Emeutes en France: le président Macron reçoit les maires, les violences diminuent

Le président français Emmanuel Macron assiste une réunion d'urgence du gouvernement après que des émeutes ont éclaté à travers le pays à la suite du décès de Nahel (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron assiste une réunion d'urgence du gouvernement après que des émeutes ont éclaté à travers le pays à la suite du décès de Nahel (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 04 juillet 2023

Emeutes en France: le président Macron reçoit les maires, les violences diminuent

  • Une semaine après la mort d'un jeune tué par un policier près de Paris lors d'un contrôle routier, la nuit a été marquée par un nombre d'interpellations limité à 72 dans la nuit dont 24 à Paris et sa proche banlieue
  • De nouvelles destructions ont néanmoins eu lieu, avec 24 bâtiments incendiés ou dégradés dans toute la France

PARIS: Le président français Emmanuel Macron reçoit mardi les maires de quelque 220 communes victimes d'importants dégâts après une semaine de violences urbaines qui semblent cependant marquer le pas.

Une semaine après la mort d'un jeune tué par un policier près de Paris lors d'un contrôle routier, la nuit a été marquée par un nombre d'interpellations limité à 72 dans la nuit dont 24 à Paris et sa proche banlieue, contre plusieurs centaines au plus fort des violences.

De nouvelles destructions ont néanmoins eu lieu, avec 24 bâtiments incendiés ou dégradés dans toute la France, selon les autorités, qui ont aussi recensé 159 véhicules incendiés et des dizaines de feux de poubelles.

Quatre attaques de locaux de la police nationale, de la gendarmerie et de polices municipales ont en outre été répertoriées, selon le ministère de l'Intérieur mais aucun membre des forces de l'ordre n'a été blessé.

Dans la nuit, le chef de l'Etat a remercié dans un tweet policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers pour leur "mobilisation exceptionnelle ces dernières nuits".

Alors que les grandes vacances d'été ont commencé pour une grande partie de la jeunesse française, le gouvernement maintient depuis une semaine des moyens de maintien de l'ordre de massifs.

Près de 45 000 policiers et gendarmes étaient mobilisés lundi soir pour la troisième nuit consécutive pour tenter d'enrayer les violences, qui ont atteint un paroxysme dimanche avec l'attaque à la voiture-bélier du domicile d'un élu de la banlieue sud de Paris, le maire de L'Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, dont la famille a dû s'enfuir.

En consultant les élus locaux, le président Macron veut "débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements", ont précisé ses services.

Comme en 2005, les émeutiers expriment une "haine" de la police avec une violence désormais "banalisée" et le sentiment renforcé d'être rejetés, notamment pour les jeunes d'origine étrangère et de confession musulmane, souligne le sociologue français Olivier Galland, chercheur auprès du grand organisme scientifique français du CNRS.

Pour son premier déplacement depuis le début de la crise, Emmanuel Macron s'est rendu en milieu de soirée lundi avec son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dans une caserne de police de la capitale puis à la préfecture de police de Paris pour des échanges.

Émeutes: une dizaine d'établissements scolaires ont subi des destructions

Une dizaine d'établissements scolaires ont subi des destructions lors des récentes nuits d'émeutes, a déclaré mardi le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, promettant que tous les élèves seraient accueillis quelque part à la rentrée.

"Une soixantaine d'établissements ont subi des dégâts importants, avec par exemple des débuts d'incendies", a déclaré le ministre sur RTL. "Et sur ces 60, une dizaine ont été détruits ou partiellement détruits."

Plus largement, le ministère a décompté des dégradations dans 243 établissements.

Ces violences ont parfois visé des écoles, des collèges et des lycées. A l'heure actuelle, "on parle de dizaines de millions d'euros" de dégâts, a estimé M. Ndiaye.

Pour la plus grande partie des établissements frappés, là où des locaux n'ont pas été complètement détruits, des travaux devraient avoir lieu lors de l'été pour permettre une réouverture dans de bonnes conditions à la rentrée.

"Il y a des bris de vitre, par exemple: ça, c'est facile à remplacer", a noté M. Ndiaye, pointant toutefois la difficulté à recruter des entreprises du bâtiment pendant la période estivale.

