En Afghanistan, les théières exhalent les saveurs du mouton

Cette photo prise le 14 juin 2023 montre le chef afghan et propriétaire de restaurant Waheed (à gauche) et Hamid Khan en train de préparer le ragoût traditionnel d'agneau Chainaki, cuit dans des théières, à l'intérieur d'un restaurant à Koch-e Kafuroshi à Kaboul." (Photo, AFP)
Cette photo prise le 14 juin 2023 montre le chef afghan et propriétaire de restaurant Waheed (à gauche) et Hamid Khan en train de préparer le ragoût traditionnel d'agneau Chainaki, cuit dans des théières, à l'intérieur d'un restaurant à Koch-e Kafuroshi à Kaboul." (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mardi 20 juin 2023

En Afghanistan, les théières exhalent les saveurs du mouton

  • Waheed est le seul dans sa famille à connaître les ingrédients qui ont fait la renommée de son plat, goûté par des stars de la télévision afghane, des politiciens, et quelques touristes étranger
  • Il pourrait bien être le dernier de la famille à perpétuer la tradition. Sur ses dix enfants, aucun n'est pressenti pour continuer

KABOUL: A l'arrière de son restaurant de Kaboul, Waheed, un des derniers cuisiniers à maîtriser la recette du "chainaki", répartit les morceaux de viande et de graisse de mouton parmi les quelque 200 théières dépareillées dans lesquelles ils mijoteront plusieurs heures.

Dès l'aube, le cuisinier se concentre, penché au-dessus de son four en terre sur lequel sont alignées les théières ébréchées. Il vérifie que chacune d'elles a reçu la bonne proportion de viande et de gras qui peut varier suivant les goûts.

''
Cette photo prise le 14 juin 2023 montre le cuisinier Kumail remplissant des théières d'ingrédients pour préparer le plat traditionnel d'agneau Chainaki à l'intérieur d'un restaurant à Koch-e Kafuroshi à Kaboul. (AFP). 

"Je n'ai pas ajouté d'huile végétale. Il n'y a que de la viande et de la graisse d'agneau", précise, les yeux brillants, Waheed, 45 ans, qui grâce à la multitude de contenants peut individualiser la recette.

Rassuré, le restaurateur peut jeter le sel dans les théières et ajouter des lentilles avant de baigner le tout d'un jus couleur tomate. Le feu peut désormais crépiter en-dessous. Les récipients aux bec et poignée cassés se mettent doucement en ébullition, après avoir été recouverts d'un drap.

"La recette est la même depuis plus de 60 ans, c'est mon père qui me l'a transmise. Lui-même la tenait de son père. Je n'ai strictement rien changé", explique Waheed, qui ne souhaite pas donner son nom de famille.

Rapidement, la chaleur envahit la modeste pièce à l'équipement spartiate et laisse échapper les premiers fumets de mouton, qui se mélangent à l'odeur des braises.

Après cinq heures de cuisson, surveillée de près, et l'ajout d'épices, le verdict sonne enfin: les clients, assis en tailleur autour du plat ou sur une chaise devant une table, peuvent enfin se délecter, après avoir déboursé 200 afghanis (2,15 euros).

 Un plat renommé 

"C'est tellement délicieux et savoureux", commente Ghulam Usman Tarin, qui a eu vent de l'adresse par le bouche à oreille.

''
Cette photo prise le 14 juin 2023 montre un client mangeant le plat traditionnel d'agneau Chainaki, cuit dans des théières, dans un restaurant de Koch-e Kafuroshi à Kaboul. (AFP). 

Depuis 15 ans qu'il fréquente le lieu, Zabihullah ne tarit pas d'éloges sur le ragoût d'agneau qui tire son nom de "chainak", signifiant théière dans plusieurs langues afghanes : "Quand j'en mange, je me sens énergique jusqu'au soir". "La viande provient de notre pays (...) et c'est très léger pour nous", s'enthousiasme l'homme, qui n’hésite pas à venir deux à trois fois par semaine.

Waheed est le seul dans sa famille à connaître les ingrédients qui ont fait la renommée de son plat, goûté par des stars de la télévision afghane, des politiciens, et quelques touristes étrangers de passage dans la capitale afghane.

Dès ses 13 ans, le restaurateur, qui a arrêté l'école après la primaire, a traîné dans les cuisines des restaurants de son père, où lui ont été livrés les secrets de cette recette qu'il garde jalousement, et dont il s'inquiète, grogne-t-il auprès de l'AFP, qu'elle ne soit révélée à ses concurrents en raison de sa médiatisation.

A la mort de son père, il a repris définitivement la relève alors qu'il avait 25 ans. Mais il pourrait bien être le dernier de la famille à perpétuer la tradition. Sur ses dix enfants, aucun n'est pressenti pour continuer.

"Ils étudient à l'école. Ils n'ont pas la patience de faire ce travail", commente le quadragénaire à la mince corpulence.

A peine le temps de manger un "chainaki" dont il se nourrit chaque jour, Waheed doit se remettre à l'ouvrage et découper en morceaux les kilos de viande qui cuiront dès le lendemain dans les théières.

"Je continuerai tant que j'aurai la force de le faire, car c'est un souvenir de mon père (...) Son chainaki était meilleur que le mien. Aucun élève ne peut remplacer son professeur. De même, nous ne pouvons pas remplacer notre père", lui rend hommage Waheed.


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
Short Url
  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
Short Url
  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Short Url
  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.