Aux Etats-Unis, les chercheurs en désinformation cibles d'une campagne judiciaire

Le Capitole américain est vu au crépuscule alors que la Chambre se réunit pour voter sur un ensemble de règles pour le 118e Congrès, à Washington, DC, le 9 janvier 2023 (Photo, AFP).
Le Capitole américain est vu au crépuscule alors que la Chambre se réunit pour voter sur un ensemble de règles pour le 118e Congrès, à Washington, DC, le 9 janvier 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 05 juillet 2023

Aux Etats-Unis, les chercheurs en désinformation cibles d'une campagne judiciaire

  • L'étude de la désinformation est vue comme une ressource utile en vue de cette échéance électorale, mais les principaux chercheurs dans ce domaine sont la cible d'actions en justice de groupes conservateurs
  • Dans ce contexte, l'administration Biden a fait marche arrière sur certaines de ses initiatives pour contrer la désinformation

WASHINGTON: Les chercheurs et think tanks qui étudient la désinformation aux Etats-Unis disent faire face à une campagne judiciaire acharnée de la part des conservateurs, qu'ils dénoncent comme une tentative d'intimidation à l'approche de la prochaine élection présidentielle américaine.

L'étude de la désinformation est vue comme une ressource utile en vue de cette échéance électorale, mais les principaux chercheurs dans ce domaine sont la cible d'actions en justice de groupes conservateurs, et d'enquêtes de la part d'élus républicains.

Ces universitaires, y compris d'établissements réputés comme Stanford ou l'université de Washington, ont travaillé sur des sujets sensibles, comme la contestation des résultats de l'élection présidentielle de 2020 par Donald Trump, ou les théories du complot concernant les vaccins contre la Covid-19.

Ils sont accusés par certains politiques de collaborer avec le gouvernement pour censurer les discours conservateurs.

La commission judiciaire de la Chambre des représentants, à majorité républicaine, a réclamé à certains chercheurs leurs e-mails échangés avec des responsables gouvernementaux ou de réseaux sociaux remontant à 2015, selon des documents consultés par l'AFP.

Des requêtes qui prennent énormément de temps, et engagent des frais juridiques, dénoncent des universitaires.

"Cela a un effet décourageant important sur le travail fait pour étudier différentes formes d'informations fausses ou trompeuses", a déclaré un de ces chercheurs à l'AFP. "Les gens sont tellement pris par les réponses à ces requêtes que leur travail s'est quasiment arrêté pour la plupart d'entre eux."

En plus des menaces auxquelles les chercheurs font régulièrement face dans un pays ultra-polarisé politiquement, ces stratégies consistent en une "tactique de harcèlement" ayant des conséquences sur leur moral, selon un autre universitaire.

L'AFP a interviewé quatre d'entre eux, qui ont souhaité que leur nom ne soit pas publié pour leur sécurité.

Plaintes

"Il est notable et très troublant qu'un groupe parlementaire qui prétend enquêter sur la censure intimide des chercheurs", a commenté Jameel Jaffer, avocat spécialisé dans la défense de la liberté d'expression à l'université Columbia.

Dans une déclaration à l'AFP, l'université Stanford s'est dite "extrêmement préoccupée par les efforts actuels pour entraver la liberté de recherche et discréditer des travaux légitimes et nécessaires".

En mai, America First Legal, une organisation ayant à sa tête un ancien conseiller de Donald Trump, Stephen Miller, a saisi la justice en Louisiane pour frapper le coeur de ce qu'il appelle un "système de censure": des universitaires, mais aussi des chercheurs de think tanks, comme l'Atlantic Council.

L'un des plaignants est Jim Hoft, fondateur du site conspirationniste Gateway Pundit.

Pour le groupe de défense de la liberté d'expression PEN America, il s'agit "d'une tentative calculée de réduire au silence la recherche universitaire et d'entraver le combat contre la désinformation".

Des chercheurs de Stanford font l'objet d'une autre plainte au Texas venant de personnes anti-vaccins. Selon elles, le signalement de leurs publications comme de la désinformation et leur suppression s'apparente à une "censure de masse".

«Coups tordus»

Les organisations travaillant sur la désinformation réfutent avoir le pouvoir de supprimer ces publications, et nient toute collusion avec le gouvernement.

