Emeutes: le «pouvoir a peur de la police» selon LFI

La présidente de La France Insoumise (LFI) et de la coalition de gauche NUPES (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale) Mathilde Panot prononce un discours lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris le 4 juillet 2023. (AFP)
La présidente de La France Insoumise (LFI) et de la coalition de gauche NUPES (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale) Mathilde Panot prononce un discours lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris le 4 juillet 2023. (AFP)
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Publié le Mardi 04 juillet 2023

Emeutes: le «pouvoir a peur de la police» selon LFI

  • «Nous avons un problème systémique dans la police, nous avons un problème avec ce gouvernement qui refuse de tirer les leçons de ce drame», a dit la cheffe des députés Insoumis Mathilde Panot
  • «Et ils ont beau faire diversion en pointant LFI comme des irresponsables, ou les jeux vidéo (...) ou en pointant la responsabilité des parents (...) Ce sont eux les irresponsables de ne pas apporter une seule réponse politique», a-t-elle poursuivi

PARIS : Emmanuel Macron et son gouvernement ne s'attaquent pas au problème "systémique" des violences policières parce qu'ils ont "peur de la police", a estimé mardi la cheffe des députés Insoumis Mathilde Panot, jugeant que les critiques contre LFI étaient une "diversion" après la mort de Nahel.

"Nous avons un problème systémique dans la police, nous avons un problème avec ce gouvernement qui refuse de tirer les leçons de ce drame", a dit la députée devant la presse, en référence à la mort du jeune Nahel, tué par un policier.

"Et ils ont beau faire diversion en pointant LFI comme des irresponsables, ou les jeux vidéo (...) ou en pointant la responsabilité des parents (...) Ce sont eux les irresponsables de ne pas apporter une seule réponse politique", a-t-elle poursuivi.

Alors que LFI et Jean-Luc Mélenchon ont été vivement critiqués pour leur refus d'appeler explicitement à l'apaisement face aux violences urbaines, Mme Panot a martelé "qu'il n'y aura pas de retour au calme s'il n'y a pas de justice", et donc de remise en cause des méthodes policières.

Mais "nous avons un pouvoir qui a peur de la police, qui ne contrôle plus sa police", a-t-elle estimé.

L'Insoumise en a notamment voulu pour preuve le "silence radio de la part du pouvoir", après un communiqué des syndicats de police Alliance et Unsa police. Ces derniers s'y disaient "en guerre", et y évoquaient le "combat" contre les "nuisibles" et les "hordes sauvages" prenant part aux émeutes nocturnes après la mort de Nahel.

"Il y a une course à l'échalotte vers l'extrême-droitisation des syndicats policiers", a renchéri à son côté le député LFI Eric Coquerel.

Les députés LFI ont rappelé leur souhait d'une abrogation d'une mesure adoptée en 2017, à l'initiative de l'ancien ministre de l'Intérieur socialiste Bernard Cazeneuve, qu'ils qualifient de "permis de tuer". Elle dispose notamment que les forces de l'ordre peuvent faire usage de leur arme pour "immobiliser" des véhicules "dont les conducteurs n'obtempèrent pas à l'ordre d'arrêt".

Plus largement, Mme Panot a réitéré la demande d'un "comité vérité et justice pour faire la lumière sur le nombre de morts lors de refus d'obtempérer".

"Nous ne sommes pas anti-flics, nous avons un problème avec la police telle qu'elle est organisée aujourd'hui par le pouvoir", a-t-elle ajouté.


Attaque au couteau à Paris, un Allemand tué et deux personnes blessées

Un agresseur a poignardé une personne à mort et en a blessé une autre samedi à Paris. (X/@Life_Info)
Un agresseur a poignardé une personne à mort et en a blessé une autre samedi à Paris. (X/@Life_Info)
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  • Un Allemand a été tué et deux personnes ont été blessées samedi soir à Paris dans une attaque au couteau et au marteau près de la tour Eiffel
  • La justice française a ouvert une enquête pour assassinat et tentative d'assassinat

PARIS: Un Allemand a été tué et deux personnes ont été blessées samedi soir à Paris dans une attaque au couteau et au marteau près de la tour Eiffel, où l'auteur présumé, un Français connu pour islamisme radical et troubles psychiatriques, a été interpellé, selon des sources policière et judiciaire.

