A Jérusalem, restaurer des manuscrits pour faire connaître l'histoire palestinienne

Le Palestinien Khader Salameh, bibliothécaire de la bibliothèque Khalidi, au siège de la bibliothèque située dans la rue de la Chaîne, dans la vieille ville de Jérusalem, montre un exemplaire doré du Coran, le livre saint de l'islam, datant du 16e siècle (AFP).
Le Palestinien Khader Salameh, bibliothécaire de la bibliothèque Khalidi, au siège de la bibliothèque située dans la rue de la Chaîne, dans la vieille ville de Jérusalem, montre un exemplaire doré du Coran, le livre saint de l'islam, datant du 16e siècle (AFP).
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Publié le Lundi 24 juillet 2023

A Jérusalem, restaurer des manuscrits pour faire connaître l'histoire palestinienne

  • Au coeur de la bibliothèque Khalidi, Rami Salameh se consacre avec minutie à la restauration de documents historiques palestiniens
  • Depuis deux ans et demi, il a restauré pas moins de 1 200 pages d'une douzaine de manuscrits appartenant à des bibliothèques privées palestiniennes et remontant à la période ottomane, certains datant de 200 ou 300 ans

JERUSALEM : Au coeur de la bibliothèque Khalidi à Jérusalem-Est, partie de la ville occupée et annexée par Israël, Rami Salameh se consacre avec minutie à la restauration de documents historiques palestiniens, qui offrent un rare aperçu de l'histoire de la ville.

"Parmi les manuscrits, on trouve des sujets divers comme des textes juridiques, d'astronomie, une biographie de Mahomet et le Coran", explique l'expert formé en Italie, en manipulant avec précaution un pinceau sur un texte de grammaire arabe dans son petit atelier où il travaille seul.

Lorsqu'il constate qu'il n'est pas nécessaire de traiter le document bicentenaire qu'il tient entre ses mains pour une décoloration due à l'oxydation au fil des ans, M. Salameh laisse échapper un soupir de soulagement.

Depuis deux ans et demi, il a restauré pas moins de 1 200 pages d'une douzaine de manuscrits appartenant à des bibliothèques privées palestiniennes et remontant à la période ottomane, certains datant de 200 ou 300 ans.

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Des Palestiniens passent devant la bibliothèque Khalidi, située à l'intérieur de la vieille ville, près de l'entrée du complexe de la mosquée Al Aqsa. La bibliothèque a été fondée par le notable palestinien Raghib Al-Khalidi en 1900, à la demande de sa mère Khadija, aujourd'hui décédée. (AFP). 

La majeure partie provient de la bibliothèque Khalidi, qui possède la plus grande collection de manuscrits arabes et islamiques des territoires palestiniens.

Elle abrite aussi des ouvrages en persan, en allemand où en français, dont une impressionnante série de livres de Victor Hugo.

La librairie a été fondée en 1900 par Raghib al-Khalidi, un notable palestinien qui a étudié à la Sorbonne à Paris, à la demande de sa mère défunte, Khadija. Elle est située à l'entrée du complexe de la mosquée al-Aqsa, au coeur de la Vieille ville de Jérusalem.

Depuis le bâtiment principal, surplombant le site juif saint du Mur des Lamentations, des combattants musulmans auraient participé à la libération de Jérusalem des Croisés aux XIIe et XIIIe siècles.

Aperçu de l'histoire de Jérusalem

La collection de la bibliothèque renferme des livres, de la correspondance, des décrets de l'empire ottoman et des mémoires, y compris ceux de l'influente famille Khalidi, offrant ainsi un rare aperçu de la vie passée dans la ville sainte. Le plus ancien des manuscrits remonte au Xe siècle.

"Nous avons des manuscrits évoquant le statut culturel et social des habitants de Jérusalem, et c'est une indication d'une présence palestinienne ici depuis des siècles", explique Khader Salameh, le bibliothécaire en charge de la collection et père du conservateur de l'établissement.

"Le contenu de la bibliothèque réfute l'affirmation des sionistes selon laquelle ce pays était vide", ajoute M. Salameh, faisant référence à un discours des dirigeants sionistes avant la création de l'Etat d'Israël.

Depuis que la Vieille ville a été occupée et annexée par Israël lors de la guerre des Six jours en 1967, des familles et des institutions palestiniennes de Jérusalem-Est sont souvent confrontées à des expulsions, jugées illégales par l'ONU et la communauté internationale.

Une partie de la bibliothèque a été expropriée par les autorités israéliennes pour y construire une école religieuse juive, déplore le bibliothécaire.

La direction de la bibliothèque s'est engagée dans une longue bataille juridique pour s'opposer à cette décision, mais a perdu le procès et n'a pu empêcher les autorités israéliennes de prendre possession de cette partie de l'établissement.

Khader souligne néanmoins que la situation aurait pu être bien pire si tout le bâtiment avait été saisi, et se réjouit d'avoir reçu le soutien d'intellectuels israéliens qui ont témoigné en sa faveur devant le tribunal.

«Manuscrits délicats»

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Le Palestinien Rami Salameh, restaurateur à la bibliothèque Khalidi, travaille sur un manuscrit dans un laboratoire de la bibliothèque, dans la vieille ville de Jérusalem, le 17 juin 2023. (AFP). 

Depuis cet épisode, la bibliothèque poursuit son engagement à préserver le patrimoine culturel arabe de Jérusalem grâce à son travail de restauration et de numérisation, bénéficiant du soutien d'organisations locales et internationales.

"Nous travaillons sur les documents avec une très grande précision sans exposer le papier à la lumière, car les manuscrits sont très délicats, et nous voulons les conserver le plus longtemps possible", explique Shaimaa Al-Budeiri, responsable des archives numériques, depuis son bureau entouré de centaines de livres et de matériel.

Elle brosse les pages avant de les disposer à plat pour les photographier et les télécharger sur son ordinateur. A ce jour, elle a photographié environ 2,5 millions de pages de manuscrits, journaux, livres rares et autres documents provenant des quatre bibliothèques privées de Jérusalem.

La numérisation est nécessaire, souligne-t-elle, afin que les chercheurs puissent accéder aux archives de la bibliothèque à distance.

La bibliothèque espère obtenir davantage de fonds pour acquérir des fournitures et des équipements coûteux comme des boîtes de stockage sans acide, et moderniser l'atelier, trop humide pour travailler avec un papier aussi délicat.

Ce travail, Mme Budeiri le fait par amour pour les livres.

"Si je vois quelqu'un mal tenir un livre, j'ai l'impression que le livre souffre", souffle-t-elle. "Le livre vous donne des choses, il ne vous enlève rien."


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.