Mais dans les cas les plus graves, les établissements ne pourront probablement par rouvrir à l'issue de l'été. Le ministre a notamment cité le cas de deux écoles, dans la commune francilienne de La Verrière (78), qui devront être "complètement reconstruit(es)".

M. Ndiaye a toutefois assuré que "tous les élèves (du pays) seront accueillis à la rentrée". Ceux qui ne pourraient retrouver leur établissement habituel "vont être répartis" ailleurs, a-t-il précisé.

Le ministre s'est, par ailleurs, refusé à "accabler les parents" des émeutiers, souvent mineurs.

"Il est légitime de demander aux parents de s'occuper des enfants" mais "il faut tenir compte des difficultés spécifiques de certaines familles: lorsqu'une mère travaille la nuit, c'est quand même plus compliqué pour les enfants", a-t-il ajouté.

Il faut "responsabiliser les parents (mais) ça ne veut pas dire punir les familles, ça veut dire les aider pour faire de telle sorte qu'elles puissent s'occuper de leurs enfants", a jugé M. Ndiaye.

Le président Emmanuel Macron a toutefois dit mardi envisager des mesures pour sanctionner "financièrement" les familles, évoquant un "tarif minimum dès la première connerie".

«J'ai pas réfléchi»

Les violences ont éclaté le 27 juin, après la mort de Nahel M., un adolescent de 17 ans dont la famille est originaire du Maghreb. Il a été tué d'un tir à bout portant par un motard de la police, à la suite d'un refus d'obtempérer à Nanterre. La scène a été capturée par une vidéo amateur.

Dimanche, sa grand-mère a appelé au calme et à cesser la casse. "Une soixantaine d'établissements scolaires ont subi des dégâts importants, avec par exemple des débuts d'incendies", et "sur ces 60, une dizaine ont été détruits ou partiellement détruits", selon un bilan du ministère de l'Education nationale.

Depuis vendredi au moins 3 915 personnes ont été interpellées (dont 1 244 mineurs) selon des chiffres du ministère de la Justice et au moins 374 jeunes ont commencé à être jugés en comparution immédiate.

Aux quatre coins de la France, les commerçants ont commencé à faire le bilan de ces nuits d'émeutes dont les dégâts ont été estimés lundi à un milliard d'euros par le Medef, la principale organisation patronale.

Les principales organisations patronales françaises ont appelé le gouvernement à mettre en place un "fond de secours" pour "ceux qui ont tout perdu".

Cagnotte polémique

Du côté de l'enquête, le troisième occupant de la voiture conduite par le jeune Nahel a été entendu par l'Inspection générale de la police nationale, la police des polices. Recherché depuis les faits, cet homme s'est présenté de lui-même.

Le policier, auteur du tir qui a tué Nahel et inculpé pour homicide volontaire, est toujours en détention préventive.

Une cagnotte de soutien à l'agent et sa famille, a dépassé lundi sur internet le million d'euros, soulevant l'indignation d'élus de gauche.

La Première ministre Elisabeth Borne a pris ses distances en estimant que cette initiative ne "contribue pas à l'apaisement" et mis en doute sa légalité.


L'Iran affirme qu'Israël a frappé la prison d'Evin à Téhéran

Cette photo montre le bâtiment fortement endommagé de la Radio-Télévision de la République islamique d'Iran (IRIB) après avoir été touché quelques jours plus tôt par une frappe israélienne, à Téhéran, le 19 juin 2025. (Photo AFP)
Cette photo montre le bâtiment fortement endommagé de la Radio-Télévision de la République islamique d'Iran (IRIB) après avoir été touché quelques jours plus tôt par une frappe israélienne, à Téhéran, le 19 juin 2025. (Photo AFP)
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  • Des frappes israéliennes ont visé la prison d'Evin à Téhéran, endommageant certaines parties de l'établissement.
  • L'avocate de la famille Kohler, Chirinne Ardakani, a pour sa part dénoncé une « frappe illégale ».

TEHERAN : La justice iranienne a annoncé lundi que des frappes israéliennes avaient visé la prison d'Evin à Téhéran, endommageant certaines parties de l'établissement.

