Violences sur Hedi à Marseille: un policier restera-t-il en prison?

Hedi a été blessé dans le cadre des émeutes déclenchées par la mort de Nahel (Photo, AFP).
Hedi a été blessé dans le cadre des émeutes déclenchées par la mort de Nahel (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 01 août 2023

Violences sur Hedi à Marseille: un policier restera-t-il en prison?

  • Un policier de la BAC de Marseille est suspecté d'être à l'origine d'un tir de LBD début juillet, qui a conduit à l'amputation d'une partie du crâne d'Hedi
  • Le placement en détention provisoire de ce policier a déclenché un mouvement de protestation chez une partie de ses collègues en France

MARSEILLE: Un policier, soupçonné avec trois collègues d'avoir gravement blessé un jeune homme, Hedi, lors des émeutes à Marseille, restera-t-il en prison? La justice examinera jeudi à Aix-en-Provence l'appel contre une détention provisoire qui a déclenché une fronde dans certains commissariats.

C'est sur un ton inhabituel que la cour d'appel d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), avait annoncé cette audience dans un communiqué, rappelant qu'il "appartient à l’autorité judiciaire seule de conduire les investigations utiles à la manifestation de la vérité, et ce à l’abri des pressions."

La veille, le directeur de la police nationale Frédéric Veaux, emboîtant le pas à une partie des syndicats de police, avait estimé qu'"avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison".

"Dans un Etat de droit, la contestation d’une décision de justice ne se conçoit qu’à travers l’exercice des voies de recours. En l’espèce, la chambre de l'instruction examinera l’appel formé par le policier à l'encontre de son placement en détention provisoire le 3 août" au matin, avaient insisté les chefs de la cour d'appel.

Ce policier de la brigade anticriminalité (BAC) de Marseille est suspecté d'être à l'origine d'un tir de LBD début juillet, qui a conduit à l'amputation d'une partie du crâne d'Hedi, un jeune homme de 22 ans, lors des émeutes déclenchées par la mort d'un adolescent, Nahel, tué par un policier à Nanterre.

Hedi a «confiance»

Le policier marseillais avait été mis en examen et placé en détention provisoire il y a une dizaine de jours. Ses trois collègues de la BAC, mis en examen comme lui pour "violences en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique avec usage ou menace d'une arme ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à huit jours", ont eux été placés sous contrôle judiciaire.

Contacté par l'AFP avant l'audience de jeudi, l'avocat du policier, Me Pierre Gassend, qui a fait appel de cette détention provisoire, n'a pas donné suite.

L'avocat d'Hedi, Me Jacques-Antoine Preziosi, argumentera "sur le risque de trouble à l'ordre public s'il (le policier) était libéré et surtout sur le risque de concertation qui est monumental", a-t-il expliqué à l'AFP.

Hedi, lui, dit avoir "confiance" en la justice et assurait lundi sur BFMTV ne pas en vouloir "à l'ensemble des policiers" mais seulement "à ce groupe d'individus".

Ce placement en détention provisoire du policier marseillais, a déclenché un mouvement de protestation chez une partie de ses collègues en France, certains se mettant en arrêt de maladie ou n'assurant plus qu'un service minimum.

Le syndicat majoritaire de la police, Alliance, ainsi que Unité SGP Police, ont demandé qu'un "policier sans condamnation, dans le cadre d'une mission de police" ne puisse pas être placé en détention provisoire.

Les déclarations du directeur général de la police, allant dans ce sens, ont suscité la colère et l'inquiétude des magistrats mais aussi de membres de la majorité.

Le président de la République avait refusé de commenter cette déclaration du DGPN, se bornant à dire que "nul en République n'est au-dessus de la loi".

Pas d'appel au rassemblement

En fin de semaine dernière, Gérald Darmanin avait apporté son soutien aux protestataires mais le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti avait rappelé que la justice "a besoin d'indépendance et qu'on la laisse travailler".

Depuis, la mobilisation semble avoir faibli à Marseille. Pour jeudi, il n'y a pour l'instant aucun appel au rassemblement de policiers en marge de l'audience, pour ne pas donner l'impression d'une pression sur l'institution judiciaire.

"On espère que le magistrat verra que notre collègue a toutes les garanties de représentation et qu'il émettra un avis positif à sa libération", déclare Eddy Sid, du syndicat SGP Police FO. "S'il y avait un placement sous contrôle judiciaire ce serait formidable mais on aura pas d'autre choix que de respecter la décision de juestice", assure également Rudy Manna, porte-parole national du syndicat Alliance.

Pour eux ce dossier aura en tous cas à nouveau montré le "malaise considérable" dans leur profession.

Hedi regrette pour sa part de n'avoir reçu "à ce jour aucun soutien de l'Etat", aucun "sentiment de compassion comme ils l'ont apporté aux forces de l'ordre".


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.