Syrie: Paris cesse les rapatriements collectifs de femmes de djihadistes, faute de volontaires

Des femmes avec des enfants marchent au Camp Roj, où les proches des personnes soupçonnées d'appartenir au groupe État islamique (EI) sont détenus, dans la campagne près d'al-Malikiyah (Derik) dans la province de Hasakah, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021. (Photo, AFP)
Des femmes avec des enfants marchent au Camp Roj, où les proches des personnes soupçonnées d'appartenir au groupe État islamique (EI) sont détenus, dans la campagne près d'al-Malikiyah (Derik) dans la province de Hasakah, dans le nord-est de la Syrie, le 28 mars 2021. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 07 juillet 2023

Syrie: Paris cesse les rapatriements collectifs de femmes de djihadistes, faute de volontaires

  • Mardi, 10 femmes et 25 enfants ont été rapatriés de Syrie, une opération qui avait alors été présentée aux familles comme la dernière de ce type, suscitant leur inquiétude
  • La question de leur rapatriement est sensible dans de nombreux pays, particulièrement en France qui a été frappée par des attentats djihadistes, notamment en 2015, fomentés par l'EI

PARIS: La France va cesser les rapatriements collectifs de femmes de djihadistes et de leurs enfants détenus dans les camps du nord-est de la Syrie, faute de volontaires et après avoir mené mardi la quatrième opération de ce type en un an.

"L'ensemble des mères ayant exprimé leur souhait de quitter la Syrie ayant été rapatriées, il n'y aura plus d'opération de ce type", a indiqué vendredi à l'AFP une source diplomatique.

Mardi, 10 femmes et 25 enfants ont été rapatriés de Syrie, une opération qui avait alors été présentée aux familles comme la dernière de ce type, suscitant leur inquiétude.

La France ne peut pas "rapatrier de force des personnes résidant à l'étranger, ni bien sûr leurs enfants", a expliqué vendredi la source diplomatique, précisant que 169 enfants et 57 femmes adultes ont été ramenés sur le territoire français depuis 2019.

"Certaines mères très radicalisées ont explicitement affirmé vouloir demeurer en Syrie", a expliqué la même source, sans pouvoir communiquer le nombre de personnes concernées. En mai, une source proche du dossier avait indiqué à l'AFP qu'environ 80 Françaises ne souhaitaient "pas rentrer".

Une autre source diplomatique n'a toutefois pas exclu la possibilité de rapatrier quelques femmes sur une base individuelle et de façon ciblée.

"Barbelés" et "violence" 

Ces Françaises s'étaient rendues volontairement dans les territoires contrôlés par les groupes djihadistes en zone irako-syrienne et avaient été capturées au moment de la chute de l'organisation Etat islamique (EI) en 2019.

Tout adulte qui a rejoint la zone irako-syrienne et qui y est resté fait l'objet d'une procédure judiciaire.

La question de leur rapatriement est sensible dans de nombreux pays, particulièrement en France qui a été frappée par des attentats djihadistes, notamment en 2015, fomentés par l'EI.

La France avait opté jusqu'à l'été 2022 pour un rapatriement ciblé d'enfants orphelins ou de mineurs dont les mères avaient accepté de renoncer à leurs droits parentaux.

Puis en juillet 2022, elle avait procédé à la première opération de rapatriement collectif d'ampleur, avant celle d'octobre, puis de janvier derniers.

"Il reste dans ces camps une centaine d'enfants qui ne connaissent que la fange, les barbelés et la violence", a affirmé mardi Marie Dosé, avocate de familles de femmes et d'enfants retenus dans les camps du nord-est syrien.

Elle affirme que la France "a les moyens d'imposer le retour de ces enfants, qui peuvent tout à fait être conduits avec leurs mères au Kurdistan irakien en vue de leur expulsion vers la France, que ce retour soit ou non accepté par ces femmes".

Le collectif des Famille unies, qui réunit des proches de Françaises détenues en Syrie, dénonce régulièrement des conditions de vie dans les camps "incompatibles avec le respect de la dignité humaine".

Cette association exhorte aussi le gouvernement à prendre "dès à présent toutes les mesures nécessaires pour rapatrier l'intégralité des enfants français détenus en Syrie, ainsi que leurs mères".


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
Short Url
  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
Short Url
  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.