« Lors de la dernière attaque du régime sioniste contre Téhéran, des projectiles ont malheureusement touché la prison d'Evin, causant des dégâts à certaines sections », a indiqué le site du pouvoir judiciaire Mizan Online, ajoutant que les bâtiments de l'établissement restaient « sous contrôle ». Israël a confirmé que ses frappes à Téhéran visaient notamment cette prison.

Noémie Kohler, la sœur de Cécile Kohler, une Française détenue depuis plus de trois ans avec son compagnon Jacques Paris dans ce centre pénitentiaire, a déclaré lundi à l'AFP que la frappe israélienne sur la prison d'Evin à Téhéran était « complètement irresponsable » et « met nos proches en danger de mort ».

« Nous n'avons aucune nouvelle, nous ne savons pas s'ils sont encore vivants, nous sommes paniqués », a déclaré Mme Kohler, qui a appelé les autorités françaises à « condamner ces frappes extrêmement dangereuses » et à faire libérer les prisonniers français.

L'avocate de la famille Kohler, Chirinne Ardakani, a pour sa part dénoncé une « frappe illégale ».

« Le risque d'émeute, de confusion générale et de représailles des forces de sécurité sur les détenus insurgés fait craindre une effusion de sang. On joue avec la vie des gens », a-t-elle déclaré à l'AFP. 


Conflit au Moyen-Orient: Air France a suspendu sa desserte de pays du Golfe

"Les clients dont le vol est annulé ont été informés. Ils peuvent modifier sans frais leur voyage ou demander un avoir ou un remboursement intégral dans le cas où ils ne voyageraient plus", a souligné Air France. (AFP)
"Les clients dont le vol est annulé ont été informés. Ils peuvent modifier sans frais leur voyage ou demander un avoir ou un remboursement intégral dans le cas où ils ne voyageraient plus", a souligné Air France. (AFP)
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  • "Les clients dont le vol est annulé ont été informés. Ils peuvent modifier sans frais leur voyage ou demander un avoir ou un remboursement intégral dans le cas où ils ne voyageraient plus", a souligné Air France
  • Dimanche, British Airways avait annulé ses vols entre l'aéroport londonien de Heathrow et ceux de Dubaï et Doha, après les bombardements par les Etats-Unis de sites nucléaires en Iran

PARIS: La desserte par Air France de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis est suspendue au moins jusqu'à ce lundi inclus en raison du conflit au Moyen-Orient, a-t-on appris auprès de la compagnie aérienne.

"En raison de la situation actuelle, la compagnie a décidé d'annuler ses vols de et vers Dubaï ainsi que ses vols de et vers Ryad", a indiqué un porte-parole à l'AFP.

Entrée en vigueur dimanche, cette suspension court au moins jusqu'à lundi, selon la même source. Elle concerne une rotation par jour depuis Paris-Charles-de-Gaulle, respectivement vers la mégalopole émiratie et la capitale saoudienne.

"Les clients dont le vol est annulé ont été informés. Ils peuvent modifier sans frais leur voyage ou demander un avoir ou un remboursement intégral dans le cas où ils ne voyageraient plus", a souligné Air France.

Dimanche, British Airways avait annulé ses vols entre l'aéroport londonien de Heathrow et ceux de Dubaï et Doha, après les bombardements par les Etats-Unis de sites nucléaires en Iran.

Cette entrée dans le conflit, lancé une semaine plus tôt par Israël contre l'Iran, a fait craindre des représailles contre les intérêts américains au Moyen-Orient, en particulier des bases militaires situées dans les monarchies du Golfe

 


Les Jeux de Paris ont coûté près de six milliards d'euros d'argent public

les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. (Photo AFP)
les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. (Photo AFP)
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  • La Cour a évalué les dépenses d'organisation à 2,77 milliards d'euros, dont 1,4 milliard pour la sécurité, et les dépenses liées aux infrastructures à 3,19 milliards d'euros.
  • « Cette première estimation prend un intérêt accru dans le contexte de la préparation des JO d'hiver 2030 » qui se tiendront dans les Alpes françaises, a commenté l'institution. 

