions communes", insiste l'écologiste. Comme pour la loi de programmation militaire, où malgré des positions différentes, "on a défendu des amendements communs, dont certains ont été adoptés".

"La réalité c'est que quatre groupes parlementaires de gauche travaillent ensemble, se confrontent, apprennent à s'écouter, à faire des compromis", abonde Boris Vallaud, président du groupe socialiste, "ce qui nous a permis de faire estrade commune contre la réforme des retraites partout en France".

Des groupes de travail se sont créés dans les commissions, un intergroupe se réunit chaque semaine et l'ensemble des députés Nupes chaque mois. "Une culture de discussion" s'est développée, remarque le politologue Rémi Lefebvre, alors qu'auparavant "PS et LFI s'ignoraient superbement".

Cela "aide à des convergences programmatiques plus fortes", souligne Mathilde Panot, cheffe de file des députés insoumis, citant la loi sur les énergies renouvelables, où "les votes ont été différents mais on a convergé sur le fond".

Pour le député PS Philippe Brun, cette "acculturation commune" a donné plus de "combativité" aux socialistes, et a amené LFI "à s'interroger sur la nécessité d'être crédible".

"Les socialistes, ça leur fait du bien de revenir à un discours de gauche, ça se voit", analyse Mathilde Panot. "Ils ont une culture de gouvernement que seul Jean-Luc Mélenchon a chez nous. Ca nous pousse à aller plus loin sur certaines choses", reconnaît-elle.

Pour Boris Vallaud, le PS "est sans doute plus solide sur le fond, (...), mais les Insoumis comme les écologistes nous amènent à plus sortir de l'Assemblée" et mieux communiquer.

«Rugueux»
Cela n'empêche pas les désaccords, "parfois de fond, parfois stratégiques ou méthodologiques sur la façon d'être dans l'hémicycle. On a des cultures différentes, parfois ça frotte, c'est rugueux", admet-il.

Après les propos d'un député insoumis traitant le ministre du Travail Olivier Dussopt d'"assassin", "on a pris un peu de distance", rappelle Cyrielle Chatelain.

Tous ont aussi en mémoire le différend autour de l'article 7 du projet de loi sur les retraites, portant sur l'âge de départ à 64 ans. PS, EELV et PCF avaient retiré leurs amendements pour arriver à débattre de cet article, tandis que LFI, sous l'influence de Jean-Luc Mélenchon, a maintenu les siens. L'article n'a pu être discuté.

La Nupes "ça fonctionne bien quand il n'y a pas d'interférence extérieure des partis", estime Boris Vallaud.

Alors que les querelles s'intensifient, notamment sur les Européennes, Cyrielle Chatelain juge que ces débats "ne rentrent pas tant que ça à l'Assemblée. On n'a plus le temps d'être sur les bisbilles". "On doit remettre dans le pot commun des propositions où la Nupes est à l'initiative".

Pour l'instant, "la Nupes n'a d'existence que parlementaire", souligne le politologue Rémi Lefebvre. Et le plus souvent "elle s'oppose, ce n'est pas assez. Elle doit incarner plus de crédibilité", s'approfondir, et "pas seulement à l'Assemblée".


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».