La justice française a ouvert une enquête pour assassinat et tentative d'assassinat.

L'assaillant, un Français né en 1997, a tué à coups de couteau un homme de nationalité allemande né en 1999 et en a blessé deux autres à quelques centaines de mètres de la tour Eiffel. Il a été interpellé et placé en garde à vue dans le cadre de l'enquête confiée à la brigade criminelle de Paris, a indiqué le parquet de Paris.

Agé d'une vingtaine d'années, l'auteur présumé, connu pour islamisme radical et troubles psychiatriques, a crié "Allah akbar" au moment des faits, selon une source policière.

Il avait déjà été condamné à quatre ans de prison en 2016 pour avoir voulu passer à une action violente, a précisé le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin qui tenait un point presse sur place.

La victime décédée est un touriste allemand, selon M. Darmanin. Les deux blessés sont un Français, âgé d'une soixantaine d'années, et un touriste étranger, dont la nationalité n'a pas été précisée, qui a été blessé au marteau, a-t-il précisé.

"Nous ne céderons rien face au terrorisme", a réagi la Première ministre française Elisabeth Borne.

"Mes pensées vont à la victime, aux blessés et à leurs proches. Je salue le courage et le professionnalisme de nos forces de l'ordre et nos services de secours mobilisés", a encore écrit la cheffe du gouvernement français sur X.

«Paris est en deuil»

Joseph S., 37 ans, manager en grande surface, a assisté à la scène, installé dans un bar. Il a entendu des cris et des gens crier "au secours, au secours" et qui couraient à gauche et à droite. Il a décrit un homme "avec un marteau dans la main" qui agresse un homme qui est tombé. Toujours selon ce témoin, en "5-10 minutes", la police est arrivée.

"Paris est en deuil après cette terrible attaque" a tweeté Clément Beaune, le ministre français des Transports sur X. "Pensées et solidarité pour les familles et les proches des victimes. Merci à nos forces de sécurité et de secours pour leur intervention rapide et décisive", a-t-il ajouté.

L'attaque survient moins de deux mois après celle d'Arras, dans le nord de la France, qui a coûté la vie à un enseignant mi-octobre et conduit au relèvement du plan de sécurité Vigipirate au niveau maximal "urgence attentat".

Le mode opératoire de samedi rappelle celui de précédentes attaques dans la capitale française.

En mai 2018, un Franco-Russe né en Tchétchénie avait tué au couteau de cuisine un passant après une lutte acharnée. L'assaillant s'en était pris à une dizaine de personnes et en avait blessé quatre, avant d'être abattu par la police. L'attaque avait été revendiquée par le groupe Etat islamique (EI).

En février 2017, un Egyptien avait attaqué à la machette des militaires de l'opération Sentinelle en faction au Carrousel du Louvre, tout près du musée du Louvre à Paris, en criant "Allah Akbar". Il a été condamné en juin 2021 à Paris 30 ans de prison.

Quelques mois plus tard, en octobre 2017, à Marseille, un homme était abattu après avoir attaqué des passants au couteau, tuant deux personnes, deux cousines de 20 et 21 ans, dont l'une étudiait à Lyon. L'attentat avait été revendiqué par Daech.


«Ras-le-bol !»: Grève nationale des livreurs Uber, qui réclament une meilleure rémunération

Une cinquantaine de livreurs travaillant pour Uber Eats manifestent place de la Bataille de Stalingrad à Paris  (Photo, AFP).
Une cinquantaine de livreurs travaillant pour Uber Eats manifestent place de la Bataille de Stalingrad à Paris (Photo, AFP).
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  • Malgré le froid, ils étaient quelques dizaines à s'être rassemblés sur la place Stalingrad à Paris
  • «Avec l'inflation, les salaires augmentent partout, on est les seuls à voir notre rémunération baisser»

PARIS: "C'est quoi la prochaine étape, bientôt il faudra payer pour livrer ?" Les chauffeurs Uber ont manifesté samedi à travers la France, pour réclamer une meilleure rémunération après un changement dans l'algorithme du groupe qu'ils estiment désavantageux.