C'est malgré tout l'angle d'attaque de la commission parlementaire dirigée par l'influent élu républicain Jim Jordan, qui n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

Allié de Trump, il a accusé ces organisations de "censure du discours non-apprécié".

Le mois dernier, un sous-comité dont il est à la tête a avancé dans un rapport qu'une agence de cybersécurité du gouvernement s'était mobilisée pour censurer les Américains, de concert avec la "Big Tech".

Dans ce contexte, l'administration Biden a fait marche arrière sur certaines de ses initiatives pour contrer la désinformation.

L'été dernier, un Conseil de gouvernance sur la désinformation, qui était qualifié de "ministère de la Vérité" par les conservateurs, en référence à l'ouvrage "1984" de George Orwell, a été dissous.

En février, l'organisation National Endowment for Democracy (NED), soutenue par le Département d'Etat américain, a déclaré arrêter de financer l'ONG Global Disinformation Index (GDI), qui lutte contre la désinformation.

Cette annonce a fait suite à une campagne d'élus républicains, dont Jim Jordan, ayant accusé le GDI de "secrètement chercher à priver de financements les médias conservateurs".

Pour de nombreux chercheurs en désinformation, ces actions à leur encontre sont une stratégie de la part de la droite en amont de l'élection présidentielle de novembre 2024.

"Si vous voulez vous en sortir avec des coups tordus l'année prochaine, vous devez vous débarrasser de cet espace" de recherche, a déclaré un chercheur à l'AFP. "Le but est de s'assurer que personne n'examine le terrain avant la prochaine élection."


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
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  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.

 

 


Vision Golfe 2025 : Paris accueille une nouvelle étape dans le partenariat stratégique entre la France et le Golfe

Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
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  • Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des pays du
  • Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques

PARIS: Les 17 et 18 juin prochains, la troisième édition de Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce forum de haut niveau, désormais incontournable, vise à transformer les visions stratégiques partagées en partenariats concrets, autour du thème : « Des visions audacieuses à l’impact concret : une nouvelle ère de coopération ».

Un programme structuré autour de dix axes stratégiques

Pendant deux jours, Vision Golfe 2025 mettra en lumière dix domaines clés de collaboration : transition énergétique, intelligence artificielle, santé, éducation, agroalimentaire, infrastructures intelligentes, luxe, sport, mobilité et environnement d’investissement.

Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques.

Des figures majeures au programme

L’événement accueillera des ministres de haut rang de France et du Golfe, apportant une perspective politique de premier plan sur les grandes orientations bilatérales. Parmi les institutions représentées figurent notamment l’Université d’intelligence artificielle Mohammed ben Zayed  (MBZUAI) à Abou Dhabi et le Abu Dhabi Investment Office (ADIO), tous deux engagés dans la construction de ponts technologiques et économiques entre les deux régions.

Une ambition européenne portée par la France

En tant que première destination des investissements étrangers en Europe en 2024, la France joue un rôle de passerelle vers le marché européen pour les fonds souverains, les investisseurs privés et les start-ups innovantes du Golfe.

Vision Golfe 2025 s’inscrit dans cette dynamique en offrant une plateforme stratégique pour explorer de nouvelles synergies économiques.

Bilan positif et continuité

La précédente édition avait permis la signature d’accords marquants, notamment entre la Saudi Ports Authority (MAWANI) et le Grand Port Maritime de Marseille Fos, ainsi que la création du France Lab au sein de la MBZUAI — véritable symbole de coopération en matière d’intelligence artificielle.

Vers un partenariat durable et multidimensionnel

Dans un contexte de croissance continue des échanges — estimés à 20,9 milliards d’euros entre la France et le CCG en 2024, dont 8,5 milliards avec les Émirats arabes unis et 7,6 milliards avec l’Arabie saoudite — Vision Golfe 2025 ambitionne de consolider un partenariat structuré autour de trois piliers :

  • l’innovation industrielle,
  • les échanges académiques et culturels,
  • les projets d’investissement stratégique.

La session ministérielle « Blueprints for 2030 » et le panel « Innover pour la durabilité » promettent d’ouvrir la voie à des coopérations concrètes et orientées vers des résultats mesurables.

Vision Golfe 2025 s’impose comme un carrefour stratégique, où ambitions partagées et réalisations concrètes convergent pour dessiner l’avenir des relations entre la France et les pays du Golfe.


l'Arabie saoudite fait progresser ses objectifs en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
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  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com