Au péril de leur vie, le rêve d'Europe des Egyptiens embarquant en Méditerranée

Des migrants se tiennent à bord de l'Ocean Viking le 11 novembre 2022, après avoir été secourus par l'organisation maritime et humanitaire européenne "SOS Méditerranée". (Photo Vincenzo Circosta / AFP)
Des migrants se tiennent à bord de l'Ocean Viking le 11 novembre 2022, après avoir été secourus par l'organisation maritime et humanitaire européenne "SOS Méditerranée". (Photo Vincenzo Circosta / AFP)
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Publié le Vendredi 30 juin 2023

Au péril de leur vie, le rêve d'Europe des Egyptiens embarquant en Méditerranée

  • Dans son seul village de Naamna, dans le delta du Nil, l'ONG Refugees Platform in Egypt (RPE) a recensé 13 disparus, dont neuf mineurs
  • Frontex, l'Agence européenne des frontières, a recensé de janvier à mai 50.300 arrivées de migrants en Europe via la Méditerranée centrale, la route migratoire la plus dangereuse au monde

LE CAIRE: Fuyant pauvreté et répression, sans projet d'avenir, de plus en plus d'Egyptiens tentent de rejoindre l'Europe, souvent au péril de leur vie comme les dizaines d'entre eux pris dans le récent naufrage en Grèce.

"J'ai parlé à mon fils pour la dernière fois le soir du 7 juin: il m'a dit qu'il embarquait" deux jours plus tard, raconte à l'AFP le père d'un disparu de 14 ans dans le naufrage la nuit du 13 au 14 juin d'un chalutier vétuste et surchargé au large du Péloponnèse.

"Dans notre village, des jeunes partent régulièrement sans prévenir leur famille, c'est ce qui nous est arrivé: j'ai appris que mon fils était parti (...) en Libye où il est resté 15 jours avant de prendre la mer", poursuit l'homme qui refuse de donner son nom.

Dans son seul village de Naamna, dans le delta du Nil, l'ONG Refugees Platform in Egypt (RPE) a recensé 13 disparus, dont neuf mineurs.

Selon les autorités, 43 Egyptiens ont survécu. RPE a, de son côté, reçu des dizaines d'appels de familles toujours sans nouvelle. Rien que dans deux villages de la province d'al-Charqiya, elles étaient plus de quarante.

Naufrage

Jusqu'ici, 82 corps ont été sortis des eaux après ce naufrage, probablement l'un des plus graves en Méditerranée. Mais, selon l'ONU, entre 400 et 750 passagers se trouvaient sur le chalutier, dont des femmes et des enfants.

"On ne sait pas combien d'Egyptiens étaient à bord et les autorités n'ont pas annoncé le nombre d'Egyptiens disparus", affirme à l'AFP Nour Khalil, directeur de RPE.

Seul un présentateur de talk-show proche du régime s'est aventuré à donner un chiffre: selon lui, 200 Egyptiens étaient à bord.

Le père du jeune disparu, lui, attend toujours des nouvelles.

"On est allé au ministère des Affaires étrangères faire un prélèvement ADN", dit-il à l'AFP. Mais "on ne sait rien et personne ne nous tient informés".

Un tiers des mineurs isolés

Frontex, l'Agence européenne des frontières, a recensé de janvier à mai 50.300 arrivées de migrants en Europe via la Méditerranée centrale, la route migratoire la plus dangereuse au monde. D'autres encore ont sûrement accosté mais sans être repérés.

En 2022, un migrant sur cinq arrivé en Italie était Egyptien, selon l'Agence de l'Union européenne pour l'asile (EUAA). Ils sont le premier contingent d'arrivées dans ce pays --dont un tiers de tous les mineurs isolés y arrivant--, selon Rome.

La plupart, ajoute l'EUAA, tentent de rejoindre l'Italie depuis la Libye pour fuir la pire crise économique de l'histoire de l'Egypte mais aussi la "situation des droits humains" --"catastrophique" sous le président Abdel Fattah al-Sissi selon les ONG.

Le Caire se présente régulièrement en champion anti-immigration illégale, réclamant toujours plus de fonds aux Européens.

En juin, le président français Emmanuel Macron saluait "un partenaire essentiel de l'Union européenne dans la lutte contre l'immigration clandestine", selon la présidence égyptienne.

Depuis 2016, aucun bateau de migrants n'a quitté la côte égyptienne. En août 2022, la Commission européenne a annoncé qu'elle verserait 80 nouveaux millions d'euros à l'Egypte notamment pour financer "la surveillance des frontières terrestres et maritimes".

«Aucun futur»

Mais pour M. Khalil, "la militarisation des frontières n'est pas une solution", elle a uniquement "déplacé le problème" car les Egyptiens prennent désormais la mer depuis la Libye.

Dans ce pays, l'ONU dénonce régulièrement "les détentions arbitraires massives" de "milliers d'hommes, de femmes et d'enfants migrants raflés dans les rues ou chez eux".

Début juin, des médias libyens relayaient même des vidéos non authentifiées montrant près d'un millier d'Egyptiens expulsés et contraints de rejoindre la frontière à pied.

Aucun futur

"Les peines pour les passeurs sont de plus en plus lourdes, les garde-côtes de plus en plus armés" et, dans ces zones militarisées, les ONG n'ont aucun accès, assure M. Khalil.

Mais toutes ces barrières n'ont pas empêché les 13 Egyptiens du villages Naamna de partir car "tant que la nouvelle génération n'aura ni perspectives d'avenir ni possibilité de se faire entendre", les départs continueront, affirme-t-il.

Parmi eux, neuf avaient moins de 18 ans car le profil des migrants égyptiens a changé. "Avant, ils allaient en Europe pour travailler quelques années, économiser et rentrer en Egypte monter une petite affaire", explique M. Khalil.

Aujourd'hui, "la nouvelle génération ne veut pas revenir en Egypte parce qu'elle pense qu'elle n'y a aucun futur".


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.


L'Arabie saoudite et l'Iran réaffirment leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin

Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
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  • Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a participé mardi à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint

RIYAD : L’Arabie saoudite et l’Iran ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin lors d’une réunion tenue mardi à Téhéran.

Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a assisté à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint entre l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine.

Les parties saoudienne et iranienne « ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin dans son intégralité, ainsi que leur volonté de renforcer les relations de bon voisinage entre leurs pays, dans le respect de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Organisation de la coopération islamique et du droit international », a indiqué l’Agence de presse saoudienne dans un communiqué.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont également salué le rôle positif continu joué par la Chine ainsi que son soutien constant à la mise en œuvre de l’Accord de Pékin.

De son côté, la Chine a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre son soutien et à encourager les démarches entreprises par le Royaume et l’Iran pour développer leurs relations dans divers domaines.

Les trois pays ont salué les progrès continus dans les relations saoudo-iraniennes et les perspectives qu’ils offrent à tous les niveaux, a ajouté la SPA.

Les trois pays ont également appelé à une cessation immédiate des agressions israéliennes en Palestine, au Liban et en Syrie.

Ils ont en outre condamné tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.