Les Soudanaises sont en danger alors que le conflit et la migration forcée font des ravages

Le risque de violence sexiste est particulièrement élevé lorsque les femmes et les filles se déplacent à la recherche d’endroits plus sûrs. (Reuters)
Le risque de violence sexiste est particulièrement élevé lorsque les femmes et les filles se déplacent à la recherche d’endroits plus sûrs. (Reuters)
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Publié le Mardi 08 août 2023

Les Soudanaises sont en danger alors que le conflit et la migration forcée font des ravages

  • Un nouveau rapport publié jeudi par Amnesty International détaille de multiples cas de violences sexuelles contre des femmes et des filles
  • Les militants au Soudan appellent les donateurs à fournir davantage d’équipements médicaux, de trousses d’hygiène et de kits de prophylaxie postexposition pour prévenir la transmission du VIH

DJOUBA (Soudan du Sud): Alors que le conflit au Soudan entre les forces armées soudanaises et les Forces paramilitaires de soutien rapide persiste, on assiste à une crise de violence sexiste. Les femmes et les jeunes filles sont exposées au risque de viol, de traite d’êtres humains et de mariage précoce.

Avant même que les combats n’éclatent, le 15 avril, plus de 3 millions de femmes et de filles étaient déjà sujettes à la violence sexiste. Selon l’ONU, ce nombre est désormais passé à 4,2 millions, ce qui montre les répercussions dévastatrices du conflit sur les civils.

Une survivante de 37 ans, qui a accordé un entretien à Arab News sous couvert d’anonymat, confie qu’elle avait dû fuir vers le nord du Darfour après que son village a été attaqué par des combattants des Forces de soutien rapide, au mois de juin. Elle affirme que son mari ainsi que plusieurs amis et parents ont été tués.

Dans son témoignage poignant, elle explique qu’elle a été arrêtée en compagnie d’autres personnes par les assaillants avant que les hommes ne soient séparés et roués de coups. «J’ai pris la fuite après avoir été agressée sexuellement par l’un des combattants, laissant mes enfants derrière moi», raconte-t-elle à Arab News.

«En tant que personne déplacée, ma vie est devenue une lutte constante pour la survie. La dure réalité d’être déracinée de chez moi et séparée de mes proches et le fait de vivre dans l’incertitude pèsent lourd sur mes épaules. Chaque jour, je me bats pour que nous trouvions, d’autres personnes déplacées et moi, de la nourriture, de l’eau potable et un abri.»

«La peur d’être une nouvelle fois victime d’abus sexuels ne me quitte jamais. C’est une inquiétude constante qui me rend anxieuse et méfiante envers les étrangers. J’essaie de rester en sécurité, mais les souvenirs continuent de me hanter et il est difficile de faire confiance à qui que ce soit.»

Une autre femme d’El-Geneina, dans l’ouest du Darfour, qui a également préféré garder l’anonymat, dit avoir été témoin du meurtre, de la torture et du viol de civils innocents lorsque des combattants ont attaqué sa communauté, au mois de mai.

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Des combattants des Forces de soutien rapide montent à bord d’une camionnette militarisée dans le district du Nil oriental du Grand Khartoum. (AFP)

«En tant que mère de six enfants, je ne peux être témoin de ces atrocités inimaginables sans demander justice pour toutes ces vies innocentes perdues», explique-t-elle à Arab News.

«Nous avons peut-être perdu des êtres chers, des maisons et notre sentiment de sécurité, mais notre détermination à demander justice est infaillible. Je ne parle pas seulement pour moi, mais pour chaque âme innocente qui a été victime de la brutalité.»

Elle espère que son témoignage servira de catalyseur pour que justice soit rendue et que les auteurs des crimes de guerre soient tenus responsables.

Un nouveau rapport publié jeudi par Amnesty International détaille de multiples cas de violences sexuelles contre des femmes et des filles, des attaques ciblées contre des infrastructures comme les hôpitaux et les églises ainsi que des pillages à grande échelle.

