Birmanie: grâce partielle pour Aung San Suu Kyi, peine réduite à 27 ans de prison

Un manifestant tient une affiche avec une image de la dirigeante civile détenue Aung San Suu Kyi lors d'une veillée aux chandelles en hommage aux personnes décédées lors des manifestations contre le coup d'État militaire, à Yangon, le 13 mars 2021. (AFP)
Un manifestant tient une affiche avec une image de la dirigeante civile détenue Aung San Suu Kyi lors d'une veillée aux chandelles en hommage aux personnes décédées lors des manifestations contre le coup d'État militaire, à Yangon, le 13 mars 2021. (AFP)
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Publié le Mardi 01 août 2023

Birmanie: grâce partielle pour Aung San Suu Kyi, peine réduite à 27 ans de prison

  • Le mouvement d'amnistie concerne plus de 7 000 prisonniers, à l'occasion du carême bouddhiste, une pratique courante dans ce pays pour commémorer des fêtes religieuses
  • Pour Phil Robertson, directeur adjoint de la division Asie de Human Rights Watch, la junte cherche à «donner l'impression de modération et de dialogue alors qu'en réalité, il n'y en a pas»

RANGOUN: L'ex-dirigeante civile Aung San Suu Kyi a vu sa peine de prison de 33 ans réduite de six ans à l'issue d'une grâce collective accordée mardi par la junte militaire au pouvoir en Birmanie.

Le mouvement d'amnistie concerne plus de 7 000 prisonniers, à l'occasion du carême bouddhiste, une pratique courante dans ce pays pour commémorer des fêtes religieuses.

"Le président du Conseil d'administration de l'Etat (le nom par lequel la junte au pouvoir se désigne, ndlr) a gracié Daw Aung San Suu Kyi, qui a été condamnée par les tribunaux compétents, en vertu de la loi sur les droits de l'homme", a annoncé mardi le journal télévisé.

"Elle n'a pas pu être complètement libérée bien que certaines peines prononcées à son encontre aient été graciées. Elle doit encore faire face à 14 affaires. Seuls cinq cas sur 19 ont été graciés", a déclaré à l'AFP une source juridique.

"Sa peine a été réduite de 6 ans", a précisé le porte-parole de la junte.

«Un jeu cruel»

Les militaires "jouent un jeu cruel avec une prisonnière politique", a déclaré à l'AFP l'expert indépendant David Mathieson. "Les charges retenues contre elle sont absurdes et lui retirer six ans, ce n'est pas de la pitié."

Pour Phil Robertson, directeur adjoint de la division Asie de Human Rights Watch, la junte cherche à "donner l'impression de modération et de dialogue alors qu'en réalité, il n'y en a pas".

La réduction de peine montre le caractère arbitraire des tribunaux militaires de la junte, a estimé Joe Freeman, porte-parole d'Amnesty International pour la Birmanie. "Ceux qui sont pris dans ses griffes ne savent jamais ce qui peut leur arriver", a-t-il ajouté.

Fin décembre, Aung San Suu Kyi a été condamnée à 33 ans de prison pour une série de chefs d'accusation, dont la corruption, la possession de talkies-walkies illégaux et le non-respect des restrictions relatives au Covid.

Cette figure de la démocratie en Birmanie n'a été vue qu'une seule fois depuis qu'elle a été arrêtée après le putsch du 1er février 2021, sur des photos de mauvaise qualité prises par les médias d'état dans une salle d'audience d'un tribunal de Naypyidaw, la capitale construite dans la jungle par l'armée.

L'ancien président Win Myint a également bénéficié d'une grâce partielle dans deux affaires, selon les médias d'Etat, qui ont précisé que 125 prisonniers étrangers seraient graciés et libérés. Par ailleurs, certains prisonniers passibles de la peine de mort ont vu leur peine réduite à la réclusion à perpétuité.

Le coup d'Etat a plongé la Birmanie dans un conflit qui a entraîné le déplacement de plus d'un million de personnes, selon les Nations unies.

L'état de santé de la lauréate du prix Nobel, âgée de 78 ans, suscite des inquiétudes depuis sa détention, notamment lors de son procès devant un tribunal de la junte qui l'obligeait à assister à des audiences quasi-quotidiennes.

En juillet, le ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Don Pramudwinai, a déclaré avoir rencontré Aung San Suu Kyi dans sa cellule, dans ce qui constituait la première rencontre connue avec un émissaire étranger depuis qu'elle est détenue.

La semaine dernière, Aung San Suu Kyi a été transférée de sa cellule de prison à un bâtiment gouvernemental, selon un représentant de son parti politique.

Encore populaire

Selon un groupe de surveillance local, plus de 24 000 personnes ont été arrêtées depuis que les militaires ont chassé le gouvernement de la dirigeante civile du pouvoir en 2021.

L'état d'urgence a été prolongé lundi de six mois par la junte militaire, ont annoncé les médias officiels, ce qui entraîne théoriquement un report des élections qui devaient se tenir initialement au mois d'août.

Aung San Suu Kyi reste extrêmement populaire en Birmanie, même si son image internationale a été ternie par son accord de partage du pouvoir avec les généraux et par son incapacité à défendre la minorité persécutée des Rohingyas.

De nombreux partisans de la démocratie ont renoncé à son principe fondamental de non-violence et ont pris les armes pour tenter d'éradiquer définitivement la domination de l'armée sur la politique et l'économie du pays.

L'armée a justifié son coup d'Etat par une supposée fraude électorale généralisée lors des élections de novembre 2020, déclenchant d'immenses manifestations et une répression sanglante.

Ces élections ont été remportées haut la main par la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) de Mme Suu Kyi, et les observateurs internationaux avaient déclaré à l'époque qu'elles avaient été largement libres et équitables.

Selon un groupe de surveillance local, plus de 3 800 personnes sont mortes depuis le coup d'Etat, mais la junte avance le chiffre de 5 000.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.