Dans l'Egypte en crise économique, les réfugiés soudanais victimes de la flambée des loyers

Des réfugiés soudanais déchirés par la guerre organisent un sit-in de soutien devant les bureaux du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à Tripoli, le 15 juillet 2023 (AFP).
Des réfugiés soudanais déchirés par la guerre organisent un sit-in de soutien devant les bureaux du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à Tripoli, le 15 juillet 2023 (AFP).
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Publié le Lundi 17 juillet 2023

Dans l'Egypte en crise économique, les réfugiés soudanais victimes de la flambée des loyers

  • Mohammed, un agent immobilier qui n'a pas donné son nom, a vu le marché se transformer radicalement en quelques semaines
  • Face à la surenchère, certains réfugiés ne peuvent pas suivre

LE CAIRE: Un jour, la propriétaire de l'appartement qu'il louait depuis peu au Caire a appelé Mohannad: soit il payait trois fois plus soit il partait sur-le-champ. Ce Soudanais ayant fui la guerre a préféré partir mais d'autres de ses compatriotes ont été forcés à céder.

Avec sa femme et leurs trois enfants, ils sont arrivés au Caire --à plus de 2 000 km au nord de leur ville de Khartoum-- deux semaines après le début de la guerre le 15 avril. Et donc avant la plupart des autres réfugiés soudanais, aujourd'hui plus de 250 000 en Egypte.

"On a aussitôt trouvé cet appartement meublé. On s'est mis d'accord pour 6 000 livres égyptiennes de loyer", soit 175 euros et l'équivalent du revenu moyen d'un foyer égyptien, "et un bail de six mois", raconte à l'AFP ce Soudanais de 35 ans qui n'a pas donné son nom.

«Plus rien à louer»

Et de nombreux propriétaires du pays ont flairé le bon filon.

"Ma propriétaire m'a appelé pour me dire que le loyer était passé à 18 000 livres", raconte Mohannad, qui, au même moment, apprenait par des voisins que sa maison à Khartoum avait été pillée.

Et quand il a protesté, elle a répondu: "J'ai trouvé d'autres Soudanais qui sont prêts à payer 25 000 livres".

Il a fini par partir, parce qu'il refusait cette augmentation et que "la propriétaire coupait l'eau et internet régulièrement ou envoyait ses enfants nous jeter des objets dessus depuis les étages supérieurs".

Et son cas est loin d'être isolé en Egypte où de nombreuses familles prises à la gorge par la pire crise économique de l'histoire du pays voient dans l'arrivée des Soudanais à la recherche d'un toit une manne inespérée.

C'est particulièrement le cas dans le faubourg du 6 Octobre, dans l'ouest du Caire, où se trouve le siège du Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).

Mohammed, un agent immobilier qui n'a pas donné son nom, a vu le marché se transformer radicalement en quelques semaines. Avant, dit-il à l'AFP, "les ventes et les locations tournaient au ralenti", mais depuis l'arrivée des Soudanais, il n'y a "plus aucun bien à louer".

Et tous sont partis au-dessus du prix du marché: "On louait habituellement un meublé à 7 000 ou 8 000 livres, mais rien n'a été loué à moins de 10 000 et plus encore quand on se rapproche du siège du HCR", affirme-t-il.

Dans le quartier historiquement cossu d'Héliopolis, dans l'est du Caire, les loyers des logements anciens "sont passés de 7 000 à 12 000 livres et de 10 000 à 15 ou 18 000 pour les nouvelles constructions", rapporte un autre agent immobilier sous le couvert de l'anonymat.

«Irakiens, Yéménites, Syriens»

Mais pour Mahmoud al-Lithi Nassef, analyste immobilier, l'arrivée des Soudanais n'a qu'un rôle marginal dans la flambée des prix.

Avant eux, des réfugiés "irakiens, yéménites et syriens" sont arrivés --ils sont aujourd'hui plusieurs millions en Egypte-- et la flambée des prix dans leurs quartiers de prédilection "est retombée".

En juin, l'inflation a atteint son plus haut historique à près de 37%. La dévaluation de près de 50% ces derniers mois a aussi sérieusement entamé le pouvoir d'achat des 105 millions d'Egyptiens dans un pays où la plupart des biens et des matières premières sont importés.

Et surtout, le régime s'est lancé selon les experts depuis une décennie dans une "construction frénétique" pour asseoir sa "légitimité" et redessiner Le Caire et la nouvelle capitale de la "nouvelle république" du président Abdel Fattah al-Sissi.

"De nombreux foyers ont déménagé vers ces nouvelles villes et cherchent désormais à se créer une rente en louant leur ancien appartement dans le centre du Caire pour alléger les effets de la crise économique", affirme M. Lithi Nassef à l'AFP.

Face à la surenchère, certains réfugiés ne peuvent pas suivre.

"J'ai rencontré une Soudanaise qui s'était installée sur un trottoir du Caire avec ses enfants et leurs valises", raconte Mohannad. "Elle venait de quitter l'appartement qu'elle louait parce qu'elle ne pouvait pas payer l'augmentation que son propriétaire réclamait".


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.