A Bordeaux, l'aquaponie veut passer à l'échelle supérieure

Un employé inspecte des plantes cultivées en hydroponie sur des plateformes flottantes aux «Nouvelles Fermes» de Mérignac, dans la banlieue de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 5 juin 2023 (AFP).
Un employé inspecte des plantes cultivées en hydroponie sur des plateformes flottantes aux «Nouvelles Fermes» de Mérignac, dans la banlieue de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 5 juin 2023 (AFP).
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Publié le Dimanche 09 juillet 2023

A Bordeaux, l'aquaponie veut passer à l'échelle supérieure

  • La serre d'un demi-hectare ouverte l'an dernier par les «Nouvelles Fermes» à Mérignac, dans l'ouest de l'agglomération, est cinq fois plus étendue que la première construite par cette société en 2019 à Lormont
  • Soixante tonnes de légumes et 12 tonnes de truites sortent chaque année de la ferme de Mérignac, livrées dans un rayon maximum de 20 kilomètres

MERIGNAC, France: Produire des salades et des truites près des villes en respectant l'environnement: les créateurs d'une des plus grandes fermes d'aquaponie d'Europe, près de Bordeaux, ambitionnent d'essaimer dans toute la France.

La serre d'un demi-hectare ouverte l'an dernier par les "Nouvelles Fermes" à Mérignac, dans l'ouest de l'agglomération, est cinq fois plus étendue que la première construite par cette société en 2019 à Lormont, au nord-est de la capitale girondine.

Les cofondateurs visent encore plus grand: installer d'ici à cinq ans des exploitations de plusieurs hectares autour des grandes villes du pays pour produire à des tarifs compétitifs, y compris avec l'agriculture conventionnelle, grâce à cette technique millénaire.

"On essaye de recréer du lien entre l'urbain et l'agriculture. +L'agri-bashing+ est lié à une incompréhension d'un monde qu'on ne côtoie plus vraiment", estime Thomas Boisserie, l'un des cinq créateurs des Nouvelles Fermes.

Combinant dans un circuit fermé aquaculture, ici un élevage de truites, et hydroponie, mode de production où les racines des cultures trempent directement dans l'eau, la ferme aquaponique consomme, selon eux, dix fois moins d'eau et quatre fois moins d'énergie qu'une exploitation conventionnelle à rendement équivalent.

Des chiffres "cohérents", estime Laurent Labbé, ingénieur à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), pour qui "ces gains, qui dépendent aussi du modèle d'aquaculture, peuvent encore être améliorés" en perfectionnant le procédé de production.

Les premières traces de ce modèle remontent aux Aztèques et à certaines rizières de Chine il y a 1 700 ans.

Mais c'est de Brooklyn, un des arrondissements de New York, qu'est venue l'inspiration bordelaise : une serre de 1 500m2 sur le toit d'un supermarché, dont elle récupère la chaleur fatale pour produire une partie des fruits et légumes vendus dans le magasin.

«Vertueux»

L'installation américaine utilisant des intrants chimiques, "nous sommes tombés sur l'aquaponie en cherchant un modèle plus vertueux", raconte Thomas Boisserie.

La truite a été choisie car c'est le poisson d'eau douce le plus consommé en France (donnée 2020) selon FranceAgriMer.

L'alevinage, trop contraignant, est confié à un partenaire en Normandie. "Les poissons arrivent ici à 300 grammes et ils restent 10 mois pour atteindre 2,5 kilogrammes avant d'être tués", détaille cet ancien salarié d'une ONG spécialisée dans la reforestation.

Le procédé d'aquaponie repose sur un cycle naturel : des bactéries digèrent ici l'ammoniac présent dans les déjections des truites pour alimenter en nutriments les légumes produits, qui filtrent en retour l'eau pour la rendre aux poissons.

Quant au choix des cultures, si techniquement tout peut pousser en hydroponie, "tout n'est pas rentable", explique Thomas Boisserie, soulignant l'environnement "chaud et humide" de la serre qui favorise "le développement de champignons parasites comme le mildiou, l'oïdium ou le bremia".

Après avoir testé "plus de 300 variétés", l'exploitation s'est principalement tournée vers les salades et les aromates, produisant aujourd'hui "1% des besoins de Bordeaux Métropole en salade et 4% des besoins en truite".

Soixante tonnes de légumes et 12 tonnes de truites sortent chaque année de la ferme de Mérignac, livrées dans un rayon maximum de 20 kilomètres.

La ferme s'interdit l'utilisation de pesticides et d'intrants chimiques mais ne peut cependant bénéficier du label "agriculture biologique", réservé aux cultures en terre.

C'est là le principal frein, selon Laurent Labbé: le principe est de faire vivre plantes, bactéries et poissons dans un même environnement mais ceux-ci ont des besoins différents pour optimiser leur rendement. "Il faudra donc toujours faire des compromis, qui réduisent la production et font monter les prix de vente à des niveaux difficiles à justifier sans label bio."