Plusieurs violations documentées dans le rapport représentent des crimes de guerre.

«Des dizaines de femmes et de filles, dont certaines étaient âgées de 12 ans à peine, ont été violées et soumises à d’autres formes de violence sexuelle par des membres des parties belligérantes. Aucun endroit n’est sûr», alerte Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, dans un communiqué.

«Les Forces de soutien rapide et les forces armées soudanaises, ainsi que les groupes armés qui leur sont affiliés, doivent mettre fin à leurs attaques contre les civils et garantir un passage sûr à ceux qui recherchent la sécurité. Des mesures urgentes doivent être prises pour garantir la justice et dédommager les victimes.»

Le bureau des droits de l’homme des Nations unies au Soudan affirme avoir reçu des informations crédibles sur 21 incidents de violences sexuelles liées au conflit qui touchent au moins 57 personnes, dont 10 filles. Au cours d’une même agression, jusqu’à 20 femmes auraient été violées.

L’unité de lutte contre la violence à l’égard des femmes du gouvernement soudanais a documenté au moins 42 cas présumés dans la capitale, Khartoum, et 46 dans la région du Darfour.

Cependant, il est généralement établi que le nombre réel de cas est probablement beaucoup plus élevé: la honte, la peur de la stigmatisation et des représailles empêchent souvent les victimes de dénoncer les actes qu’elles ont subis.

En outre, le manque d’électricité, de connectivité et d’accès humanitaire en raison de la situation sécuritaire rend la documentation et la recherche de soutien pour les victimes exceptionnellement difficiles, voire impossibles.

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Le risque de violence sexiste est particulièrement élevé lorsque les femmes et les filles se déplacent à la recherche d’endroits plus sûrs alors qu’elles souffrent de graves privations financières. (AFP)

Les attaques contre les établissements de santé ont encore aggravé la situation, ce qui a empêché les victimes d’accéder aux soins de santé d’urgence.

Les prestataires de soins, les travailleurs sociaux, les conseillers et les réseaux de protection communautaires au Soudan ont tous signalé une forte augmentation des cas de violence sexiste dans le contexte du conflit.

Des femmes qui étaient réfugiées au Soudan avant même le dernier conflit ont signalé des violences lorsqu’elles ont fui vers de nouvelles régions.

Les organismes d’aide affirment qu’une assistance urgente est nécessaire sur les sites d’accueil des personnes déplacées dans les régions du Soudan touchées par le conflit et les pays voisins.

 

En bref

La violence sexiste fait référence à toutes les formes de violence contre une femme ou un homme en raison de son sexe.

Des dizaines de femmes et de filles, dont certaines étaient âgées de 12 ans à peine, ont été violées et soumises à d’autres formes de violence sexuelle par des membres des parties belligérantes.

Dans la plupart des cas documentés par Amnesty International, les victimes ont déclaré que les auteurs des agressions étaient des membres des Forces de soutien rapide ou des milices alliées.

Le viol, l’esclavage sexuel et les autres cas de violence sexuelle commis dans le cadre d’un conflit armé sont des crimes de guerre.

 

Avant le dernier conflit, le Soudan était déjà aux prises avec un problème de violence sexuelle de longue date qui s'étendait au-delà des frontières de la région perturbée du Darfour.

Cependant, les combats ont exacerbé la situation et ils ont plongé les victimes dans un désespoir particulièrement profond au milieu de l’anarchie qui prévaut.

Dans un témoignage récent, cinq femmes appartenant à Beja et Al-Bani Amer, deux tribus qui ont été attaquées par des combattants des Forces de soutien rapide dans la ville orientale de Port-Soudan en 2020 continuent de vivre dans la peur en raison de l’absence de responsabilité.

Elles ont enduré un «traumatisme indescriptible», selon un journaliste local qui s’est entretenu avec elles. L’une des femmes a même été forcée de subir un avortement à la suite de cette effroyable attaque.

