Après le drame de Nanterre, l'exécutif tente d'éviter l'embrasement

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a lancé «un appel au calme», à l'issue du Conseil des ministres, le 28 juin (Photo, AFP).
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a lancé «un appel au calme», à l'issue du Conseil des ministres, le 28 juin (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 29 juin 2023

Après le drame de Nanterre, l'exécutif tente d'éviter l'embrasement

  • Emmanuel Macron et la majorité se sont voulus implacables après le drame de Nanterre, où un adolescent a succombé au tir à bout portant d'un policier
  • Alors que la garde à vue du suspect a été prolongée, Elisabeth Borne a qualifié au Sénat les images de «choquantes»

PARIS: "Inexcusable" et "inexplicable": Emmanuel Macron et la majorité se sont voulus implacables après le drame de Nanterre, où un adolescent a succombé au tir à bout portant d'un policier, alors que certains à gauche ont pointé "un problème de racisme" et que Marine Le Pen s'en est remise à la prudence.

À Marseille où il était en déplacement, le président de la République a fait part de "l'émotion de la Nation toute entière" après la mort mardi de Nahel, 17 ans. Une vidéo, authentifiée par l'AFP, a montré qu'un des deux policiers le tenait en joue, puis a tiré à bout portant.

Alors que la garde à vue du suspect a été prolongée, la Première ministre a qualifié au Sénat ces images de "choquantes". Elles montrent selon elle "une intervention qui n'est manifestement pas conforme aux règles d'engagement de nos forces de l'ordre".

Un peu plus tôt, elle avait déjà fait valoir "une exigence absolue de vérité" dans cette affaire pour laquelle la défenseure des droits s'est saisie d'office.

Près de vingt ans après les émeutes dans les banlieues françaises qui avaient éclaté à la suite de la mort de deux adolescents électrocutés à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) alors qu'ils cherchaient à échapper au contrôle de deux policiers, l'exécutif entend circonscrire un potentiel brasier.

"Il y a le fantôme de 2005", consent ainsi un conseiller de l'exécutif, s'inquiétant de "voir des mouvements se structurer sur les réseaux sociaux" autour de l'affaire: "il y a tous les ingrédients pour que cela pète potentiellement".

À la demande du président de la République, le ministre délégué à la Ville, Olivier Klein, par ailleurs ancien maire de Clichy-sous-Bois, s'est donc entretenu avec la mère de la victime pour lui présenter les "condoléances du gouvernement" et l'assurer du "soutien de la Nation". Et, à l'Assemblée nationale, la présidente Yaël Braun-Pivet a donné droit à la requête de la députée LFI Mathilde Panot de faire observer une minute de silence.

Après une nuit de violences urbaines, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a par ailleurs lancé "un appel au calme", à l'issue du Conseil des ministres.

Lors de cette réunion, le ministre de l'Intérieur a d'ailleurs fait une "communication non prévue" sur cette affaire, un type de prise de parole "rare" qui "montre la sensibilité de la situation" et "l'attention qu'on y accorde", selon l'un des participants.

Gérald Darmanin a également indiqué qu'il allait saisir la justice après un tweet de Syndicat France Police - proche de l'extrême droite - qui avait justifié la mort de la victime, et demandé à ses services "d'étudier les modalités d'une dissolution de ce groupuscule".

«'Américanisation' de la police»

Face à cet empressement de l'exécutif et de la majorité, Marine Le Pen a déploré les propos "très excessifs et "irresponsables" du chef de l'État.

"Le président est prêt à oublier les principes constitutionnels pour tenter d'éteindre un potentiel incendie", a-t-elle fustigé. Tout en reconnaissant "un drame" et "une tragédie", elle en a appelé à la "présomption d'innocence".

"Est-ce que l'acte est inexcusable, est-ce qu'il est inexplicable ? C'est à la justice de répondre", a estimé la candidate malheureuse à la présidentielle, alors que le porte-parole du RN Sébastien Chenu a exhorté à "être très précautionneux, surtout ne pas chercher des responsabilités qui n'existeraient peut-être pas ici ou là".

De même, le président des LR, Eric Ciotti, a appelé "la justice à faire son travail", en faisant valoir que "cela ne change en rien le soutien que l'on doit porter à ceux qui nous protègent".

La gauche a pour sa part voulu mettre l'accent sur des défaillances supposées structurelles de la police, la patronne d'EELV, Marine Tondelier, dénonçant à la fois "une 'américanisation' de la police" et "un problème de racisme" dans ses rangs.

"Assez ! Ces meurtres engagent l'autorité de l'État ! Cette police doit être entièrement refondée, ses meurtriers punis", a embrayé dans un tweet le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

Le groupe LFI à l'Assemblée nationale a en outre rappelé avoir demandé en décembre une "commission d'enquête parlementaire sur l'augmentation des décès suite à des refus d'obtempérer".