Mais les créateurs des Nouvelles Fermes restent persuadés que "l'aquaponie fera partie du mix de l'agriculture de demain".


La "loi spéciale" au Parlement, rendez-vous en janvier pour reparler budget

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu et le ministre français de l'Économie et des Finances Roland Lescure quittent l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu et le ministre français de l'Économie et des Finances Roland Lescure quittent l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • Faute d’accord sur le budget de l’État, le Parlement vote une loi spéciale pour reconduire provisoirement le budget 2025 et assurer le fonctionnement de l’État
  • Les débats budgétaires reprendront en janvier, sur fond de déficit élevé, de tensions politiques et de discussions autour d’un possible recours au 49.3

PARIS: Le Parlement pose une rustine sur ses désaccords budgétaires. L'Assemblée nationale et le Sénat devraient voter tour à tour mardi la "loi spéciale" présentée par le gouvernement pour continuer de financer provisoirement l'État et les administrations.

Les votes des deux assemblées ponctuent deux mois et demi de débats budgétaires qui se soldent par un échec partiel pour le Premier ministre Sébastien Lecornu.

Le dialogue privilégié engagé par le Premier ministre avec le Parti socialiste a permis l'adoption du budget de la Sécurité sociale pour 2026, au prix de concessions sur les retraites et le financement de la Sécurité sociale.

Mais les profondes divergences entre l'Assemblée nationale et le Sénat, tenu par des partis de droite et du centre hostiles à tout prélèvement supplémentaire, ont empêché l'approbation du second texte budgétaire, celui sur le financement de l'État.

Les parlementaires se retrouveront donc en début d'année pour de nouvelles joutes sur ce texte, alors que la France est confrontée à un endettement croissant et que les discussions budgétaires n'ont pas permis de dessiner une trajectoire de réduction des déficits.

"Nous devrons au plus vite, en janvier, donner un budget à la nation" qui "devra tenir l'objectif de 5% de déficit et financer nos priorités", a déclaré Emmanuel Macron lundi soir lors du Conseil des ministres, selon la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

"L'Élysée commence à s'impatienter", glissait lundi un cadre du camp gouvernemental.

Rentré d'Abou Dhabi où il était allé célébrer Noël avec les troupes françaises, Emmanuel Macron a présidé lundi soir un Conseil des ministres de crise pour la présentation de la loi spéciale.

- Pas de dépense nouvelle -

Le texte reconduit temporairement le budget de 2025, il permet de lever l'impôt et de payer les fonctionnaires. Mais il ne comprend pas de dépenses nouvelles, y compris sur la défense, érigée en priorité face à la menace russe.

Ce projet de loi spéciale devrait être voté mardi en toute fin d'après-midi par l'Assemblée nationale, puis dans la soirée par le Sénat. A l'unanimité ou presque. Avant d'être promulgué dans les jours suivants par le chef de l'État.

Déjà l'an dernier, l'exécutif avait dû y avoir recours après la chute du gouvernement de Michel Barnier, renversé par une motion de censure sur le budget de la Sécurité sociale. Les deux textes budgétaires 2025 avaient finalement été approuvés au mois de février, quelques semaines après l'arrivée de François Bayrou à Matignon.

Anticipant la reprise des débats en janvier, Sébastien Lecornu a reçu dimanche et lundi les forces politiques, à l'exception de la France insoumise et du Rassemblement national. Un ballet devenu habituel de responsables politiques exprimant leurs exigences et lignes rouges rue de Varenne, à l'issue de ces entretiens.

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a appelé à un budget qui ne fasse pas "peser les efforts sur les plus modestes" et préserve les investissements en matière d'écologie.

Quant à la cheffe des députés écologistes Cyrielle Châtelain, elle s'est inquiétée d'une copie budgétaire trop calquée sur les positions du Sénat. En cas de 49.3, les Ecologistes choisiront "la censure", a-t-elle prévenu.

Car on reparle de plus en plus de cet outil constitutionnel permettant de faire adopter un texte sans vote, sauf motion de censure.

Écarté par le Premier ministre à la demande des socialistes, qui le jugent brutal, il est évoqué avec insistance par des responsables de droite et du bloc central qui lui demandent de revenir sur son engagement.

Il faudrait alors pour le gouvernement trouver avec les socialistes des conditions de non-censure. Pour espérer enfin tourner la page du débat budgétaire.

Mais pour l'heure, Sébastien Lecornu s'y refuse, jugeant le projet de budget "encore votable sans intervention du gouvernement", selon Mme Bregeon.


