La couverture médiatique du Titanic et la tragédie des bateaux de migrants révèle de profonds préjugés

Les garde-côtes grecs le 14 juin 2023, montre des dizaines de personnes sur un bateau de pêche endommagé qui a ensuite chaviré et coulé au large du sud de la Grèce. (Garde-côtes grecs via l’AP / Archives)
Les garde-côtes grecs le 14 juin 2023, montre des dizaines de personnes sur un bateau de pêche endommagé qui a ensuite chaviré et coulé au large du sud de la Grèce. (Garde-côtes grecs via l’AP / Archives)
Quatre navires recherchent le submersible Titan disparu le 22 juin 2023 dans l'océan Atlantique (Photo,AP).
Quatre navires recherchent le submersible Titan disparu le 22 juin 2023 dans l'océan Atlantique (Photo,AP).
Short Url
Publié le Dimanche 25 juin 2023

La couverture médiatique du Titanic et la tragédie des bateaux de migrants révèle de profonds préjugés

  • Les commentaires de l'ancien président des États-Unis Obama déplorant l'indifférence des médias face à la gravité des deux tragédies font réagir
  • La même politique de deux poids deux mesures a été observée lorsque près de 500 migrants africains ont perdu la vie dans un incendie imputé aux Houthis, au Yémen

LONDRES: Pendant une bonne partie de la semaine dernière, les médias internationaux ont fait face à une couverture permanente d'un incident dont la place dans les annales de l'histoire est loin d'être assurée. Tant que le sort des cinq personnes qui se trouvaient à l'intérieur du Titan, un submersible qui se dirigeait vers le site du naufrage du Titanic, est resté inconnu, les grands médias n'ont pas lésiné sur les moyens pour faire parler les experts médiatiques sur le sujet.

Il n'est pas nécessaire d'être un ancien homme d'État américain pour souligner le contraste scandaleux entre l'intense couverture médiatique du voyage funeste du Titan et l'attention presque superficielle accordée à la mort de centaines de personnes au large des côtes grecques, quelques jours plus tôt. C'est pourtant ce qu'a fait Barack Obama lors d'un forum public à Athènes jeudi dernier. Ses commentaires ont non seulement touché une corde sensible dans l'auditoire, mais ils ont également permis d'exprimer les frustrations refoulées des consommateurs d'informations du monde entier.

«Il s'agit d'une tragédie potentielle qui se déroule à bord d'un sous-marin et qui est couverte minute par minute dans le monde entier. C'est compréhensible car, bien entendu, nous voulons tous et nous prions pour que ces personnes soient sauvées», a déclaré l'ancien président des États-Unis dans la capitale grecque, où il participait à une conférence sur les initiatives en matière de santé mentale des enfants et des adolescents.

«Mais le fait que cette question ait reçu beaucoup plus d'attention que celle des 700 personnes qui ont coulé, est une situation intenable.» 

La catastrophe à laquelle il faisait référence — décrite comme «l'une des pires histoire récente» — s'est déroulée loin du regard des médias, en Méditerranée centrale, mardi. Un bateau de pêche transportant environ 750 personnes originaires de Palestine, de Syrie, d'Égypte et du Pakistan a chaviré dans les eaux internationales au large de Pylos, dans le sud de la Grèce. Selon le Bureau des droits de l'homme des Nations unies, 78 personnes ont trouvé la mort et au moins 500 autres sont portées disparues.

ds
Des survivants d'un naufrage dorment dans un entrepôt du port de Kalamata, à environ 240 kilomètres au sud-ouest d'Athènes, le 14 juin 2023 (Photo, AP/Archives).

La conversation médiatique sur la tragédie a cependant été rapidement noyée par le bruit des experts techniques et des explorateurs océaniques analysant en direct les efforts de recherche et de sauvetage de plusieurs pays occidentaux pour localiser le Titan, qui transportait de riches passionnés de marine pour une visite de l'épave du Titanic au large de la côte de Terre-Neuve au Canada, avant qu'il ne disparaisse dimanche.

«Malheureusement, la seule raison pour laquelle les gens parlent du manque relatif d'attention au nombre stupéfiant de migrants et de réfugiés qui meurent tout le temps au cours de voyages dangereux est le moment choisi», a déclaré à Arab News Judith Sunderland, directrice associée pour l'Europe et l'Asie centrale à Human Rights Watch. «Cela s'est produit juste après l'horrible naufrage au large des côtes grecques, l'un des pires de l’histoire récente.»

