Nouvel engrenage de violence en Cisjordanie: treize morts en deux jours

Des jeunes Palestiniens brûlent des pneus lors d'une manifestation près de la barrière frontalière avec Israël à l'est de la ville de Gaza le 19 juin 2023 à la suite d'un raid israélien en Cisjordanie. (AFP)
Des jeunes Palestiniens brûlent des pneus lors d'une manifestation près de la barrière frontalière avec Israël à l'est de la ville de Gaza le 19 juin 2023 à la suite d'un raid israélien en Cisjordanie. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 21 juin 2023

Nouvel engrenage de violence en Cisjordanie: treize morts en deux jours

  • L'attaque a eu lieu près d'une station essence à proximité de la colonie israélienne d'Eli
  • Parmi les morts tombés sous les balles de ces assaillants figurent deux habitants d'Eli et un jeune homme habitant dans le centre d'Israël

AL-LUBBAN ASH-SHARQIYA: Une attaque anti-israélienne menée par deux tireurs a fait quatre morts mardi après-midi en Cisjordanie, où treize personnes au total ont été tuées en deux jours de violences.

L'attaque a eu lieu près d'une station essence à proximité de la colonie israélienne d'Eli, entre Ramallah et Naplouse, dans le nord de ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Les deux assaillants ont été tués après avoir abattu deux habitants d'Eli ainsi qu'un jeune homme habitant dans le centre d'Israël. L'identité du quatrième mort n'est pas encore connue.

La veille un Palestinien membre du Jihad islamique avait été tué par des tirs de soldats israéliens près de Bethléem, dans le sud de la Cisjordanie, après un raid militaire israélien dans le camp de réfugiés de Jénine (nord) au cours duquel six Palestiniens, dont un combattant du Jihad islamique avaient été tués.

A Huwara, près de Naplouse, une centaine de colons juifs ont attaqué mardi soir les habitants et mis le feu à des terrains agricoles, selon le maire de cette ville palestinienne et un habitant joints par l'AFP au téléphone, semblant répéter ainsi le scénario d'une expédition punitive menée en février après une attaque palestinienne qui avait coûté la vie à deux Israéliens dans la zone.

Sur place, un journaliste de l'AFP a vu des oliveraies en feu. Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées, selon le Croissant-Rouge palestinien.

D'autres attaques de colons ont été signalées dans la soirée, à Al-Lubban al-Sharqiya, près d'Eli, et à Beit Furik, autre localité du nord de la Cisjordanie.

Selon l'armée israélienne l'un des deux auteurs de l'attaque près d'Eli a été "neutralisé" par un civil armé sur les lieux de l'attaque, où un photographe de l'AFP a vu son cadavre.

Selon les forces de sécurité israéliennes, le deuxième assaillant, en fuite, a lui aussi été "neutralisé" près de Toubas, où le ministère de la Santé palestinien a fait état de la mort d'un Palestinien tué par "des balles de l'occupation" (Israël, NDLR).

«Opération héroïque»

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié l'attaque de "choquante et répugnante". "Nous continuerons à combattre le terrorisme de toute notre force et nous le vaincrons", a-t-il ajouté.

"Rien ne peut justifier de telles attaques terroristes", a déclaré la diplomatie allemande dans un communiqué condamnant "fermement l'attentat".

Selon le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge, les deux tireurs ont blessé quatre personnes, dont une était dans un état grave.

Ce nouveau drame intervient au lendemain de violents affrontements au cours d'un raid de l'armée israélienne ayant coûté la vie à six Palestiniens à Jénine, où les soldats se sont heurtés à une forte résistance locale.

L'opération a duré plus de dix heures, au cours desquelles un hélicoptère d'attaque israélien a tiré des missiles, ce qui n'était pas arrivé depuis des années à Jénine, selon l'armée afin de permettre à ses troupes de se dégager.

L'attaque près d'Eli est "la réponse aux crimes de l'occupation, dans le camp de réfugiés de Jénine hier", a assuré Hazem Qassem, le porte-parole du mouvement islamiste palestinien Hamas, contrôlant la bande de Gaza.

Tareq Selmi, porte-parole du Jihad islamique y a vu "l'opération héroïque d'un commando s'inscrivant dans un contexte de droit légitime à l'auto-défense".

«Notre terre»

Des responsables d'Eli ont identifié deux des morts de l'attaque comme Elisha Antman et Ofer Fayerman, habitants de la colonie. Le troisième mort a été identifié comme Harel Masood, 21 ans, habitant du centre d'Israël, selon un responsable local.

"C'est notre terre, c'est ici que nous vivons et nous allons être forts", a déclaré à l'AFP Eliana Passentin, qui vit à Eli. "Nous devrions pouvoir vivre notre vie tous les jours sans avoir peur".

Les incursions israéliennes dans le nord de la Cisjordanie, bastion de groupes armés palestiniens, dégénèrent souvent en affrontements meurtriers.

Depuis le début de l'année, au moins 166 Palestiniens, 21 Israéliens, un Ukrainien et un Italien ont été tués dans des violences liées au conflit israélo-palestinien, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes avant l'attaque d'Eli.

Ces statistiques incluent, côté palestinien, des combattants et des civils parmi lesquels des mineurs, et, côté israélien, en majorité des civils dont des mineurs, et trois membres de la minorité arabe.

Hors Jérusalem-Est occupée et annexée, près de trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie. Environ 490.000 Israéliens y habitent aussi dans des colonies considérées par l'ONU comme illégales au regard du droit international.