Malgré le froid, ils étaient quelques dizaines à s'être rassemblés sur la place Stalingrad à Paris, chasubles de syndicat sur le dos et pour certains vélo à la main.

"Je suis là pour dénoncer cette nouvelle tarification qui a été faite de manière totalement unilatérale par Uber", a expliqué à l'AFP Adrien, livreur de 37 ans, qui ne souhaite pas donner son nom de famille. Deliveroo et Stuart, "c'est le même délire", a-t-il aussi critiqué.

Depuis le 10 octobre, un nouveau système a été mis en place par Uber Eats dans les agglomérations de Lille, Rouen et Valence, pour "valoriser le temps passé à réaliser la course", a justifié la plateforme.

Généralisée depuis le 1er novembre, cette nouvelle tarification "peut faire varier certaines courses à la hausse et d'autres à la baisse, mais ne vise pas à diminuer la rémunération moyenne par course", avait assuré vendredi à l'AFP Uber Eats, qui dit avoir même noté "une légère augmentation du revenu moyen par course de 1,4%" dans les villes pilotes.

Mais des livreurs évoquent une autre réalité: "J'ai constaté que les courses à un ou deux kilomètres sont payées 2,85 euros sur Uber, alors qu'avant elles étaient à 3,30 euros", a affirmé Adrien, qui utilise Uber depuis 2020 et récemment aussi Deliveroo. "Il y en a ras-le-bol !"

"Avec l'inflation, les salaires augmentent partout, on est les seuls à voir notre rémunération baisser. Ça sera quoi la prochaine étape? 0,50 euro la course? Devoir payer pour livrer?", proteste celui qui a l'impression d'être la "variable d'ajustement" du système.

«Pas rentable»

L'appel à la grève a été lancé par Union-Indépendants, la fédération CGT Transports et SUD Commerces. Des rassemblements de livreurs grévistes sont prévus samedi et dimanche, notamment à Paris, Bordeaux, Nice, Strasbourg, Lyon, Toulouse, Marseille et Armentières, dans le nord de la France.

Des mouvements de protestation de livreurs indépendants, qui sont en France quelque 65.000 à passer par Uber Eats, avaient déjà eu lieu en novembre.

A Bordeaux, une vingtaine de livreurs, accompagnés d’une dizaine de militants de la CGT et du porte-parole du NPA Philippe Poutou, se sont eux aussi réunis place de la Victoire en fin de matinée pour réclamer l’amélioration de leur rémunération et de leurs conditions de travail.

"Ce n'est pas un travail rentable. Tu vas sacrifier toute ta journée pour avoir 50 euros", a dénoncé auprès de l'AFP Ousmane Doumbia, coursier Uber Eats de 22 ans. Les "courses de 2 km pour 3 euros, qui en réalité sont plus longues", si "tu les fais en moto, si tu comptes l'essence, l'Urssaf, l'entretien de la moto, à la fin tu n'as rien".

"D'après nos estimations, le nouveau système entraîne une baisse (de rémunération) de 10 à 40%", a assuré Lilian Pouill, livreur de 22 ans venu manifester à Paris. Résultat: "Je travaille plus pour compenser la perte."

«Esclavage moderne»

Selon la députée LFI Danièle Simonet, présente au rassemblement parisien, les plateformes utilisent leur promesse de rémunérer au minimum horaire de 11,75 euros pour "faire baisser le prix des courses" pour les livreurs, ces "tâcherons du XXIe siècle".

"C'est 11,75 euros de l'heure effective de course", sans compter le temps d'attente, a-t-elle dit à l'AFP. Donc "vous cumulez des courses pendant une heure pour qu'elles soient rémunérées au total à 11,75 euros, ça veut dire que vous faites fortement chuter le prix de chaque course individuelle."

"Ça crée une situation d'esclavage moderne", a protesté David Belliard, élu à la mairie de Paris, ville où les "livraisons de repas ont explosé ces dernières années". M. Belliard demande à ces plateformes, qui "exploitent ces gens", de requalifier leurs contrats en salariat. Il regrette que ce système de rémunération pousse les livreurs "à prendre évidemment des risques inconsidérés pour eux et ceux qui sont autour".