Nour Halabi, chercheuse à l'université d'Aberdeen, partage son point de vue: «Si le Titan n'avait pas disparu la même semaine que la tragédie qui a frappé le navire de migrants, l'attitude ‘blasée’ des médias occidentaux n'aurait peut-être pas été aussi évidente et nous n'aurions pas eu cette discussion.»

ds
Le navire submersible Titan a disparu la semaine dernière avec 5 riches passionnés de la mer qui visitaient l'épave du Titanic au large de la côte de Terre-Neuve, au Canada (OceanGate Expeditions via l’AP / Archives).

La «juxtaposition des deux événements» a attiré l'attention du public sur «ce contraste entre victimes «dignes» et «indignes», a déclaré à Arab News Halabi, auteure de «Radical Hospitality», qui examine la couverture médiatique de l'immigration.

Alors que les médias internationaux ont fait leurs choux gras des gros plans, des noms et des récits de vie des cinq «explorateurs», tels que décrits par l'opérateur du submersible OceanGate, le monde n'a eu droit qu'à des images floues d'une masse de migrants en détresse alors que leur bateau chavirait, dernière d'une longue série de tragédies qui ont transformé la mer Méditerranée en un véritable cimetière de personnes fuyant la pauvreté et la violence dans leur pays d'origine.

«C'est un problème récurrent que la couverture médiatique des migrants et des réfugiés ait tendance à inclure des photos de grands groupes de personnes sur lesquelles on ne peut pas distinguer les visages», a déclaré Sunderland de HRW.

«Il est donc plus difficile de percevoir leur humanité individuelle, d'imaginer leur histoire, de compatir au chagrin de leur mère», a-t-elle ajouté.

«Cela fait partie de la déshumanisation des personnes en déplacement qui contribue à l'indifférence et à l'impunité pour les violences et les abus auxquels elles sont confrontées», a-t-elle déploré.

EN CHIFFRES

Principales tragédies récentes impliquant des bateaux de migrants 

• 9 avril 2016: Un bateau de pêche transportant jusqu'à 500 Africains espérant atteindre l'Italie depuis l'est de la Libye fait naufrage, tuant environ 459 personnes.

 

• 3 juin 2016: Plus de 339 personnes perdent la vie lorsqu'un bateau transportant environ 700 migrants chavire au large de la Crète.

 

• 21 septembre 2016: Un bateau transportant environ 600 personnes chavire au large des côtes égyptiennes, tuant au moins 300 personnes.

 

• 14 janvier 2017: 176 migrants disparaissent après le naufrage d'un bateau au large des côtes libyennes.

 

• 25 juillet 2019: Un bateau transportant environ 250 personnes originaires de pays africains et arabes chavire au large des côtes libyennes.

 

• 22 septembre 2022: 122 migrants portés disparus après le naufrage d'un bateau au large des côtes syriennes.

 

• 14 juin 2023: Un chalutier transportant environ 750 personnes chavire au large des côtes grecques. Jusqu'à 500 personnes sont portées disparues et présumées mortes.

 

De même, selon Halabi, «la juxtaposition de migrants sans nom et sans visage» a rendu difficile la compassion pour le «groupe massif de personnes qui se sont noyées dans la Méditerranée».

Élaborant sur ce point, elle a ajouté: « Les médias sont guidés par les décisions prises par les dirigeants mondiaux, qui mettent l'accent sur l'importance d'un groupe par rapport à un autre.»

«Les médias sont guidés, tout d'abord, par la réponse humanitaire, et les gouvernements ici en Europe... sont à l'avant-garde de la mobilisation des ressources qui créent ce que l'on appelle un événement digne d'être signalé dans les médias.»

«Dans un cas, il n'y a pas eu de réaction, de sorte que la situation n'a pas dégénéré en événement médiatique, alors que dans un autre cas, la réaction est un signe d'importance.»

ds
Le 24 juin 2022, 37 migrants sont morts et plus de 70 sont portés disparus dans des combats avec la police alors qu'ils tentaient de franchir la frontière entre le Maroc et l'enclave espagnole de Melilla (Photo, AP Photo/Archives).

