Objectif neutralité carbone ? Gare au trompe-l'oeil

Les émissions de fumée d’une usine de charbon allemande (Photo, Ina FASSBENDER/AFP).
Les émissions de fumée d’une usine de charbon allemande (Photo, Ina FASSBENDER/AFP).
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Publié le Mercredi 09 décembre 2020

Objectif neutralité carbone ? Gare au trompe-l'oeil

  • Plus de 110 pays -- responsables de 65% des émissions mondiales de CO2 -- se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, selon les Nations Unies
  • La Chine, responsable d'un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre, s'est fixée comme date limite 2060

PARIS: Face à l'urgence climatiques, des Etats, villes, entreprises s'engagent dans la voie de la neutralité carbone. Mais toutes ces promesses ne se valent pas, avertissent les experts.

Plus de 110 pays -- responsables de 65% des émissions mondiales de CO2 -- se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, selon les Nations Unies. Parmi eux, des émetteurs importants comme le Royaume-Uni,le Japon ou la Corée du Sud.

L'Union européenne et le président élu américain Joe Biden veulent suivre la même voie. La Chine, responsable d'un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre, s'est fixée comme date limite 2060.

« Chaque pays, ville, institution financière et entreprise devrait adopter des plans pour passer à zéro émission nette d'ici 2050 », a exhorté récemment le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

Mais de quoi parle-t-on exactement ? 

La neutralité carbone consiste pour un pays à ne pas émettre plus de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, qu'il ne peut en absorber via par exemple des plantations d'arbres ou des technologies de capture de CO2 directement dans l'atmosphère.

Attention aux détails

Permettra-t-elle de limiter le réchauffement climatique bien en-dessous de 2°C, voire 1,5°C, comme prévu par l'accord de Paris, quand le thermomètre a déjà grimpé de 1,2°C par rapport à la période pré-industrielle et que les catastrophes se multiplient ?

« Le diable est dans les détails », avertit Kelly Levin, du World Resources Institute, qui explique qu'au moins quatre facteurs doivent être pris en compte pour s'assurer du sérieux de ces engagements.

Le premier est de savoir s'ils concernent les émissions de tous les gaz à effet de serre, ou uniquement le CO2. Ce dernier est responsable pour plus des trois-quarts du réchauffement, mais les concentrations en méthane - essentiellement issus de fuites de gaz et de l'élevage - augmentent.

La Nouvelle-Zélande, par exemple, a fait le choix de ne retenir que le CO2 dans son ambition de neutralité carbone en 2050, quand un tiers de ses émissions de méthane provient du bétail.

Les points d'étape sont aussi à surveiller. « S'engager à réduire les émissions d'ici 2050 n'équivaut pas forcément à agir dès à présent comme il le faudrait pour contenir le réchauffement à 1,5°C », relève Teresa Anderson, d'ActionAid International.

Le Royaume-Uni, qui animera un sommet virtuel sur le climat le 12 décembre, s'est ainsi engagé à réduire ses émissions de 68% d'ici 2030 (par rapport aux années 1990), ce que peu de pays ont fait jusqu'à présent.

Les scientifiques sont pourtant unanimes sur le besoin de réduire drastiquement et à court terme les émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine.

Pour les experts climat de l'ONU, le GIEC, cette baisse doit atteindre 45% d'ici 2030 et 100% d'ici 2050 pour que le thermomètre ne grimpe pas à plus de 1,5°C.

Puits de carbone

Troisième facteur à prendre en compte : le rôle joué par les puits de carbone naturels, comme les océans, les sols et les forêts, ou artificiels. 

L'idée la plus en vogue chez les entreprises - comme des groupes pétroliers, des compagnies aériennes ou très récemment le géant suisse de l'alimentation Nestlé - est de planter des milliards d'arbres.

La méthode a ses limites, car elle nécessite des surfaces gigantesques qui ne pourraient plus être utilisées pour l'agriculture. 

Une autre approche, stocker sous terre le CO2 émis par des biocarburants, se heurte aux mêmes limites, sans compter le risque « d'utiliser des terres pour la compensation carbone dans les pays du Sud » au détriment des populations locales, avertit Jesse Bragg, de l'ONG Corporate Accountability.

Quant aux technologies de capture et de séquestration de CO2, elles sont balbutiantes.

« Il y a beaucoup d'incertitudes » autour de ces puits de carbone, naturels et artificiels, résume Kelly Levin. Ce qui n'empêche pas les géants pétroliers Shell et BP de faire reposer leurs promesses d'atteindre la neutralité carbone sur ces méthodes contestées.

Il faut au contraire « réduire au maximum les émissions à la source », indique Duncan McLaren, professeur au Lancaster University's Environment Centre.

Quatrième limite : de nombreux plans nationaux visant la neutralité carbone excluent les secteurs aériens et du transport maritime, qui, s'ils étaient des Etats, feraient partie des dix plus gros pollueurs mondiaux.

« Il n'existe pas de directives ni d'ensemble de principes reconnu pour ces plans, qui sont par conséquent pleins de lacunes », critique Jesse Bragg. Ceci pourrait être amélioré en comptabilisant la réduction du CO2 séparément des autres gaz à effet de serre.

Quand bien même tous les engagements de neutralité carbone seraient tenus, un défi de taille persiste.

« Si chacun atteint la neutralité carbone, cela ne fera que stabiliser le niveau de gaz à effet de serre dans l'atmosphère », avertit Duncan McLaren, sans certitude que le réchauffement climatique soit limité sous les 2°C et que ses impacts soient atténués.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.