Les marchés volontaires de carbone évoluent à un rythme rapide, selon un responsable de Saudi Aramco

En octobre dernier, on a assisté à la mise aux enchères d’1,4 million de tonnes de titres compensatoires de carbone lors de la Future Investment Initiative, à Riyad. Saudi Aramco était le principal acheteur. (Shutterstock)
En octobre dernier, on a assisté à la mise aux enchères d’1,4 million de tonnes de titres compensatoires de carbone lors de la Future Investment Initiative, à Riyad. Saudi Aramco était le principal acheteur. (Shutterstock)
Short Url
Publié le Lundi 17 juillet 2023

Les marchés volontaires de carbone évoluent à un rythme rapide, selon un responsable de Saudi Aramco

  • Les crédits de carbone permettent aux entreprises d’émettre une quantité spécifique de dioxyde de carbone ou d’autres gaz nocifs, sachant qu’un crédit équivaut à une tonne d’émissions
  • Saudi Aramco vise la neutralité carbone en 2050 et ses efforts récents, y compris la participation aux marchés volontaires de carbone, pourraient accélérer la mise en place de cet objectif

RIYAD: Les marchés volontaires de carbone, même à leur stade prématuré, évoluent rapidement alors que le monde progresse vers un avenir durable, selon un haut responsable de la Saudi Arabian Oil Co.

Dans un entretien accordé à Arab News, Musaab Mulla, vice-président de Saudi Aramco pour les perspectives énergétiques et économiques, a déclaré que la récente vente volontaire de crédits de carbone au Kenya le 14 juin a mené à la mise aux enchères de 2,2 millions de tonnes de titres compensatoires de carbone.

En octobre dernier, on a assisté à la mise aux enchères d’1,4 million de tonnes de titres compensatoires de carbone lors de la Future Investment Initiative, à Riyad. Saudi Aramco était le principal acheteur.

«Nous ne sommes intéressés que par l’achat de crédits de qualité, comme en témoigne notre participation aux deux enchères organisées par la Regional Voluntary Carbon Market Co. Nous surveillerons également l’éventuelle reprise des principaux flux de demande potentiels, comme la demande de combustibles neutres en carbone. Tous les marchés volontaires de carbone sont à un stade relativement prématuré et évoluent à un rythme rapide», a précisé M. Mulla.

Les crédits de carbone permettent aux entreprises d’émettre une quantité spécifique de dioxyde de carbone ou d’autres gaz nocifs; un crédit équivaut à une tonne d’émissions. Ils sont générés par des projets comme la plantation d’arbres ou l’utilisation de combustibles de cuisine plus propres.

Les crédits certifiés financeront des projets qui évitent les émissions à l’aide de technologies durables ou qui éliminent complètement le carbone de l’atmosphère.

Au cours de l’échange, M. Mulla a noté que les crédits de carbone sont cruciaux au moment où le monde est sur la voie de la transition énergétique.

«Les titres compensatoires de carbone sont un atout supplémentaire important qui nous aidera à atteindre l’objectif zéro émission nette. Cela peut être réalisé au moyen de crédits de carbone, qui sont des instruments négociables soutenus par des projets susceptibles de réduire les émissions de CO2 pour aider à compenser les émissions de gaz à effet de serre ailleurs et à compléter les titres compensatoires générés en interne dans lesquels nous investissons, c’est-à-dire les mangroves», a ajouté M. Mulla.

Saudi Aramco a pour ambition la neutralité carbone en 2050. Ses efforts récents, y compris la participation aux marchés volontaires de carbone, pourraient accélérer la mise en place de cet objectif.

«Nous surveillons activement l’évolution du marché quant à ce qui définit un crédit de qualité. Nous utilisons les dernières informations disponibles pour mettre en place des limites de qualité aux crédits que nous avons l’intention d’acheter», a-t-il souligné.

M. Mulla a ajouté que la société prévoit de réduire son intensité carbone d’au moins 15% à 8,7 kilogrammes de CO2 d’ici à 2035, alors même que ses chiffres de 2022 s'élevaient à 10,3 kilogrammes.

Saudi Aramco vise également à réduire les émissions d’ici à 2035 grâce à des investissements dans les énergies renouvelables, le captage et le stockage du carbone, les améliorations de l’efficacité énergétique, la réduction du méthane et des torchères, ainsi que les titres compensatoires.

«Nos pratiques et technologies innovantes à faible émission de carbone nous positionnent déjà comme l’un des plus faibles émetteurs de carbone de notre industrie», a-t-il déclaré. Il a indiqué en outre que l’entreprise suit une stratégie de décarbonation qui cible l’efficacité énergétique, la réduction du méthane et des torchères, l’augmentation des énergies renouvelables, le captage et le stockage du carbone ainsi que les titres compensatoires.

En juin, la PDG de RVCMC, Riham ElGizy, a relevé après la vente aux enchères au Kenya que de telles initiatives pourraient jouer un rôle crucial dans l’acheminement des financements là où ils sont le plus nécessaires pour mener à bien l’action climatique et améliorer les moyens de subsistance.

«Notre objectif est d’être l’un des plus grands marchés volontaires de carbone au monde d’ici à 2030. Ce marché permettra de compenser des centaines de millions de tonnes d’émissions de carbone par an et contribuera aux objectifs mondiaux de neutralité carbone», a affirmé Riham ElGizy.

«Nos réalisations à ce jour, en une période aussi brève, démontrent notre engagement envers le succès à long terme et notre capacité à mener à bien nos ambitions», a-t-elle conclu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Short Url
  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".