Algérie: du fromage à la mode suisse dans les pâturages de Kabylie

Le fromager Rachid Ibersiene dans sa cave avec ses meules de fromage Tamgout dans le village de Tamassit au nord de l'Algérie le 12 juin 2023. (Photo AFP)
Le fromager Rachid Ibersiene dans sa cave avec ses meules de fromage Tamgout dans le village de Tamassit au nord de l'Algérie le 12 juin 2023. (Photo AFP)
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Publié le Jeudi 06 juillet 2023

Algérie: du fromage à la mode suisse dans les pâturages de Kabylie

  • "Les premières meules sont sorties en 2010. Nous nous sommes inspirés du Vacherin Fribourgeois, en adaptant toute la méthodologie au lait algérien, qui est différent du lait suisse", explique M. Ibersiene
  • En quelques années, Rachid Ibersiene et son Tamgout, mélange de gruyère et gouda dont il estime qu'il est un fromage "typiquement algérien", sont devenus les coqueluches des diplomates occidentaux en Algérie

TAMASSIT: Tablier blanc et calotte sur la tête, Rachid Ibersiene, s'affaire entre les cuves de pasteurisation. Cet ancien ingénieur en Suisse est revenu dans son Algérie natale avec un nouveau métier inhabituel: producteur artisanal de fromage.

"Nous avons commencé avec une bouteille de gaz butane et un réchaud", explique-t-il, en montrant fièrement, dix ans plus tard, sa fabrique, entourée d'arbres fruitiers dans un champ verdoyant, près du village kabyle de Tamassit, à 160 kilomètres à l'est d'Alger.

Né dans un quartier populaire de la banlieue d'Alger, Rachid Ibersiene, 57 ans, a fait des études en hydrocarbures, mais faute de trouver un emploi correspondant à ses qualifications, il tente sa chance en Italie dans un tout autre domaine, le cinéma.

"J'ai tenté une carrière de metteur en scène à Rome, au début des années 1990, mais j'y ai vite renoncé, le cinéma italien étant alors en déclin", raconte à l'AFP Rachid Ibersiene.

Chalets d'alpage en Gruyère

Il s'installe ensuite en Suisse où il restera 16 ans. Après une formation en multimédia, il décroche un emploi de conseiller informatique, spécialisé en vidéo numérique, avec un salaire confortable.

"C'est là qu'est né le projet de fromagerie. Pour décompresser, les week-ends, je montais dans les chalets d'alpage en Gruyère (près de Fribourg, ndlr) où sont implantés de nombreuses fromageries", se souvient-il.

En 2003, il y élit domicile pendant deux ans pour apprendre les rudiments de la fabrication des fromages helvètes "auprès d'amis fromagers".

Trois ans plus tard, il rentre au bercail, sur les terres familiales de Tamassit au pied du mont Tamgout, en Kabylie, pour lancer sa fromagerie.

En raison de difficultés d'accès aux financements, M. Ibersiene utilise toutes ses économies pour financer son projet, soit un investissement de 10 millions de dinars (plus de 67.000 euros) dans des équipements acquis majoritairement en Algérie.

"Les premières meules sont sorties en 2010. Nous nous sommes inspirés du Vacherin Fribourgeois, en adaptant toute la méthodologie au lait algérien, qui est différent du lait suisse", explique M. Ibersiene.

«Plus nuancé»

"Le lait algérien est moins standardisé et un peu plus bio puisque les élevages sont plus petits et plus diversifiés. En Suisse on ne trouve pas des éleveurs avec deux ou trois vaches laitières donc notre fromage est d'un goût plus nuancé", ajoute-t-il.

"Depuis, les bénéfices ont été réinvestis systématiquement pour développer la fromagerie", dit M. Ibersiene, qui passe ses journées, entouré de cinq employés, à inspecter les caves où sont stockées les meules qu'il faut régulièrement frotter et retourner.

La durée de maturation du Tamgout, son fromage, "varie d'un mois à deux ans, selon le goût de la clientèle", précise-t-il.

En quelques années, Rachid Ibersiene et son Tamgout, mélange de gruyère et gouda dont il estime qu'il est un fromage "typiquement algérien", sont devenus les coqueluches des diplomates occidentaux en Algérie qui visitent sa fromagerie pour déguster son produit.

"Notre fromage est produit à base de lait de vache cru, sans aucun additif alimentaire. Il n'est pas traité. Nous utilisons des ferments lactiques naturels", précise-t-il.