En conclusion, Halabi a indiqué: «Les images que nous avons vues cette semaine ont été traumatisantes pour de nombreux immigrés — non pas isolément, mais avec cette juxtaposition, qui «a mis en évidence le contraste entre la valeur de la vie humaine.»

Les événements de la semaine dernière n'étaient évidemment pas le premier cas où des organisations internationales de médias ont été mises en cause pour avoir appliqué une politique de deux poids deux mesures.

En mars 2021, la milice houthie du Yémen a été accusée d'avoir brûlé vifs jusqu'à 500 migrants africains à Sanaa, un massacre que les principaux médias occidentaux ont pratiquement ignoré alors qu'ils consacraient beaucoup de temps et de ressources à l'annonce d'un règlement du conseil municipal de Minneapolis aux États-Unis, le plus important règlement préalable à un procès en matière de droits civils jamais conclu en Amérique.

ds
En mars 2021, la milice houthie du Yémen a été accusée d'avoir brûlé vifs jusqu'à 500 migrants africains à Sanaa, un massacre que les principaux médias occidentaux ont pratiquement ignoré. (Photo fournie)

L'accord, conclu un an après la mort de George Floyd, un Afro-Américain, en garde à vue, a été salué comme un message fort par d'éminents médias occidentaux: les vies des Noirs comptent. Pourtant, aucune indignation morale comparable ne s'est manifestée face à l'assassinat et aux blessures d'environ 450 migrants, principalement éthiopiens, dans un centre de détention, le 7 mars 2021, dans un incendie causé par des bombes apparemment tirées par les forces houthies.

Environ un an plus tard, lorsque la guerre en Ukraine a éclaté en février 2022, les correspondants de plusieurs grands médias occidentaux ont établi des comparaisons choquantes entre les réfugiés ukrainiens et ceux du Moyen-Orient, qualifiant les premiers de «civilisés» et de «prospères», tandis que les seconds étaient décrits comme une «crise», un handicap et un fardeau pour l'économie de l'Europe.

Cette attitude problématique a été illustrée par les remarques faites à la télévision par Kelly Cobiella, journaliste de NBC News, à propos des Ukrainiens déplacés par l'invasion russe: «Pour parler franchement, ce ne sont pas des réfugiés de Syrie, ce sont des réfugiés d'Ukraine... Ils sont chrétiens, ils sont blancs, et ils nous ressemblent.»

ds
Le survivant syrien Fedi, 18 ans, à droite, l'une des centaines de personnes qui ont été sauvées de la mer Égée après le naufrage de leur bateau de pêche rempli de migrants, réagit alors qu'il retrouve son frère Mohammed, venu d'Italie pour le rejoindre, dans le port de Kalamata, en Grèce, le 16 juin 2023 (Photo, Time News via l’AP /Archives).

Comme l'ont souligné les analystes des médias, les photos des réfugiés ukrainiens utilisées par les médias occidentaux sont des portraits de dignité, montrant des enfants bien habillés portant des jouets, par opposition aux images des migrants et réfugiés du Moyen-Orient et d'Afrique: des masses humaines sans visage, échouées en mer ou blotties autour de clôtures de sécurité.

Dans un autre exemple de sectarisme pure et simple au début de la guerre en Ukraine, le journaliste de CBS Charlie D'Agata a déclaré que l'Ukraine «n'est pas un endroit, avec tout le respect que je lui dois, comme l'Irak ou l'Afghanistan, où un conflit fait rage depuis des décennies. Il s'agit d'une ville relativement civilisée, relativement européenne — je dois aussi choisir ces mots avec soin — où l'on ne s'attend pas à ce que cela se produise et où l'on n'espère pas que cela se produise.»

Ces commentaires indiquaient que, contrairement à l'Irak et à l'Afghanistan, l'Ukraine ne méritait pas d'être envahie parce que des choses comme la guerre et la souffrance étaient du ressort de pays non européens. Il n'est pas certain que le tollé provoqué par les nombreux commentaires controversés sur la crise humanitaire en Ukraine ait conduit à une introspection de la part de la direction des médias internationaux.

ds
Des migrants attendent de débarquer d'un navire des garde-côtes espagnols, dans le port d'Arguineguin, sur l'île de Grande Canarie, en Espagne, le 22 juin 2023 (Photo, REUTERS).