La peur de la stigmatisation sociale occupe une place importante. Les victimes redoutent la réaction de leurs proches.

L’absence de justice et de responsabilité au fil des générations ne fait qu’aggraver la situation des victimes, leur laissant peu d’espoir pour se reconstruire.

Fournir un soutien psychologique dans ces circonstances difficiles au Soudan met en lumière «l’urgence de résoudre cette crise humanitaire», déclare Selma Kamel Osman, psychologue clinicienne originaire de Khartoum, dans un entretien accordé à Arab News.

Compte tenu de l’absence de justice et de la violence généralisée, «il est difficile d’aider les victimes à faire face à leur traumatisme et d’obtenir les soins médicaux nécessaires», poursuit-elle.

Conseillère médicale depuis le début du conflit, la psychologue aide les gens à lutter contre l’anxiété.

Avec l’apparition des cas d’agression sexuelle, elle commence à fournir des conseils sur les  réseaux sociaux, qui s’avèrent un moyen plus sûr pour discuter de sujets sensibles à la lumière de la stigmatisation dominante.

Elle encourage les femmes à s’exprimer et à demander de l’aide, tout en offrant une assistance aux survivantes d’agressions sexuelles.

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Avec la situation politique instable au Soudan, la communauté internationale dispose d’outils limités pour intervenir sur le terrain. (AFP)

Malgré les difficultés, la psychologue a fourni un soutien à huit survivantes de violences sexuelles qui ont été attaquées dans des maisons pillées à Khartoum.

«Un cas, cependant, s’est produit dans la rue», rapporte-t-elle, soulignant que la violence sexuelle n’est spécifique à aucune tribu ni à aucune ethnie et qu’elle touche les femmes soudanaises de tous les âges et de tous les horizons.

Pour les victimes de violences sexuelles, l’accès rapide aux services de santé peut sauver la vie. Les militants au Soudan appellent les donateurs à fournir davantage d’équipements médicaux, de trousses d’hygiène et de kits de prophylaxie postexposition pour prévenir la transmission du VIH.

Il est essentiel de veiller à ce que ces articles parviennent aux cliniques locales, aux organisations communautaires et aux intervenants de première ligne lorsque les victimes ne peuvent accéder aux établissements de santé.

«Les ressources sont très limitées et toutes les victimes n’ont pu bénéficier du dépistage du VIH ni de tests de grossesse», déclare la psychologue Osman à Arab News.

«Toutefois, The Emergency Room, une plate-forme en ligne, fournit des conseils médicaux et des protocoles pour traiter les infections sexuellement transmissibles ou les grossesses potentielles», ajoute-t-elle.

Avec la situation politique instable au Soudan, la communauté internationale dispose d’outils limités pour intervenir sur le terrain. En effet, les parties belligérantes ont exigé la non-intervention dans leurs affaires intérieures.

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Un nouveau rapport publié jeudi par Amnesty International détaille plusieurs cas de violences sexuelles contre des femmes et des filles. (AFP)

Cependant, le 1er août, dans une tentative urgente de faire face à l’exacerbation de la crise de violences sexuelles au Soudan, Pramila Patten, la représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU sur la violence sexuelle dans les conflits, a tenu une réunion avec le général Abdelrahim Dagalo, commandant adjoint des Forces de soutien rapide.

La réunion s’inscrit dans le cadre du mandat du Conseil de sécurité de l’ONU de dialoguer avec toutes les parties impliquées dans un conflit armé.

La représentante a évoqué l’augmentation inquiétante de la violence sexuelle à Khartoum et au Darfour, soulevant des questions prioritaires comme les attaques ciblées contre les installations et le personnel de santé, l’enlèvement de femmes et de filles et les marchés d’esclaves au Darfour.

Elle soutient que les forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide figurent sur la liste des parties soupçonnées d’être responsables de viols ou de violences sexuelles depuis 2017. Elle appelle à ce que les chaînes de commandement observent une tolérance zéro pour les violences sexuelles dans le cadre de la discipline militaire.

