Dans un an, les Jeux de Paris: une dernière année sous forte pression

Président du comité d'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, Tony Estanguet pose au bord de la Seine le 17 juillet 2023, lors d'un défilé pour tester "manœuvres", "distances", "durée" et "capture vidéo" de la future cérémonie d'ouverture des JO de Paris en 2024. (Photo Bertrand GUAY / AFP)
Président du comité d'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, Tony Estanguet pose au bord de la Seine le 17 juillet 2023, lors d'un défilé pour tester "manœuvres", "distances", "durée" et "capture vidéo" de la future cérémonie d'ouverture des JO de Paris en 2024. (Photo Bertrand GUAY / AFP)
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Publié le Mardi 25 juillet 2023

Dans un an, les Jeux de Paris: une dernière année sous forte pression

  • Après le conflit sur les retraites et plusieurs jours d'émeutes dans toute la France après une bavure policière à Nanterre, le comité d'organisation doit faire avec un contexte social éruptif
  • Ce serait d'ailleurs un drôle d'effet boomerang si les JO venaient à être perturbés socialement, lui qui a recours à l'imagerie et à la rhétorique révolutionnaire de la France

PARIS: Entre une France inflammable, des tergiversations autour de la présence des Russes, et une menace judiciaire qui plane, les organiseurs des JO de Paris et l’État français se disent "prêts", mais entament une dernière année sous forte pression.

Les Jeux se tiennent du 26 juillet au 11 août 2024, avant les Jeux paralympiques du 28 août au 8 septembre.

La menace judiciaire

Les perquisitions fin juin au siège du comité d'organisation des JO (Cojo), ainsi qu'au domicile de deux de ses principaux dirigeants, le directeur général Étienne Thobois et le directeur des opérations Edouard Donnely, portent sur des soupçons de prise illégale d'intérêts et de favoritisme.

Cela laisse planer la menace de développements judiciaires susceptibles de parasiter les douze prochains mois. Si peu de choses ont filtré sur les marchés concernés, attribués dans le cadre des JO mais aussi au moment de la candidature, "cela alourdit le J-1 an", concède un acteur des JO. "Le mal est fait", estime de son côté un conseiller.

Tout est possible y compris qu'il ne se passe rien d'ici l'année prochaine. Devant les comités olympiques du monde entier réunis le 14 juillet à Paris, le boss des JO, Tony Estanguet s'est voulu rassurant: il a répété que les procédures étaient "robustes" en matière d'éthique, et n'a pas prononcé les mots enquête ou perquisitions mais parlé simplement de "contrôles".

"Évidemment, on s'en passerait", concède à l'AFP la ministre des JO, Amélie Oudéa-Castéra. Mais depuis "il n'y a pas eu la baisse d'un centimètre de mobilisation collective autour de la préparation", assure-t-elle.

Avec ou sans les Russes ?

Le Comité international olympique (CIO) ne va, pour le moment, pas envoyer de carton d'invitation à la Russie ni au Bélarus mais s'exprimera "en temps voulu" sur le sujet. Pour l'instant, il a recommandé aux fédérations internationales de réintégrer à leurs compétitions les sportifs russes et bélarusses, pour peu qu'ils n'aient pas activement soutenu la guerre en Ukraine depuis février 2022.

"L'inquiétude, c'est le boycott" si des Russes venaient, de l'Ukraine mais aussi d'autres pays pour soutenir l'Ukraine, glisse un ancien athlète. De son côté, Emmanuel Macron ne s'est pas prononcé. A l'inverse, la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, ville hôte des JO, s'est dite en février opposée à la venue des sportifs russes à Paris "tant qu'il y a la guerre" en Ukraine.

Contexte social

Après le conflit sur les retraites et plusieurs jours d'émeutes dans toute la France après une bavure policière à Nanterre, le comité d'organisation doit faire avec un contexte social éruptif. "Il y a deux ans, le contexte social était différent, le risque est là", concède un membre du Cojo.

Ce serait d'ailleurs un drôle d'effet boomerang si les JO venaient à être perturbés socialement, lui qui a recours à l'imagerie et à la rhétorique révolutionnaire de la France: images de mai 1968 dans ses clips, parcours du marathon empruntant la "Marche des femmes" de 1789 ou encore des mascottes en forme de bonnet phrygien.

Armée en renfort

"Le dispositif de sécurité sera sans précédent, je pense que ce sera l’endroit sur la planète où on sera en totale sécurité", promet Tony Estanguet alors que la sécurisation de la cérémonie d'ouverture et de l'évènement suscite des inquiétudes. Pour compléter les effectifs de sécurité privée, une filière en souffrance, il y a de fortes chances que l'armée soit sollicitée. Rendez-vous à l'automne pour savoir dans quelles proportions. L'idée est d'anticiper et d'éviter un recours à l'armée en catastrophe comme pour les JO de Londres en 2012.