En cause notamment, une disposition votée en 2017 qui offre un nouveau cadre d'intervention pour les forces de l'ordre confrontées au délit de "refus d'obtempérer", dont le groupe communiste à l'Assemblée a réclamé mercredi l'abrogation.


Macron affirme que les Européens vont "accélérer les négociations" avec l'Iran, après un appel avec le président iranien

Une combinaison d'images créées le 7 août 2024 montre le président iranien Masoud Pezeshkian (G) lors de sa cérémonie de prestation de serment au parlement de Téhéran, le 30 juillet 2024, et le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse au Pavillon Cambon Capucines à Paris, le 12 juin 2024. (AFP)
Une combinaison d'images créées le 7 août 2024 montre le président iranien Masoud Pezeshkian (G) lors de sa cérémonie de prestation de serment au parlement de Téhéran, le 30 juillet 2024, et le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse au Pavillon Cambon Capucines à Paris, le 12 juin 2024. (AFP)
Short Url
  • Le président français Emmanuel Macron a affirmé samedi que les Européens allaient "accélérer les négociations" avec l'Iran pour "sortir de la guerre et éviter de plus graves dangers", après un appel avec le président iranien

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a affirmé samedi que les Européens allaient "accélérer les négociations" avec l'Iran pour "sortir de la guerre et éviter de plus graves dangers", après un appel avec le président iranien Masoud Pezeshkian.

Le chef de l'Etat a prévenu son homologue de sa "profonde inquiétude concernant le programme nucléaire iranien", a-t-il affirmé sur le réseau social X plus d'une semaine après le début de la guerre entre l'Iran et Israël, assurant que "l'Iran ne (devait) jamais avoir l'arme nucléaire" et devra "donner toute garantie que ses intentions sont pacifiques".


Mercosur: Paris et Rome veulent des clauses pour protéger les agriculteurs européens

Le président français Emmanuel Macron assiste à la signature d'un accord entre Air France-KLM et le Groupe ADP lors de la 55e édition du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport Paris-Le Bourget, au Bourget, au nord de Paris, le 20 juin 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron assiste à la signature d'un accord entre Air France-KLM et le Groupe ADP lors de la 55e édition du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport Paris-Le Bourget, au Bourget, au nord de Paris, le 20 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • La France a multiplié ces derniers mois les initiatives européennes pour tenter de bloquer l'adoption du traité commercial entre l'Union européenne et des pays du Mercosur
  • Le président français Emmanuel Macron avait assuré le 6 juin qu'il était prêt à signer un accord avec le Mercosur d'ici fin 2025, mais sous condition, à l'occasion d'une visite du président brésilien en France

PARIS: La France et l'Italie appellent à "un meilleur équilibre" de l'accord UE-Mercosur pour protéger les agriculteurs européens y compris en adoptant "des clauses dédiées", ont-elles annoncé dans un communiqué conjoint.

La France a multiplié ces derniers mois les initiatives européennes pour tenter de bloquer l'adoption du traité commercial entre l'Union européenne et des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), qui suscite une forte opposition du monde agricole hexagonal.

Le texte prévoit la possibilité pour l'UE d'exporter notamment davantage de voitures, de machines ou de spiritueux. En retour, il faciliterait l'entrée de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains.

Benjamin Haddad, ministre français délégué à l'Europe, s'est entretenu cette semaine à Rome avec son homologue italien Tommaso Foti pour "aborder les voies possibles d'amélioration de l'accord du Mercosur", selon le communiqué conjoint.

"Les ministres Haddad et Foti partagent la nécessité de mieux protéger nos agriculteurs et nos règles sanitaires, y compris par l'adoption de clauses dédiées", explique le texte.

"Même s'il contient des bénéfices, l'accord UE Mercosur ne protège pas suffisamment les agriculteurs européens contre les risques de perturbation de marché et ne permet pas d'assurer durablement la souveraineté alimentaire du continent", ajoute-t-il.

Le président français Emmanuel Macron avait assuré le 6 juin qu'il était prêt à signer un accord avec le Mercosur d'ici fin 2025, mais sous condition, à l'occasion d'une visite du président brésilien en France.

Lula avait lui insisté sur la nécessité d'un tel accord malgré l'opposition du secteur agricole européen.


A l’IMA: le leadership féminin au cœur du dialogue franco-saoudien

La deuxième édition du French-Saudi Youth Business Club s’est tenue dans l’enceinte symbolique de l’Institut du Monde Arabe (IMA), plaçant cette année le leadership féminin au centre des échanges. (AFP)
La deuxième édition du French-Saudi Youth Business Club s’est tenue dans l’enceinte symbolique de l’Institut du Monde Arabe (IMA), plaçant cette année le leadership féminin au centre des échanges. (AFP)
Short Url
  • En ouverture, Jack Lang, président de l’IMA, a salué l’évolution du Royaume et rappelé la genèse de l’Institut, né en 1975 d’un accord entre la France et l’Arabie saoudite pour devenir « un pont de paix, de culture et d’amitié »
  • Aujourd’hui assuré t-il, l’IMA est « le haut lieu du rayonnement de la culture arabe dans ses milliers de facette », et une vitrine des transformations qu’a connu le royaume saoudien en quelques années

PARIS: La deuxième édition du French-Saudi Youth Business Club s’est tenue dans l’enceinte symbolique de l’Institut du Monde Arabe (IMA), plaçant cette année le leadership féminin au centre des échanges. 

