Israël détruit le domicile d'un Palestinien sur fond de violences en Cisjordanie

Des gens inspectent la maison démolie à Naplouse en Cisjordanie occupée le 22 juin 2023, après que les forces israéliennes ont fait sauter l'intérieur d'une maison appartenant à un Palestinien emprisonné en Israël. (Photo Jaafar ASHTIYEH / AFP)
Des gens inspectent la maison démolie à Naplouse en Cisjordanie occupée le 22 juin 2023, après que les forces israéliennes ont fait sauter l'intérieur d'une maison appartenant à un Palestinien emprisonné en Israël. (Photo Jaafar ASHTIYEH / AFP)
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Publié le Jeudi 22 juin 2023

Israël détruit le domicile d'un Palestinien sur fond de violences en Cisjordanie

  • Une vingtaine de personnes ont été tuées depuis le début de la semaine en Cisjordanie, lors d'incursions militaires israéliennes ou d'attaques d'assaillants palestiniens ou de colons israéliens
  • Entrés pendant la nuit à Naplouse, une grande ville palestinienne du nord de la Cisjordanie, des soldats israéliens en sont sortis à l'aube après avoir détruit l'appartement de Kamal Jouri, situé dans un immeuble d'habitation

NAPLOUSE: Israël a détruit jeudi le domicile d'un Palestinien accusé d'avoir tué un soldat en octobre 2022, dans le nord de la Cisjordanie occupée, théâtre d'un nouvel accès de violence ces derniers jours.

Une vingtaine de personnes ont été tuées depuis le début de la semaine en Cisjordanie, lors d'incursions militaires israéliennes ou d'attaques d'assaillants palestiniens ou de colons israéliens, portant à plus de 200 le nombre de morts liés au conflit israélo-palestinien depuis le début de l'année.

Entrés pendant la nuit à Naplouse, une grande ville palestinienne du nord de la Cisjordanie, des soldats israéliens en sont sortis à l'aube après avoir détruit l'appartement de Kamal Jouri, situé dans un immeuble d'habitation, ont indiqué des témoins à l'AFP.

Kamal Jouri est accusé par Israël d'avoir perpétré une attaque en octobre 2022 ayant causé la mort d'un soldat, Ido Baroukh. Il est détenu par Israël tout comme Oussama Tawil, également accusé d'avoir participé à l'attaque et dont le domicile a été détruit le 15 juin, a rappelé l'armée israélienne dans un communiqué.

Confirmant la démolition en zone autonome palestinienne, l'armée a indiqué que lors de son opération, "des émeutiers ont ouvert le feu sur les soldats, causant des dégâts à un véhicule militaire".

La politique israélienne consistant à raser les maisons de Palestiniens auteurs d'attaques anti- israéliennes meurtrières, ou à rendre leurs logements inhabitables, est décriée par des organisations de défense des droits humains pour qui elle s'apparente à un châtiment collectif.

Le gouvernement israélien affirme au contraire qu'elle a un effet dissuasif.

Frappe de drone

Bastion de groupes armés palestiniens où les opérations militaires israéliennes sont fréquentes, tout comme les attaques anti-israéliennes ou celles de colons juifs contre des localités palestiniennes, le nord de la Cisjordanie est de nouveau l'épicentre de violences meurtrières ces derniers jours.

Lundi, un raid militaire israélien dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine a fait sept morts, dont un combattant de l'organisation armée Jihad islamique et deux jeunes de 15 ans. L'armée, qui a tiré des missiles depuis un hélicoptère, selon elle pour permettre à ses troupes de se dégager, s'est heurtée sur place à une forte résistance locale.

Mardi, quatre Israéliens ont péri dans une attaque palestinienne près de la colonie d'Eli. Les deux assaillants ont été abattus.

Et mercredi, des Israéliens, dont certains étaient armés, ont déferlé dans la localité palestinienne de Turmusayya, entre Ramallah et Naplouse, incendiant des maisons et des véhicules, ont rapporté des témoins et l'armée israélienne.

Un Palestinien a été tué durant l'attaque ou dans la confusion qui a suivi, lors de heurts avec la police israélienne. Sur place, des journalistes ont vu des maisons incendiées et des blessés évacués par ambulance.