Selon Cameron Boyle, responsable de la communication à Manchester City of Sanctuary, la combinaison de la politique et du langage utilisés dans le cas de tragédies telles que le dernier naufrage de migrants en Méditerranée «a créé une situation où leur mort est normalisée».

Il a déclaré à Arab News: «C'est ce qui explique la disparité de la couverture médiatique de ces derniers jours. Les réfugiés sont traités comme un problème à résoudre, plutôt que comme des êtres humains cherchant à reconstruire leur vie dans un endroit sûr.»

«Ce n'est que lorsque la vague d'hostilité aura cessé que les tragédies impliquant des réfugiés recevront l'attention et l'empathie qu'elles méritent», a-t-il précisé.

Josie Naughton, PDG de l'organisation caritative britannique Choose Love, estime que la couverture médiatique contrastée de ces deux tragédies pourrait avoir des effets positifs.

«Toute l'attention portée à ce qui est arrivé au Titan et à la manière dont la tragédie aurait pu être évitée doit maintenant s'appliquer aux décès de migrants en mer», a-t-elle souligné à Arab News.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


« Retourne d'où tu viens » : la téléréalité britannique aborde le sujet sensible de l'immigration

Chloe Dobbs, commentatrice politique britannique de droite, pose pour un portrait à Londres le 6 février 2025. Le nouveau format de télé-réalité britannique a suscité la controverse en tentant de décrire le voyage éprouvant des réfugiés au Royaume-Uni, à travers les yeux de six Britanniques. (Photo par Ben STANSALL / AFP)
Chloe Dobbs, commentatrice politique britannique de droite, pose pour un portrait à Londres le 6 février 2025. Le nouveau format de télé-réalité britannique a suscité la controverse en tentant de décrire le voyage éprouvant des réfugiés au Royaume-Uni, à travers les yeux de six Britanniques. (Photo par Ben STANSALL / AFP)
Short Url
  • Diffusée depuis lundi sur la chaîne publique Channel 4, l'émission, baptisée « Go Back Where You Came From » (Retourne d'où tu viens), a déjà attiré de nombreuses critiques.
  • L'ONG Amnesty International UK a qualifié un tel programme « sensationnaliste » sur un sujet aussi sensible politiquement de « profondément décevant ».

LONDRES : Reproduire une traversée sur une embarcation de fortune et expérimenter la misère en Somalie : une émission de téléréalité britannique, qui prétend faire vivre à six candidats le périple de migrants vers l'Europe, suscite une vive polémique.

Diffusée depuis lundi sur la chaîne publique Channel 4, l'émission, baptisée « Go Back Where You Came From » (Retourne d'où tu viens), a déjà attiré de nombreuses critiques. L'ONG Amnesty International UK a qualifié un tel programme « sensationnaliste » sur un sujet aussi sensible politiquement de « profondément décevant ».

Durant les quatre épisodes du programme, diffusés au rythme d'un par semaine, les six candidats, dont quatre sont fermement opposés à l'immigration et deux plutôt favorables, vont « expérimenter certains des plus importants dangers que rencontrent des réfugiés dans leur voyage » vers l'Europe, selon le résumé de Channel 4.

Au début de leur périple, les candidats se trouvent à Raqqa, en Syrie, et à Mogadiscio, en Somalie. Ils visitent des marchés locaux et jouent au football avec des enfants qui vont ensuite fouiller les décharges pour tenter d'y trouver de quoi survivre.

Dans le premier épisode, le candidat Dave Marshall, 35 ans, filmé au pied des falaises de Douvres avant son départ, appelle la Navy britannique à bombarder les migrants dans la Manche. Une autre, Chloe Dobbs, chroniqueuse politique de 24 ans, affirme que « sans contrôle de l'immigration, le Royaume-Uni va devenir un enfer rempli de gens en burqa ».

Ces dernières années, les gouvernements britanniques successifs ont tenté d'endiguer l'arrivée clandestine de migrants par la Manche. Près de 37 000 personnes sont parvenues à entrer ainsi au Royaume-Uni en 2024, soit 25 % de plus qu'en 2023. Au moins 78 personnes sont mortes dans ces traversées, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

- mieux qu'un documentaire « ennuyant » !

« L'émission explore les diverses opinions, parfois polarisées dans notre société, sous un angle nouveau », a défendu un porte-parole du programme.

