L'Inde et l'Égypte renforcent leur partenariat stratégique à l'occasion de la visite de Modi au Caire

L'Égypte et l'Inde partagent des liens profonds qui remontent aux années 1950, lorsque les deux nations ont joué un rôle clé dans la création du Mouvement des non-alignés (twitter/@MEAIndia)
L'Égypte et l'Inde partagent des liens profonds qui remontent aux années 1950, lorsque les deux nations ont joué un rôle clé dans la création du Mouvement des non-alignés (twitter/@MEAIndia)
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Publié le Lundi 26 juin 2023

L'Inde et l'Égypte renforcent leur partenariat stratégique à l'occasion de la visite de Modi au Caire

  • La visite de Modi la première visite d'État d'un Premier ministre indien en Égypte depuis 1997
  • Le Premier ministre a reçu la plus haute distinction civile égyptienne, l'Ordre du Nil

NEW DELHI: Le Premier ministre indien, Narendra Modi, et le président égyptien, Abdel Fattah el-Sissi, ont signé dimanche un accord de partenariat stratégique, soulignant les liens croissants entre les deux pays qui, selon les experts, peuvent avoir une importance géopolitique et économique. 

Modi est arrivé au Caire samedi après-midi, après un voyage de quatre jours aux États-Unis. Il s'agit de la première visite d'État d'un Premier ministre indien en Égypte depuis 1997. 

Il a reçu la plus haute distinction civile égyptienne, l'Ordre du Nil, au cours de ce voyage qui intervient moins de six mois après la visite d'El-Sissi en Inde au début de l'année, lorsque les dirigeants ont annoncé pour la première fois leur intention de renforcer leur partenariat. 

Un accord visant à élever les relations bilatérales au rang de «partenariat stratégique» a été signé par les dirigeants, a déclaré Arindam Bagchi, porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, dans un tweet dimanche. 

«Les dirigeants ont discuté des moyens d'approfondir le partenariat entre les deux pays, notamment dans les domaines du commerce et de l'investissement, de la défense et de la sécurité, des énergies renouvelables, de la culture et des relations interpersonnelles.» 

Bagchi a déclaré que leur rencontre a été «productive», l'Inde et l'Égypte ayant également signé trois autres protocoles d'accord dans les domaines de l'agriculture, de l'archéologie et des antiquités, ainsi que du droit de la concurrence. 

Dimanche, Modi a également visité la mosquée historique Al-Hakim du Caire, récemment rénovée avec l'aide de la communauté Dawoodi Bohra basée en Inde, et a rencontré le grand mufti Shawki Allam, juriste islamique égyptien. 

En janvier, Modi et El-Sissi sont convenus de porter le commerce bilatéral à 12 milliards de dollars (1 dollar = 0,92 euro) au cours des cinq prochaines années, contre 7,3 milliards de dollars en 2021-2022. 

Les deux pays ont ensuite signé plusieurs accords à New Delhi sur l'élargissement de la coopération dans les domaines de la cybersécurité, des technologies de l'information, de la culture et de la radiodiffusion.   

Navdeep Suri, ancien ambassadeur de l'Inde en Égypte, a déclaré que l'Inde et l'Égypte s'étaient éloignées l'une de l'autre avant les engagements de cette année. 

«Après avoir été laissées à la dérive pendant des années, les relations sont de nouveau sur la bonne voie», a précisé Suri à Arab News

Selon Suri, l'Inde a pris de l'élan en faisant d’El-Sissi l’invité principal à l'occasion de la fête de la République indienne en janvier et a fait figurer l'Égypte parmi les invités spéciaux aux réunions du Groupe des 20 plus grandes économies sous la présidence de Delhi cette année, ce qui, selon lui, envoie «un message important». 

Suri a déclaré qu’«il existe aujourd'hui une opportunité de développer une relation spéciale avec un pays qui, malgré ses difficultés économiques actuelles, sera toujours un acteur important au Moyen-Orient».

«Ce type d'intensité et d'engagement fait défaut depuis longtemps.» 

Des liens plus étroits avec l'Égypte pourraient également apporter des avantages stratégiques à l'Inde, selon les experts. 

«La position centrale de l'Égypte est importante pour renforcer le profil de l'Inde dans la région», a déclaré à Arab News le Dr Zakir Hussain, un expert du Moyen-Orient basé à New Delhi. 

Zakir Hussain, a expliqué que «l'Inde s'assure un statut favorable pour le commerce, un poste d'amarrage industriel dans la zone franche du canal de Suez, pour accéder au marché européen et à toutes les régions où l'Égypte a conclu des accords de libre-échange, comme l'Amérique latine, l'Afrique et le Moyen-Orient», ajoutant que «l'Inde doit accéder à ces marchés à des conditions préférentielles pour atteindre l'objectif de 1 000 milliards de dollars d'exportations de marchandises d'ici 2030». 

La visite de Modi au Caire «revêt une grande importance» pour le renforcement des relations bilatérales entre l'Inde et l'Égypte, a déclaré Mohammed Soliman, directeur du programme technologique de l'Institut du Moyen-Orient à Washington DC. 

Les deux pays discutent d'accords potentiels, tels que l'attribution d'une zone économique à l'Inde dans la région du canal de Suez, accords qui pourraient avoir un impact significatif sur la collaboration économique et stratégique entre les deux nations, a-t-il indiqué à Arab News.  

«L'Inde ayant dépassé le Royaume-Uni en tant que cinquième économie mondiale, elle considère l'Égypte comme une plate-forme de développement potentielle pour les industries manufacturières et de défense indiennes», a déclaré Soliman.  

« La situation stratégique de l'Égypte, en particulier avec le canal de Suez, est essentielle à la position mondiale de Delhi.»

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Nouveaux bombardements israéliens au Liban malgré des discussions «positives»

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  • Le président libanais Joseph Aoun, saluant les réactions "positives" à la réunion de mercredi, a annoncé que les discussions reprendraient le 19 décembre afin d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban
  • "Il n'y a pas d'autre option que la négociation", a-t-il ajouté

JBAA: Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays.

L'armée israélienne, qui a multiplié ses frappes ces dernières semaines, a encore frappé jeudi le sud du Liban après avoir appelé des habitants de plusieurs villages à évacuer.

Les bombardements ont touché quatre localités, où des photographes de l'AFP ont vu de la fumée et des maisons en ruines.

Dans le village de Jbaa, Yassir Madir, responsable local, a assuré qu'il n'y avait "que des civils" dans la zone. "Quant aux dégâts, il n'y a plus une fenêtre à 300 mètres à la ronde. Tout le monde est sous le choc", a-t-il ajouté. 


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.