Nervosité sur les transports

C'est maintenant la course contre la montre pour faire arriver la ligne 14 au village olympique à Saint-Denis. Le président de la RATP, l'ex-Premier ministre Jean Castex assure que les transports seront "prêts" pour juin 2024. Il surveille comme le lait sur le feu "l'approvisionnement en cuivre", nécessaire pour les câbles, ainsi que le recrutement de chauffeurs de bus.

Alors que le réseau de transports franciliens connaît de sérieux ratés depuis un an, ce sujet, avec celui de la sécurité, va rester crucial jusqu'au bout. Il est même scruté par le président du CIO, Thomas Bach, selon une source proche des instances olympiques.

Attention au budget

Attendue depuis des mois, l'annonce lundi de la signature du numéro un du luxe LVMH au rang des grands sponsors des JO de Paris soulage tout le monde et permet de quasi boucler le budget. Sans LVMH, qui contribue à hauteur de 150 millions d'euros selon une source proche du dossier, le Cojo avait déjà réuni un milliard d'euros sur les 1,24 milliard d'euros qu'il doit collecter.

Mais, ce n'est pour autant que le Cojo ne va pas devoir continuer à serrer les boulons. Le président de la commission de coordination des JO de Paris, Pierre-Olivier Beckers, avait estimé lors de sa dernière visite à Paris qu'il fallait "continuer à aller chercher des optimisations" afin de "maintenir le budget".


Paris salue la conférence de New York et poursuit l’initiative avec Riyad

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une visite des entrepôts du Croissant-Rouge égyptien où est stockée l'aide destinée à Gaza, dans la ville frontalière égyptienne d'El-Arish, en Égypte, le 8 avril 2025. (AFP)
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  • Paris et Riyad poussent pour une reconnaissance collective de l’État palestinien
  • La France appelle à un cessez-le-feu, la levée du blocus et le désarmement du Hamas

PARIS: Sur fond de crise humanitaire d’une cruauté inqualifiable dans la bande de Gaza, le président Emmanuel Macron a annoncé une opération de largage de vivres conduite par la France, avec le soutien de la Jordanie, des Émirats arabes unis et de l’Allemagne.

« Face à l’urgence absolue, nous venons de conduire une opération de largage de vivres à Gaza », a déclaré le chef de l’État sur X, en remerciant les partenaires impliqués et saluant l’engagement des forces armées françaises.

Mais, de son point de vue, ces largages restent insuffisants : « Il faut qu’Israël ouvre un plein accès humanitaire », a-t-il insisté, réitérant l’exigence française d’une levée immédiate du blocus des aides.

Au-delà de la réponse d’urgence, Paris entend porter une initiative diplomatique structurante : la conférence internationale co-présidée à New York par la France et l’Arabie saoudite a marqué un tournant en posant un cadre politique ambitieux.

Cette conférence, tenue en l’absence des États-Unis et d’Israël, a réuni plus de 40 ministres et 120 participants, aboutissant à l’adoption d’un plan d’action en 42 points.

Malgré les réticences et le scepticisme ambiants, elle a permis l’émergence d’une dynamique inédite vers la reconnaissance de l’État palestinien et un processus de paix régional.

Le plan d’action validé à New York constitue désormais un socle politique partagé entre acteurs européens, puissances arabes, Union européenne et Ligue arabe.

Ce texte appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à la libération de tous les otages, à l’acheminement massif de l’aide humanitaire, mais surtout à la mise en œuvre concrète de la solution à deux États.

Il prévoit notamment un processus progressif de désarmement du Hamas, condition indispensable à la stabilisation durable de la région.

Pour la France, ce texte marque une rupture avec l’impasse diplomatique des dernières décennies et propose pour la première fois un mécanisme concerté de démilitarisation et de réintégration de Gaza dans le giron de l’Autorité palestinienne.

Le document évoque même la possibilité de confier les armes du Hamas à une tierce partie sous supervision internationale, afin de garantir qu’elles ne soient plus utilisées.

Ce volet, essentiel pour Israël, est aussi le fruit d’un consensus entre les États arabes partenaires, y compris ceux perçus comme proches du Hamas.

Sur le front politique, Paris se réjouit de l’effet de levier de la conférence : peu après, plusieurs pays — Portugal, Royaume‑Uni, Canada — ont annoncé leur volonté de reconnaître l’État palestinien, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre.

Une coalition de volontaires est en train de se constituer : quinze États, aux côtés de la Ligue arabe et de l’Union européenne, ont d’ores et déjà signé une déclaration commune en ce sens.

La France espère ensuite entraîner d’autres partenaires européens, notamment l’Allemagne. « Nous continuons à travailler en E3 avec nos partenaires allemands et britanniques », indique une source haut placée.