Mais pour Myria Georgiou, professeure de communication à la London School of Economics, le « succès » des émissions de téléréalité « dépend totalement de leur capacité à diffuser des opinions choquantes ».

« Je suis certaine que les candidats participent pour voir les opinions les plus extrêmes », a-t-elle déclaré à l'AFP.

Si certains spectateurs et des associations ont salué le choix de Channel 4 de diffuser ce programme en première partie de soirée, d'autres ont exprimé leur indignation. L'ONG Refugee Council, qui soutient les réfugiés, a également salué cette initiative, qu'elle juge « bienvenue ».

« Certains des propos et opinions exprimés dans le premier épisode ont mis beaucoup de gens mal à l'aise. Mais au moins un candidat affirme maintenant que son expérience l'a rendu plus sensible à la situation des réfugiés », a-t-elle réagi sur X.

Pour Chloe Dobbs, il s'agit d'« un show très amusant que beaucoup de gens voudront regarder ». Probablement « beaucoup plus qu'un documentaire traditionnel et ennuyeux ».

- « Nauséabonde » -

Dans un bâtiment endommagé de Raqqa, l'ancienne « capitale » du groupe jihadiste État islamique (EI), une famille propose à Dave et deux autres candidats de les loger pour la nuit. « C'est très aimable à vous de nous accueillir dans votre maison », répond Dave sans ironie.

Dans l'un des « défis » qu'ils doivent relever, les candidats simulent une traversée maritime sur une petite embarcation.

L'épreuve a été un moment de bascule pour Chloé, qui avait auparavant estimé que certains migrants y voyaient une expérience « amusante ».

« C'est à ce moment-là que ça m'a vraiment frappé. Mon Dieu, les gens doivent vraiment être désespérés pour monter à bord de ces bateaux », explique-t-elle.

Mais cette simulation a également choqué en France, où le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, l'a jugée « nauséabonde ».

« Des centaines de personnes sont mortes en tentant de rejoindre l'Angleterre ces dernières années. Cette situation est un drame humanitaire, pas un jeu », a-t-il dénoncé sur X, en appelant Channel 4 à déprogrammer l'émission.

Ce programme est inspiré d'un programme australien diffusé au début des années 2010, à une époque où la classe politique était divisée sur la manière de lutter contre les arrivées illégales de migrants par bateau.

Pour Myria Georgiou, le retour de l'émission dix ans plus tard au Royaume-Uni n'est pas anodin, car « des dirigeants politiques, au niveau national comme mondial, ont banalisé les opinions les plus outrancières ».

Et « la politique étant devenue un divertissement, il n'est pas surprenant que le divertissement devienne politique ».


Washington annonce une vente d'armes à Israël pour plus de 7 milliards de dollars

Le président américain Donald Trump (R) écoute le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'exprimer lors d'une conférence de presse dans la salle Est de la Maison Blanche à Washington, DC, le 4 février 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (R) écoute le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'exprimer lors d'une conférence de presse dans la salle Est de la Maison Blanche à Washington, DC, le 4 février 2025. (AFP)
Short Url
  • Les Etats-Unis ont annoncé vendredi avoir approuvé la vente de bombes, munitions et missiles d'une valeur totale de 7,4 milliards de dollars à Israël, qui a utilisé des armes américaines dans la guerre dans la bande de Gaza
  • Ce contrat d'armement comprend la vente de bombes, de kits de guidage et de fusées pour un montant de 6,75 milliards de dollars, ainsi que de missiles Hellfire pour 660 millions de dollars

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé vendredi avoir approuvé la vente de bombes, munitions et missiles d'une valeur totale de 7,4 milliards de dollars à Israël, qui a utilisé des armes américaines dans la guerre dans la bande de Gaza.

Ce contrat d'armement comprend la vente de bombes, de kits de guidage et de fusées pour un montant de 6,75 milliards de dollars, ainsi que de missiles Hellfire pour 660 millions de dollars, selon l'Agence américaine de coopération en matière de défense et de sécurité (DSCA).

La vente proposée de bombes "améliore la capacité d'Israël à faire face aux menaces actuelles et futures, renforce sa défense nationale et sert de moyen de dissuasion face aux menaces régionales", indique l'agence dans un communiqué.