La psychologue Osman déclare à Arab News: «La situation appelle à une intervention et une responsabilité internationales plus larges afin de mettre fin aux atrocités en cours et de garantir la justice pour les victimes.»

«Tenir les auteurs responsables et faire entendre la voix des victimes peut ouvrir la voie à un Soudan libéré de la peur et des traumatismes.»


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nouvelles frappes israéliennes sur Gaza, cinq morts selon les autorités locales

Cinq personnes dont un bébé ont été tuées jeudi dans la bande de Gaza, selon les autorités locales, au lendemain de la reprise de bombardements israéliens dans le territoire palestinien où Israël et le Hamas s'accusent de violer mutuellement la trêve. (AFP)
Cinq personnes dont un bébé ont été tuées jeudi dans la bande de Gaza, selon les autorités locales, au lendemain de la reprise de bombardements israéliens dans le territoire palestinien où Israël et le Hamas s'accusent de violer mutuellement la trêve. (AFP)
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  • Le bilan de ce nouvel accès de violence s'élève à 32 morts, selon les annonces des autorités locales confirmées par les hôpitaux
  • Dans la bande de Gaza, la reprise des bombardements fait peur aux habitants

GAZA: Cinq personnes dont un bébé ont été tuées jeudi dans la bande de Gaza, selon les autorités locales, au lendemain de la reprise de bombardements israéliens dans le territoire palestinien où Israël et le Hamas s'accusent de violer mutuellement la trêve.

Mercredi a été l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur du cessez-le-feu.

Le bilan de ce nouvel accès de violence s'élève à 32 morts, selon les annonces des autorités locales confirmées par les hôpitaux.

Dans la bande de Gaza, la reprise des bombardements fait peur aux habitants.

"Ma petite fille n'a cessé de me demander toute la nuit : la guerre va-t-elle revenir ?" a déclaré à l'AFP Lina Karaz à Gaza-ville.

"Nous sommes inquiets [...] Cette nuit, le bruit des bombardements et des explosions [...] était terrifiant", a-t-elle ajouté, "quand ce cauchemar prendra-t-il fin ?"

Pour Mohammed Hamdouna, déplacé de 36 ans vivant dans un camp de tentes dans la région de Khan Younès, dans le sud de la bande, "rien n'a changé, concrètement", depuis le 10 octobre.

 "Toujours sous la tente" 

"Les villes sont en ruines (et) nous vivons toujours sous la tente malgré le froid et la pluie qui a inondé (les tentes) il y a deux jours", déplore-t-il alors que la situation humanitaire reste catastrophique, selon l'ONU.

Selon la Défense civile de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, cinq personnes ont été tuées dans des bombardements israéliens sur le sud du territoire, dans la partie du territoire restant sous le contrôle israélien à ce stade de la mise en oeuvre de l'accord de trêve.

L'hôpital Nasser de Khan Younès a confirmé avoir enregistré le décès de trois personnes de la même famille, dont une fillette d'un an.

"Nous dormions paisiblement, nous sommes pacifiques et nous ne voulons pas la guerre", a dit à l'AFP Sabri Abou Sabt, qui a perdu son fils et sa petite-fille dans une frappe à l'est de Khan Younès.

Sollicitée par l'AFP, une porte-parole de l'armée israélienne a confirmé que l'armée avait mené une frappe visant à "démanteler des infrastructures terroristes". "Rien d'inhabituel", a-t-elle affirmé.

"Israël a pris la décision de mener ces frappes aériennes de manière indépendante", a précisé la porte-parole du Premier ministre israélien, Shosh Bedrosian lors d'un point presse jeudi.

Néanmoins, "les Etats-Unis ont été prévenus (par Israël) avant les frappes", a indiqué un responsable américain à l'AFP sous le couvert de l'anonymat.

