Cisjordanie: Opération de l'armée israélienne à Jénine, 9 Palestiniens tués

Durant cette incursion, la plus importante de l'armée israélienne en Cisjordanie depuis plusieurs années, des fusillades et des explosions ont secoué la ville de Jénine et le camp de réfugiés adjacent (Photo, AFP).
Durant cette incursion, la plus importante de l'armée israélienne en Cisjordanie depuis plusieurs années, des fusillades et des explosions ont secoué la ville de Jénine et le camp de réfugiés adjacent (Photo, AFP).
Des soldats israéliens affrontent des manifestants palestiniens dans le village cisjordanien de Tuqua, au sud-est de Bethléem (Photo, AFP).
Des soldats israéliens affrontent des manifestants palestiniens dans le village cisjordanien de Tuqua, au sud-est de Bethléem (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 04 juillet 2023

Cisjordanie: Opération de l'armée israélienne à Jénine, 9 Palestiniens tués

  • Neuf Palestiniens ont été tués lundi à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, lors d'une vaste opération de l'armée israélienne
  • Des véhicules blindés et des bulldozers ont également été utilisés dans cette incursion

JÉNINE: Neuf Palestiniens ont été tués lundi à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, lors d'une vaste opération de l'armée israélienne qui a mobilisé des centaines de soldats et fait notamment usage de drones.

Durant cette incursion, la plus importante de l'armée israélienne en Cisjordanie depuis plusieurs années, des fusillades et des explosions ont secoué la ville de Jénine et le camp de réfugiés adjacent, bastion de groupes armés palestiniens visé à plusieurs reprises par des opérations israéliennes.

"Environ 3.000 personnes ont déjà quitté le camp", a déclaré dans la soirée à l'AFP le gouverneur adjoint de Jénine, Kamal Abou al-Roub, en précisant que des mesures étaient prises pour les accueillir dans des écoles et d'autres locaux de la ville de Jénine.

Juliette Touma, porte-parole de l'agence de l'Onu pour les réfugiés de Palestine, a confirmé que des habitants quittaient le camp où habitent quelque 18.000 Palestiniens.

La nouvelle opération israélienne survient alors que le Nord de la Cisjordanie occupée a connu une récente vague d'attaques contre des Israéliens ainsi que des violences anti-palestiniennes de la part de colons juifs.

"Nos forces sont entrées dans le nid de terroristes à Jénine (...) elles sont en train de détruire des centres de commandement et de s'emparer d'une quantité d'armes considérable", a déclaré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans un communiqué.

Le nombre de troupes engagées est "au niveau d'une brigade", a indiqué le porte-parole de l'armée israélienne Richard Hecht.

Des Palestiniens lançaient des pierres sur les soldats israéliens, sous un ciel noirci par la fumée des explosions et des barricades en feu, a constaté un correspondant de l'AFP.

Neuf Palestiniens ont été tués et 100 autres blessés --dont 20 dans un état grave-- , selon un dernier bilan du ministère palestinien de la Santé.

"Il y a des bombardements aériens et une invasion au sol", raconte à l'AFP Mahmoud al-Saadi, directeur du Croissant-Rouge palestinien à Jénine. "Plusieurs maisons et sites ont été bombardés (...) De la fumée s'élève de partout."

Le ministère palestinien des Affaires étrangères a dénoncé "une guerre ouverte contre la population à Jénine."

«Pire raid depuis cinq ans»

Lundi, l'armée israélienne a fait état d'affrontements entre des soldats et des hommes armés dans une mosquée du camp de Jénine, ajoutant que des armes et des explosifs y avaient ensuite été retrouvés.

Elle a aussi dit avoir ciblé "une infrastructure terroriste" et un "centre d'opérations" servant de centre de commandement à la "Brigade de Jénine", un groupe armé local.

"J'ai vu les bulldozers dans le camp qui ont détruit des maisons", a confié à l'AFP, Badr Shagoul, un habitant.

A l'hôpital de la ville, un journaliste de l'AFP a vu des corps étendus dans la morgue, certains depuis des heures, les proches attendant la fin des combats pour les funérailles.

"Nous avons reçu beaucoup de blessés, atteints par des explosifs venus du ciel, beaucoup aussi de blessés par balles", affirme Qasem Benighader, un infirmier de 35 ans. "C'est le pire raid depuis cinq ans".

«Violation flagrante»

Le porte-parole militaire Richard Hecht a affirmé que l'armée "agissait contre des cibles spécifiques" et que "la frappe aérienne, en plein cœur du camp (de Jénine), les a pris par surprise", ajoutant qu'il n'y avait pas de calendrier précis pour l'opération en cours.

La situation est "catastrophique", déplore Mahmoud Hawashin, résident du camp de Jénine. "Si plus de sang palestinien coule, il y aura aussi plus de sang israélien qui coulera."

"Toutes les options sont sur la table pour frapper l'ennemi", a prévenu le Jihad islamique palestinien, le chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, dénonçant une opération israélienne "brutale".

A l'étranger, la Jordanie voisine a dénoncé "une violation flagrante du droit international humanitaire, ainsi que des obligations d'Israël en tant que puissance occupante".

