Au procès des «écoutes», l'avocate de Sarkozy dénonce un «désert de preuves»

Si Nicolas Sarkozy est allé à Monaco début 2014, c'était un pur hasard, et il n'a finalement fait aucune démarche auprès des autorités monégasques, affirme son avocate (Photo, AFP).
Si Nicolas Sarkozy est allé à Monaco début 2014, c'était un pur hasard, et il n'a finalement fait aucune démarche auprès des autorités monégasques, affirme son avocate (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 10 décembre 2020

Au procès des «écoutes», l'avocate de Sarkozy dénonce un «désert de preuves»

  • L'affaire est construite sur un socle de fausses vérités, selon l'avocate de Nicolas Sarkozy
  • Selon l'accusation, l'ex-président a bien obtenu en 2014, via son avocat Thierry Herzog, des informations couvertes par le secret auprès du haut magistrat Gilbert Azibert

PARIS: «Il faut accepter de dire que la justice est faillible»: l'avocate de Nicolas Sarkozy, jugé pour corruption et trafic d'influence, a plaidé mercredi la relaxe pour l'ancien président, dénonçant un «désert de preuves» dans l'affaire des «écoutes».

«J'ai l'honneur de défendre un justiciable dont l'une des particularités fut d'être aussi le président de la République». Jacqueline Laffont, debout devant le banc de la défense, entame sa plaidoirie en début d'après-midi.

«Ce que nous attendons ici devant vous aujourd'hui, au terme de ce long parcours judiciaire, c'est une justice simple, une justice forte», lance-t-elle. «Celle qui recherche la vérité judiciaire, qui prononce la décision qui s'impose. Celle qui relaxera Nicolas Sarkozy.»

En face d'elle, les deux représentants du Parquet national financier (PNF) qui ont requis, la veille, quatre ans de prison, dont deux avec sursis, à l'encontre de Nicolas Sarkozy, un fait sans précédent sous la Ve République.

Selon l'accusation, l'ex-président a bien obtenu en 2014, via son avocat Thierry Herzog, des informations couvertes par le secret auprès du haut magistrat Gilbert Azibert au sujet d'un pourvoi à la Cour de cassation, en échange d'un «coup de pouce» pour un poste de prestige à Monaco.

«J'ai attendu des réponses, des démonstrations, en vain», rétorque Me Laffont, dans le silence de la 32e chambre correctionnelle. La peine demandée «est aussi sévère que la démonstration fut faible. Or la sévérité n'a jamais crée la preuve».

«J'ai une crainte», déclare-t-elle. Que «les anciennes responsabilités de Nicolas Sarkozy mais aussi et peut-être plus encore, les dérives des procédures qui l'ont visé, n'aient condamné» les procureurs «à persister dans une voie qu'ils savaient sinistrée».

L'affaire est «construite sur un socle de fausses vérités», affirme l'avocate. La première, selon elle, est l'idée que l'usage d'une ligne officieuse, ouverte par Thierry Herzog sous le nom de «Paul Bimuth» pour converser avec son client, correspondrait à des méthodes de «délinquant chevronné» - une formule utilisée en 2017 par le parquet dans son réquisitoire au cours de l'instruction.

Mais «les Whatsapp, Signal, Telegram et autres messageries cryptées» sont "les Bismuth de 2020!» glisse-t-elle. Et «parmi leurs utilisateurs», il y a «des magistrats, des policiers…»

Plans sur la comète

Devant elle, l'ex-chef de l'État, assis jambes croisées, acquiesce régulièrement. À ses côtés, Thierry Herzog hoche parfois la tête ; Gilbert Azibert écoute, impassible. Dans la salle, de nombreuses robes noires, des journalistes et des proches de Nicolas Sarkozy, dont sa femme, Carla Bruni, venue pour la première fois au procès.

Au cours de sa plaidoirie de deux heures et demie, Me Laffont veut démontrer que les trois hommes n'ont pas eu accès à des informations confidentielles, mais seulement à des documents qui n'étaient pas soumis au secret du délibéré. Gilbert Azibert n'a par ailleurs pas tenté, plaide-t-elle, d'influencer des magistrats.

De «contrepartie», il n'en existe pas: si Nicolas Sarkozy est allé à Monaco début 2014, c'était un «pur hasard», et il n'a finalement fait aucune «démarche» auprès des autorités monégasques, soutient-elle.

Les conversations interceptées entre Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog, au cœur du dossier ? Des «bavardages» entre «deux frères» qui «sont en train de faire des plans sur la comète, de lire dans le marc de café», ironise-t-elle.

Surtout, malgré une «débauche d'investigations», «on nage dans les hypothèses», insiste-t-elle. Dans les mails, agendas, auditions, relevés téléphoniques, c'est «un désert de preuves».

«On apporte des faits, et le parquet des hypothèses: c'est le monde à l'envers», s'agace-t-elle, dénonçant une «subversion du droit». «On nous demande presque d'apporter la preuve impossible de notre innocence.»

Au final, «ce dossier, c'est celui de quelques interceptions téléphoniques entre un avocat et son client». Des écoutes par ailleurs «illicites et scandaleuses», estime Me Laffont, parce qu'elles violeraient le secret professionnel.

Elle conclut: «On est à des années-lumières d'un pacte de corruption.»

«Il faut accepter de dire que la justice est faillible, qu'elle a pu se tromper, se fourvoyer», ajoute-t-elle. «Parce que vous êtes les représentants de cette justice libre et impartiable, vous relaxerez M. Sarkozy.»


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.