Rigueur excessive ou bonne gestion ? Quand un département dégage 261 M d'euros d'excédent

Le logo de la «Collectivité européenne d'Alsace» devant le siège politique temporaire, le 2 janvier 2021, à Colmar, dans l'est de la France. (Photo, AFP)
Le logo de la «Collectivité européenne d'Alsace» devant le siège politique temporaire, le 2 janvier 2021, à Colmar, dans l'est de la France. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 18 juin 2023

Rigueur excessive ou bonne gestion ? Quand un département dégage 261 M d'euros d'excédent

  • Lundi en séance plénière, la CEA, qui a fusionné les Conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin en 2021, s'apprête à modifier son budget 2023 pour absorber cet excédent, qui représente l'équivalent du budget annuel du département des Hautes-Alpes
  • Cette manne inédite, particulièrement en période d'inflation et d'explosion des coûts énergétiques, va lui permettre de réduire son endettement pour la troisième année consécutive et de ne pas avoir recours au crédit en 2023

STRASBOURG: La Collectivité européenne d'Alsace (CEA) a clôturé l'exercice 2022 avec un excédent budgétaire de 261,9 millions d'euros, qui suscite des critiques mais témoigne surtout de la prudence des départements face au manque de maîtrise de leurs ressources financières.

Lundi en séance plénière, la CEA, qui a fusionné les Conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin en 2021, s'apprête à modifier son budget 2023 pour absorber cet excédent, qui représente l'équivalent du budget annuel du département des Hautes-Alpes.

Cette manne inédite, particulièrement en période d'inflation et d'explosion des coûts énergétiques, va lui permettre de réduire son endettement pour la troisième année consécutive et de ne pas avoir recours au crédit en 2023.

La somme représente plus de 12% des recettes enregistrées par la CEA en 2022 (1,97 milliard d'euros). Une part conséquente, d'autant que les collectivités ont l'obligation de présenter en début d'année des budgets à l'équilibre, avec des prévisions de dépenses équivalentes aux recettes.

Cet argent disponible irrite l'opposition, qui estime que le département, en charge des politiques sociales (exclusion, pauvreté, personnes âgées, enfance, handicap), aurait dû l'utiliser pour renforcer l'accompagnement des plus fragiles.

"On a 15 000 personnes sans ressources en Alsace, pour lesquelles le département ne déploie pas d'action particulière, notamment contre le non-recours au RSA", déplore Florian Kobryn, président du groupe Alsace écologiste, citoyenne et solidaire au Conseil départemental.

"Sur la protection de l'enfance, les solidarités, énormément de travail pourrait être plus approfondi", assure-t-il, évoquant environ 360 enfants ayant fait l'objet d'une décision judiciaire de placement, mais ne disposant pas d'une structure d'accueil faute de place.

«Plutôt fourmi que cigale»

Face à cette manne et considérant l'inflation, les syndicats réclament eux des hausses de salaires pour les 6 000 agents de la CEA.

"On avait demandé une compensation pour les oubliés du Ségur, par exemple les secrétaires médico-sociales, ça a été refusé", regrette Nathalie Reynard, déléguée CFDT. "Il y a quand même une prime exceptionnelle de 200 euros pour tous les agents", insuffisant selon elle.

"Plutôt fourmi que cigale", Frédéric Bierry, président (LR) du Conseil départemental, insiste sur l'importance d'être "prudent" alors qu'il anticipe une hausse prochaine des dépenses sociales et une baisse des recettes.

"On a de plus en plus de personnes en situation de vieillissement, en protection de l'enfance ou de mineurs non accompagnés, et on sait que ça ne va pas s'arrêter", explique-t-il.

Parallèlement, avec le ralentissement du marché immobilier, le département s'attend à "une baisse de 20 à 30% des droits de mutations", ces taxes payées chez le notaire lors d'une transaction, ressource importante pour la collectivité.

"Du coup, nos marges de manoeuvre vont diminuer", poursuit-il. Dans ce contexte, "notre excédent, c'est une réserve, c'est la garantie de mener à bien les projets, les investissements prévus sur le mandat".

«Absence de maîtrise» 

Pour Robert Hertzog, président honoraire de la Société Française de Finances Publiques, cette situation révèle surtout les "défauts du système" de financement des départements.

Depuis les réformes ayant supprimé les impôts locaux dont les départements avaient la maîtrise (taxe professionnelle, taxe d'habitation...), leurs ressources sont principalement constituées de dotations attribuées par l'Etat, sur lesquelles ils n'ont aucun contrôle.

Or, "les départements assurent des dépenses sociales qu'ils maîtrisent peu : elles dépendent par exemple du nombre de personnes qui réclament le RSA, selon la conjoncture", explique Robert Hertzog. "Ils ont donc besoin de pouvoir ajuster leurs ressources en fonction des circonstances, mais ils n'ont pas cette maîtrise. Alors ils constituent des matelas de réserve, au cas où".

Si peu de départements choisissent d'avoir un matelas aussi épais que la CEA, "la plupart agissent de la même manière et ont des réserves de trésorerie importantes, parce qu'ils n'ont pas de visibilité sur l'avenir". A l'échelle nationale, entre 8 et 10 milliards de réserves attendent ainsi d'être utilisées.

Dans un rapport de novembre 2022, la Cour des comptes évoquait le "sentiment de perte de marge de manœuvre par les élus locaux en raison de la part croissante de la fiscalité nationale (les dotations de l'Etat, ndlr) au sein des ressources propres".

Réclamant un "véritable dialogue qui mette en rapport les dépenses obligatoires avec les recettes", l'Assemblée des départements de France va boycotter les Assises des finances publiques qui s'ouvrent lundi à Bercy.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com