"La plupart d'entre nous veulent rester indépendants", a affirmé Adrien, mais "avec  un minimum de protection et surtout, une meilleure rémunération!"


Des milliers de soutiens aux Palestiniens de nouveau dans la rue à Paris

Le fondateur du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, participe à une manifestation pro-palestinienne à Paris, le 2 décembre 2023 (Photo, AFP).
Le fondateur du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, participe à une manifestation pro-palestinienne à Paris, le 2 décembre 2023 (Photo, AFP).
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  • «Nous sommes tous des enfants des enfants de Gaza», scandaient les manifestants
  • Une quarantaine de rassemblements de soutien au peuple palestinien étaient organisés en France

PARIS: Des milliers de soutiens au peuple palestinien sont de nouveau descendus dans la rue samedi à Paris avec des slogans réclamant un "cessez le feu permanent" dans le conflit entre Israël et le Hamas et dénonçant un "génocide" des Palestiniens.

Une quarantaine de rassemblements étaient organisés en France, au lendemain de la reprise des bombardements de la bande de Gaza par l'armée israélienne et l'expiration d'une trêve avec le Hamas, qui a permis la libération d'otages.

Dans la capitale, la manifestation a réuni 7.000 personnes, selon la préfecture de police, soit autant que lors d'un précédent rassemblement le 19 novembre mais moins que les 4 novembre (19.000) et le 11 novembre (16.000). Les organisateurs ont revendiqué 60.000 participants.

"Nous sommes tous des enfants de Gaza", ont scandé des manifestants, qui ont bravé le froid hivernal derrière une banderole appelant à un "cessez le feu permanent" dans le conflit né de l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné la riposte d'Israël avec pour objectif "d'anéantir" le mouvement islamiste palestinien.

Des pancartes dénonçaient un "génocide en Palestine", a constaté une journaliste de l'AFP.

Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, présent avec des élus de son parti dont les députées Mathilde Panot et Aurélie Trouvé, a jugé devant la presse que la reprise des bombardements israéliens à Gaza présentait "tous les indices d'une volonté génocidaire".

Juché pendant la manifestation sur un camion, il a harangué les manifestants en qualifiant d'"intolérable" qu'il soit "mort à Gaza en 42 jours plus de monde qu'il n'en a jamais été tué en quatre ans de siège à Sarajevo".

Motion en Martinique

La cheffe des écologistes, Marine Tondelier, a plaidé pour "l'entrée de la Cour pénale internationale à Gaza", "le seul moyen d'avoir des observateurs impartiaux" sur place.

La représentante de l'Autorité palestinienne en France, Hala Abou Assira, a insisté sur la nécessité d'un "cessez-le-feu immédiat" et réclamé que "le monde démocratique (...) oblige Israël à arrêter son agression".

Martine Bezzina, 70 ans, veut que "le peuple palestinien puisse vivre côte-à-côte avec le peuple israélien". "C'est ce que demandent les populations. La sécurité d'Israël passe par la sécurité et l'existence de la Palestine", ajoute cette manifestante venue en famille.

A Toulouse, ils étaient 600, selon la préfecture, 2.000 selon les organisateurs, avec des pancartes comme "Israël assassin, Biden complice".

Alexane, une étudiante en droit des médias de 22 ans qui n'a pas souhaité communiquer son patronyme, voudrait qu'"on donne au peuple palestinien les ressources nécessaires pour que la solution à deux Etats lui permette de vivre de manière convenable, autrement, le gouvernement israélien continuera à l'opprimer".

A Montpellier, ils étaient 500 selon les autorités, et à Rennes quelques centaines, selon l'AFP. Le président de l'association France Palestine solidarité à Rennes, Moulay Hamid, a déploré au micro l'inaction du gouvernement Macron et de la communauté internationale.

Les élus de l'Assemblée territoriale de Martinique ont de son côté adopté vendredi une "motion de soutien au peuple palestinien" pour condamner "toutes les violences commises contre des civils", "l’attaque organisée par le Hamas à l’encontre de civils israéliens", "les crimes de guerre commis par l’État d’Israël" et "exige(r) un cessez-le-feu immédiat".

Une manifestation sur l'île a réuni une soixantaine de personnes samedi, dont des élus, selon la police.