Les Emirats, autre pays arabe entretenant des liens diplomatiques avec Israël, ont appelé Israël à "s'abstenir de toute action exacerbant les tensions (...) et conduisant à la perpétuation du cycle de violence."

La Ligue arabe a annoncé une réunion d'urgence mardi.

"Nous soutenons la sécurité d'Israël et son droit à défendre sa population", a déclaré à Washington un porte-parole du département d'Etat, ajoutant qu'il était "impératif de prendre toutes les précautions possibles pour éviter la mort de civils".

Ailleurs en Cisjordanie, un homme a été tué lundi par l'armée israélienne à Al-Bireh, près de Ramallah, selon le ministère palestinien de la Santé.

Les violences liées au conflit israélo-palestinien ont tué  depuis le début de l'année au moins 186 Palestiniens, 25 Israéliens, un Ukrainien et un Italien, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles.


Bethléem renoue avec l'esprit de Noël à la faveur de la trêve à Gaza

Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À Bethléem, Noël retrouve une dimension festive après deux ans de guerre, porté par un message de paix, de solidarité et de renouveau, malgré une crise humanitaire persistante à Gaza
  • Du Vatican au Moyen-Orient, les célébrations de Noël sont marquées par des appels forts à la justice, à la trêve et à l’espérance dans un monde traversé par les conflits

BETHLÉEM: Bethléem, ville de Cisjordanie occupée et berceau du christianisme, a célébré mercredi son premier Noël festif depuis le début de la guerre à Gaza, alors qu'à des milliers de kilomètres de là, le pape Léon XIV célébrait au Vatican la première messe de Noël de son pontificat.

Sous les ors de la basilique Saint-Pierre de Rome, devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, le pape a délivré dans son homélie un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Le chef de l'Eglise catholique devrait renouveler jeudi, en prononçant sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) ses appels à la paix. Mardi soir, il avait demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

A Bethléem, des centaines de fidèles se sont massés à l'approche de minuit dans la basilique de la Nativité, comble au point qu'ils étaient nombreux à être assis à même le sol.

Les célébrations de Noël de ces deux dernières années y avaient été ternies par la guerre dévastatrice à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023.

Par solidarité avec les Palestiniens du territoire, les festivités avaient été annulées mais cette année, avec la trêve entrée en vigueur à Gaza en octobre, l'immense sapin de Noël s'est de nouveau illuminé devant la basilique de la Nativité, construite sur la grotte où la tradition chrétienne situe la naissance du Christ.

- "Solidarité" et "justice" -

Le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, arrivé mercredi, y a délivré lors de la messe une homélie pour la paix, l'espoir et le renouveau, face aux décisions politiques et équilibres de pouvoirs qui "semblent souvent déterminer le destin des peuples".

"Noël, cependant, nous invite à regarder au-delà de la logique de la domination, à redécouvrir le pouvoir de l'amour, de la solidarité et de la justice", a dit le cardinal, qui avait célébré une messe à Gaza dimanche.

Le vice-président de l'Autorité palestinienne, Hussein al-Cheikh, était présent à la messe de Bethléem.

Dans la journée, des centaines de personnes ont envahi les rues de la ville pour assister au défilé des scouts sur l'emblématique place de la Mangeoire, égrenant les chants traditionnels.

"C'est une journée pleine de joie, parce qu'avant on ne pouvait pas célébrer à cause de la guerre", dit à l'AFP Milagros Anstas, 17 ans, dans son uniforme bleu et jaune.

Des hommes déguisés en Père Noël vendaient des pommes d'amour et des jouets, tandis que des familles se faisaient photographier devant une crèche encadrée par une étoile géante.

"Je suis venue en Terre sainte pour réaliser le rêve de toute une vie : passer Noël ici", a déclaré Ursula Whalen, venue de Caroline du Nord, aux Etats-Unis.

- Crise humanitaire -

Comme ailleurs au Moyen-Orient, les chrétiens représentent une minorité en Terre sainte, avec une communauté de 185.000 personnes en Israël et 47.000 dans les Territoires palestiniens.

Malgré l'esprit de fête qui règne dans la ville, la municipalité de Bethléem a tenu à tempérer le faste des célébrations. Car en dépit du cessez-le-feu, les Palestiniens de Gaza restent frappés par une grave crise humanitaire.

La grande majorité des plus de 2 millions de Gazaouis ont été déplacés par le conflit et vivent dans des conditions très difficiles. Des centaines de milliers d'entre eux sont encore sous des tentes, impuissants face aux pluies hivernales.

Carmelina Piedimonte, venue d'Italie avec un groupe catholique, a estimé qu'il était essentiel que les pèlerins et les touristes reviennent dans la ville sainte afin d'aider à relancer son économie en difficulté, qui dépend quasi exclusivement du tourisme.

En Syrie, la communauté chrétienne de Damas a fêté Noël sous haute surveillance dans la vieille ville, après un attentat suicide perpétré en juin dans une église de la capitale.

En Australie, les festivités sont particulièrement assombries par l'attentat antisémite survenu le 14 décembre sur la plage de Bondi, à Sydney.

"Noël sera différent cette année", a écrit sur X le Premier ministre Anthony Albanese, évoquant "une profonde tristesse".


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.