"Nous sommes profondément préoccupés par les frappes aériennes israéliennes que nous avons vues, au cours desquelles des civils auraient été tués et blessés hier, y compris des enfants", a déclaré jeudi soir Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

"Cela rappelle de façon frappante à quel point le cessez-le-feu est fragile. Nous avons besoin que chacun veille à ce que le cessez-le-feu tienne et continue de tenir", a-t-il ajouté.

"Escalade dangereuse" 

"Israël est sous pression internationale, les Américains mobilisent toute la région, liant la question de Gaza à celle de la normalisation et des accords d'Abraham avec l'Arabie Saoudite", a noté Eran Ortal, chercheur au Centre d'études stratégiques de Bar Ilan.

"Donc bien que le Hamas n'ait pas été désarmé, et qu'il y ait de fortes chances qu'il parvienne également à éviter le désarmement dans un avenir proche, le potentiel de reprise de la guerre à Gaza ne semble pas élevé", a-t-il estimé.

Deux autres personnes ont été tuées dans des frappes, également à l'est de Khan Younès, selon la Défense civile.

L'armée israélienne a affirmé jeudi avoir tiré jeudi en direction  de "deux terroristes" dans le sud de la bande de Gaza.

Le Hamas a dénoncé une "escalade dangereuse" et appelé les Etats-Unis, pays médiateur, à "exercer une pression immédiate" sur Israël.

Le Qatar, autre pays médiateur, a condamné "fermement les attaques brutales" qui menacent selon lui de compromettre la trêve.

La guerre à Gaza avait été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023 qui a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 69.500 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles selon le ministère de la Santé de Gaza, des chiffres fiables selon l'ONU.

 


Soudan: l'UE sanctionne le numéro deux des paramilitaires du FSR

L'Union européenne a annoncé jeudi des sanctions contre le numéro deux des Forces de soutien rapide (FSR), accusé d'exactions au Soudan, pays africain en proie à une guerre civile meurtrière entre ces paramilitaires et l'armée régulière. (AFP)
L'Union européenne a annoncé jeudi des sanctions contre le numéro deux des Forces de soutien rapide (FSR), accusé d'exactions au Soudan, pays africain en proie à une guerre civile meurtrière entre ces paramilitaires et l'armée régulière. (AFP)
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  • Le conflit au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé près de 12 millions de personnes
  • Il a connu une nouvelle accélération avec la chute aux mains des FSR fin octobre de la ville d'El-Facher, dernier bastion de l'armée dans le Darfour

BRUXELLES: L'Union européenne a annoncé jeudi des sanctions contre le numéro deux des Forces de soutien rapide (FSR), accusé d'exactions au Soudan, pays africain en proie à une guerre civile meurtrière entre ces paramilitaires et l'armée régulière.

"Cela envoie un signal que la communauté internationale poursuivra ceux qui sont responsables", a affirmé la cheffe de la diplomatie de l'UE Kaja Kallas, à l'issue d'une réunion à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

Ces sanctions, qui prévoient une interdiction d'entrée dans l'UE et un gel des avoirs, ne concernent que ce responsable soudanais, Abdelrahim Hamdan Dagalo, frère du numéro un des FSR.

Elles ont volontairement été limitées afin de garder des canaux de communication ouverts, alors que l'UE dit être en mesure de parler aux deux parties, a expliqué un responsable européen.

Le conflit au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé près de 12 millions de personnes. Il a connu une nouvelle accélération avec la chute aux mains des FSR fin octobre de la ville d'El-Facher, dernier bastion de l'armée dans le Darfour.

Depuis, des survivants décrivent massacres, violences à caractère ethnique, enlèvements, viols et agressions sexuelles.

"L'Union européenne condamne dans les termes les plus forts les atrocités graves et continues perpétrées par les Forces de soutien rapide au Soudan, notamment après la prise de la ville d'El Facher", a indiqué un communiqué des 27.

