Des appels au calme au Liban alors que les meurtres de Bcharré font craindre des violences sectaires

Un policier contrôlant un motocycliste à Beyrouth, capitale du Liban. (Photo d'archives, AFP)
Un policier contrôlant un motocycliste à Beyrouth, capitale du Liban. (Photo d'archives, AFP)
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Publié le Lundi 03 juillet 2023

Des appels au calme au Liban alors que les meurtres de Bcharré font craindre des violences sectaires

  • Le Premier ministre condamne ces actes, affirmant que les auteurs seront arrêtés
  • Des suspects arrêtés tandis que les suppositions sur les raisons des tirs se multiplient

BEYROUTH: Les tensions étaient vives dimanche dans la ville de Bcharré, au nord du Liban, après qu'un jeune homme y a été abattu samedi par un tireur embusqué.

Haitham Tawk, âgé de 36 ans, a été abattu près de Qurnat as Sawda («Cime noire»), le sommet le plus élevé du Liban et du Levant.

Un deuxième homme, Malik Tawk, âgé de 50 ans, a été tué quelques heures plus tard, alors que des soldats ratissaient la zone à la recherche du tireur embusqué.

Des personnalités politiques et religieuses ont agi rapidement pour essayer d'empêcher tout débordement de violence à la suite de ces meurtres.

FOCUS

 • Haitham Tawk, âgé de 36 ans, a été abattu près de Qurnat as Sawda («Cime noire»), le sommet le plus élevé du Liban et du Levant.

• Un deuxième homme, Malik Tawk, âgé de 50 ans, a été tué quelques heures plus tard, alors que des soldats ratissaient la zone à la recherche du tireur embusqué. 

Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, condamne ces actes et il déclare que leurs auteurs seraient poursuivis et arrêtés. Il s'est également entretenu avec le commandant de l'armée, le général Joseph Aoun, ainsi qu'avec les autorités sécuritaires et judiciaires.

Najib Mikati souligne la «nécessité pour chacun de faire preuve de sagesse, et de ne se laisser entraîner dans aucune réaction, en particulier dans cette grave situation que nous traversons».

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Le Premier ministre libanais sortant, Najib Mikati, rencontrant l'envoyé spécial de la France, Jean-Yves Le Drian, à Beyrouth, le 22 juin. (AFP)

Il a tenu ces propos lors d'un appel de Sethrida Geagea, une femme politique de Bcharré et épouse du chef du parti des Forces libanaises, Samir Geagea.

L'absence apparente de motif pour ces tirs a conduit à des suppositions selon lesquelles ils auraient pu viser à faire pression sur le parti des Forces libanaises, qui s'oppose au Hezbollah.

Il existait également des inquiétudes par rapport à des tentatives d'intervention aux côtés des habitants de Dennieh et d'établissement de liens avec ses politiciens – qui sont des alliés du Hezbollah – visant à confirmer le fait que la zone stratégique de Qurnat as Sawda et ses environs appartiennent à la région de Dennieh et non à celle de Bcharré.

Des sources du Hezbollah ont nié toute implication dans ces meurtres.

Le parti a déclaré avoir pris des mesures préventives pour empêcher toute escalade de la situation, ainsi que pour contrôler toute interaction avec son environnement de soutien, situé à proximité de Bcharré.

La population de Dennieh est en majorité sunnite, tandis que celle de la région de Bcharré est en majorité maronite.

Le secteur de Bcharré est considéré comme un bastion du parti des Forces libanaises et il compte deux députés du fait qu’il est le plus peuplé de la circonscription.

Quelques heures après la mort de Haitham Tawk, un groupe d'hommes de Bcharré s'est rendu à Qurnat as Sawda pour récupérer sa dépouille. Cela a coïncidé avec une opération de l'armée visant à retrouver le tueur et d'autres hommes armés postés au sommet. C'est à ce moment précis que Malik Tawk a été tué par balles.

Le président du Parlement, Nabih Berri, a exhorté le député de Tripoli, Faisal Karamé, à «faire preuve de sagesse» dans la gestion de cet incident. Il a également exhorté les habitants de Dennieh à ne pas se laisser influencer par les préjugés et les rumeurs et à attendre que toute la lumière soit faite sur cet incident.

Le grand mufti cheikh Abdel Latif Darian a exhorté Faisal Karamé à «contribuer à calmer la situation».

Le patriarche maronite Béchara Boutros al-Rahi a déclaré dans son sermon dominical: «Nous comptons sur l'armée pour imposer la sécurité dans l’intérêt de tous, et sur les habitants de Bcharré pour qu'ils fassent preuve de retenue et laissent à la justice le soin de régler ce conflit permanent de Qurnat as Sawda.»

Cheikh Ali al-Khatib, la plus haute autorité religieuse officielle de la communauté chiite, a appelé «les sages et les avisés à éviter la révolte contre laquelle nous mettons en garde».

Il a mis en garde contre le «ciblage du Liban par Israël visant à le déstabiliser et l'entraîner dans le bourbier de la révolte et des troubles».

Le député de Bcharré, William Tawk, a dénoncé «un groupe anarchique qui empiète sur nos terres depuis des années dans le but de s'en emparer, et de tenter de nous attirer dans une lutte intestine dont nous ne voulons pas, avec notre propre peuple de Dennieh et Bqaa Safrine».

«Appeler à la retenue ne signifie pas du tout tolérance ou compromis sur le sang du martyr, mais signifie plutôt un engagement envers nos valeurs éthiques et nationales, et l'insistance à prendre nos droits en main en cas d'échec des autorités et organismes compétents», affirme-t-il.

L'armée a déclaré que Qurnat as Sawda était une zone d'entraînement militaire et que la population avait été avertie de ne pas s'en approcher. Plusieurs personnes ont été arrêtées et un grand nombre d'armes et de munitions ont été saisies, a-t-elle ajouté.

Cinq personnes de Bcharré et plusieurs autres de Dennieh figuraient parmi les personnes arrêtées, ont indiqué des sources de sécurité.

Le maire de Bcharré, Freddy Kairouz, a précisé à Arab News que la paix civile au Liban ne pourrait être obtenue au prix du sang versé de «la jeunesse de notre ville.»

Qurnat as Sawda est situé dans une zone du nord du Liban qui n'a pas encore été délimitée.

M. Kairouz a émis l'hypothèse que ces meurtres pourraient être la conséquence de «différends fonciers accumulés… et de l'échec des forces de sécurité et de la justice libanaises à résoudre ces différends en délimitant les terres, ainsi que de la présence de groupes anarchiques armés dans ces montagnes.»

«Tout cela a abouti à la prise pour cible d'un jeune homme qui se trouvait dans une zone considérée comme faisant partie de Bcharré. Il a été délibérément abattu dans le dos à une distance de 1 000 mètres.»

La municipalité de Bcharré a annoncé que la ville observerait un deuil pour les victimes aujourd’hui, 3 juillet, et que leurs funérailles auraient lieu à l'église Notre-Dame de Bcharré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".