Après le rebond, les céréales dévissent, la volatilité secoue le marché

En quelques jours, le blé tendre d'hiver et le soja américains avaient grimpé de plus de 20%, tandis que le maïs européen avait lui pris plus de 16%. (Photo, AFP)
En quelques jours, le blé tendre d'hiver et le soja américains avaient grimpé de plus de 20%, tandis que le maïs européen avait lui pris plus de 16%. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 28 juin 2023

Après le rebond, les céréales dévissent, la volatilité secoue le marché

  • En quelques jours, le blé tendre d'hiver et le soja américains avaient grimpé de plus de 20%, tandis que le maïs européen avait lui pris plus de 16%
  • Le pic a été enregistré lundi avec la crispation liée à la mutinerie en Russie, qui «pouvait déstabiliser un grand exportateur» de matières premières agricoles, souligne Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage

NEW YORK: Les cours des céréales et oléagineux connaissent une correction après avoir vivement rebondi la semaine dernière, sous l'effet de pluies aux Etats-Unis, de mouvements spéculatifs et d'un certain soulagement quant aux approvisionnements russes.

En quelques jours, le blé tendre d'hiver et le soja américains avaient grimpé de plus de 20%, tandis que le maïs européen avait lui pris plus de 16%.

Le pic a été enregistré lundi avec la crispation liée à la mutinerie en Russie, qui "pouvait déstabiliser un grand exportateur" de matières premières agricoles, souligne Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage.

Ces craintes étaient d'autant plus vives que Rostov-sur-le-Don, la ville dont le groupe paramilitaire Wagner a pris le contrôle vendredi, est proche de ports sur la mer Noire.

Mais "au final, il ne s'est rien passé", a résumé Gautier Le Molgat, du cabinet Agritel, un accord étant intervenu pour éviter une confrontation directe avec l'armée régulière russe. "Ca a un peu excité le marché (lundi). Le soir, on n'en parlait déjà plus."

Soulagé, le marché s'est retourné, avec une chute du blé américain de plus de 5% mardi, encouragée par la perspective de pluies sur plusieurs Etats clefs de la "Corn Belt", la région du nord des Etats-Unis où est cultivé l'essentiel du maïs américain.

Deux épisodes pluvieux sont attendus dans les deux semaines, après un premier passage le week-end dernier, explique Rich Nelson, d'Allendale. Ils pourraient aussi bénéficier au soja, la récolte du blé étant déjà trop avancée pour être tributaire du temps.

"La semaine dernière, l'industrie voyait le temps sec perdurer en juillet, (...) mais l'histoire a changé", a relevé l'analyste.

"La météo est importante en maïs, surtout au mois de juillet, au moment de la pollinisation", souligne Damien Vercambre. "On a encore un peu de temps."

Marché «irritable»

Le reflux des cours tient aussi, pour partie, à des ajustements de portefeuilles, prises de bénéfices ou réduction de l'exposition avant la fin du semestre par les investisseurs institutionnels, selon Gautier Le Molgat.

Pour Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting, le mouvement de correction a été si violent qu'il n'est explicable que par le positionnement de fonds spéculatifs, qui se sont remis à parier sur une baisse des cours.

La volatilité des prix, traditionnellement élevée à cette période de l'année du fait des aléas de la météo, est accentuée, selon l'analyste, par des opérateurs opportunistes et du trading algorithmique, qui s'engouffrent dans un mouvement de marché.

"Il y a une déconnexion entre la situation des cultures aux Etats-Unis, les rendements, et l'évolution des prix" ces dernières heures, martèle Michael Zuzolo.

Lundi, le ministère américain de l'Agriculture (USDA) a publié de nouvelles estimations qui évaluent à 50% seulement les cultures de maïs en "bon" ou "très bon" état, une nette détérioration par rapport à la semaine précédente (55%).

Le tableau est à peine moins sombre pour le soja, avec 51% contre 54% une semaine plus tôt.

Ces premiers mois de culture s'annoncent comme les pires depuis 2012, année sèche qui avait vu la production américaine de maïs chuter de près de 13%, à son niveau le plus faible des seize dernières années.

"On a vraiment une interrogation sur les perspectives de production aux Etats-Unis. C'est ce qui fait que le marché est assez sensible et vite irritable, d'un côté comme de l'autre", situe Gautier Le Molgat.

Le questionnement porte aussi sur la demande, avec une économie chinoise à la peine et des banques centrales occidentales qui veulent aller encore plus loin dans leur durcissement monétaire, au risque d'étouffer l'économie mondiale.

"On a un accroissement des stocks parce qu'on s'aperçoit que l'inflation a eu un effet sur la demande", ajoute Damien Vercambre. "Donc on a des stocks à la fin de la campagne qui sont plus importants que prévus, en France, en Europe", et aux Etats-Unis, qui souffrent de leur manque de compétitivité tarifaire.

Le marché attend ainsi pour vendredi un rapport de l'USDA qui devrait donner des estimations de stocks.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Short Url
  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.