Il s’agit d’un thème fort, en phase avec les mutations profondes que connaissent la France et l’Arabie saoudite, et un reflet d’une ambition commune qui consiste à faire des femmes des piliers de la transformation économique et sociale.

Créé à Paris, le Club agit de part et d’autre de la Méditerranée, promouvant le dialogue entre jeunes entrepreneurs francophones et saoudiens, il se positionne comme une passerelle culturelle et économique, mettant en lumière le rôle croissant des femmes dans les dynamiques contemporaines.

En ouverture, Jack Lang, président de l’IMA, a salué l’évolution du Royaume et rappelé la genèse de l’Institut, né en 1975 d’un accord entre la France et l’Arabie saoudite pour devenir « un pont de paix, de culture et d’amitié ».

Aujourd’hui assuré t-il, l’IMA est « le haut lieu du rayonnement de la culture arabe dans ses milliers de facette », et une vitrine des transformations qu’a connu le royaume saoudien en quelques années.

Ludovic Pouille, ancien ambassadeur de France à Riyad, et directeur de la diplomatie économique au ministère des affaires étrangères, a mis en avant les avancées remarquables obtenues dans le cadre de la Vision 2030. 

La participation des femmes au marché du travail est passée de 22 % en 2016 à 33,5 % en 2024, dépassant les objectifs initiaux, et de nombreuses femmes occupent désormais des postes clés, vice-ministre du Tourisme, dirigeantes d’entreprises, scientifiques, astronautes, artistes. 

« Les Saoudiennes prennent leur destin en main à une vitesse phénoménale », a-t-il salué.

أمسية فرنسية سعودية رائعة في معهد العالم العربي في باريس ! 🇨🇵💙🇸🇦
شكرا 🙏 ل @FSYBCLUB و @imarabe و @jack_lang و @MMoha_med على الدعوة الكريمة ! pic.twitter.com/JBwdWbRNb0

— Ludovic Pouille (@ludovic_pouille) June 20, 2025

Mariam Khattab, directrice générale de la fondation Mosaïk RH, qui œuvre pour faire émerger un modèle du marché de l’emploi totalement inclusif a livré un témoignage inspirant sur l’hybridation culturelle comme force d’adaptation et d’innovation. 

« Nos différences ne nous éloignent pas, elles sont des passerelles », a-t-elle affirmé, appelant les entreprises à refléter la diversité de la société et à donner toute leur place aux femmes.

Mazen Hakka, président du Saudi-French Business Group de Jeddah, a pour sa part insisté sur la solidité des liens économiques franco-saoudiens et présenté le protocole signé avec le French-Saudi Youth Business Club, en soutien aux jeunes pousses et à la transmission entre générations. 

Il s’agit d’« un partenariat entre l’expérience et les talents de demain », a-t-il résumé.

Leïla Grison, directrice du Women’s Forum, a salué les avancées rapides du Royaume en matière de droits des femmes, tout en pointant les lacunes françaises : 45 % des PME saoudiennes sont dirigées par des femmes, contre un accès très limité au financement pour les entrepreneures françaises. 

« Ce qu’il manque, ce sont les leviers pour libérer le pouvoir d’agir », a-t-elle dit, pour conclure par cette interrogation : « Si les femmes étaient le pont le plus solide entre nos deux pays ? »

Hadil Ejja, cheffe de projet à la Chambre de commerce et d’industrie, a livré un témoignage personnel fort, détaillant son expérience du terrain.

Née en Arabie saoudite et formée en France, elle incarne ce dialogue vivant entre deux cultures. « Les femmes sont les clés du changement. Elles construisent des récits, tissent des liens, inspirent le mouvement », a-t-elle déclaré avec émotion.

Mohamed Mourchid, président du French-Saudi Youth Business Club, a clôturé les interventions avec un appel à repenser le dialogue : « Nous, les hommes, avons beaucoup parlé des femmes. Il est temps d’apprendre à parler avec elles, et surtout à les écouter. » 

Pour lui, le dialogue inter-culturel est aussi un espace de justice, de mémoire et de reconnaissance.

La soirée placée s’est achevée par la signature d’un mémorandum d’accord entre le Club, le Saudi French Business Group et Mosaïk RH, scellant leur engagement commun en faveur de l’entrepreneuriat inclusif. 

Elle s’est poursuivie en musique avec une performance du virtuose Ehab Abdin et une exposition de l’artiste Manuel Dampeyroux, jeune talent franco-saoudien.