PARIS : Selon la Cour des comptes, qui a publié une première estimation lundi, les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont coûté près de six milliards d'euros d'argent public, dont une grande part a été dédiée à la sécurité de cet événement hors normes.

La Cour a évalué les dépenses d'organisation à 2,77 milliards d'euros, dont 1,4 milliard pour la sécurité, et les dépenses liées aux infrastructures à 3,19 milliards d'euros.

Il s'agit là d'une première estimation des coûts publics qui agrège de nombreuses dépenses de l'État, des collectivités ou d'entreprises publiques : primes aux policiers, construction du village olympique ou du centre aquatique olympique à Saint-Denis, ou encore l'accélération des travaux de la ligne 14 du métro ces dernières semaines pour arriver à temps près du village olympique.

Aucun chiffre n'avait été communiqué jusqu'à présent, à l'exception de l'estimation de Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, qui avait avancé en mars 2024 sur les ondes que ces Jeux pourraient coûter « entre trois, quatre, cinq milliards » de dépenses publiques, tout en précisant qu'on ne le saurait qu'à la fin des Jeux. 

Jusqu'à présent, seuls les comptes du comité d'organisation (Cojo) à 4,4 milliards d'euros de dépenses (76 millions d'euros d'excédent) reposant quasi essentiellement sur des financements privés, ainsi que ceux de la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) comprenant une part publique, étaient connus.

« Cette première estimation prend un intérêt accru dans le contexte de la préparation des JO d'hiver 2030 » qui se tiendront dans les Alpes françaises, a commenté l'institution. 

La facture publique est un véritable casse-tête à calculer et à retracer sur plusieurs années, avec des périmètres à définir. Faut-il comptabiliser les dispositifs antidrones supplémentaires achetés avant les JO et qui seront également utilisés par la suite ? La Cour des comptes répond oui.

Un rapport plus détaillé sera publié d'ici octobre, car certaines dépenses ne sont pas encore entièrement connues, notamment celles des collectivités, mais aussi certaines dépenses fiscales.

De même, en raison de « l'indisponibilité des données », elle n'a pas inclus « les effets positifs et négatifs des Jeux sur l'activité économique », Jeux qu'elle qualifie par ailleurs « d'incontestable succès populaire et médiatique ». Un autre rapport sur « l'héritage » sera publié en 2026.

Parmi les plus grandes dépenses publiques, on compte celles liées à la sécurité, avec un grand nombre de forces de l'ordre mobilisées dans un contexte de risque terroriste, ce qui a représenté 1,4 milliard d'euros dont des primes pour près de 315 millions d'euros pour la police et la gendarmerie

Compte tenu du manque d'agents de sécurité privée, l'État a également investi 78 millions d'euros pour former de nouveaux personnels.

Viennent ensuite les dépenses liées aux transports et à la mobilité, soit 570 millions d'euros, dont 335 pour les « renforts d'offre » de la RATP et de la SNCF.

S'agissant des infrastructures, la part de l'État et des collectivités dans la Solideo s'élevait à 1,65 milliard d'euros en mars 2025.

La baignabilité de la Seine, qui a cumulé 1,4 milliard d'euros d'investissements publics, a suscité un petit flottement, mais certains de ces investissements peuvent être imputés à des obligations européennes. À ce stade, la Cour des comptes estime que les coûts de baignabilité de la Seine imputables aux Jeux « se situent entre 200 millions et un milliard d'euros ». Compte tenu de « cette incertitude », ces coûts ne sont pas intégrés dans cette première évaluation.

Le comité d'organisation des JO, qui fermera ses portes le 30 juin, trouve que la Cour a ratissé large, avec un « parti pris » qui risque de « créer un biais de perception ».

« Un chiffrage disproportionné par rapport à la réalité », estime auprès de quelques journalistes son directeur financier Fabrice Lacroix, qui évalue la facture publique plutôt « autour de deux milliards d'euros ».

Dans sa réponse à la Cour des comptes, le président du Cojo Tony Estanguet exprime son regret que « l'impact économique positif des Jeux » ne soit pas pris en considération. « La publication précipitée de ce document introduira hélas une confusion dans l'esprit du public quant à la réalité de cet événement majeur qui a montré le meilleur de notre pays il y a à peine un an. »