Enfin, trois Palestiniens, originaires du camp de réfugiés de Jénine et présentés par l'armée comme membres d'une "cellule terroriste", ont été tués mercredi soir dans une frappe de drone.

La dernière frappe de drone israélien en Cisjordanie avait été menée en août 2006, selon une source au sein des services de renseignement palestiniens.

Depuis le début de l'année, au moins 174 Palestiniens, 25 Israéliens, un Ukrainien et un Italien ont été tués dans des violences liées au conflit israélo-palestinien, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.

Ces statistiques incluent, côté palestinien, des combattants et des civils parmi lesquels des mineurs, et côté israélien, en majorité des civils parmi lesquels des mineurs, et trois membres de la minorité arabe.

Hors Jérusalem-Est occupée et annexée, près de trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Environ 490.000 Israéliens y habitent aussi dans des colonies considérées par l'ONU comme illégales au regard du droit international.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.


Trump avertit Israël de ne pas «interférer» avec la Syrie

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
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  • Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump
  • "Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère"

WASHINGTON: Donald Trump a mis en garde Israël lundi contre toute ingérence en Syrie qui risquerait de compromettre la transition du pays arabe en "Etat prospère", après une incursion vendredi de forces israéliennes dans le sud de la Syrie.

Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump.

"Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère", a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social, affirmant que les Etats-Unis étaient "très satisfaits des résultats affichés" par Damas.

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste.

Depuis la chute il y a près d'un an du président Bachar al-Assad, renversé par une coalition islamiste, Israël a mené des centaines de frappes et conduit des incursions en Syrie. L'opération de vendredi est la plus meurtrière de celles-ci et le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé un "crime de guerre".

Donald Trump avait reçu début novembre à la Maison Blanche le nouveau chef d'Etat syrien, Ahmad al-Chareh, pour une visite cordiale, au cours de laquelle l'ancien jihadiste avait annoncé que son pays rejoindrait la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI). Le président américain, qui a levé les sanctions contre Damas, pousse également pour qu'un accord de sécurité soit conclu entre Israël et la Syrie.

"Le nouveau président de la Syrie, Ahmad al-Chareh, travaille de manière assidue pour s'assurer que des bonnes choses arrivent et que la Syrie et Israël aient à l'avenir une relation longue et prospère ensemble", a déclaré lundi Donald Trump dans son post sur Truth Social.

"C'est une opportunité historique, et elle s'ajoute au SUCCÈS, déjà atteint, pour la PAIX AU MOYEN-ORIENT", a-t-il affirmé.

Invitation 

Lors de leur échange par téléphone lundi, Benjamin Netanyahu et Donald Trump ont évoqué un "élargissement" des accords de paix régionaux, selon un communiqué des services du Premier ministre israélien publié dans la foulée du post de Donald Trump.

"Trump a invité le Premier ministre Netanyahu à une rencontre à la Maison Blanche dans un avenir proche", ont-ils ajouté.

Benjamin Netanyahu a déjà effectué davantage de visites auprès de Donald Trump que n'importe quel autre dirigeant étranger depuis le retour du républicain au pouvoir.

"Les deux dirigeants ont souligné l'importance et le devoir de désarmer le Hamas et de démilitariser la bande de Gaza", précise le communiqué.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël a déployé des troupes dans la zone démilitarisée sur le plateau du Golan, au-delà de la ligne de démarcation entre la partie de ce territoire syrien annexée unilatéralement par Israël en 1981 et le reste de la Syrie.

Israël attache une "importance immense" à sa présence militaire dans la zone tampon en Syrie, avait déclaré le 19 novembre son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lors d'une visite à des soldats israéliens déployés dans cette zone censée être sous le contrôle de l'ONU.

Cette visite avait été dénoncée par Damas et par l'ONU.

Pendant l'été, des contacts de haut niveau entre responsables israéliens et syriens ont eu lieu, avec l'aide de Paris et Washington, les deux parties indiquant vouloir parvenir à un accord de sécurité.

Mais Benjamin Netanyahu exige pour cela une démilitarisation de toute la partie du territoire syrien courant du sud de Damas jusqu'à la ligne de démarcation de 1974, instituée après la guerre israélo-arabe de 1973.