Oman et le Liban appellent à un retrait total d’Israël et exhortent à la fin des attaques

Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
Short Url
  • Joseph Aoun et le sultan Haitham ben Tariq lancent un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais
  • Réaffirmation de la position arabe unifiée en faveur de la fin de l’occupation israélienne et de l’établissement d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967

​​​​​​BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun et son homologue omanais, le sultan Haitham ben Tariq, ont lancé mercredi un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais et un retrait total de toutes les terres arabes occupées, avertissant que la poursuite des violations constitue une menace directe pour la stabilité régionale.

La déclaration a été faite lors d’un sommet de haut niveau à Mascate, où les deux dirigeants ont exprimé leur « profonde préoccupation face à l’agression israélienne en cours » et qualifié l’occupation de « violation flagrante » de la Résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que d’autres résolutions internationales.

Les deux parties ont également exprimé leur soutien aux efforts internationaux visant à apaiser les tensions, stabiliser la situation sur le terrain, faciliter le retour des personnes déplacées et faire progresser la reconstruction post-conflit.

Aoun conduisait une délégation ministérielle libanaise à Oman, comprenant les ministres des affaires étrangères, de l’intérieur, de la défense, de la santé et de l’agriculture, pour des discussions avec des responsables omanais.

La déclaration commune a mis l'accent sur le renforcement des relations bilatérales et l'élargissement de la coopération dans des secteurs clés tels que la politique, l'économie, l'investissement, le secteur bancaire, le tourisme, les transports et la logistique.

Les deux parties ont appelé à engager rapidement les préparatifs pour tenir la première session du Comité mixte omano-libanais, coprésidé par les ministres des affaires étrangères à Mascate, et à poursuivre de nouveaux accords et mémorandums d’entente destinés à renforcer la collaboration dans le commerce, la culture et la science. La déclaration a également souligné la nécessité de dynamiser la participation du secteur privé dans les opportunités de développement partagé.

La partie omanaise a réaffirmé son plein soutien à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban, ainsi qu’au renforcement des institutions étatiques libanaises, en particulier l’armée et les forces de sécurité légitimes, et à l’appui apporté au pays dans ses réformes économiques, financières et administratives.

Les deux parties ont réaffirmé la position arabe unifiée appelant à mettre fin à l’occupation israélienne et à établir un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Elles ont également souligné l’importance de renforcer la solidarité arabe, de respecter la souveraineté des États et de promouvoir les principes de bon voisinage et de droit international.

La visite officielle d’Aoun à Oman s’inscrivait dans le rôle établi de Mascate en tant que médiateur régional et international. Lors de ses rencontres, Aoun a salué le statut diplomatique et l’approche du Sultanat, la qualifiant de « sage et responsable ».

Il a salué la politique étrangère d’Oman, fondée sur le dialogue, la médiation, l’équilibre et le bon voisinage, estimant qu’elle avait conféré au Sultanat « un statut distingué et un rôle pivot dans la promotion de la stabilité et la résolution des conflits par des moyens pacifiques ».

Aoun a déclaré qu’au Liban, « nous tenons cette approche sage en haute estime et accordons une grande valeur au soutien constant du Sultanat envers le Liban dans divers forums internationaux, ainsi qu’à son appui face aux défis qui se dressent devant nous ».

Pour sa part, le sultan Haitham ben Tariq a réaffirmé l’engagement continu d’Oman envers la stabilité du Liban et son suivi attentif des développements récents dans le pays.

Il a souligné la profondeur des relations entre les deux pays et l’importance de renforcer la coopération et la coordination bilatérales. Le sultan a également salué les contributions positives de la communauté libanaise à Oman.

En marge de la visite, le ministre libanais de l’intérieur Ahmed Al-Hajjar a tenu une réunion avec son homologue omanais, Hamoud ben Faisal Al-Busaidi, au palais Al-Alam à Mascate. Ils ont souligné le renforcement de la coopération conjointe, en particulier dans les domaines de la sécurité et du maintien de l’ordre.

Selon une déclaration conjointe, les discussions ont également porté sur les efforts du Liban pour consolider la sécurité interne et maintenir la stabilité.

Ont participé aux discussions élargies, côté omanais : Al-Busaidi ; Shihab ben Tariq Al-Saïd, vice-premier ministre chargé des affaires de défense ; Badr ben Hamad Al-Busaidi, ministre des affaires étrangères ; Hamad ben Saïd Al-Aufi, chef du cabinet privé ; Mahad ben Saïd Ba’owain, ministre du travail et chef de la mission d’honneur ; Saoud ben Hamoud Al-Habsi, ministre de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydriques ; et Hilal ben Ali Al-Sabti, ministre de la santé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Short Url
  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.


L'Arabie saoudite et l'Iran réaffirment leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin

Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Short Url
  • Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a participé mardi à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint

RIYAD : L’Arabie saoudite et l’Iran ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin lors d’une réunion tenue mardi à Téhéran.

Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a assisté à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint entre l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine.

Les parties saoudienne et iranienne « ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin dans son intégralité, ainsi que leur volonté de renforcer les relations de bon voisinage entre leurs pays, dans le respect de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Organisation de la coopération islamique et du droit international », a indiqué l’Agence de presse saoudienne dans un communiqué.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont également salué le rôle positif continu joué par la Chine ainsi que son soutien constant à la mise en œuvre de l’Accord de Pékin.

De son côté, la Chine a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre son soutien et à encourager les démarches entreprises par le Royaume et l’Iran pour développer leurs relations dans divers domaines.

Les trois pays ont salué les progrès continus dans les relations saoudo-iraniennes et les perspectives qu’ils offrent à tous les niveaux, a ajouté la SPA.

Les trois pays ont également appelé à une cessation immédiate des agressions israéliennes en Palestine, au Liban et en Syrie.

Ils ont en outre condamné tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com