France: Conseil des ministres spécial pour tenter de sortir de l'impasse budgétaire

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron convoque un conseil des ministres extraordinaire pour présenter une loi spéciale afin d’assurer le financement de l’État face à l’impasse budgétaire
  • Les discussions sur un budget 2026 reprendront rapidement : le gouvernement vise une adoption d’ici fin janvier, dans un contexte de fortes divergences

PARIS: Le président français Emmanuel Macron préside lundi un conseil des ministres extraordinaire qui devrait conduire à l'adoption rapide par le Parlement d'une loi spéciale, destinée à financer l'Etat et ses administrations malgré l'impasse budgétaire.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu doit poursuivre dans la journée de lundi ses consultations des différentes formations politiques "pour trouver les conditions d'une solution".

Une commission de sénateurs et députés a échoué vendredi à trouver un accord sur le projet de loi de finances pour l'année à venir.

A l'issue de ces discussions, un conseil des ministres de crise destiné à présenter le projet de loi spéciale est prévu en fin de journée, au retour du président Emmanuel Macron d'Abou Dhabi, où le chef d'État a annoncé devant des militaires français le coup d'envoi de la construction du futur porte-avions destiné à remplacer le Charles De Gaulle.

Dans la foulée, les commissions des Finances de l'Assemblée nationale et du Sénat auditionneront lundi soir et mardi le ministre de l'Économie Roland Lescure et la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, sur ce projet de loi. L'objectif est que ce texte spécial puisse être voté mardi par les deux chambres.

Mais il faudra dès la rentrée reprendre les discussions pour tenter de trouver un budget 2026, car la loi spéciale "c'est un service minimum", a martelé Amélie de Montchalin.

La ministre a indiqué dimanche soir sur la chaîne BFMTV que l'objectif est d'adopter une véritable loi de finance 2026 avant "la fin janvier", y compris avec "quelques hausses d'impôts", une des demandes notamment du Parti socialiste - partenaire privilégié de Sébastien Lecornu lors de l'examen du budget de la Sécurité sociale, et à qui il a concédé notamment la suspension de la réforme des retraites.

Reste qu'après deux mois de discussions qui n'ont pas permis d'aboutir, le doute subsiste sur la capacité du Premier ministre à obtenir ce compromis, entre une droite sénatoriale attachée aux économies et aux baisses d'impôts et une Assemblée où la gauche réclame plus de recettes et moins de coupes budgétaires.


Macron donne le coup d'envoi du futur porte-avions lors du Noël avec les troupes

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
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  • Plus grand et plus puissant, ce bâtiment symbolise l’ambition stratégique et industrielle de la France, malgré les contraintes budgétaires et les débats sur l’évolution des menaces

ABOU DHABI: Emmanuel Macron a donné dimanche le coup d'envoi de la construction du futur porte-avions français destiné à remplacer le Charles De Gaulle et qui doit entrer en service en 2038.

"Ce nouveau porte-avions sera l'illustration de la puissance de notre nation, puissance de l'industrie, de la technique, puissance au service de la liberté sur les mers et dans les remous du temps", a-t-il assuré.

L'annonce du lancement officiel de la construction était très attendue malgré l'impasse budgétaire dans laquelle se trouve le gouvernement, alors que le mur d'investissements nécessaires et l'évolution des menaces mettent le projet sous pression.

"Conformément aux deux dernières lois de programmation militaire, et après un examen complet et minutieux, j'ai décidé de doter la France d'un nouveau porte-avions", a annoncé le chef de l'Etat français lors du Noël avec les troupes à Abou Dhabi.

"La décision de lancer en réalisation ce très grand programme a été prise cette semaine", a-t-il ajouté.

Lui aussi à propulsion nucléaire, le nouveau porte-avions sera beaucoup plus massif que l'actuel. Il fera près de 80.000 tonnes pour environ 310 mètres de long, contre 42.000 tonnes pour 261 mètres pour le Charles De Gaulle. Avec un équipage de 2.000 marins, il pourra embarquer 30 avions de combat.

Le risque d'un "choc dans trois, quatre ans" face à la Russie évoqué par les armées fait craindre que les budgets ne filent vers des priorités plus pressantes.

De récents propos du chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, jugeant qu'on "ne peut pas se contenter de reproduire un outil qui a été conçu à la moitié du siècle dernier", semblent mettre aussi en question le concept du porte-avions.

Le général a notamment souligné le "besoin de permanence à la mer" du bâtiment et sa capacité d'emport de "drones de tous types".

Un seul bâtiment, en l'occurence le Charles De Gaulle, est disponible 65% du temps, selon la Marine. Un décalage de la construction et donc de l'entrée en service de son successeur laisserait la Marine sans porte-avions.

Une étude menée à l'occasion du prochain arrêt technique majeur du Charles De Gaulle permettra de dire en 2029 si le bâtiment peut être prolongé de quelques années au-delà de 2038, en fonction de l'état de ses chaufferies nucléaires et de sa structure.

Le président français Emmanuel Macron a fait cette annonce lors d'une visite aux Emirats arabes unis, allié militaire avec lequel Paris souhaite renforcer son "partenariat stratégique" et dont il espère plus de coopération dans sa lutte contre le narcotrafic.