Elle a été approuvée par le département d'Etat et notifiée au Congrès américain, comme l'exige la loi américaine.

L'annonce intervient alors que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'est trouvé toute la semaine à Washington où il s'est félicité de ses retrouvailles avec Donald Trump et de son soutien indéfectible à Israël.

Mardi, lors d'une conférence de presse conjointe, les deux dirigeants ont mis en avant la décision de Donald Trump de lever tout obstacle à la livraison à Israël de bombes de 2.000 livres (quelque 900 kg), suspendue par le président Joe Biden au prétexte que leur utilisation causerait une "grande tragédie humaine".

Un accord de cessez-le-feu est entré en vigueur dans la bande de Gaza le 19 janvier, la veille de l'investiture du président Trump, visant, à terme, à mettre fin à la guerre dans ce territoire palestinien, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Donald Trump veut "absorber notre pays et c'est une réalité", dit le Premier ministre canadien

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau prononce un discours d'ouverture à Evergreen Brick Works le 7 février 2025 à Toronto, Canada. (AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau prononce un discours d'ouverture à Evergreen Brick Works le 7 février 2025 à Toronto, Canada. (AFP)
Short Url
  • L'idée de Donald Trump de faire du Canada le 51e Etat américain est motivée par la richesse du sous-sol canadien et représente une menace à prendre au sérieux, a déclaré vendredi le Premier ministre Justin Trudeau
  • Le président des Etats-Unis veut "absorber notre pays et c'est une réalité", a affirmé Justin Trudeau selon plusieurs médias canadiens

TORONTO: L'idée de Donald Trump de faire du Canada le 51e Etat américain est motivée par la richesse du sous-sol canadien et représente une menace à prendre au sérieux, a déclaré vendredi le Premier ministre Justin Trudeau.

Le président des Etats-Unis veut "absorber notre pays et c'est une réalité", a affirmé Justin Trudeau selon plusieurs médias canadiens, alors qu'il s'adressait en privé à des chefs d'entreprises pendant un sommet économique à Toronto, organisé pour faire face à la menace américaine d'imposer des droits de douane de 25% sur des produits canadiens.

"Non seulement l'administration Trump sait combien de minéraux cruciaux nous possédons, mais c'est peut-être même la raison pour laquelle il continue de parler de nous absorber et de faire de nous le 51e État" américain, a-t-il déclaré.

"Ils sont très conscients de nos ressources (naturelles), de ce que nous avons et ils veulent vraiment pouvoir en bénéficier", a poursuivi M. Trudeau.

Ces derniers mois, le président américain a à de nombreuses reprises évoqué la possibilité pour les Etats-Unis et le Canada de fusionner et a menacé de faire usage de la "force économique" pour annexer son voisin du nord, un allié dont les Etats-Unis "subventionnent" la protection, selon lui.

Les élus canadiens ont d'abord perçu ces propos comme une blague, avant de durcir le ton. Justin Trudeau assurait début janvier que "jamais, au grand jamais, le Canada ne fera partie des Etats-Unis".

Interrogé sur les propos vendredi de Justin Trudeau, le ministre canadien de l'Industrie François-Philippe Champagne a répété à l'AFP que "personne ne pouvait remettre en cause la souveraineté du Canada".

"Nos amis américains comprennent qu'ils ont besoin du Canada pour leur sécurité économique, leur sécurité énergétique et leur sécurité nationale", a-t-il dit.

Des droits de douane américains devaient entrer en vigueur mardi mais Donald Trump a accordé au Canada un sursis de 30 jours.

Il les a justifiés comme un moyen de forcer le Canada à lutter contre le trafic de fentanyl, puissant opoïde qui cause une grave crise sanitaire aux Etats-Unis, et contre les arrivées de migrants illégaux aux Etats-Unis. Mais il s'est également plaint du déficit commercial américain avec le Canada.

Justin Trudeau a déclaré vendredi qu'Ottawa continuerait de travailler pour répondre aux préoccupations de M. Trump concernant le fentanyl et le passage de migrants clandestins à la frontière, même si le Canada ne contribuait pas de manière significative à ces problèmes.

Au-delà des menaces douanières, le Premier ministre canadien a ajouté que son pays devrait se préparer à "ce qui pourrait être une situation politique à long terme plus difficile avec les États-Unis".