50 kilos de fromage

Il se fait livrer entre 700 et 1.000 litres de lait de vache qui lui permettent de produire près de 50 kilos de fromage quotidiennement.

Au départ, le Tamgout, frappé de l'étiquette "une idée suisse, un fromage algérien", était vendu dans les hypermarchés mais des problèmes de recouvrement ont contraint M. Ibersiene à interrompre les livraisons.

Désormais, il n'est disponible que dans les magasins de produits du terroir ou dans les épiceries fines.

La fromagerie commence à devenir rentable à partir de 2018 lorsque le produit local, aidé par la baisse des importations, a pu se frayer une place sur le marché algérien.

Et même s'il gagnait mieux sa vie en Suisse, la fierté que lui procure le succès rencontré par son fromage n'a pas de prix pour Rachid Ibersiene.

"Des clients viennent de l'étranger pour en acheter directement ici", affirme-t-il, citant l'exemple récent d'un Algérien installé à New York. "J'ai demandé au client de m'envoyer une photo de la roue. C'est une fierté car nous sommes partis de rien".


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.


Trump avertit Israël de ne pas «interférer» avec la Syrie

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
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  • Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump
  • "Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère"

WASHINGTON: Donald Trump a mis en garde Israël lundi contre toute ingérence en Syrie qui risquerait de compromettre la transition du pays arabe en "Etat prospère", après une incursion vendredi de forces israéliennes dans le sud de la Syrie.

Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump.

"Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère", a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social, affirmant que les Etats-Unis étaient "très satisfaits des résultats affichés" par Damas.

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste.

Depuis la chute il y a près d'un an du président Bachar al-Assad, renversé par une coalition islamiste, Israël a mené des centaines de frappes et conduit des incursions en Syrie. L'opération de vendredi est la plus meurtrière de celles-ci et le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé un "crime de guerre".

Donald Trump avait reçu début novembre à la Maison Blanche le nouveau chef d'Etat syrien, Ahmad al-Chareh, pour une visite cordiale, au cours de laquelle l'ancien jihadiste avait annoncé que son pays rejoindrait la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI). Le président américain, qui a levé les sanctions contre Damas, pousse également pour qu'un accord de sécurité soit conclu entre Israël et la Syrie.

"Le nouveau président de la Syrie, Ahmad al-Chareh, travaille de manière assidue pour s'assurer que des bonnes choses arrivent et que la Syrie et Israël aient à l'avenir une relation longue et prospère ensemble", a déclaré lundi Donald Trump dans son post sur Truth Social.

"C'est une opportunité historique, et elle s'ajoute au SUCCÈS, déjà atteint, pour la PAIX AU MOYEN-ORIENT", a-t-il affirmé.

Invitation 

Lors de leur échange par téléphone lundi, Benjamin Netanyahu et Donald Trump ont évoqué un "élargissement" des accords de paix régionaux, selon un communiqué des services du Premier ministre israélien publié dans la foulée du post de Donald Trump.

"Trump a invité le Premier ministre Netanyahu à une rencontre à la Maison Blanche dans un avenir proche", ont-ils ajouté.

Benjamin Netanyahu a déjà effectué davantage de visites auprès de Donald Trump que n'importe quel autre dirigeant étranger depuis le retour du républicain au pouvoir.

"Les deux dirigeants ont souligné l'importance et le devoir de désarmer le Hamas et de démilitariser la bande de Gaza", précise le communiqué.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël a déployé des troupes dans la zone démilitarisée sur le plateau du Golan, au-delà de la ligne de démarcation entre la partie de ce territoire syrien annexée unilatéralement par Israël en 1981 et le reste de la Syrie.

Israël attache une "importance immense" à sa présence militaire dans la zone tampon en Syrie, avait déclaré le 19 novembre son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lors d'une visite à des soldats israéliens déployés dans cette zone censée être sous le contrôle de l'ONU.

Cette visite avait été dénoncée par Damas et par l'ONU.

Pendant l'été, des contacts de haut niveau entre responsables israéliens et syriens ont eu lieu, avec l'aide de Paris et Washington, les deux parties indiquant vouloir parvenir à un accord de sécurité.

Mais Benjamin Netanyahu exige pour cela une démilitarisation de toute la partie du territoire syrien courant du sud de Damas jusqu'à la ligne de démarcation de 1974, instituée après la guerre israélo-arabe de 1973.