Si Berlin reste prudent, des signes d’évolution apparaissent dans les récentes déclarations de sa ministre des Affaires étrangères. Paris entend maintenir ces échanges diplomatiques jusqu’à septembre.

Contrairement aux critiques israéliennes et américaines, la France affirme que cette dynamique de reconnaissance ne constitue pas un obstacle à la paix, mais un levier pour la relancer.

Le président Macron estime que cette reconnaissance, inscrite dans un cadre politique exigeant — avec une gouvernance palestinienne réformée et un désarmement du Hamas — peut rebâtir les conditions d’une solution durable.

Les ruptures des négociations avec le Hamas sont antérieures aux annonces de Paris, souligne-t-on à l’Élysée, et ne peuvent donc pas lui être imputées.

La reconnaissance collective envisagée en septembre serait également un signal fort en direction des modérés palestiniens, en particulier l’Autorité palestinienne, qui s’est engagée début juin à respecter une série d’exigences posées par la communauté internationale en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption.

Un des apports majeurs de la conférence de New York est l’introduction formelle de la question du désarmement du Hamas dans un cadre diplomatique multilatéral.

Jusqu’ici marginalisée ou qualifiée d’irréaliste, cette exigence est clairement codifiée dans le plan d’action. Des discussions sont en cours, y compris sur l’exil éventuel de certains cadres du mouvement auprès d’États tiers.

Le Hamas n’a pas accepté ces conditions, mais le message politique est clair : son isolement au sein du monde arabe s’accentue et sa marge de manœuvre se rétrécit.

Face à cette dynamique, Israël et l’administration américaine ont haussé le ton, estimant qu’une reconnaissance unilatérale de la Palestine constituerait une « insulte » aux victimes israéliennes du 7 octobre.

Le président américain Donald Trump a même imposé des sanctions ciblées contre certains membres de l’Autorité palestinienne et de l’OLP, en contradiction avec les efforts en cours pour renforcer cette autorité.

La position américaine révèle un décalage croissant avec une partie de la communauté internationale, y compris des alliés traditionnels, en raison de son soutien inconditionnel à Israël, malgré l’ampleur des pertes civiles à Gaza et la persistance de la colonisation en Cisjordanie.

Cet état de fait suscite déjà des interrogations en Europe, où des pays comme la Suède exigent, par exemple, le gel de la partie commerciale de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël.

La France, de son côté, entend poursuivre cette dynamique au-delà de la conférence de New York. Un sommet est prévu les 21 et 22 septembre, juste avant l’Assemblée générale de l’ONU, pour réunir les États prêts à reconnaître collectivement la Palestine et à faire vivre ce nouveau cadre politique.

« Il s’agit d’une coalition inédite, qui repose sur un équilibre entre exigences sécuritaires et reconnaissance des droits politiques du peuple palestinien », souligne-t-on à Paris.

En réaffirmant l’exigence d’un cessez-le-feu immédiat, la levée du blocus humanitaire, la libération des otages, mais aussi le désarmement du Hamas et la mise en place d’un État palestinien souverain, la France, de concert avec l’Arabie saoudite, tente de reconstruire une architecture de paix.


La défiance à l'égard de Macron et de Bayrou au plus haut, selon un sondage Paris, France

Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
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  • La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat
  • Le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi

PARIS: La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat, tandis que le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi.

Près des trois quarts des Français interrogés (73%) affirment ne pas faire confiance au chef de l'Etat et la moitié (49%) va jusqu'à "ne pas lui faire du tout confiance", le niveau le plus élevé atteint de son second mandat, qu'il n'a dépassé qu'une seule fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au plus fort de la crise des gilets jaunes en décembre 2018.

Selon le sondage, seuls 21% des Français font confiance à Emmanuel Macron, soit un point de moins qu'en juin et 6 de perdus par rapport à mars.

Pour François Bayrou, qui a présenté à la mi-juillet les mesures d'économie prévues par le gouvernement dans son projet de budget pour l'année prochaine, la chute se poursuit avec seulement 12% des Français qui disent lui faire confiance, soit un nouveau record d'impopularité (-2 points).

La défiance à l'égard du chef du gouvernement a progressé, avec 80% des Français (+5 points en un mois) qui disent ne pas lui faire confiance et 56% qui affirment ne pas lui faire "du tout" confiance, soit un bond de 9 points depuis juin.

Au classement des personnalités, le RN Jordan Bardella conserve la première place avec 39% des Français (+3 points) qui ont une image positive de lui, devant l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).

A gauche, le mieux classé est l'ancien président François Hollande qui s'installe en huitième position grâce à un bond de 6 points en un mois.

Sondage réalisé par internet les 29 et 30 juillet auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.