Les Syriens ont servi de «chair à canon» sur le front du Haut-Karabakh

Des soldats arméniens montent la garde à un poste de contrôle après un accord de trêve au Haut-Karabakh. Les Syriens ont raconté comment ils ont été dupés pour participer aux combats. (Photo, AFP/Archives)
Des soldats arméniens montent la garde à un poste de contrôle après un accord de trêve au Haut-Karabakh. Les Syriens ont raconté comment ils ont été dupés pour participer aux combats. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Vendredi 11 décembre 2020

Les Syriens ont servi de «chair à canon» sur le front du Haut-Karabakh

  • Des estimations récentes indiquent qu'entre 1 500 et 2 000 hommes ont rejoint les troupes de mercenaires pour se rendre en Azerbaïdjan
  • Les chiffres officiels font état de près de 3 000 morts du côté azéri. L'Azerbaïdjan refuse toutefois d’admettre que des Syriens fassent partie des morts

LONDRES: Quatre ressortissants syriens ont affirmé avoir été envoyés comme mercenaires au combat dans le conflit du Haut-Karabakh, alors qu’ils n'avaient été engagés que pour assurer la sécurité en Azerbaïdjan.

Les allégations, recueillies directement par la BBC britannique, contredisent les propos de la Turquie et de l’Azerbaïdjan. Les deux pays nient en bloc avoir recours à des mercenaires dans la guerre du Haut-Karabakh.

Les quatre hommes, originaires de zones rebelles dans le nord de la Syrie, ont appris en août l’existence d’emplois bien rémunérés à l’étranger.

L’un des Syriens a avoué à la BBC: «Un ami m’a parlé d’un très bon boulot, facile à faire, aux postes de contrôle militaires en Azerbaïdjan.»

Une autre recrue le confirme. «Ils nous ont dit que notre mission serait de servir de sentinelles à la frontière, des soldats de la paix. Ils offraient 2 000 dollars par mois. Pour nous, c’est toute une fortune.»

Tous deux ont été embauchés par l'intermédiaire de factions rebelles soutenues par la Turquie, et qui composent l'Armée nationale syrienne, un groupe opposé au régime du président Bachar Assad.

La guerre civile en Syrie a provoqué une crise économique et une chute des salaires; peu de gens dans la région gagnent aujourd’hui plus d’un dollar par jour. Le salaire promis était donc «indéniablement une aubaine », a révélé l’un des soldats syriens.

Des estimations récentes indiquent qu'entre 1 500 et 2 000 hommes ont rejoint les troupes de mercenaires pour se rendre en Azerbaïdjan, via la Turquie, à bord d’avions militaires.

Cependant, les hommes ont été intentionnellement induits en erreur. Ils étaient recrutés pour faire la guerre, bien qu’un grand nombre n'aient aucune expérience militaire. La ruse mortelle a été découverte lorsqu’ils ont été emmenés au front et ont reçu l’ordre de se battre.

L’un des Syriens a déclaré: «Je ne m'attendais pas à survivre, je me donnais 1 % de chance de survie. La mort était partout autour de nous.»

L’Azerbaïdjan et son allié régional, la Turquie, nient avoir recours à des mercenaires dans ce conflit. Des chercheurs ont cependant obtenu des preuves photographiques, tirées de vidéos et d’images mises en ligne par des combattants, et qui racontent une histoire très différente.

Les Syriens ont été déployés du côté sud de la ligne azérie, où les deux camps ont subi de lourdes pertes. Les combattants ont dévoilé à la BBC qu'ils «se trouvaient sous les tirs continus» et qu’ils restent traumatisés par de l’expérience. Ils ont choisi de garder l'anonymat par crainte de représailles de la part de leurs supérieurs.

«Ma première bataille a débuté le lendemain de mon arrivée», relate l’un d'eux. «J’ai été envoyé avec une trentaine d’hommes au front. Nous avons marché 50 mètres environ quand une roquette est tombée près de nous. Je me suis jeté au sol. Le bombardement a duré près de trente minutes. J’ai vécu ces minutes comme des années. C’est à ce moment-là que j'ai regretté d’être venu en Azerbaïdjan», a-t-il dévoilé.

«Nous ne savions pas quoi faire ni comment réagir», confie un autre ancien combattant, qui ajoute que nombre de ses camarades et lui n’avaient presque aucune formation militaire, encore moins en contexte de guerre. «J’ai vu des hommes mourir, et d’autres qui se sont juste enfuis. Ils n’avaient aucune idée de l’endroit où ils allaient, car ils étaient tout simplement des civils», a-t-il déclaré.

Les quatre hommes affirment que les recrues syriennes n'ont pour ainsi dire reçu aucun équipement de protection, ni de soutien médical. De nombreux combattants ont saigné à mort à la suite de blessures que les médecins auraient pu soigner, ont-ils ajouté.

«Le moment le plus dur a été lorsque l’un de mes compagnons a été touché», révèle l’un des combattants. Blessé par des éclats d'obus, le soldat est hospitalisé. «Il était à 20 mètres de moi lorsque l’obus a atterri. Je l’ai vu tomber. Il m’appelait en criant. Mais sa place était exposée aux mitrailleuses arméniennes. Je ne pouvais malheureusement pas l’aider. Il est mort là-bas en fin de compte».

Un autre combattant syrien s’est retrouvé «paralysé par la peur» lorsque les bombardements ont commencé. «Je me souviens que je me suis simplement assis par terre et que j'ai pleuré, mes amis blessés ont commencé à pleurer également», a-t-il avoué. «Un homme a reçu un éclat d'obus à la tête. Il est mort là. Chaque jour, je revois la scène. Je ne peux que m’asseoir et pleurer, même après tout ce temps. Je ne sais pas comment j'ai survécu à cette abominable guerre.»

Les estimations du nombre de morts parmi les Syriens dans ce conflit varient. Les chiffres officiels font état de 2 400 victimes du côté arménien et de près de 3 000 du côté azéri. L'Azerbaïdjan refuse toutefois d’admettre que des Syriens fassent partie des morts.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".