Les meurtres à motivation ethnique et les violences sexuelles systématiques sont susceptibles de "constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité", a ajouté l'UE dans ce communiqué..


Gaza: 27 morts dans des frappes israéliennes, Israël et le Hamas s'accusent de violer la trêve

Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
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  • Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre
  • Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer

GAZA: Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu.

Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre.

Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer. L'armée israélienne a dit viser le mouvement islamiste Hezbollah qu'elle accuse de se réarmer en violation du cessez-le-feu en vigueur à sa frontière nord depuis bientôt un an.

"Les bombardements et les morts ont recommencé. Ils ne nous laissent même pas le temps de respirer", déplore auprès de l'AFP Ahraf Abu Sultan, 50 ans, tout juste rentré à Gaza-ville pour réparer sa maison détruite après avoir été déplacé un an dans le sud du territoire.

"Il n'y a aucun espoir pour la vie à Gaza", se lamente Nivine Ahmed, déplacée sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, évoquant le bruit des explosions, la fumée, les gens qui courent et les sirènes des ambulances.

"Nous n'en pouvons plus, nous voulons que la guerre se termine complètement ou que les passages soient ouverts" pour permettre à la population de fuir, a confié Noha Fathi, déplacée dans le sud de la bande de Gaza.

Selon la Défense civile de la bande de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, quatorze personnes ont été tuées mercredi à Gaza-ville, et 13 dans la région de Khan Younès. Deux hôpitaux contactés par l'AFP ont confirmé ce bilan.

"Escalade dangereuse" 

L'armée israélienne a affirmé "frapper des cibles terroristes du Hamas dans toute la bande de Gaza" en riposte à des tirs "en direction de la zone où [ses] soldats opèrent à Khan Younès".

Ces tirs n'ont fait aucun blessé a précisé l'armée mais constituent "une violation de l'accord de cessez-le-feu".

Rejetant une "piètre tentative pour justifier [...] des violations qui ne cessent jamais", le Hamas a dénoncé une "escalade dangereuse" et appelé les Etats-Unis à "exercer une pression immédiate et sérieuse pour [forcer Israël] à respecter le cessez-le-feu".

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

La trêve a déjà été marquée par plusieurs accès de violences dans le territoire palestinien dévasté par plus de deux ans d'hostilités déclenchées par l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Depuis le 10 octobre, plus de 300 Palestiniens ont été tués par des frappes ou des tirs israéliens selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. L'armée israélienne affirme ne frapper qu'en riposte à des violations de la trêve.

Les raids israéliens les plus meurtriers ont tué, le 29 octobre, plus de cent Gazaouis, selon la Défense civile et des données recueillies par l'AFP auprès de cinq hôpitaux.

Selon la Défense civile, qui ne fait jamais état de combattants tués, les bombardements de mercredi ont notamment tué un couple et ses trois enfants à Gaza-ville, et deux mineurs à Khan Younès.

Deuxième phase ? 

Le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, est apparu dans une vidéo exhibant les corps de trois jeunes enfants.

L'accord de cessez-le-feu a permis dans sa première phase le retour des vingt derniers otages vivants du 7-Octobre, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retour de 25 corps d'otages morts, sur 28 que le Hamas s'est engagé à rendre.

Israël réclame leur remise, en accusant de retard le mouvement islamiste, qui invoque la difficulté de les retrouver dans un territoire noyé sous des tonnes de décombres.

La mise en œuvre de la deuxième phase du plan du président américain Donald Trump n'a pas encore été approuvée. Elle prévoit notamment le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition pour gouverner le territoire et le déploiement d'une force internationale de stabilisation.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi une résolution pour endosser ce plan Trump, mais le Hamas, écarté de tout rôle dans la gouvernance du territoire et qui refuse de désarmer aux conditions posées par Israël, a dénoncé un texte qui "ne répond pas aux exigences et aux droits politiques et humains" du peuple palestinien.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 69.500 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués mais ses données indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.